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sur 1591 notes
On nous le dit dès la couverture: Lisa a menti. Elle a accusé à tort un homme de l'avoir violée à 15 ans. Il a pris 10 ans; il en a fait 5 et le procès en appel va avoir lieu. Lisa change d'avocat; elle choisit une femme cette fois car elle veut être défendue au moment où elle va dire la vérité.
L'objet de ce roman (inspiré d'affaires réelles car l'autrice est chroniqueuse jusiciaire) n'est pas s'émouvoir le lecteur lors de la tant attendue révélation-confrontation. L'objet de ce roman est de comprendre pourquoi Lisa a accusé cet homme, celui-là et pas un autre, pourquoi l'a-t-on crue alors que les preuves étaient plus que minces, pourquoi ceux qui ont émis des doutes ont-ils été vilipendés ? C'est un roman sur l'effroyable danger que "l'air du temps", l'opinion publique font peser sur les procès. A cette époque où la parole des femmes est sacralisée, à une époque où les hommes sont tous présumés violeurs, à une époque où le statut de victime donne un caractère intouchable, écrire La Petite menteuse est une sacrée preuve de courage, un satané coup de pied dans la fourmilière, surtout pour une femme.
N'ayez pas peur pourtant, l'avocate fait le job: elle defend Lisa et nous donne à comprendre. Qu'aurions-nous fait à sa place, à la place de ses parents, de ses profs, de son proviseur ? - Peut-être pareil. Car "dans cette affaire, il n'y a que des bonnes intentions."
Seul bémol: ça se lit trop vite.
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Chronique vidéo https://www.youtube.com/watch?v=NP9gsiKhcYQ

