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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dernière acquisition chez mes camarades, à leur Librairie Caractères » / Issy [ Ces derniers prenant une retraite bien méritée] – 4 mai 2022

Une lecture aussi étonnante que jubilatoire….GROS, Gros coup de coeur !

L'écrivain, Olivier Rolin, quelque peu ébranlé par une brusque sommation de son propriétaire pour « vider les lieux » , rue de l'Odéon, de son appartement où il vit depuis 37 ans...et pour couronner le tout, cette brusque nouvelle survient en pleine pandémie !

« Notre » écrivain s'attèle à ce déménagement...Comme sommé par les circonstances de faire le point d'une vie d'écriture et de voyages ; Au fil du démontage de sa vaste bibliothèque et de l'emballage dans les cartons, voilà notre narrateur noyé dans les souvenirs, les rencontres, les Livres lus et écrits, etc.

Il se raconte, narre son parcours, égrène mille anecdotes en saisissant tel objet ou tel livre….

Un voyage gigantesque, fastueux, idéal, même inespéré pour faire connaissance avec l'oeuvre de cet homme de Lettres ; ce que je souhaitais faire depuis un long moment. Je connaissais toutefois sa passion pour la Russie et les voyages, mais l'écrivain-voyageur a copieusement arpenté la Planète !

Impossible de rendre la profusion extraordinaire de cet ouvrage qui n'est fait que des passions multiples d'Olivier Rolin : La Littérature, Les Voyages, Les Livres, l'Ecriture, les Rencontres, La Russie, Les conférences autour des écrivains aux quatre coins du monde, les femmes, les paysages… et ces fabuleux voyages en train, les plus longs possible, de préférence ! Etc.

« Pourquoi raconter ça ? Je pourrais répondre, comme Michel Leiris dans -Biffures-,qu'un déménagement est "une fin du monde au petit pied",qui justifie bien qu'on y consacre quelques pages.Ce n'est jamais que notre monde personnel,d'accord,mais on y tient, on n'en a pas tellement d'autre.Notre petit tas de secrets,nos pleurs,nos joies,c'est là, entre ces murs décrépits,qu'il s'amoncelait. (p.15) »

Lecture des plus joyeuses et « nourrissantes » car Olivier Rolin nous fait partager généreusement tous ses coups de coeur littéraires ; nos piles (PAL) de curiosités, d'envies vont augmenter très « dangereusement »et avec Bonheur !

Biee sûr, les émotions fortes, les pincements de coeur, les nostalgies affleurent au fil du récit… comme tous les bouleversements émotionnels inhérents à tout déménagement, où on laisse inévitablement un peu de soi, dans le lieu que l'on quitte !...

La longue vie des objets liés à des personnes aimés, des souvenirs forts, que l'on essaye de ne pas « bazarder » à la légère, où on tente de leur faire poursuivre « leur vie » dans d'autres maisons amies…

Un très, très beau livre, puissant, personnel , universel, dynamique, jubilatoire, un brin de mélancolie, qui exprime tant , à travers Un « simple » déménagement ; Eh bien non, ce n'est pas simple un « déménagement », à un certain âge…comme on peut le constater au fil de ce récit.

Ce qui induit inexorablement comme une sorte de « bilan de parcours », de Vie , comme le déroulement d'un film , avec ses noirs, ses blancs, ses couleurs, ses ralentissements, ses pauses, ses rebondissements, ses suspens,etc.!

J'ai en attente depuis un certain temps un autre texte de lui, offert par une amie, à l'occasion d'un anniversaire : « Tigre de papier »… et je viens d'emprunter à ma bibliothèque de recherche, « le Météorologue » découvert en même temps que je lisais un ouvrage de Prilépine sur les Iles Solovki, il y a quelques semaines….J'aurai certainement préféré faire ces recherches et ces lectures en d'autres temps !!...

Toutefois, ce texte "Vider les lieux" m'a fait "rencontrer" de la plus belle façon un écrivain captivant et passionné, des plus communicatifs dans ses élans et curiosités insatiables [*** j'ai même fait abstraction de mon agacement habituel pour l'utilisation trop fréquente des "parenthèses", ce que fait allègrement, notre écrivain....; pour dire "mon enthousiasme" sans réserve !]
Je viens de solliciter la "Réserve Centrale" des Bibliothèques de la Ville de Paris, pour emprunter au plus vite, un autre livre, possédant quelques échos avec celui-ci: "Paysages originels"....

