Ce petit recueil (115 pages) ne contient que deux nouvelles; la seconde a donné le titre au livre. Je l'ai lu peu après avoir été échaudée par
les Bracassées de la même auteure, que je n'ai pas pu lire intégralement. J'ai donc croisé les doigts en espérant ne pas être déçue une seconde fois.
Je m'y suis quand même reprise à deux fois avant de pouvoir rentrer dans la première nouvelle, intitulée Je suis plein d'autres aussi. En effet, le langage est assez particulier car nous pénétrons dans la tête d'une fillette qui a visiblement un problème mental ou psychologique assez important; elle ne parle pas, elle pense. En revanche, elle comprend. Elle semble envahie de TOCs et a peur de tout, y compris des dessins de petits canards sur la tapisserie de sa chambre.
Juliette (qui a plein de noms différents selon qui s'adresse à elle) partage son temps entre un foyer pour enfants comme elle, sa famille d'accueil chez Lucile, et chez ses parents, le week-end probablement.
Le lecteur découvre les pensées de la fillette et ,de ce fait, comprend mieux son comportement que les gens qu'elle côtoie. Elle explique qu'elle "trouille" en permanence.
Lucile semble percevoir beaucoup de choses et est très patiente avec elle; elle offre de l'amour à sa "Bikette" et se rend compte que cela l'aide.
Je me suis peu à peu attachée à Juliette à qui M.Sabine Roger a donné la parole en écrivant une tranche de sa vie.En la laissant exprimer ce qu'elle a à l'intérieur, elle nous donne le décodeur pour tenter de la comprendre et pénétrer son univers imaginaire.
Dans la seconde nouvelle, Etienne et son frère cadet vivent avec leur mère Lilette à la campagne. Etienne est simplet. Sa mère s'occupe de lui comme d'un tout petit alors qu'il semble être adolescent, peut-être même jeune adulte, on ne sait pas. Mais un jour, elle meurt, et Jean, le frère finit par partir, laissant l'aîné seul, lui qui ne sait rien faire par lui-même ni se laver, ni cuisiner. Alors, il s'installe dans la niche avec la chienne, se met à vivre comme un chiot et à éprouver comme un semblant de bonheur. Il apprend avec elle à se débrouiller pour survivre, jusqu'au jour où la chienne meurt, elle aussi.
Se retrouvant complètement seul, Etienne est obligé de réfléchir. Il finit par trouver sa propre définition du bonheur: vivre perché dans un arbre, sans toit, pour être plus près de Dieu.
Cette seconde histoire est touchante également avec sa touche d'optimisme. Belle idée et grande humanité de la part de
Marie-Sabine Roger que d'offrir un espace de parole à ces personnes hors du commun. Peut-être devrais-je faire une nouvelle tentative avec
les Bracassées?