La langue est malheureusement trop classique, trop simple, il n'y a pas trop de clichés littéraires, il faut déjà le préciser, mais bon sang, y a pas de style, j'ai l'impression d'avoir déjà lu cent livres écrit comme ça — je pense à La décision de Karine Tuil, je pense à tous les livres du Goncourt de l'an dernier que j'ai oubliés, ça manque de sel, de personnalité :
« Elle se prépare un thé, croque deux carrés de chocolat noir, glisse la plaque dans le tiroir, le rouvre, hésite, en prend deux autres. Depuis quelques années, elle ne se bat plus contre ces kilos qui l'enrobent ».
De deux choses l'une, je pense que décrire le réel tel qu'il se présente, c'est pas simple, ça peut en avoir l'air, mais ça ne l'est pas — cette scène en un sens, est réaliste, beaucoup de femmes, d'hommes vivent la gourmandise au quotidien. Mais la nuance, c'est que j'ai l'impression qu'elle reste sur l'idée de base, cette expérience commune, qu'on peut tous vivre un jour, il n'empêche qu'on la vit tous différemment — et la littérature devient intéressante dans la précision, dans la distinction — le chocolat, c'est quelle marque, il a quel goût, comment il va se mélanger à son haleine, d'ailleurs quelle est son haleine, il va fondre entièrement, ou est-ce qu'elle va croquer le dernier bout sur la langue, le tiroir, il vient d'une table en agglo, en chêne, il est vide, plein, y a quoi un paquet de mouchoir, des dossiers, des miettes peut-être, et elle surtout, est-ce qu'on peut pas la sortir du vague, du Madame tout le monde (une madame tout le monde qui finalement ne ressemble à personne. Enfin pas tout le monde, j'ai trouvé une vague ressemblance entre Pascale Robert-Diard et Nathalie de Saint-Cricq, donc je ne pouvais m'empêcher de penser à celle-ci en lisant, cela ne m'a pas rendu l'héroïne très attachante étrangement^^). Bref, elle est journaliste, on le sent dans l'utilitarisme de la langue, c'était ce que je reprochais l'an dernier à Lilia Hassaine.
J'avais lu une interview de l'autrice dans laquelle elle disait, qu'en tant que chroniqueuse judiciaire, elle avait entendu des juges dire qu'on ne pouvait pas croire sur parole, que c'était contre l'idée de justice — bref, c'était l'idée de base du roman. Idée passionnante, pour voir les limites du « je te crois », mais aussi pour voir les limites du « je doute, j'enquête ». Pour un tel sujet, il fallait des personnages nuancés, complexes. Et ce n'est pas le cas. Ils ne sortent pas de l'archétype — la jeune fille à problème (c'est plus ou moins dit comme ça — on verra par ailleurs plus loin que l'autrice a visiblement un problème avec les personnes venant des milieux populaires), l'avocate déchirée entre vie personnelle et vie professionnelle, l'ancien Dupond-Moretti, le pauvre maçon/zingueur/réparateur accusé. On dirait un feuilleton France 3. Mal joué en plus. Parce que les dialogues, s'ils se tiennent quand ils sont courts, perdent tout réalisme dès qu'ils s'étirent. Je pense à une scène au début ou Alice dîne avec Dupond-Moretti (on va l'appeler comme ça hein) — ils se mettent à parler du bon vieux temps, et plus précisément d'une vieille affaire comme si aucun des deux ne la connaissaient, et on sent à ce moment-là, notre place de lecteur, c'est très désagréable. Ce qu'il aurait été plus logique de faire, c'est deux trois phrases entre eux « tu te rappelles Machine » « Ah, celle avec le ? » « Oui, le gilet tricoté, à chaque audience, toujours le même gilet » Chacun regarde sa tasse, chacun est retourné dans le passé— Puis on amène le souvenir avec la narration classique — c'est déjà fait, déjà vu, mais au moins, c'est pas maladroit. Sinon, il faut accepter les trous dans une histoire, que le lecteur ne sache pas tout — c'est d'ailleurs ce qui peut rendre un livre mémorable, on ruminera plus sur une histoire qui conserve du mystère.
Et donc le problème aussi, c'est le traitement du personnage de Marco Lange — il coche toutes les cases du pauvre ouvrier tel que le concevrait un bourgeois, une sorte de bête de somme, une masse laborieuse (d'ailleurs, je crois qu'elle parle d'un visage laborieux si je ne m'abuse), mué par des désirs primaires — sa libido et l'expression de sa libido.

