Dans un monde devenu chaotique (l'auteur ne donne aucune indication de lieu et de temps), des gens quittent régulièrement un endroit surnommé la Fourmilière pour aller travailler dans la Fournaise. On suppose (sans l'espérer, hum) que l'action se passe dans un futur proche. La pauvreté et la violence dominent, le travail est rare. C'est pour cette raison qu'Illidan, chauffeur de taxi, accepte de partir durant un an pour travailler à la Fournaise. A son retour, il a presque tout oublié de sa vie antérieure et peine à reconnaître sa femme, la belle Sigrid, et ses jumeaux.
Peu à peu, et malgré le malaise qui ne cesse de s'amplifier, avec l'aide de ses deux fils, Illidan tente de reconstituer son passé.
Le roman est découpé en trois parties ou plutôt trois points de vue : celui d'Illidan rentré chez lui, qui cherche des réponses, celui de Stella, la femme qu'il a aimée durant son séjour à La Fournaise, et enfin celui de Sigrid, l'étrange épouse. On côtoie également quelques personnages secondaires comme le patron de l'hôtel Lino et son assistant surnommé "le gnome" qui apportent une touche d'humour et de légèreté bienvenue.
En quelques traits, quelques évocations, l'auteur dépeint cette affreuse société dominée par la publicité, où le luxe côtoie la pauvreté la plus crasse, des hommes et des femmes vendant leurs corps (combats, prostitution, trafic d'organes...) mais pas seulement, les enfants aussi sont des victimes. La nature s'est réduite comme peau de chagrin (si vous êtes riche, vous pouvez vous payer deux heures sur une plage privée, sans doute artificielle...). On trouve même des entreprises fournissant des tueurs à gages. En somme, la vie ne vaut pas grand-chose.
Fort heureusement pour moi, Jennifer Richards ne s'attarde pas sur les détails glauques et sordides. L'atmosphère est oppressante, le mystère suffisamment épais pour que l'on ait envie d'aller au bout de cette histoire. Si l'intrigue tient la route, j'ai été tout de même un peu étonnée par le grand contraste entre l'histoire d'amour Illidan/Stella (les bonnes manières, l'élégance, la pudeur) et leur environnement, cru, violent. Il m'a semblé qu'un habitant de la Fournaise pouvait difficilement avoir ce type de comportement.
J'ai regretté également qu'Illadan se laisse plutôt porter par les événements et manque d'énergie. La fin du roman est surprenante, elle m'a mise mal à l'aise. Et du coup, on reste sur sa faim car l'auteur ne nous dit rien de ce qui arrive au couple Illadan/Sigrid.
Quoi qu'il en soit, j'ai été séduite par l'écriture, l'originalité du sujet et le fait, fort appréciable, que l'auteur a su maintenir l'intérêt du lecteur grâce à cette succession de révélations et cette angoisse distillée jusqu'à la dernière page.
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