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Monts et merveilles tome 1 sur 3
EAN : 9782361834364
320 pages
Les Moutons Electriques (15/02/2018)
3.23/5   48 notes
Résumé :
Londres, 1937. Le jeune enchanteur Carroll Mac Maël Muad et son domestique Julius Khool, vieux soldat maure ayant servi dans les légions de la République romaine de Weimar, sont recrutés par le Special Operation Service afin d'exfiltrer un savant vénitien, dont les travaux dans le domaine de l'atome risquent de bouleverser l'équilibre des forces en Europe.Ils ignorent cependant que ces découvertes ne sont pas convoitées que par les services de renseignements ennemis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Présenté comme l'une des « pépites de l'imaginaire 2018 », « Opération Sabines » fait partie des trois romans propulsés en ce début d'année par les Indés de l'Imaginaire, et bénéficie à ce titre d'un écrin particulièrement soigné (belle couverture de Melchior Ascaride, illustrations intérieures, dramatis personae, annexes...). S'il s'agit là de la première incursion de Nicolas Texier dans le domaine de la fantasy, l'auteur est pourtant loin d'être un amateur puisqu'on lui doit déjà trois autres romans parus chez Gallimard, ainsi, semble-t-il, que plusieurs travaux d'histoire militaire. Cette passion pour l'histoire, on la retrouve incontestablement dans ce premier tome dont l'action se déroule dans une Europe des années 1930 uchronique incroyablement détaillée. La narration est assumée ici par un certain Julius Khool, ancien soldat reconverti en domestique au service d'un jeune mage établi à Londres. Si les premières semaines de ce retour à la vie civile ne sont pas des plus palpitantes pour le vétéran, les choses ne tardent pas à devenir plus intéressantes lorsque son maître se trouve malgré lui embarqué dans une mission organisées par les services secrets britanniques. L'objectif ? Exfiltrer de Venise une vieille connaissance du mage, un certain Valère, dont les dernières découvertes scientifiques sont susceptibles d'aboutir à la création d'armes d'une dangerosité sans précédent, et qui ne doivent donc pour rien au monde tomber entre les mains des ennemis de la couronne. Rien de compliqué, à première vue, sauf que l'ennemi (à savoir la République romaine de Weimar) est déjà sur le coup, de même que certaines créatures de l'Outre-monde qui prennent de toute évidence la menace très au sérieux le duo se lance alors dans une course contre la montre qui les entraînera de l'Angleterre à Venise, en passant par la Forêt Noire et les territoires de l'empire, jusqu'à l'outre-monde lui-même. Leur route sera évidemment semée d'embûches et rythmée par des rencontres plus ou moins amicales, allant d'une communauté d'ouvriers communistes aux membres d'une curieuse société secrète en passant par le spectre de Jack l'Éventreur, des divinités celtiques, ou encore une « passeuse ». Bref, nos deux héros ne sont pas au bout de leur surprise !

