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EAN : 9782361835538
240 pages
Les Moutons Electriques (07/03/2019)
3.44/5   18 notes
Résumé :
Quinze ans après la célèbre nouvelle de Lovecraft, le violon et les compositions maudites d'Erich Zann font l'objet de toutes les convoitises. Le grand détective Charles Auguste Dupin est le seul à savoir pourquoi, et à pouvoir s'y opposer. Rendu fameux sous la plume d'Edgar Allan Poe, Dupin enquête également de nouveau sur Ernest Valdemar, dont le corps a disparu : le comte de Saint-Germain est-il impliqué, et pourquoi Balzac, à l'article de la mort, s'y intéresse-... >Voir plus
Que lire après Le testament d'Erich ZannVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Les Saisons de l'Étrange font souvent de bonnes choses et le doublé de Brian Stableford (2019) vaut vraiment le détour. Je connais assez peu le pastiche poesque mais il est vrai que, par le biais du Chevalier Dupin, la déclinaison est facile. le premier mini-roman, le Testament d'Erich Zann, est du reste plus qu'un pastiche mais un véritable cross-over entre les univers des écrivains de Providence et de Baltimore. 15 ans après le décès du mystérieux violoniste, son instrument et ses compositions sont l'objet de toutes sortes de convoitises pouvant aller jusqu'au meurtre. L'auteur étoffe de façon intéressante le personnage du musicien autrichien (allemand pour Lovecraft), élève de l'école de Tartini qui selon la légende aurait passé un pacte avec le diable. Son sublime Il trillo del diavolo serait le produit de cet accord. Un maître de musique qui fit cadeau à son élève Zann d'un Stradivarius que le fabriquant italien considérait comme mal fini. Zann terminera une carrière mouvementée à Paris, rejoignant l'orchestre d'un théâtre de quartier, L'Ambigu, tout en se livrant la nuit à des exercices solitaires dans sa masure de la rue d'Auseil ? En effet, la maîtrise de ce Stradivarius, jointe à de redoutables connaissances occultes, que l'on peut notamment trouver dans Les Harmonies de l'Enfer de l'abbé Apollonius (14ème siècle), permettraient d'ouvrir certaines portes sur l'Ailleurs. L'occasion est toute trouvée pour Brian Stableford de nous livrer un véritable cours de Cosmologie lovecraftienne, pointant du doigt le rôle clef joué par Nyarlatothep dans les univers extérieurs et insistant sur le caractère non dualiste de la Métaphysique du Néant : il n'y a pas de véritable séparation entre le bien et le mal et l'accès à l'illumination se confond souvent à une plongée dans l'horreur.
Les objectifs de l'équipe chargée de soutirer l'héritage de Zann (violon et partitions) sont pour le moins troubles, reflétant parfaitement l'ambiguïté que nous venons de souligner. Tout l'Art de Dupin sera de démêler les fils de cet écheveau, en essayant de garder une approche rationnelle mais convaincu également que l'espace est loin d'être vide !

Second mini-roman, La Fille de Valdemar prolonge avec talent l'une des nouvelles importantes du canon poesque. Dupin et son inséparable faire valoir américain reçoivent à Paris la visite surprise d'une certaine Ewelina Hanska, maîtresse d'un Honoré de Balzac mal en point. Elle avait fait adresser par un médecin américain un colis précieux à nos deux compères, intermédiaires considérés comme de confiance. Hélas, le paquet n'est jamais arrivé. On comprend que la fille de feu Valdemar, magnétiseuse célèbre installée à Paris, attend ce paquet avec impatience tout comme la compagne De Balzac. Il s'agirait en effet des restes de Valdemar, sublimées par ce dernier, lors de la cérémonie du baiser au Gardien du Seuil , en une potion de longue vie. La jeune Vlademar espère ainsi pouvoir obtenir des résultats extraordinaires lors de ses consultations qui ne sont aujourd'hui que charlatanisme. Quant à Ewelina, elle est persuadée que ce produit pourra sauver le grand écrivain qui craint de ne pouvoir terminer La Condition Humaine avant de mourir.
Le Chevalier Dupin va nous offrir une nouvelle enquête aux frontières du rationalisme et de l'occultisme, sans jamais se prononcer sur la nature réelle de ses pistes. L'utilisation du process initiatique développé dans Zanoni est tout à fait originale et nous vaut de belles pages sur le trip cosmique subi à la fin du récit par le partenaire de Dupin. On ne serait pas complet, enfin, sans souligner la participation inquiétante du Comte de Saint Germain à l'obscure machination.