Je ne peux que vous renvoyer aux nombreuses citations que j'ai "déposées"... tant, tout m'a enthousiasmée, d'une manière ou d'une autre. Je ne peux m'empêcher de joindre un extrait en conclusion.... qui nous emporte en VOYAGE....au pays de toutes les curiosités et de la LITTERATURE !...

"J'aime les cartes j'en rapportais de chaque voyage, quand on pouvait encore voyager. Les boîtes qui les contiennent sont étiquetées par continent,Asie,Afrique,etc.( c'est ma façon discrète d'être maître du monde...)
J'éprouve à les regarder le même vertige que celui qui m'avait incité, il y a longtemps à entreprendre-L'Invention du monde-.: ce lieu,là, sur lequel je mets le doigt-le village d'Arouan,par exemple, sur ce trait fin qui monte presque verticalement de Tombouctou à Taoudeni (eau salée) (...) , il existe vraiment, concrètement, en ce moment. Si petit qu'il soit,des gens y font quantité de choses,y ont une foule de pensées. (..)
C'est le monde.J'aime les cartes.Un coin de mon âme est géographe." (p.83)
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Après 37 ans de vie commune avec un appartement-livre en sous-location, l'auteur est sommé de quitter les lieux ; vendu et revendu, l'appartement change de mains et pas question de résister à la loi et « ses alinéas ».
Entre vieilles fleurs séchées, bibelots , souvenirs de toutes sortes, et en majesté des livres, un dernier petit tour de souvenirs avant de fermer les cartons de déménagement.
Voilà donc O.Rolin, en pleine pandémie qui s'attelle à coller un souvenir pour chaque chose, et à parler littérature ,amis, rencontres, femmes, je n'ai pas compté les les auteurs cités, les livres résumés, les commentaires. Il y en a tellement que ce beau livre demande une disponibilité totale, pas question de suspense ou d'éparpillement.J'ai même été subjuguée par le commentaire d' « héros et tombes » d'Ernesto Sabato, et je me le suis procuré ipso facto.
Une belle écriture  à l'ancienne  et même si l'auteur «  s'écoute écrire » parfois… il y a beaucoup de plaisir à le voir patauger dans 1 tonne et demie de bouquins.
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J'ai déjà dit maintes fois l'admiration et l'attachement que j'éprouve à l'égard d'Olivier Rolin (pour les nouveaux venus ou les visiteurs qui se seraient égarés sur cette page, je renvoie à mes précédents billets). Toutefois, rarement j'ai ressenti à ce point l'envie de me lover dans les pages d'un livre, de retrouver le confort ouaté d'une prose devenue au fil des années familière et apaisante. Oui, la littérature peut aussi être ce refuge où, l'espace de quelques instants, plus rien ne semble pouvoir nous atteindre.

De refuge, d'ailleurs, il est ici question. Ou, du moins, du lieu de l'intime, celui où se sédimentent peu à peu les traces d'une vie. Après 37 ans, Olivier Rolin a été sommé de quitter l'appartement qu'il occupait au 10 de la rue de l'Odéon. Sans doute, croit-on comprendre, y a-t-il eu des tentatives pour essayer de rester. Mais face à un promoteur immobilier, que pèse un écrivain ? Est arrivé le moment où il a fallu « vider les lieux », mettre les milliers de livres dans des cartons, se débarrasser de certains éléments de mobilier qui ne trouveraient pas leur place ailleurs, trier les documents accumulés au cours de plus de trois décennies - la moitié d'une vie.

Des objets auxquels on ne prêtait plus attention redeviennent soudain bavards, des lettres oubliées ressurgissent, de vieilles photos réveillent les souvenirs. Et, quand on s'appelle Olivier Rolin, on rouvre les pages de ses livres et l'on retrouve inscrit sur la première page l'endroit du monde où on les avait lus.

L'écrivain l'affirme, il aime de plus en plus la littérature de digression. Bien malgré lui, ce déménagement lui donne l'occasion de nous en offrir une nouvelle et toujours belle illustration. Les souvenirs affleurent à sa mémoire à mesure que l'appartement se vide, et son esprit vagabonde d'un bout à l'autre d'un monde qu'il a amplement sillonné. Un monde qui lui est désormais fermé, puisque cette invitation à déguerpir intervient au moment du « Grand Enfermement ». C'est alors sa propre rue qui devient lieu de flânerie, qui lui livre ses secrets et son histoire.