Le roman est extrêmement dense et repose sur de solides atouts qui sont malheureusement contrebalancés par un certain nombre de bémols qui viennent refroidir l'enthousiasme du lecteur. Un mot, d'abord, sur l'intrigue qui se révèle très inégale et se perd parfois dans des détours inutiles. le rythme varie évidemment en conséquence, certains passages se dévorant à toute vitesse tandis que d'autres s'éternisent, au risque de lasser le lecteur. Celui-ci pourra d'ailleurs être rebuté dès les premières pages par le style de l'auteur qui a en effet la fâcheuse tendance à faire des phrases à rallonge, accumulant les prépositions sur parfois plus d'une quinzaine de lignes. Ce travers s'estompe heureusement progressivement au fil des pages, rendant ainsi la lecture plus aisée, mais ce manque de fluidité nuit tout de même à l'immersion du lecteur qui mettra un certain temps à venir à bout de l'ouvrage, et ce en dépit de ses seulement trois cent cinquante pages.
Cette lenteur dans la lecture s'explique également par le très faible nombre de dialogues (le narrateur nous raconte son histoire à posteriori et choisit trop souvent de résumer le contenu des conversations plutôt que de nous les retranscrire), ainsi que par le nombre incalculable de digressions qui parasitent le récit. Il suffit en effet d'un paysage, d'une rencontre, ou d'une situation périlleuse particulière pour que le narrateur replonge dans ses souvenirs de l'armée, ce qui a souvent pour effet de casser l'ambiance et donnent la regrettable impression que l'auteur cherche à meubler son récit (qui n'en a pourtant pas besoin !). C'est d'autant plus dommage que ces passages sont souvent très intéressants et qu'ils auraient sûrement été plus appréciés s'ils n'avaient pas été intercalés de manière aussi brutale au récit. Cela étant dit, je ne voudrais pas donner l'impression que le style de l'auteur est indigeste car ce n'est absolument pas le cas. Si la plume de Nicolas Texier n'est pas particulièrement fluide, elle est incontestablement travaillée et donne lieu à plusieurs passages vraiment évocateurs. Les quelques dialogues présents dans le roman sont également réussis car plus percutants, et il en va de même des petites touches d'humour qui parsèment le récit de manière efficace.

Il y a également du bon et du moins bon du côté des personnages. Julius Khool est pour sa part un narrateur et un protagoniste intéressant : originaire d'Afrique (ce qui n'est pas très courant), le vétéran a déjà vécu tout un tas d'aventures au moment où l'on fait sa connaissance, puisqu'il nous explique avoir servi en tant que mamelouk aussi bien que lancier de la Table ronde. Celui-ci garde d'ailleurs de terribles souvenirs de ses années passées dans les colonies britanniques et ne cherche jamais à édulcorer les atrocités qu'il a pu être amené à commettre et qui le poussent aujourd'hui à chercher du réconfort dans l'alcool. C'est cette part d'ombre qui rend justement le personnage aussi intéressant, de même que ses nombreuses compétences dans des domaines aussi variées que le combat ou la poésie (l'ouvrage fourmille de références poétiques et littéraires à Shakespeare, Virgile, Keats...). Je serais en revanche beaucoup plus nuancée en ce qui concerne les autres personnages, à commencer par l'acolyte de notre héros, le mage Carroll Mac Mael Muad. Alors certes, celui-ci a l'excuse de la jeunesse, mais cela ne suffit pas à expliquer la quasi inexistence de son rôle dans toute cette affaire ! On sait de plus très peu de choses sur lui, et la faute en incombe à mon sens à la narration : Julius Khool est constamment au centre de la scène et capte donc toute l'attention du lecteur au dépend des autres personnages qui ne font alors plus office que de simples figurants. C'est notamment le cas des agents du MI6 et du SOS (Secret Operations Service) chargés d'encadrer la mission, et plus encore de tous ceux qui vont être amenés à croiser de manière plus ou moins fugace le chemin du héros. Difficile dans ces circonstances de ne pas se sentir complètement détaché et de s'émouvoir de la disparition d'untel ou untel. C'est d'autant plus dommage que certains personnages possèdent un vrai potentiel, à commencer par les personnages féminins qui, si elles n'occupent que des rôles secondaires, n'en demeurent pas moins celles grâce auxquelles nos héros parviennent à se sortir des pires situations. Je serai aussi plus nuancée en ce qui concerne les « méchants » de l'histoire qui sont soit trop caricaturaux (l'agent Bremer), soit totalement mis de côté (Gwaënardel).