Deux bons récits qui restituent de façon sympathique l'atmosphère du milieu du XIXème siècle et qui interpellent le fidèle sherlockien que je suis. Car si Sherlock a balayé avec mépris son prédécesseur, le qualifiant de « médiocre », force est de constater les nombreuses similitudes qui existent entre les deux détectives. Dupin a pour faire valoir littéraire le correspondant à Paris de Poe (jamais nommé), Holmes le Dr Watson. Les « deux couples » cohabitent fréquemment et reçoivent des visites inopinées qui vont déclencher l'enquête. Dupin s'appuie sur « les gamins de Paris », Sherlock sur « les Irregulars de Londres ». On pourrait multiplier à l'envi les points de convergence que Stableford accentue malicieusement en faisant intervenir l'Inspecteur Lestrade dans le premier récit. Et au diable la chronologie, « ici on rêve ».
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Pour entrer dans ce double (court) roman, il faut se munir des clés adéquates. Notamment pour le testament d'Erich Zann. Mais, les ayant égarées, peut-être d'ailleurs ne les ai-je point jamais possédées, je me suis vu contraint d'entrer par effraction dans ce qui pouvait être un théâtre dont je n'étais que le seul spectateur.

Sur la scène dont le décor représente une pièce dans un logement parisien, deux hommes conversent aimablement. La conversation tourne autour d'un mélodrame que le narrateur a vu deux nuits auparavant aux Délassements-Comiques, situé boulevard du Temple surnommé boulevard du crime. Son interlocuteur étant le Chevalier Dupin.

Le narrateur narre (c'est son rôle) ce qu'il a vu et entendu, un drame écrit par Frédéric Soulié (auteur notamment des Mémoires du Diable) mis en musique par Bazailles, intitulé la Cantate du Diable, inspiré d'une adaptation d'une oeuvre de l'Italien Giuseppe Tartini. Paganini est également évoqué à cause de l'interprétation au violon, la technique de la scordatura, précise Dupin.

C'est à ce moment, ou presque, que le Préfet de Police Groix se présente chez le narrateur, assuré d'y retrouver le Chevalier. Clamart, qui fut le notaire d'Erich Zann, décédé quelques années auparavant, a été assassiné par trois coups assénés derrière la tête. Selon toute vraisemblance, Clamart connaissait son visiteur. Son ou sa, rectifie Dupin. Or, quelque temps auparavant, la tombe de Zann a été profanée, à la recherche de son testament, ou de papiers importants, ou de partitions. Quant au violon de Zann il avait été légué à Palaiseau, qui depuis joue dans la fameuse pièce.

Or ce violon a la particularité d'être un Stradivarius que le célèbre luthier n'aurait pas reconnu. Comme un père de famille ne veut pas reconnaître son enfant atteint d'un handicap. Et ce violon, lorsqu'il l'a décidé, se joue de son possesseur, se déréglant, ou se désaccordant lors de l'interprétation d'un morceau musical, puis se réaccordant de façon mystérieuse. Mais les événements se précipitent, et Dupin, accompagné du Préfet et de son fidèle narrateur-biographe, va devoir se rendre dans divers logements dans lesquels planent de sombres entités. Et c'est là que Lovecraft est évoqué sans l'être, car l'une de ces entités malveillantes se nomme, selon Dupin, Nyarlathotep dit le Chaos rampant.

Il est également question de magnétisme et de mesmérisme dans cette histoire qui, après en avoir forcé l'entrée, se révèle plaisante, quoique parfois un peu bavarde.

Si j'ai dit qu'il fallait posséder les clés, apparemment le narrateur lui non plus ne les possède pas. Ce qui conforte le lecteur dans son approche. Ainsi avoue-t-il à plusieurs reprises :

Excusez-moi, Dupin, dis-je. Mais je crains de n'avoir pas encore parfaitement tout saisi.



Je me sens toujours perdu dans un labyrinthe, et il est de plus en plus inextricable le temps passant.



D'après ce que j'ai appris ce soir – d'une façon quelque peu confuse, je l'admets – j'ai la ferme conviction…





Dans La fille de Valdemar, nous retrouvons les deux compères quelques années plus tard, exactement en février 1846, soit quelques années avant la disparition d'Edgar Allan Poe et d'Honoré de Balzac. Précisions utiles mais aléatoires car ces deux personnages, ces deux écrivains, jouent un rôle involontaire dans ce récit.