Et pourquoi je pardonnerai plus à un personnage de Houellebecq ce genre de considérations ? Mais parce que c'est dit avec cynisme, que c'est joué à fond, on va dans la dégueulasserie, ce qui fait que paradoxalement, on ne sait pas ce qu'il pense réellement, lui. Alors que là, elle le dit comme si c'était communément admis, ce qui fait qu'on le sent, qu'elle ne voit pas le mal, que même, et j'en suis convaincue, que ce n'est pas fait exprès, comme un racisme ordinaire ou bienveillant — on parle de l'accusé (« un visage laborieux, sans époque apparente »), ça sonne un peu comme ils se ressemblent tous en parlant d'une minorité. C'est déshumanisant. Et le personnage d'Alice est censé être attachant, alors qu'elle est quand même plutôt désagréable mais sans que ce soit à escient : elle veut pas faire dans le social, d'ailleurs, quand elle suppose que Lisa a peut-être été abusée par les garçons du collège, elle balaie ça de la main — c'est pas son problème. Elle est assez désagréable quoi.
Et puis, à côté de ça, elle aura beau plaider pour la beauté de la justice, on sent que derrière y a quand même un relent critique du féminisme actuel : on pense au congé pris pour règles douloureuses qui ne passe pas aux yeux du personnage d'Alice (‘moi à mon époque, je rentrais le ventre enceinte', dit-elle à peu près = serre les dents et tais-toi).
Mais je veux quand même encore préciser que le sujet, s'il avait bien été traité aurait pu donner une oeuvre troublante, qui ne laisse pas le lecteur en sécurité dans son petit fauteuil — mais déjà le parti pris d'annoncer dans la 4ème et dans le titre que c'est un mensonge, c'est très mal exploité : car pendant presque la moitié, on ne nous le dit pas encore, c'est de la perte, c'est mou, prévisible — et je trouve que le choix de donner presque la parole qu'à l'avocate, presque jamais à Marco Lange, c'est assez révélateur — on le fait parler que pour dire qu'il a redoublé son CP, ou pour le faire insulter la jeune femme qui l'a accusé à tort, comme si le seul personnage intéressant devait forcément avoir bac + 5, que lui en tout cas, ne peut concevoir une pensée complexe, une pensée qui sort de la brutalité ou de la bestialité — c'est le même écueil que pour La décision de Karine Tuil — avoir que le point de vue de la juge, de l'avocate, de l'ersatz de l'auteur, ça permet pas de sortir des zones de confort et d'atteindre la laideur, le sublime. On se penche un peu sur Lisa, mais pas pour entrer en elle réellement, j'ai pas l'impression d'avoir dépassé l'image des nanas qu'on jalouse au collège parce qu'elles ont plus de succès avec les mecs, elle n'existe pas. Lange n'existe pas non plus. Seule Alice, l'avocate, et pour un livre sur une fausse accusation de viol, je sais pas, ça aurait été sympa d'avoir le point de vue du principal intéressé.
Deux choses intéressantes toutefois : le jargon de certains professionnels, retranscrit de manière assez savoureuse — on sent qu'elle s'en amuse, et je pense que pour son prochain, justement, elle devrait voguer sur ces mers — celles de la précision, du croquis détaillé et pourquoi pas sociologique des personnes qu'elle est amenée à rencontrer (pas juste les lieux communs qui ont abreuvés bien trop de pages, mais leur manière de parler de se mouvoir, de s'habiller, de réagir), mettre justement son expérience au service de ses descriptions. Et aussi, comment les professeurs, toutes ses personnes bien intentionnées ont pu mettre justement à cause de leur bonnes intentions un homme en prison — c'est assez subtil, assez nuancé, c'est dommage que ces passages, où finalement elle se mouille un peu plus n'apparaissent que vers la fin et ne concerne que quelques pages. le réquisitoire aussi, n'est pas trop mal, et je pense d'ailleurs que le livre aurait dû débuter dessus, pour déplier, dérouler beaucoup plus soigneusement l'histoire.
Enfin, tout ça pour dire que j'ai eu l'impression de lire un livre au sujet ambitieux, mais qui ressemble à un téléfilm du dimanche soir, joué avec Stephane Bern ou non, telle est la question…
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La justice est une machine qui tourne dans le sens des victimes. Mais le rythme candencé des aiguilles peine parfois arrivé à l'heure indiquée de la conviction, comme à l'évocation des mots victime ou coupable.
"A la certitude si solidement établie d'hier, on en a substitué une autre. C'est la même machine qui tourne. Elle a seulement changé de sens."

Lisa porte le visage angélique des victimes de violences sexuelles. Elle avait quinze ans, et a payé au prix fort les révélations extirpées de sa gorge d'enfant. Elle a condamné un homme à la prison, aidée par les jurés, la juge, ses parents et ses professeurs. Soutenue par l'opinion. Marco Lange a la gueule de l'emploi : un casier, un regard vicieux sur sa mère et un vocabulaire cru. Lisa craque. Marco entre en cellule, par la porte des assises : le peuple condamne ses fellations arrachées sous la peur, et sa tentative de sodomie. le couperet est tombé, l'eau se retire, et le sable redevient sec. Mais la vague revient, son roulis se fait entendre. Lange a fait appel, et une nouvelle Cour prépare ses bancs. Lisa repart dans cette vaste noyade déjà vécue. A un détail près. Elle a décidé de sortir la tête de l'eau, et de se prendre en main.Lisa va changer d'avocat, et choisir une femme pour la défendre. Elle a vingt ans maintenant. Elle a une histoire à raconter et entend bien être entendue.