Venons-en maintenant à la question de l'univers, qui constitue sans aucun doute le véritable point fort du roman. Si l'intrigue, le style et les personnages m'ont laissé un sentiment mitigé, j'ai ainsi été totalement conquise par le portrait dressé par Nicolas Texier de cette Europe alternative dans laquelle la magie est toujours (et a toujours été) présente. Loin de n'être qu'une pratique marginale, elle occupe ainsi depuis des siècles une place importante et bénéficie d'un traitement très soigné de la part de l'auteur qui nous détaille par le menu les treize différentes « voies merveilleuses » (la magie curative, la divination, l'hypnose, l'enchantement, la voie martiale...). La situation est cependant sur le point d'évoluer à l'époque où se déroule l'action (1937), certains manifestant en Europe une véritable aversion à l'égard des créatures de l'outre-mode et prônant un désenchantement de leur nation au profit de la science et de la technologie, à l'image de la république romaine de Weimar (on devine aisément de quel exemple historique l'auteur a ici choisi de s'inspirer...). Les Royaumes-Unis continuent cela dit d'accorder une place significative à la magie qui se trouve encore au coeur de leur politique, de leurs dispositifs militaires, et évidemment de leur système éducatif. La force de l'ouvrage tient à sa cohérence, l'auteur ayant de toute évidence réalisé un gros travail pour imaginer les conséquences de l'existence de la magie sur nos civilisations, que ce soit dans le domaine social, politique, militaire ou économique. On apprend ainsi, au détour d'un passage, que l'argumentaire développé par les communistes de l'époque prend évidemment en considération le fait que la magie est, comme la richesse, l'apanage d'une seule classe de privilégiés, et réclame donc une démocratisation de son usage. On apprend aussi que la désignation par les devins officiels de jours néfastes (et donc chaumés) dans le calendrier rencontre de plus en plus de critiques de la part de ceux qui jugent la pratique nuisible pour la productivité.

L'auteur multiplie aussi les références littéraires et historiques qu'il s'amuse de toute évidence beaucoup à détourner pour la plus grande joie du lecteur : Freud est ainsi cité dans le cadre de l'essor d'une nouvelle discipline magique basée sur l'étude de la psychologie ; la voie divinatoire a connu un grand boum à la fin de la Grande Guerre lorsque certains de ses pratiquants se sont mis en tête de proposer aux familles de contacter leurs proches morts au combat ; Christopher Marlowe aurait milité pour une utilisation de la « magie d'illusion » au théâtre ; quant à D'Artagnan, il est cité comme une référence en matière de pratiques magico-martiales. Les exemples se comptent par dizaine et tous sont extrêmement astucieux et contribuent à donner plus de corps à cet univers remarquablement bien pensé. Seulement là encore, il y a un petit « mais ». Car la plupart de ces ingénieuses idées ne sont pas développées dans le roman lui-même mais dans les conséquentes (et passionnantes !) annexes situées à la fin de l'ouvrage. Évidemment, la somme de celles-ci justifie à elle seule le fait que l'auteur ne pouvait pas tout mettre dans son roman (d'autant plus que d'autres tomes seront vraisemblablement amenés à suivre), mais qu'il aurait été agréable de voir davantage de ces références ou théories intégrées directement au texte ! le narrateur se montre notamment très peu bavard en ce qui concerne les différentes formes de magie (qui font l'objet de dix pages pleines en annexes), aussi vous conseillerais-je pour une fois de lire les suppléments avant le roman lui-même et non après : le récit y gagnera en profondeur, et vous en compréhension. de même, si l'aspect est plus développé dans le récit, vous gagnerez aussi à lire les suppléments concernant les bouleversements géopolitiques que rencontre l'Europe des années 1930 avant de vous plonger dans le témoignage de Julius Khool.