En effet, alors que Dupin s'invite, alors que la nuit est déjà bien entamée, chez le narrateur afin de parler littérature et philosophie tout en dégustant un cruchon de vin chaud, vin chaud dont il ne reconnait pas les habituels ingrédients qui fermentent dedans, une visiteuse demande à rencontrer le narrateur. Celui-ci est fort surpris car d'habitude, c'est Dupin qui est sollicité.

Elle s'inquiète de savoir si le docteur Collyer est bien arrivé et que le paquet qu'il devait remettre est bien mis en sécurité. Une entame quelque peu abrupte pour le narrateur qui tombe des nues. Elle accepte de bien vouloir expliquer qui elle est et quelle mission l'a conduite séant. Ce qui est la moindre des choses. D'autant qu'elle précise que la vie d'un homme est peut-être en jeu, et pas seulement la sienne, si le sens du récit de Chapelain a bien été compris.

Pour Dupin, la femme mystérieuse qui ne s'est pas encore présentée n'est pas une inconnue. D'abord elle avoue qu'Honoré lui a parlé du Chevalier, et ensuite Dupin l'a déjà rencontrée en certaine occasion. Il s'agit d'Ewelina Hanska, la maîtresse du forçat de l'écriture, et en ce cas il va forcément s'intéresser à l'affaire qui se profile. Et c'est ainsi que sont évoquées les personnages fictifs ou réels nommés mademoiselle Valdemar, Dupotet plus connu sous le nom de Baron du Potet, ésotériste et magnétiseur, Puységur et quelques autres.

Tout comme dans le testament d'Erich Zann, tout tourne autour du mesmérisme, du somniloquisme (forme de somnambulisme), du magnétisme animal, mais également de l'hypnose dont une démonstration est déclinée lors d'une extraction dentaire auprès d'un académicien de second rang, opération réalisée dans un amphithéâtre accueillant partisans et contestataires de cette méthode médicale d'anesthésie.

Les amateurs, dans le sens de qui aime, de Lovecraft et de Poe se réjouiront à la lecture de ces deux longues nouvelles. Pour les profanes, comme moi, il s'agit de textes quelque peu ardus, et si l'on avait demandé mon avis, ce qui ne s'est pas fait et en un sens c'est aussi bien, j'aurais proposé que ces deux textes soient publiés séparément mais précédés des nouvelles qu'elles prolongent. C'est-à-dire en deux volumes distincts, La musique d'Erich Zann, de Lovecraft, publiée en 1922, avec pour suite le testament d'Erich Zann, et La vérité sur le cas de M. Valdemar, conte paru en 1845 et présenté comme un pamphlet par l'éditeur et comme un rapport scientifique par les journaux anglais dupés, pour La fille de Valdemar. Dupés par Dupin, évidement !