Un roman chez un éditeur qui me touche particulièrement, L'iconoclaste, toujours aussi juste dans ses choix, et cette photo qui emporte toute l'innocence et la douleur d'une jeune fille. Un visage pur, digne d'une peinture romantique. Une image qui reflète toute la douleur et la résilience de ses semblables, jeunes filles poussées trop vite, hissées sur leurs orteils pour voir la place qui sera la leur demain, tout pourvu d'être sûre d'avoir cette place, quitte à accepter des courtes échelles toxiques.

Un roman qui fait la part belle aux avocats et à la défense de leurs clients, écrivant avec la salive de ceux qui ne savent pas parler. Ou qui parlent si mal qu'on ne peut que les condamner pour leurs mauvais choix. Une Alice qui caresse la tête d'une jeune cliente qui l'a choisie comme on ouvre enfin la main en prendre une autre, ou pour mieux laisser s'envoler l'innocence.

Un vrai coup de coeur pour moi, et les derniers mots d'un roman qui me resteront longtemps en tête !
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Lisa, 15 ans accuse de viol Marco un jeune ouvrier, celui-ci clame son innocence, il est condamné à 10 ans de prison.
4 ans plus tard Lisa devenue adulte contacte une avocate et lui fait part de son mensonge elle veut réparer ce mensonge et lui explique pourquoi à l'époque elle a mentie.

Je l'ai lu d'une traite, il m'a tenue en haleine et m'a prise aux tripes.
Jusque-là, je n'avais jamais compris pourquoi des jeunes filles accusaient des innocents. Maintenant, que j'ai une explication celle de Lisa je me dit qu'évidemment prise aux pièges elle n'a trouvé que cette solution pour s'en sortir si on peut dire...

Un très bon livre sur le mécanisme du mensonge.
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Une mineure accuse un ouvrier d'agressions sexuelles. Procès . Condamnation de l'accusé. Sentiment de l'entourage d'avoir bien agi... ou négligé les signaux d'alerte.
Majeure, Lisa revient sur ses accusations. L'avocate, Alice Keridreux, nous guide dans ce nouveau procès qui devrait libérer un innocent, bousculer les certitudes des différents acteurs.
Le barreau , les jurés, les avocats sont en pleine lumière.
_ La fragilité des témoignages, de l'enquête, quelques certitudes chutent.
Ce procès est loin d'être une exception : des accusés aux professions sensibles - et exposés : enseignants, éducateurs, religieux... ont dû subir des enquêtes, forcement traumatisantes et humiliantes.
Et l'avocate de ce roman se demande combien de coupables elle a pu faire innocenter ! Autant de voix qui perturbent notre perception de "La Justice".
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Lisa, collégienne de 15 ans, accuse un homme frustre de 32 ans, d'un viol qu'il n'a pas commis, pour lequel il est condamné à 10 ans de prison; alors que le procès en appel va s'ouvrir, Lisa, qui a maintenant 20 ans, contacte Alice, avocate, et lui avoue qu'elle a menti cinq ans auparavant. Elle veut dire la vérité pour se décharger de cette culpabilité qui la ronge et qu'Alice la représente durant le procès.
"La petite menteuse" est bien sûr un roman sur la justice, sur la valeur questionnable d'une vérité, sur l'importance du doute comme moteur d'établissement des faits puis de jugement.
C'est aussi un roman sur la parole sacralisée des femmes victimes après des décennies de surdité, qui questionne le féminisme; devrait-on laisser une femme mentir lorsqu'elle accuse, à tort, un homme de viol pour ne pas remettre en cause, mettre en péril la parole des "vraies victimes"? Est-ce moralement acceptable? Heureusement, ce roman propose une réponse humaine, donc imparfaite certes, mais bien loin de tout manichéisme ou de toute idéologie.
Mais avant tout, c'est un roman sur l'adolescence et le mal-être, l'adolescence et la sexualité, l'adolescence et l'ennui, l'adolescence et le mensonge, l'adolescence et le besoin de paraître "cool" quitte à accepter les pires humiliations; pour le personnage de Lisa, seul le statut de victime permet d'être aimée, considérée, entourée.
Pascale Robert-Diard décrit très bien cette période très instable de la vie, pleine de promesses mais aussi de dangers; elle sait nous faire vivre les limites humaines d'une enquête et d'un processus judiciaire. Elle me rappelle deux autres auteurs par les thèmes abordés mais aussi par l'écriture directe, froide, efficace, percutante : Karine Tuil avec "Les choses humaines" et Mathieu Menegaux avec "Femmes en colère".
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Certains peuvent regretter que le titre dévoile d'emblée l'issue du procès. Mais plus qu'un roman judiciaire, je pense que l'auteure a d'abord voulu faire un roman sur le mensonge, sur une jeune fille qui s'est empêtrée dans un mensonge dont elle ne peut sortir.
J'ai préféré dans le roman le portrait de Lisa, cette collégienne au corps de femme qui voit le désir dans le regard des garçons et s'enorgueillit de leur attention. Et puis un jour, le désir se fait harcèlement et vidéo crasseuse. Les mots sont cruels, la réputation salie.
« le collège, c'est la guerre. Héros un jour, paria le lendemain. On s'allie, on se trahit, on négocie, on se réconcilie. Et on recommence. Un qui-vive permanent. Aucune victoire n'est jamais acquise. Toutes les gloires sont éphémères. Celle-là même à qui on a juré une amitié à la vie et à la mort vous sacrifie sans état d'âme à une autre qui semble soudain mieux en cours. »
La situation familiale est également difficile : la grande soeur citée en modèle, le divorce des parents, le mal de vivre adolescent.
Le mensonge est le meilleur moyen d'attirer l'attention de passer de " salope" à victime.