Nicolas Texier signe avec ce premier tome de « Monts et merveilles » un roman très dense et qui repose sur un univers cohérent et extrêmement ingénieux. L'ouvrage souffre toutefois d'un certain nombre de points faibles qui viennent malheureusement modérer l'enthousiasme du lecteur (personnages insuffisamment exploités, rythme qui s'essouffle, manque de fluidité dans l'écriture) et c'est d'autant plus dommage que certaines trouvailles sont vraiment excellentes. Reste à voir ce que nous réservent les prochains tomes !
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Encore une belle découverte grâce aux Moutons Electriques. Cette fois un premier tome d'une trilogie de Nicolas Texier, qui emmène son personnage principal, Julius Khool, vétéran maure ayant servi dans les légions de la République romaine de Weimar, dans une mission spéciale à Venise. Il s'agit de rapatrier en Angleterre un dénommé Valère, jeune chercheur qui travaille sur l'atome. Ce récit se place dans un univers uchronique, dans une Europe des années 30 où l'ennemi, c'est l'Empire Romain. Il faut donc éviter que les recherches sur l'atome de Valère ne soient récupérées par le camp ennemi ! Julius est accompagné de son jeune maître Carroll, (peu assidu) étudiant enchanteur.


Dès le début, on pressent que ça va être particulier et rigolo. le héros, ou plutôt l'anti-héros, est le narrateur du récit. Julius n'est ni jeune, ni fringant, ni mesuré. Julius est âgé, vétéran de l'armée, très sûr de ses expériences passées et de sa sagesse d'ancien ; certain, comme Arrias, qu'il a tout lu et tout vu et qu'il est tout aussi universel. Bref, ce personnage qu'on pressent truculent, avec son style très ampoulé, fait déjà sourire quand il évoque son souhait de retraite peinarde au service du mage, après en avoir bien « soupé du gin, des currys et des climats extrêmes ».


Le premier atout de ce premier tome c'est évidemment Julius. Haut en couleurs, ce personnage ne manque pas de style. Il apprécie autant rapporter ses innombrables expériences passées que raconter, ce dont il fait tout un art. Il se fait personnage et transpose sa vie en une vaste chronique, et ce de manière théâtrale : tel un acteur sur scène, il interpelle le narrataire, tout au long du récit, et dialogue avec lui. Les péripéties qu'il raconte et qu'il vit sont entremêlées à celles qu'il a vécues jadis : son récit est parsemé de tableaux et de scènes, hauts en couleurs et en décors parfois très couleur locale, et pleins de réminiscences.

Julius adore donc raconter. Et il a l'art de le faire, c'est certain. Ses portraits déjà valent le détour. Il dresse le sien lors de sa rencontre avec le jeune maître Carroll (assez rigolo que le narrateur fasse son propre portrait à l'arrivée sur scène d'un nouveau personnage). C'est l'anti-héros même, vieux, crasseux, qui sent l'alcool, la botte et le poisson, mal peigné… Face au style très emprunté du narrateur, ce portrait peu flatteur dénote : ce balancement constat entre emphase, exagération et anti-héros structure tout le long du récit. Par ailleurs, ce narrateur est actif et concentre toutes les fonctions du narrateur : il raconte, par le biais de récits, de descriptions, de portraits et de scènes, qu'il organise selon des temporalités différentes (sommaires, ellipses, fausses ellipses aussi, du style « je ne vous dirai pas ce qui s'est passé » mais en gros il le fait quand même et sur plusieurs pages) ; il interpelle le narrataire, intègre des commentaires métanarratifs pour signaler l'organisation de son récit ; il exprime son rapport avec l'histoire rapportée, intégrant émotions, attestations de véridicité et évaluations postérieures ; il explique le contexte, par souci didactique, de son point de vue d'homme sage qui a tout vu, et ses portraits et descriptions ne sont pas dénués d'opinion ni de critique, avec un sens de l'humour très décalé. Bref, un a là un narrateur qui sait manier l'art de dire, de raconter, de mettre en scène et d'écrire, et on jongle sans cesse sur les différents tableaux de l'épopée, du roman et du théâtre.

A côté de Julius, d'autres personnages sont particulièrement savoureux (Carroll, dont on a l'impression qu'il est toujours à côté de la plaque, et il fait un duo très contrasté avec son domestique ; on se demande d'ailleurs qui est le domestique de qui dans cette histoire). Deeliah est à croquer, Dana Reez la nouvelle Guenièvre également, avec son Lancelot Carroll pas aussi dégourdi que le vrai ; Zischer, le type même du gros bras épais et stupide dont le parler et les manières sont en radicale opposition avec Julius)… Il y a là toute une tripotée de personnages secondaires, qui passent, vont et viennent, puis reviennent sous d'autres traits… qu'on aime rencontrer.