Alors que jusqu'à présent ses déambulations romanesques, ses récits de voyages et ses portraits de villes étaient matière à évoquer les écrivains et les textes qu'il associait aux lieux qu'il traversait, il fait ici un chemin inverse : chaque livre ouvert le ramène vers un pays et vers les personnes qu'il y a rencontrées.

Mais il en résulte encore et toujours cet objet unique, cet espace poétique où la littérature, le monde et l'intime se mêlent étroitement, jusqu'à atteindre une forme d'harmonie.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Une magnifique et bouleversante évocation de la littérature, au sens large, c'est-à-dire des livres qui la constituent et de toutes les pierres, les lieux et les voyages qu'elle hante. Saint-Germain-des-Prés n'est plus, et il est pourtant éternel. Merci Olivier Rolin. Un texte plein d'humanité et d'humilité.
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"Vider les lieux" a pour épicentre l'appartement de l'écrivain Olivier Rolin, 10 rue de l'Odéon à Paris. Un appartement, une maison d'écrivain sont des lieux symboliques pour tous les amoureux de la littérature. "Vider les lieux" c'est l'histoire d'une secousse sismique déclenchée par une lettre recommandée qui somme l'écrivain de quitter son appartement, de disparaître lui et sa bibliothèque. "Ces lieux" rassemblent quelques milliers de livres qui ont été achetés, reçus, offerts, collectés par Olivier Rolin pendant 37 ans.

"Tout est vide, parfaitement vide, le matin de mon départ, et j'ai du mal à y croire. Tant de livres, d'objets, tant d'années - trente sept ! La moitié de ma vie, presque toute ma vie d'homme -, tout a fini par disparaître. Liquidation totale." (extrait p. 13-14)

(...)Tout ça pour moi a commencé (a commencé de finir) deux ans plus tôt par la réception d'une "sommation de vider les lieux" à la demande des héritiers de l'ancien propriétaire, et en vertu d'une foule intimidante d'articles de lois et d'alinéas... (extrait p.15)

"Vider les lieux" ne relate pas les péripéties d'un banal déménagement mais le déplacement d'une bibliothèque de plus de sept mille ouvrages d'un lieu quasi-mythique pour la littérature : la rue de l'Odéon "un village des lettres". Pour raconter cette triste épopée, Olivier Rolin nous ouvre la porte de sa tanière. C'est avec son style si élégant, ses descriptions poétiques, son humour léger qui amène le sourire mais aussi une certaine tristesse qu'il nous laisse entrer dans sa caverne d'Ali Baba. Nous suivons l'écrivain à pas feutrés pour un voyage au coeur de sa bibliothèque qu'il s'apprête à bousculer. Ses livres pour certains sont là depuis longtemps, depuis plus de 30 ans. Ils renferment chacun une double histoire, celle au coeur des pages du livre et celle intrinsèquement liée à la vie de l'écrivain. Chaque ouvrage est annoté de quelques phrases qui relatent le souvenir de cette rencontre.

Chaque bibliothèque et son propriétaire ont le même ADN. Celle d'Olivier Rolin est étroitement liée à sa vie. Chaque ouvrage évoque un souvenir, une pensée, une confidence sur la littérature qu'il aime, ses voyages passés, ses amours perdus, des rencontres d'écrivains, des temps d'écriture au milieu des livres, des anecdotes. Il nous confie aussi ses réflexions sur le temps qui passent, sur la difficulté de déménager avec la pandémie qui nous isole et la tristesse de quitter la rue de l'Odéon, son quartier et ses voisins.

Au fil des pages, on peut noter des titres de romans, des noms d'écrivains que réveille Olivier Rolin en les déplaçant des étagères pour les enfermer dans des cartons. Il nous donne envie de lire, de se plonger dans l'oeuvre de l'écrivain espagnol Ernesto Sabado, de s'embarquer dans le gigantesque Ulysse de James Joyce, de s'aventurer sur le phare de la tour d'amour de Rachilde, ou bien partir en lointaine Russie avec Anna Karénine, Anton Tchekhov...

