AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,85

sur 143 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un des plus gros coups de coeurs de la dernière rentrée littéraire dans le domaine français était assurément ce "Summer", troisième roman de Monica Sabolo, formidable récit de disparition au bord du lac Léman, peuplé de fantômes et de mystère, qui faisait penser énormément à l'univers d'une Laura ­Kasischke.

Cette réussite incontestable nous a donné envie d'aller jeter un oeil et même deux sur ses précédents romans, et notamment son second ," Crans- Montana", sorti en poche chez Pocket il y a quelques semaines de cela.

Un roman sombre et mélancolique qui traite du temps qui passe et qui nous éloigne inexorablement de nos rêves, de nos occasions manquées et de nos regrets.

Il est toujours question de filles fatales et de Suisse ( le titre du livre est le nom d'une station balnéaire hélvète) et de personnages aussi mystérieux qu'insaississables. dans cette société des années 60 en pleine mutation, et cette jeunesse dorée qui cultive ses secrets et mystères.

D'un coté Les 3 C., Chris Charlie et Claudia cheveux blonds,, pleines de vie, ayant le sens de la fête et profondément mystérieuses, alimentent les fantasmes d'un groupe de jeunes rêveurs qui ne savent pas y faire avec les filles encore moins lorsqu'elles semblent aussi inacessibles que ces 3 C.

Ces jeunes gens passent leurs vacances à Crans-Montana, l'hiver sur les pistes de ski, l'été au bord de la piscine. Ils grandissent, ils vieillissent, mais la mémoire, elle n'oublie jamais rien.

Dès les premières pages, on sent poindre la tension et on voit vite que sous le vernis de l'insouciance vont vite apparaître les failles et la gravité inhérent à cette époque particulière.

Une écriture forte, incisive, où chaque détail compte et contribue à rendre l'atmosphère aussi pesante qu'intrigante. On sent bien que quelque chose d'oppressant monte en nous, et Sabollo, avec presque rien, des détails pourtant anodins a priori mais qui ne le sont pas vraiment, arrive parfaitement à construire ce trouble.

Comme dans "Summer", on est pris par la petite musique très mélancolique que distille Monica Sabolo, et si ce roman est certainement plus superficiel et les personnages moins attachants que dans "Summer", on restera sous le charme de cette plume élégante qui sait très bien instaurer cette tension et ces félures que l'on devine sous des apparences trompeuses. et faire naitre cette émotion lancinante qui ne vous quittera pas de notre lecture.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          280
Ils sont sévères les commentaires envers ce roman que j'ai lu en un éclair car, une fois débarquée à Crans-Montana, je n'ai pas pu lâcher cette bande de jeunes, privilégiés certes mais touchants par leurs maladresses et leur fragilité.
La première partie du livre raconte leur adolescence alors qu'ils se retrouvent hiver comme été à Crans-Montana où les parents ont leurs habitudes. Les jeunes garçons sont fascinés par trois filles qui incarnent à leurs yeux tout le mystére féminin, thème abordé par Alessandro Baricco dans "Emmaüs", mais en réalité le contexte et l'esprit en sont bien différents.
C'est une jeunesse dorée, privilégiée, gâtée mais ses tourments, ses abus, ses transgressions me semblent assez communs à tous, fils et filles à papa ou pas. Leur histoire peut paraître futile mais c'est celle d'une jeunesse gâchée, où les parents n'ont rien fait pour qu'il en soit autrement et les drames qui jalonneront leurs tristes vies sont pathétiques.
J'ai apprécié le style travaillé tout en restant acessible, avec l'usage fréquent de métaphores relatives à la nature, aux éléments, pour évoquer pudiquement les passages les plus intimes.
J'ai aimé retrouver l'air frais de la Suisse, le goût des sugus
et du Toblerone, ces petits détails minuscules qui se réfèrent à ma propre enfance puisque j'ai grandi juste de l'autre côté de la frontière.
Je ne connais pas Crans-Montana mais j'ai eu souvent à l'esprit sa réplique française Courchevel, devenu impraticable depuis que la station est colonisée par les très riches oligarques russes et leurs flamboyantes compagnes.
Commenter  J’apprécie          140
Nager dans les eaux troubles des lendemains, attendre ici la fin, flotter dans l'air trop lourd du presque rien. A qui tendre la main?