Le récit se constitue donc en une multitude de scènes, entremêlées : celles qu'il vit avec son maître Carroll, et celles qu'il a vécues jadis, à l'armée, partout dans le monde qu'il a parcouru, évidemment. On est clairement dans la parodie des romans du 17ème et 18ème siècles. Il se passe tellement de choses que résumer toutes les péripéties racontées relève de la gageure (le titre Monts et Merveilles évoque bien cet aspect). On est là en plein dans cette tradition populaire et comique de l'époque (Le page disgracié, roman comique, roman bourgeois…) : un héros, jeune (et on voit là le contre-pied qui est pris), va vivre toutes sortes d'expériences toutes plus incroyables que les autres (avec un usage de superlatifs et d'hyperboles qu'on retrouve là aussi) et se transformer, apprendre, pour s'accomplir (assez rigolo du coup qu'un vieux briscard qui semble blasé par sa vie dissolue se retrouve dans cette position, sans compter qu'il a selon lui déjà tout appris). Cette dimension est d'autant plus évidente que les intertitres descriptifs (« où l'on retrouve… ») est typique de cette tradition du registre ironique, populaire et comique des romans de Lesage, Rabelais, Cervantès… J'ai beaucoup aimé cette transposition contemporaine de cette construction, prise à rebours, et j'ai trouvé ça vraiment très amusant.

J'ai retrouvé cette dimension parodique dans pas mal de clins d'oeil, vraiment savoureux.

Parodie des romans d'épouvante d'abord (scène avec Jack l'Eventreur, scènes de crime particulièrement morbides).

Parodie des romans d'espionnage (le coup du SOS franchement ! les capacités exceptionnelles de ces agents ressemblent plutôt à ceux d'OSS) ; Deeliah Sternwood m'a fait penser à Carmen Sternwood dans le Grand Sommeil, et leur nature et leur entrée en scène est d'ailleurs vraiment comparable). Parodie des romans policiers (épisode de Julius qui échafaude toute une théorie à propos d'une boîte de gâteaux vides, créant un suspense insoutenable en fin de chapitre, et se faisant ensuite moquer par Bremer l'appelant Sherlock).

Et enfin parodie des récits médiévaux (l'épisode du monstre terrifiant qui attaque Julius dans la forêt est absolument génial : Julius est aux portes de la mort mais il raconte où il a acheté ses chaussures qui sont en train de s'engluer dans la vase). Et enfin parodie des « scènes de première vue », habituée de la tradition romanesque (le portrait de Dana Reez, dont on connaît désormais toute l'anatomie de l'oeil et de la chevelure dont la blondeur et la beauté rivalisent avec celles de Guenièvre et d'Yseut, par ailleurs, avec grand secours d‘hyperboles).
Toutes ces strates de codes traditionnels et détournés m'ont vraiment bien amusée. J'ai trouvé ça vraiment complètement fou, et donc très rigolo.


