Mes révoltes

J'aime bien quand JM Rouart s'exprime comme cela, pratiquement en conférencier, avec à la fois de l'humour et de la gravité dans le propos. C'est l'élégance de l'esprit. Cet homme là, pétri de talent à dire les choses, porte des valeurs humaines incontestables : sa vie en atteste, ses combats pour la vérité, contre les injustices ..

On le sait issu d'une grande famille qui a tant donné aux arts.. mais lui dit-il n'en a cure .. Il a voulu se faire un prénom, au risque de braver la famille, et ma foi cet affranchissement n'est-il pas la meilleure manière d'appartenir à cette lignée des Rouart .. C'est d'ailleurs, il me semble, ce qu'il laisse poindre en finalité, une famille s'enrichissant de sa diversité plus que de la fratrie avec des airs de ressemblance .. Mais encore une fois, il faut aller le chercher sur ce sujet car lui n'est jamais venu pour parler de ça ! Bien des causes le passionnent sans qu'il soit utile de parler des choses qui le concernent plus intimement.

Il est pénétré d'une curiosité passionnée pour les grands écrivains, ces hommes de liberté qui ont à voir avec le génie quand tout le reste s'y oppose en matière de justice par exemple ..

J'ai eu l'avantage de le voir conférencier justement plaider la cause d'un grand écrivain que j'aime. Oui il est prêt à mouiller sa chemise et plus encore, avec un raffinement exquis, pour ce qu'il aime et ce à quoi il croit. Je l'ai vu aussi à la même occasion pourfendre un autre, disons de réputation surfaite, tel un révolté parce qu'il se brulait les ailes à côtoyer l'infréquentable, cet autre qui méritait d'être damné plutôt que ramené dans le camp du bien à la faveur de je ne sais quel combat d'arrière-garde, mais toujours avec élégance d'esprit et éloquence parce qu'on lui avait posé la question, non jamais par chinoiserie intellectuelle. C'est là que J'ai pu mesurer l'homme de conviction qu'il est. C'est vraiment un énorme plaisir de l'entendre et quand il est en verve, sur un sujet qu'il affectionne encore une fois, chauffé comme un poste à lampes, il atteint un degré d'éloquence remarquable, c'est toute son immense culture qui rayonne et à la fois aussi sa gratitude ..

Je crois que JM Rouart est là à son meilleur quand il est dans le registre : Mes Révoltes

Jean-Marie Rouart est un passionné de littérature. Il a toujours ambitionné d'être écrivain connu et reconnu. Dans cet ouvrage, il se raconte : ses origines, ses espoirs, ses déceptions professionnelles et humaines, ses « révoltes ».
Le tout est écrit dans une langue riche que certains qualifieraient de classique, obligeant le lecteur trop peu cultivé que je suis à quelquefois solliciter un célèbre moteur de recherche afin de bien comprendre le sens des mots et les nuances qu'ils sous-tendent.
Journaliste avant d'être écrivain, Rouart a côtoyé au Figaro et ailleurs les grands noms de la Littérature, les grands esprits du vingtième siècle : Aron, Mauriac, D'Ormesson son ami… Il loue leur talent, regrette leurs petitesses à l'aune de leur génie. Même les lâchetés, les trahisons semblent trouver grâce à ses yeux au nom d'un supposé idéal littéraire.
Évoluant dans un milieu bourgeois conservateur, Jean-Marie Rouart prend pourtant fait et cause pour les parias de la société (les prostituées), dénonce les injustices (Omar Raddad), dénonce les puissances de l'argent. Marqué par les attaques dont il a été l'objet, Rouart laisse éclater avec talent sa hargne contre ceux qui ont voulu l'abattre.
Les prix littéraires, l'admission à l'Académie française sont donc autant de revanches pour cet autodidacte révolté.

C'est un récit savoureux , le roman vrai d'une vie d'écrivain .que l'on déguste avec gourmandise. Jean-Marie Rouart retrace ici chronologiquement les épisodes les plus marquants de son existence , son enfance dans une famille de peintres désargentée, “ ses chagrins d'école” et surtout nous promène dans la galerie de portraits des grands journalistes du Figaro des années 60/70 au “ Rond Point des Champs Elysées “ véritable panier de crabes où , à l'instar du jeune Lucien de Rubempré des “ Illusions perdues”, le futur académicien essuiera bien des déconvenues avant d'être admis dans le cénacle des grands journalistes parisiens.
La langue est ciselée, recherchée sans être sophistiquée et un esprit très français en émane , subtil, plein de finesse dans l'évocation des traits de caractère des grands intellectuels de l'époque.
On a l'impression que Jean Marie Rouart a attendu que les personnages qu'il décrit si bien disparaissent pour avoir toute liberté d'en parler.

La lecture de "mes révoltes " est un régal pour ceux qui aiment les récits rédigés avec élégance et humour. Jean Marie Rouart raconte des épisodes marquants de sa vie d'écrivain dans une langue très classique. de l'enfance à son combat contre l'injustice criante, il met en scène un monde privilégié mais qui ne nous paraît pas si étranger.
Je recommande particulièrement les derniers chapitres qui sont très brillants.

La lecture de “Mes révoltes“ doit son agrément en grande partie à son style recherché, distingué. On se croirait au XVIIIème ou au XIXème siècle...Le “petit marquis“ comme l'a appelé Libération nous raconte les révoltes de l'auteur en même temps que sa vie d'académicien. Les descriptions du Figaro valent leur pesant d'or. On y croise beaucoup de gens connus et d'endroits paradisiaques ou non.
Même si c'est souvent assez égocentré, ce n'est pas désagréable à lire.