"L'auteur, absent de Paris, s'excuse de n'avoir pu dédicacer cet exemplaire".
Une petite carte y a été glissée.
Que l'auteur en soit excusé, et remercié pour cet instant de Littérature.
"Knock a de l'audace, et ne manque pas de génie".
Ce livre n'est pas un traité consacré à quelques uns des auteurs les plus chers à Jules Romains.
C'est plus que cela, c'est une profonde réflexion, un trait d'union entre l'existence et la Lettre.
Ici, pas de biographie, ni de bibliographie.
Le propos de Jules Romains est de prouver que la Littérature est un lien de vie, un immense débat de l'humain.
L'ouvrage est un recueil.
La plupart des morceaux qui le composent ont été inspirés par une circonstance :
- le premier centenaire de la mort de Goethe, puis celle du bicentenaire de sa naissance,
- la préface d'une réédition américaine des plus célèbres courts récits de Balzac,
- une conférence donnée à Londres pour le cinquantième anniversaire de la mort de Victor Hugo,
- la préface d'une édition des Fleurs du mal de Charles Baudelaire chez Bordas,
- une préface, encore, d'un recueil de nouvelles de Gobineau,
- un discours proncé sur Emile Zola à Médan en 1935,
- le centenaire d'August Strinberg,
- un discours prononcé au nom de l'Académie française à l'inauguration du quai Anatole France à Paris le 26 octobre 1947, puis un autre prononcé à Tours le 12 octobre 1949 pour l'inauguration d'une statue,
- une étude, et sa dédicace, sur Stefan Zweig qu'avant de se donner la mort, ce dernier laissa en évidence sur sa table de travail,
- l'attribution à André Gide du prix Nobel,
- la mort de Georges Chennevière,
- les obsèques, en novembre 1947, de Léon-Paul Fargue, et l'allocution prononcée à la pose d'une plaque sur la façade de l'immeuble où Fargue passa les dernières années de sa vie ...
Il y a, pour Jules Romains, deux grandes catégories d'écrivains : l'écrivain de cabinet, d'inspiration surtout livresque ; et l'écrivain qui s'inspire de la réalité et de la vie.
L'on retrouve les deux sortes à travers toute l'histoire de la Littérature, aussi bien chez les poètes que chez les romanciers.
Jules Romains se livre ici à une analyse.
Un peu ardue, sa lecture nécessite de l'attention.
Mais le mot ici n'est pas prétentieux, et l'érudition puissante de Jules Romains se dégage clairement, comme par évidence.
Et, de par son sentiment mitigé devant les hommages qui parfois s'avancent, Jules Romains se révèle avoir été un lettré courageux, un homme aux convictions fortes et engagées.
Ainsi va la littérature au fil des saints de notre calendrier ...
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Et tout le reste, dirait Verlaine, est littérature ...
L'historien le plus fastidieux, l'auteur de tragédies insipides n'avaient pas trop de peine à se faire traiter de grands écrivains.
Le roman, lui, souffrait de la bassesse de ses origines.
N'était-il pas l'héritier d'une littérature de vulgaire amusement ? ...
Goethe a montré qu'on pouvait être le plus grand écrivain, et peut-être le plus grand homme de l'âge moderne, sans avoir aucune monstruosité.
C'est une leçon d'une portée indéfinie, et qui ne s'adresse pas seulement aux écrivains et aux artistes ...
Dans l'Allemagne exsangue et tumultueuse des années 1920, le Bauhaus est plus qu'une école d'art. C'est une promesse. Une communauté dont le but est de mettre en forme l'idée de l'Homme nouveau.
En 1926, l'école s'installe à Dessau. Dans le grand bâtiment de verre et d'acier, Clara, Holger et Théo se rencontrent, créant une sorte de Jules et Jim.
À Berlin, toute proche, le temps s'assombrit. Les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d'une vie. Ce sont aussi, entre rêves d'Amérique et désirs de Russie, d'autres raisons et déraisons.
Lorsque l'école sera prise dans les vents contraires de l'Histoire, les étudiants feront leurs propres choix.
À qui, à quoi rester fidèle, lorsqu'il faut continuer ?
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