Le récit mélange dans un même réservoir fantasy, mythes et légendes. le roman est truffé de petits (et grands) détails révélant la présence d'un univers de fantasy. Dans l'onomastique d'abord (maître Carroll, le bateau Excalibur, Perceval) et des petites apparitions par-ci par-là (Un petit lutin, un grimoire, des goules, des druides et des mages, la forêt digne de Brocéliande…).
Les références à la mythologie et aux écrits antiques grécoromains sont nombreuses (les Sabines, Ariane et le Minotaure, les écrits de Virgile et Homère, l'épisode des sirènes réécrit, la référence aux Curiaces avec le pendant Horace Sinclair…). On trouve également beaucoup de références aux mythologies irlandaises et nordiques (maître Carroll est irlandais), à la fois par les personnages comme Dana, les Tuatha de Danann, des leprechauns) et les lieux (Asgadhr, Mag Mor…). Enfin on a en fin de récit des références à l'hindouisme (Ganesh…).
Enfin, le livre est parsemé de multitudes de références littéraires empruntées à Keats, Shakespeare, Virgile… par le biais de citations directement incluses dans le récit, mais toutes les autres qui sont intégrées dans un récit de manière plus discrète (un petit clin d'oeil au Cid de Corneille, à Conan Doyle, Raymond Chandler, Lewis Carroll).
J'ai trouvé ça assez beau de convoquer dans un ouvrage plusieurs influences, mythologies, légendes et mythes littéraires… comme pour dire que finalement, quelques soient les différences de noms, de lieux… tous ces matériaux se ressemblent et unissent tous les hommes, où qu'ils se trouvent et constituent une espèce de mémoire imaginaire de l'humanité.


Bref, si la multitude de récits enchâssés et entremêlés peuvent parfois éprouver le lecteur et rallonger le récit, pour ma part j'ai adoré me perdre dans ce labyrinthe, quitte à ne pas tout retenir et tout comprendre de ces péripéties incroyables, effroyables et terribles !, et me laisser porter par cette narration pleine d'humour, de clins d'oeil et de tableaux comiques successifs complètement dingues. Pour moi, c'est volontairement fait exprès, et complètement cohérent avec le projet. J'ai donc adhéré pleinement.
Rafraîchissant, novateur, différent, atypique, j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, ça tombe bien, le second et le troisième tome de cette trilogie sont déjà dans ma liseuse 😊
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À la 215 ° page j ai dis j'arrête de certains bouquins l on dit que c'était un rendez vous manqué , là je ne suis même pas sûr que l on se soit aperçu à un coin de rue, et pourtant à la lecture du 4° de couverture que de promesses : uchronie , magie espionnage de quoi me faire saliver , déjà de confiance j envisageais l achat des 2 autres volumes .Hélas de digressions en descriptions , d envolées lyriques aux ailes rognées par l ennui , de scènes de mornes actions , en expositions de sentiments éventés , j ai vite déchanté où était la geste tant attendue endormie sans doute . Je voudrais préciser que l auteur a du talent j ai eu l impression de lire un long conte récité par un vieux barde , un druide moussu ou un chaman étique près d un feu de camp mourant dans une improbable savane , mais au fil de la lenteur du déroulé j ai eu l impression que mon pauvre petit cerveau tout riquiqui s 'engluait dans une pâte incolore , molasse légèrement écoeurante et paralysante Désolé je ne suis ni assez intelligent , ni subtil pour le style de M. Texier Alors je vais revenir à mes goûts simplets qui ne me prennent pas la tête
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Soldat qui cherche une vie plus tranquille, loin des armes et des massacres, Julius Khool se fait domestique et est placé chez un apprenti enchanteur, Caroll Mac Mael Muad. Mais dans un monde magique, vivre chez un enchanteur qui a des dettes n'est pas de tout repos. Surtout lorsque le MI6 s'en mêle... Direction Venise où rien ne se passe comme prévu. Évidemment...
Mais c'est ça qui fait les romans d'action et d'aventures ! Et c'est bien pour ça que nous les lisons et souvent les apprécions. D'autant que c'est raconté du point de vue (partial) de Julius, mercenaire retiré de la guerre mais qui ne perd pas une occasion de se battre et de faire parler l'acier. C'est aussi un personnage assez tourmenté, qui aime un peu trop l'alcool... Tourmenté par ses actions pendant son temps sous les drapeaux, alors qu'il est sensible et humain, ouvert aux autres et à la poésie. Mais sans illusion sur ses semblables. Ni sur les êtres de l'outre-monde qu'il va être amené à côtoyer avec son maître.
Les personnages principaux sont vraiment bien incarnés, rendus vivants par la plume de Julius, qui n'évite pas les commentaires et les descriptions lapidaires. Sauf pour les femmes qui sont son autre grande faiblesse...
L'univers est assez déroutant. C'est un monde encore irrigué de magie, mais qui va vers son désenchantement ; une Europe en transition vers plus de progrès technique, de matérialisme avec ce que cela peut avoir de problématique ; pour autant, les Royaumes-Unis et leur magie ne sont pas vues de manière angélique. Les créatures magiques n'ont plus autant de pouvoirs, surtout dans le pays qui représente l'Allemagne, d'où les manifestations magiques sont bannies. Néanmoins... Ce qui fait aussi la force du récit, c'est que la magie est omniprésente mais pas envahissante. Caroll Mac Mael Muad ne fait de la magie pour se sortir de toutes les situations difficiles : il n'en pas toujours l'occasion, la possibilité ou les compétences. Et c'est heureux ! Ce serait trop facile et vraiment pénible pour le.la lecteur.trice. Tandis que là on se croirait dans un film d'action et d'espionnage, du genre nanar assumé puis qui remonte la pente, mais non. Julius et Caroll ne se prennent pas au sérieux, contrairement à leurs différents partenaires, et c'est ce qui fait leur réussite...
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Dans le vaste domaine de l'uchronie, il y a une place spéciale pour celles qui nous proposent de revisiter notre histoire par l'ajout d'un élément fantastique. Opération Sabine appartient entièrement à ce registre, nous offrant de découvrir un monde mêlant toutes sortes de mythologie. Dans cet Univers, les druides remplace le clergé anglican, des drogues permettent de voyager dans le monde des morts et la magie s'apprend à l'Université. Et c'est là que je trouve le premier défaut du roman : l'univers est vaste, dense... et finalement peu détaillé. Il y a quelque chose de frustrants, car l'auteur multiplie les références, parfois savoureuses, mais reste finalement en surface. En outre cela donne un aspect très obscure au scénario, rendant parfois difficile de savoir où il va, tant les informations nous sont disséminées au fur et à mesure. Il en ressort un sentiment que l'auteur fait évoluer l'univers et ses règles en fonction de ses besoins sur le plan scénaristique.

