Tome 5 d'une fascinante série fantasy qui se passe dans le monde des enfers.
Pendant que Rel est à Vrenalik, Lame est de retour aux enfers. Elle s'enfonce par erreur dans les anciens enfers mous où elle sera peu à peu transformée en une larve géante. Son ventre devient la maison des fourmis, où pour passer le temps, Lame convoquera en imagination ses ancêtres et se rappellera de sa ville natale, Montréal.
Si l'histoire prend un peu de temps à démarrer, l'auteure nous régale avec son habileté à jouer avec les mots. L'or du titre n'est pas le métal, mais comme le dit Lame :
— L'or des organes, l'or de l'horreur, l'or des ordures, ou même l'or de la mort. (Alire, p.175)
L'autrice joue même avec les nombres lorsque Lame doit apprendre un code composé d'une longue série :
«
le dernier chiffre est un huit. Je me sens écrasée par cette richesse, par cet or du huit, qui s'enroule autour de n'importe quoi pour étouffer ses adversaires. »
Sans que ça soit lourd, l'auteure ajoute aussi critiques sociales et réflexions philosophiques dans une construction imaginaire complexe, où les bourreaux des anciens enfers sont devenus fermiers, mais où les habitants des nouveaux enfers doivent apprendre la bienveillance envers les condamnés.
Un roman intéressant, mais il faut avoir lu les tomes précédents pour comprendre et apprécier.
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Ne possédant pas les réflexes ancestraux d’avarice et de couardise qui transforment à la longue les gens en larves, il était démuni quand il s’agissait de leur trouver des antidotes. Il n’avait pas connu la crainte et la lâcheté qui se perpétuent d’une époque à la suivante, allant jusqu’à constituer les principaux liens de solidarité entre générations. La loyauté biaisée, la vendetta au nom de l’honneur, l’injustice excusée par le désir de sécurité pour soi-même ou pour les siens, la partisanerie ignoble envers une famille, un pays, une langue ou une religion, il n’avait aucune idée de leurs mécanismes.
(Alire, p.24)
Si on pouvait rééquilibrer un peu le monde, au lieu d’être obligés d’établir enfer sur enfer pour faire expier aux gens leur méchanceté!
(Alire, p.180)
— Vous pensiez échapper à l’enfer en troquant l’énergie du sexe contre celle du ventre! Elle vit toute une société — celle d’où elle était issue — traînée dans le malheur par ce genre de troc, les orphelins « fruits du péché » promis à une vie infâme, les populations entraînées à avoir honte, l’éloge de l’ignorance et du refoulement, tandis que règnent ceux qui ont érigé en système le déni de leur sexualité.
(Alire, p.120)