C'est un peu la vie des 3 C, Claudia, Chris et Charlie (Charlotte). Elles sont ados dans les années 60. Elles posent, snobent les garçons, tout en suscitant convoitise, interrogations et concupiscence. Monica Sabolo distille les informations l'air de rien, au gré d'un remonte-pente ou d'une raclette-party. Viols, grossesse non désirée, attouchements. C'est aussi le quotidien des 3 C, pauvres petites filles riches qui ont grandi trop vite.

Si les androïdes rêvent de moutons électriques, à quoi rêvent les filles qui n'ont même plus besoin de désirer quelque chose parce qu'elles l'ont. Bien sûr, je ne vais pas plaindre cette jeunesse dorée dépeinte par Monica Sabolo. Mais la lecture du roman au premier degré n'est certainement pas suffisante.

Car le drame est là, tapi dans une congère, dans une épingle à cheveu qui se négocie trop vite. Dans une valise pleine de diamants ou de titres au porteur que l'on échange subrepticement dans un hall de banque ou à l'arrière d'une Merco Benz.

Et Claudia peut se dire que si elle doit tomber de haut, que la chute soit lente... Mais elle ne sera pas exaucée. Elle ne trouvera de repos que dans l'indifférence. Ou dans le souvenir des gens qui l'ont croisée. Elle aurait sans doute voulu retrouver l'innocence. Tout est chaos. A côté. Tous ses idéaux, des mots abîmés.

La chanson de Mylène Farmer colle parfaitement à l'atmosphère du roman de Sabolo. D'autres chansons collent au roman. La bande-son est clairement italienne, on pense à Gigliola Cinquetti citée par Sabolo (Non ho l'eta...). Une génération désenchantée. Car elle avait tout et n'en a rien fait, finalement. Rien d'autre que se regarder le nombril. Clairement, le roman ne doit pas se lire au premier degré. Monica Sabolo dépeint un désoeuvrement, un désenchantement. Elle n'en fait certes pas l'apologie. Il y a du vitriol (à mon avis) dans ses mots.

C'est un roman du basculement, de personnages qui perdent pied car ils sont sans repères. L'adolescence, Mai 68, le fait de vieillir ensuite, d'être remplacé... Roman profondément triste, amer. Il est impossible de s'attacher à des personnages aussi décalés, évanescents, détachés des contingences. Je ne crois pas que Monica Sabolo attende de l'empathie de la part du lecteur. Elle décrit le vide des sentiments. Et un tel vide ne conduit nulle part, ou oblige à ressasser le passé, encore et encore. Et c'est ce que font les 2 C en "invitant" la fille de la 3è C à évoquer le fantôme de sa mère. Pathétique... Les personnages sont pathétiques et creux. Mais pas le roman, ne pas confondre.
Commenter  J’apprécie          132
Dans les années 1960, parmi la jeunesse dorée de Crans-Montana, station huppée des Alpes suisses , trois jeunes filles cristallisent tous les fantasmes et toutes les jalousies: Charlie, Chris et Claudia. Elles sont magnifiques, mystérieuses et inséparables. Malgré les apparences et l'argent qui coule à flot, tous ces jeunes livrés à eux-mêmes, par des parents indifférents, errent sans but, dans une solitude profonde, expérimentent tout et gâchent leurs vies.
L'écriture rend bien compte du cynisme et de la cruauté de ces années-là, mais aussi de la détresse des personnages.
Très beau roman, glaçant mais émouvant.
Commenter  J’apprécie          30
Le pitch : Sortez vos Teppaz, vos cols roulés en polyester et…vos boutons d'acné ! Avec Crans-Montana, vous allez faire un voyage dans le temps au sein d'une station touristique huppée où la jeunesse dorée cosmopolite se retrouvait été comme hiver tout au long des trente glorieuses. Charlotte, Chris et Claudia, trois jeunes filles en fleur aussi belles qu'inséparables, alimentent les fantasmes d'une bande d'adolescents en phase aigue de cristallisation. Mais si pour Stendhal « la beauté est une promesse de bonheur », il semble que cela ne soit vrai que pour ceux qui restent plongés dans l'illusion du fantasme.
En lisant Crans-Montana, vous n'allez pas prendre un grand bol d'air frais, mais plutôt traverser doucement le miroir des apparences pour découvrir le versant caché de la montagne.
La spécificité de ce roman tient au décalage des points de vue qui s'expriment au fur et à mesure. le lecteur découvre dans un premier temps ceux de la bande de jeunes garçons, devenus des hommes mûrs et amers, qui se penchent rétrospectivement sur leurs tendres années de puberté. Paralysés par l'amour aveugle qu'ils vouent aux trois jeunes déesses, les garçons épient leurs faits et gestes, recoupent les informations, accumulent les indices pour nourrir, saison après saison, leur culte amoureux…sans jamais oser franchir le mur qui sépare les fantasmes de la réalité.
Au terme de l'adolescence, la glace fond peu à peu, sous le givre qui les rendait merveilleux, les êtres sont révélés dans leur authentique vulnérabilité. Comme si le regard bienveillant dont les garçons enveloppaient les trois jeunes filles était le seul rempart qui les protégeait de la cruauté de ce monde.
Au fil des pages, le sortilège qui semblait protéger les nymphettes de toute turpitude existentielle s'efface pour laisser place à une noirceur inattendue.
A partir du moment où les voix des trois jeunes femmes – hormis celle de Claudia – s'incarnent, le lecteur découvre une réalité faite de déceptions amoureuses, de traumatismes indicibles, et d'amère tristesse. Derrière la pellicule glacée qui les sépare des autres, il y a trois jeunes filles un peu paumées qui prennent de face la cruauté d'un monde superficiel bâti sur les apparences et un silence coupable. « Tant qu'on n'en parlait pas, les choses n'existaient pas. On aurait dit que l'équilibre du monde, ou même sa survie, en dépendait. »
Avec sa plume imagée et délicate, Monica Sabolo capture l'air du temps d'une époque où l'insouciance était plus souvent simulée qu'il n'y paraît dans une bourgeoisie française compassée et figée dans le temps. L'auteure compose aussi une fable plus universelle sur une forme de mollesse et de conformisme existentiel qui menace chacun d'entre nous de passer à côté de sa vie. Enfin, Crans-Montana c'est également le récit d'un aveuglement partagé par l'ensemble des personnages, filles comme garçons, qui ont cru naïvement que du sommet de la montagne, on ne pouvait chuter.
Lien : http://bookology.fr/crans-mo..
Commenter  J’apprécie          20
Peinture de la grande bourgeoisie des années 60, quand le champagne coulait à flot et que l'on faisait passer en secret des valises gorgées de billets de banque à la frontière suisse. Dans ce roman, le caviar se commande par kilos, les gorges dorées des femmes sont serties de diamants flamboyants et les adolescents consomment de la cocaïne en secret. La plus grande qualité de ce livre, c'est bien le style fiévreux et riche de Monica Sabolo, qui dépeint avec soin une époque étourdissante et baroque.
Commenter  J’apprécie          10
Monica SABOLO a encore frappé et elle a composé un nouveau roman au ton troublant, comme un "que restent-ils de nos amours ?" version 1970.
3 jeunes filles, Chris (Christine), Charlie et Claudia,(les 3 C), icônes d'un groupe de jeunes gens, un milieu très aisé, La très top station de ski suisse : Crans-Montana, les italiens et leurs grosses voitures, les femmes en fourrure, l'argent indécent et une terrible vacuité ...
Un autre roman choral où le groupe de jeunes gens, les jeunes filles déifiées, se racontent et racontent les autres. Beaucoup de détresse derrière l'argent et la beauté : avortements, viols éventuels, maladie mentale peut être, le tout noyé sous l'alcool, la drogue, les médicaments, le sentiment d'être une élite. J'ai retrouvé dans ce texte l'esprit de "Virgin suicide" d'EUGENIDES : celle d'un grand vide sans amour, sans tendresse, un conglomérat d'actions avortées.
Commenter  J’apprécie          10
Livre prenant, Monica S. a un style modianesque, et la nostalgie vous gagne
Commenter  J’apprécie          10
Trois jeunes filles sont au centre de ce roman débutant dans les années soixante et les suivants jusque dans les années 90. Ces jeunes filles vont voir leur vies, leurs histoires s'entremêler à Crans-Montana. Leur point commun,, leur ralliement, sera très certainement ce silence aussi doré qu'écrasant, mortifère voir mortel plus que la beauté qu'il leur ai reconnue et qui fait leur renommée. L'isolement, le désarroi, le silence et leur violence envahissent donc ce livre à l'écriture efficace, froide.
Un bon livre même si fort noir
Commenter  J’apprécie          00



Lecteurs (266) Voir plus



Quiz Voir plus

Monica Sabolo

Dans quelle ville Monica Sabolo voit-elle le jour?

Paris (France)
Buenos Aires (Argentine)
Lugano (Suisse)
Milan (Italie)

10 questions
22 lecteurs ont répondu
Thème : Monica SaboloCréer un quiz sur ce livre

{* *}