L'histoire en ressort affaibli, ce qui n'est pas aidé par la multitude des tons. On retrouve du roman d'espionnage, du roman d'aventure, du fantastique-onirique et d'autres. Alors en soit ce n'est pas un problème, surtout lorsque les personnages voyagent autant, mais avec le problème de construction d'univers déjà évoqué, il en ressort le sentiment d'assister à plusieurs histoires, plus ou moins bien accolées entre elles. Et ce sentiment n'est que renforcé par la relative apathie des personnages principaux.

Julius Khool, narrateur et personnage central, est en soit un bon personnage. Sur le papier, le coup de l'ancien soldat en reconversion civil est un classique, et qui peut donner d'excellent résultats. Reste que par son caractère blasé, taciturne et poète (oui oui), Julius subit l'action plus qu'il n'en est le moteur, au point que l'auteur ne s'embarrasse pas à lui donner des motivations claires. Et ses errances psychologiques, si elles nous permettent d'en savoir plus sur l'univers, cassent beaucoup le rythme et la tension du récit. Bref, elles ajoutent une dose de poésie, au détriment de la narration pure. Il reste toutefois un personnage plus proactif que Caroll Mac Mael Muad, son employeur.
Jeune mage désoeuvré, ce dernier a au moins le mérite de posséder une véritable motivation, mais pour le reste il subit l'action plus qu'aucun autre, se contentant de suivre les évènements d'un point A à un point B, au point que le lecteur (comme les personnages) en oublie régulièrement sa présence.
Pour le reste des personnages, je me limiterai à dire que l'écrasante majorité ne va pas au delà de leur fonction dans le récit. Notons toutefois un traitement particulier des personnages féminins, qui semblent surtout servir à révéler être des créatures surnaturelles.