"Vider les lieux" c'est aussi un hommage à la rue de l'Odéon qui fut, dans des temps pas si lointain, une rue imprégnée de littérature et de liberté.
Je ne surestime pas ma place dans le village des lettres, mais enfin c'est tout de même avec moi un écrivain qui est sommé de déguerpir, au temps de la maison des amis des Livres et de la librairie d'en face, Shakespeare and Company. Pas seulement le bonhomme : les milliers de livres qu'il a amassés au fil des années, qui couvrent les murs, s'empilent sur et sous les tables, ce sont eux qui sont sommés d'aller se faire voir ailleurs. "Extrait Vider les lieux p. 16"
Lien : http://ecriberte.over-blog.c..
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❝Déménager
Quitter un appartement. Vider les lieux. Décamper. Faire place nette. Débarrasser le plancher
Inventorier ranger classer trier
Éliminer jeter fourguer
Casser
Brûler
Descendre desceller déclouer décoller dévisser décrocher
Débrancher détacher couper tirer démonter plier couper
Rouler
Empaqueter emballer sangler nouer empiler rassembler entasser ficeler envelopper protéger recouvrir entourer serrer
Enlever porter soulever
Balayer
Fermer
Partir❞
Georges Perec, Espèce d'espaces

❝Tout est vide, parfaitement vide, le matin de mon départ, et j'ai du mal à y croire. Tant de livres, d'objets, tant d'années — trente-sept ! La moitié de ma vie, presque toute ma vie d'homme —, tout a fini par disparaître. Liquidation totale.❞

Je n'avais pas publié de billet lors de la publication au printemps 2022 du livre d'Olivier Rolin. Je saisis la parution au format poche de ce récit autobiographique pour réparer mon oubli. Olivier Rolin vide les lieux et raconte ce qu'il en coûte d'avoir à quitter un appartement où il a vécu pendant près de quarante ans, sis dans un quartier connu de tous les amoureux de littérature, où il y a cent ans Sylvia Beach, alors propriétaire de la librairie Shakespeare and Company, publia l'Ulysse de James Joyce. Les éditions du Seuil, rebaptisées pour l'occasion les éditions du Deuil, entre autres propriétaires de l'appartement du 10 de la rue de l'Odéon, ont signifié à l'auteur son congé, sans ménagement.

❝Tout de même, un éditeur chez qui j'avais publié une petite quinzaine de livres, le premier quelque trente-cinq ans auparavant — peu de temps après que j'étais entré dans ce lieu — me virant avec l'aide de la maréchaussée.❞

Vider les lieux, c'est déplacer les meubles comme les souvenirs, les seconds pesant souvent plus que les premiers ; se débarrasser de ce qui ne trouvera pas sa place dans le nouveau lieu de vie ; bousculer un ordre qui au fil des ans s'était patiemment établi ; se sentir dépassé par l'ampleur de la tâche, lui, l'écrivain qui avait pourtant eu la prétention de faire entrer le monde dans un livre (L'Invention du monde, Seuil, Coll. Fiction et Cie, 1993)

Rien de moins que quelque sept milles livres, mais aussi des lettres, des photos, toutes sortes de documents à avoir jalonné et nourri une vie qu'il faut confiner dans des cartons par dizaines.

Vider les lieux, c'est saisir le prétexte de s'abîmer dans les pages d'un livre pris sur les rayonnages et l'ouvrir au hasard ; tirer les fils de ces ❝je me souviens❞ chers à Georges Perec — plusieurs fois cité — pour faire remonter en mémoire des voyages en train, avion ou bateau avec, au cours ou au bout du voyage, des rencontres marquantes, des passions et des déconvenues.

Vider les lieux, c'est être l'archéologue de son passé, faire un voyage, une fois n'est pas coutume, immobile vers ces lieux jadis arpentés et à présent à l'abri des rayonnages de la bibliothèque de cet écrivain-bourlingueur.

