En compagnie de Françoise,
ce charmant petit monstre comme disait Mauriac.
Chère Françoise,
Vous m'avez fait l'honneur de vous accompagner pour refaire avec vous les chroniques, les rencontres et les voyages des années 1954 à 2003 et c'est avec un énorme plaisir que j'ai accepté. Merci à vous.
Votre fils a participé à ce concentré de chroniques en écrivant un avant-propos tout-à-fait charmant en nous rappelant quelques personnes que vous avez connues, croisées et/ou admirées : Yves Montand, Brigitte Bardot, James Coburn, Joseph Losey, Francis Scott Fitzgerald, Billie Holiday, