Je savais que cette lecture n'apporterait rien à la jubilation mais j'avais besoin de mieux connaître l'homme et l'oeuvre. Je suis déçu. Rameau est un brutal, un sauvage, aussi sec de corps que
Voltaire, aussi tenace dans la longévité, mais sans en avoir l'entregent, du moins jusqu'à l'âge mur. Un créateur pour le clavecin, un théoricien de génie, ce que souligne et développe Rousset, claveciniste et chef d'orchestre. Mais ses vues de l'opéra sont étranges : « Les opéras de Rameau peinent exister de nos jours », sa musique « nécessite une oreille experte, réclame une exigence supérieure, tout à fait utopique dans le domaine de l'opéra ». Voilà qui me semble démenti par la reprise à la scène et l'abondante discographie d'Hippolyte et Aricie. Rousset n'aime pas le genre car il consacre plus de pages aux livrets, souvent délirants (« Télaïre pleure son amant Castor, mort à la guerre. Pollux, son frère, revient victorieux et avoue à Télaïre son amour pour elle, délaissant son amante Phébé. Télaïre l'éconduit mais lui demande d'intercéder auprès de son père Jupiter pour que Castor lui soit rendu »), qu'à la musique vocale. Je garde une admiration émue pour les suites pour clavecin, comme pour l'air de Phèdre ou le trio des Parques.