Et puisqu'on parle du surnaturel, son traitement est lui aussi particulier. On peut apprécier le traitement banal et quotidien qui en ai fait. Toutefois les règles de l'univers étant floues, on se contente de se laisser porter, sans savoir ce qui est possible et ce qui ne l'est pas, sans comprendre les évènements qui se produisent.

En fait ça restera le principale problème du livre. Qu'il s'agisse du contexte géopolitique ou du fantastique, rien n'est réellement détaillé. On suit le récit, on croit les personnages sur parole au sujet de ce qu'ils nous racontent, mais tout reste trop superficiel et flou pour que le lecteur ne soit réellement prit par le récit. Au final on ne retient pas grand chose de cet univers et on manque d'attache émotionnelle avec les personnages. Pire on nage dans une découverte constante, nous privant de nos références. Par exemple, l'histoire se déroule dans les années trente, mais sur le plan militaire on se bat toujours à l'épée, la lance et l'arbalète. La magie existe, mais à l'Europe continentale a connu un phénomène qui l'a quasiment banni. Et surtout l'Empire Romain Germanique. On connais mal son origine, ses dimensions. Il semble être un croisement entre le Troisième Reich et l'Empire romain (je veut dire on nous parle bien de la République Romaine de Weimar, récemment remplacé par ce « Nouvel Empire »), mais son histoire exacte est un mystère. Ce n'est pas aidé par l'absence quasiment total de détails sur la géopolitique. Les relations internationales semblent se limiter au Royaume-Uni et à l'Empire Romain, et si d'autres pays existent, ils ne seront jamais rien d'autre que mentionnés de façon lointaine et floue. le problème étant que, dans un roman d'espionnage, cela rend les enjeux, et bien lointains et flous justement.

Alors j'ai peut-être l'air très dur avec le livre. le style, s'il est parfois irrégulier, à plusieurs excellents fulgurances. Les dialogues sont généralement savoureux, et Nicolas Texier a un vrai talent pour créer les ambiances et les environnements. Mais il avait peut-être envie de mettre trop de choses dans son roman. Dans ce cas, moins aurait probablement été mieux.
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critiques presse (2)
Elbakin.net
26 juin 2018
L’intrigue elle-même n’est pas dénuée d’intérêt, mais peine parfois à trouver son rythme. Julius se laisse par moments aller à d’assez longues digressions sur ses expériences passées, qui créent dans certains cas une rupture de tempo avec celui de l’action.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
SciFiUniverse
27 mars 2018
Opération Sabines est le premier volume ambitieux d'une trilogie surprenante par le monde qu'elle évoque, si loin et pourtant si proche du nôtre.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Après tout, se présentaient à lui six pieds huit pouces et 250 livres d'une sombre baderne serrée dans un caban roide de crasse, une espèce de sous-officier douteux sur le retour, mal rasé, aux yeux bistre, aux bottes crevées et au teint d'ébène, et pour tout dire à moitié ivre, sentant la botte, le poisson et la bière, tout suants, enfin, les yeux exorbités et la tignasse de ses cheveux crépus littéralement dressée sur la tête après tant de jours de vent et de sel.
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Il était nu, et il n'était pas seul. La pudeur était sauve, puisqu'un drap de soie pourpre enveloppait les deux corps, suggérant même quelque tableau à l'antique.
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Vous connaissez ma théorie ? Plus vous donnez de pouvoir aux hommes et plus le risque d'un désastre est énorme !
(p. 176)
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Il est des scènes qui se parent de l'orbe flou des songes, quand on les raconte au cœur de la nuit, à la lueur d'un bon feu, un verre de brandy dans la paume.
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Videos de Nicolas Texier (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Texier
A l'occasion du Festival Hypermondes qui s'est déroulé à Mérignac, rencontre avec Nicolas Texier autour de son ouvrage "Les Ménades" aux éditions Les Moutons électriques.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2555129/nicolas-texier-les-menades
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

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