Le roman du procès est nettement moins convaincant, voire discriminant.
La représentation du violeur- innocent est très stéréotypée, même si je conçois que ce stéréotype ait joué en faveur de sa culpabilité. Mais l'auteure aurait gagné à nuancer son portrait, à lui donner la parole éventuellement et à accorder du sens à l'erreur judiciaire dont il a été victime.
Le choix du sujet appelle également à polémique. Dans un contexte où l'on admet enfin que la parole des victimes de viol doit être entendue, décider de faire d'un violeur présumé la victime d'une erreur judiciaire pose question. D'autant que quelques remarques acerbes contre une collaboratrice qui a ses règles ou contre l'amie féministe de son fils, laissent deviner une attitude ambiguë.
Quitte à traiter de faux témoignage et d'erreur judiciaire, d'autres pistes étaient possibles afin de laisser de la place aux victimes de viol.
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Je ne me suis jamais passionné pour les récits judiciaires, mais depuis que j'ai lu avec une étonnante fascination les billets de blog de Maître Eolas et du regretté Maître Mô, je suis plus enclin à m'intéresser au décor de la sphère judiciaire. C'est ainsi qu'après avoir savouré D'autres vies que la mienne d'Emmanuel Carrère, j'ai lu plusieurs livres de l'auteur allemand Ferdinand von Schirach dans lesquels j'ai retrouvé de l'humanité chez les victimes comme chez les auteurs, la difficulté de défendre comme de juger, mais toujours servi par une plume romancée rendant l'histoire passionnante.

Pour ce roman entièrement fictif l'autrice a pu s'appuyer sur son quotidien de chroniqueuse judiciaire au journal le Monde. Sans surprise, nous sommes ici confrontés à l'histoire d'une jeune femme qui a menti en accusant faussement un homme de l'avoir violée. Alors qu'il purge une peine de 10 ans de prison après une première condamnation aux assises, Lisa décide de faire appel à une avocate pour la représenter lors de son procès en appel. Alors qu'elles travaillent ensemble sur les faits qui se sont déroulés alors que la victime n'avait que 15 ans Lisa lui fait cet aveu terrible : elle a tout inventé.