❝Les livres font voyager, divaguer, ils servent à cela, entre autres.
[…]
C'est toute une histoire-géographie oubliée qui déplie ses cartes, ses dates, un atlas intime dont je tourne les pages coloriées à mesure que je m'empare de certains titres, sans l'indifférence à laquelle je m'efforce, qu'il faudrait pour en finir vite, mais c'est impossible — ce ne sont pas des fruits que je cueille sur une branche, mais des livres avec leur histoire et mon histoire avec eux.❞

Dans ce passé qui reprend corps, on trouve du sable et de la neige ; du soleil et du brouillard ; une chaleur poisseuse et un froid mordant ; des rencontres de passage et d'autres au long cours ; des amitiés ; des portraits émergeant de l'ombre, ceux qui sont encore là, ceux qui s'en sont allés ; des chambres d'hôtel, des ports, des gares, des aéroports, des bars — à Veracruz, Arkhangelsk, l'île de Sakhaline, La Havane ou ailleurs — ; des attentes joyeuses ou déçues ; des odeurs lourdes de cigare et d'alcool ou entêtantes de cerisiers en fleurs à l'heure du thé ; des lettres ; des livres annotés qui portent encore visibles la date et le lieu de leur lecture ; des cartes géographiques et intimes qui dessinent la distance à soi et, partant, l'homme qu'Olivier Rolin est devenu, alors qu'il emprunte à rebours le chemin parcouru.

❝[...] et je m'étonne du nombre d'êtres différents qu'avec le temps abrite cette enveloppe informe qu'on appelle « moi ».❞

Le lecteur est du voyage, qui accompagne Olivier Rolin alors qu'il chemine de digression en digression, autant d'excuses pour procrastiner un départ contraint d'un lieu qui laissera une empreinte durable au moment où, ironie du sort, la population mondiale est, elle, contrainte au ❝Grand Enfermement❞. Comment savoir par où commencer pour

❝Encartonner ce qui fut mon repaire pendant la moitié de ma vie, [...] tout un "fuckingbazar"❞ ?

Vider les lieux est selon les mots toujours choisis de l'auteur un ❝inventaire avant liquidation❞; pour le lecteur c'est un livre grand ouvert, émouvant et poétique, magnifique et mélancolique, grave et plein d'humour, qui revisite les instants d'une vie en s'efforçant d'en restituer toute l'intensité. Et ce faisant, révèle cet infatigable écrivain-voyageur dans toute sa fragilité. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l'auteur, Vider les lieux offre un premier accès idéal à son oeuvre .
Lien : https://www.calliope-petrich..
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Comment quitter un lieu où on a vécu longtemps, très longtemps ? Bref comment « déménager » et plus violemment « vider les lieux » puisque c'est la situation dans laquelle se trouve l'auteur Olivier Rolin quand on lui demande de partir de son appartement parisien en pleine crise sanitaire.
L'écrivain voyageur qui a laissé une grande partie de sa vie dans cette habitation de la rue de l'Odéon se retrouve confronté à tous ces objets qu'il avait accumulés et dont la plupart ont un sens intime, à tous ces livres ramenés de son « extérieur monde », à ces pages qu'il a feuilletées ou dévorées dans les trains, les bateaux, les avions, les hôtels. « Hantés » sous les plissures du Souvenir, tous se mettent à rechigner, à s'accrocher, à résister…
Avec le lecteur, dans ce livre expérimental, l'auteur plonge dans le passé, palme parmi les rangées de livres corail, les bulles d'information, flux et reflux. La métaphore marine est chère à l'enfant de St Nazaire et de Penhoët, tout autant que cette lame de fond de références littéraires qui remontent toujours sous son écriture tandis qu'un Présent kafkaïen cogne à la porte et le somme de déguerpir en plein confinement.
Et voilà que le vieil appartement s'indigne, le retient, le rappelle : debout, guidant le peuple et l'écrivain depuis avant 89, il a lui-même accumulé la poussière du Temps et il grince, et il tremble et il secoue sa bannière.
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Je me suis un peu forcé au début mais j'ai continué parce que le Masque et la Plume en disait beaucoup de bien et c'est le livre que j'ai préféré cet été. J'ai adoré cette manière de ne pas avancer dans son déménagement en se plongeant dans le souvenir que rappelle chaque objet. C'est une sorte de vice que tout le monde a, sauf que lui, il est allé jusqu'au bout. Aller au bout des vices qu'on partage avec eux, c'est un peu ce qu'on attend des écrivains (et des pop star). En plus, les souvenirs ce sont aussi ceux des livres qu'Olivier Rolin a écrit et ce sont aussi un peu les miens. J'ai lu quelques uns mais j'avais bien besoin d'une piqûre de rappel. Par exemple, ce livre invraisemblable où OR va
à l'endroit le plus improbable (Bakou) pour voir ce qui se passe. Là aussi un vice que je partage mais que je ne réaliserai jamais (ou pas). Merci Olivier d'oser pour nous…


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