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Il y a bien longtemps que mes lectures ne m'avaient pas plongée dans le monde de l'étrange.
J'avais abordé le Fantastique avec les contes De Maupassant, puis les histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe traduites par Charles Baudelaire. Lovecraft m'était moins connu.
Ici le rôle de Charles Baudelaire est tenu par Catherine Rabier, qui a su avec l'amour de la littérature et le perfectionnisme qui la caractérise faire un duo de « haute voltige » avec Brian Stableford pour faire pénétrer le lecteur dans monde qui va lui faire dépasser ses limites.
Le testament d'Erich Zann, est la suite de la musique d'Erich Zann, cette nouvelle Fantastique qui nous amène rue d'Auseuil. A la mort du musicien cinq personnes suivent son cercueil : le célèbre Charles Auguste Dupin, le Préfet Groix, le médecin Fourmont, Clamart le notaire et Palaiseau lui aussi violoniste.
Chacun est couché sur le testament.
15 ans après, le cercueil d'Erich Zann est profané, le notaire Clamart est assassiné, puis Palaiseau ainsi que sa concierge Henriette…
La question est double à qui le tour et pourquoi ? le célèbre Auguste Dupin va enquêter et jouer avec les nerfs des autres comme il sait si bien le faire. Il va mener le lecteur par le bout du nez et l'enfermer dans cette mansarde qui a entendu tant de fois la musique d'Erich Zann et qui l'a vu mourir.
Le dénouement est juste magistral et tellement bien pensé.
Puis le narrateur va nous amener sur les pas De Balzac et de l'étrange fille de Valdemar.
Dans ce Paris des années 1845 alors que Balzac est gravement malade, sa maîtresse Madame Hanska, frappe à la porte du narrateur elle vient y chercher un mystérieux colis, mais l'acolyte de Dupin, n'attend rien et ne reconnait pas cette Dame. Heureusement, malgré l'heure tardive Dupin est là. Lui reconnait la visiteuse et est immédiatement en alerte.
Brian Stableford est visiblement un fou, mais pas n'importe lequel, un fou de la France du XIXème. Il rend un hommage aux maîtres du Fantastique, avec subtilité, habileté et une véritable érudition.
La retranscription de l'époque est exceptionnelle, elle permet au lecteur d'être emporté, de vivre totalement ces histoires aussi étranges que riches.
Il va pénétrer les arcanes du mesmérisme, être bercé par le trot des chevaux du fiacre, revivre ces histoires qui sont à vous glacer les sangs. Il se réchauffera au feu de cheminée et au verre de cognac à la couleur ambrée…
Il sera fasciné et agacé par Dupin aussi pédant, mystérieux et drôle malgré lui.
Il retiendra sa respiration lorsque l'enquête avancera et se bouchera le nez pour ne pas trop respirer les eaux fétides charriées par la Seine.
Alors envie d'émotions fortes ?
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 27 avril 2019.
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Qui est vraiment Auguste Dupin ? Très discret, sans vie mondaine, il est néanmoins dans les petits papiers du préfet de police de Paris. Et il semble très au courant des différents mondes qui existent autour du nôtre et surtout de leurs dangers...
En même temps, tout cela lui sera très utile.
Croisement entre Lovecraft et Poe, ces deux nouvelles permettent une plongée dans chacun des univers. Autant je n'ai jamais accroché aux nouvelles Poe et l'univers de Lovecraft me met parfois mal à l'aise, autant là j'y ai trouvé mon compte et j'ai apprécié ma lecture.
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Le testament d'Erich Zann est un livre composé de deux novellas de Brian Stableford : le testament d'Erich Zann et La fille de Valdemar. le roman est édité chez Les moutons électriques dans le cadre du Mois Lovecraft. Les 2 histoires ont en commun leurs deux personnages principaux : le détective Charles Auguste Dupin et le narrateur.

Le chevalier Auguste Dupin est un personnage créé par Edgar Allan Poe. Il apparait dans trois textes de l'auteur: Double assassinat dans la rue Morgue (1841), le Mystère de Marie Roget (1842-1843) et La Lettre volée (1844). Auguste Dupin est un détective dans la droite lignée de Sherlock Holmes, il possède le même genre d'esprit de déduction et d'observation. D'ailleurs, Conan Doyle a fait référence au chevalier Dupin dans Une étude en rouge (1887), premier roman où apparait Sherlock Holmes. Dans les deux novellas de Brian Stableford, Auguste Dupin habite à Paris et est ami avec le narrateur des deux histoires, racontées à la première personne. L'époque où se situent les histoires est le milieu du 19ème siècle, même époque que les récits d'Edgar Poe. le duo formé par Dupin et le narrateur fait beaucoup penser à Holmes et Watson, par leur caractère, leur complicité, leur manière de réfléchir et de mener l'enquête.
Le testament d'Erich Zann et La fille de Valdemar sont donc des hommages à deux maitres de la littérature fantastique à savoir Lovecraft et Poe. Les deux récits prennent appui sur des textes des deux auteurs pour en former des suites. le duo de personnages principaux lorgnent du côté de Sherlock Holmes et du docteur Watson. Brian Stableford offre ainsi deux textes plaisants qui mettent l'étrange et l'enquête en commun.
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critiques presse (1)
SciFiUniverse
09 juillet 2019
Ce récit fantastique dans la veine de ceux des maîtres du genre réussit à recréer l'ambiance si particulière par des dialogues très maîtrisés et très denses.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais je n'avais jamais vu un homme aussi peu préoccupé de lui-même. L'état normal de la conscience humaine comporte une sorte de vague inquiétude ; en état d'éveil, nous sommes toujours légèrement sur nos gardes, attentifs à ce qui nous entoure et à nous mêmes , soucieux de faire bonne impression même si nous ne sommes pas manifestement soumis à un examen minutieux.
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Vidéo de Brian Stableford
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