L'histoire nous amène sur ce qui a pu pousser une adolescente en souffrance à s'enfermer dans un tel mensonge quand bien même un homme, innocent, serait envoyé en prison. Car au collège, être une jeune fille avec de gros seins peut déclencher les désirs les plus sales, mener à des situations douloureuses à vivre, pour lesquelles il vaut mieux parfois passer pour une victime qu'on écoute et qu'on plaint que pour une salope.

C'est un roman assez court d'environ 200 pages que j'ai lues d'une traite à la faveur d'une matinée, qui m'a transporté dans la vie de cette avocate bien embêtée de devoir défendre une petite menteuse ayant déclenché un peu malgré elle une tempête judiciaire. Un récit incisif, passionnant et juste ce qu'il faut d'empathique pour nous permettre de nous poser la difficile question de la posture que nous aurions adopté face à une telle histoire.

📖 La petite menteuse de Pascale Robert-Diard paraîtra le 18 août aux éditions de l'Iconoclaste. 217 pages, 20€.

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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Lisa Charvet, tout juste majeure, débarque dans le bureau de l'avocate Alice Keridreux et lui demande de la représenter lors du procès en appel de son violeur. Lisa estime qu'une femme la comprendra mieux que cet avocat qui la défendue contre Marco Lange, l'homme qu'elle a accusé de viol alors qu'elle avait 15 ans.
Bien sûr de tels procès attisent les esprits, les masculinistes et autres incels dénoncent la sacralisation de la parole des femmes, et les féministes crient qu'elles ne supportent plus ceux qui font fi de leur parole ou la moquent.
Alice, la narratrice de cette histoire, relit l'ancien dossier et s'étonne de voir la condamnation de Lange ne reposer que sur la seule parole de Lisa et sur des témoignages du type « il regardait bizarrement », « c'était un marginal ». A ses yeux cela ne justifiait pas l'incarcération de Lange.

Comme le dit le titre, Lisa a menti et se dit prête lors de ce second procès à raconter ce qui l'a, trois ans plus tôt, incitée à se dire victime d'un viol, et cela au risque de se voir psychologiquement lapidée par le public, l'avocat de Lange et la juge outrée par ce mensonge responsable du long internement de l'innocent Lange.
Lisa va tenter, maladroitement mais sincèrement, d'expliquer que cette dénonciation a été une porte de secours, un appel à l'écoute de sa détresse, la sortie d'un engrenage de rumeurs, d'incitations, d'attentes ainsi qu'une forme d'explication à sa dépression.
Comment juger quand on se trouve face à deux victimes ? Certes elles ne sont pas sur un pied d'égalité, mais toutes deux sont en droit d'attendre un jugement équitable à l'aune du passé comme à celui de l'avenir.
On aurait aimé assister à la plaidoirie de l'avocate et au verdict final mais non, tant pis pour nous.
Un roman précieux en ce qu'il dénonce ces jugements hâtifs fondés sur les préjugés, les apparences, les intérêts d'une cause personnelle et la méconnaissance de la complexité humaine.

Lien : https://trancheslivres.wordp..
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La prof de français de mon fils en Seconde fait lire ce livre à leur classe. Curieuse, je le lis aussi. Difficile de me prononcer sur ce livre où une ado a menti, racontant un viol qui l'a fait passer du statut d'ado paumée et fille facile à celui de victime qu'il faut croire et choyer. Difficile de me prononcer car ce livre ne risque-t-il pas de semer le doute pour les futures victimes ? Ce livre interroge et j'aimerai être une petite souris écoutant les débats qu'il suscitera au lycée !
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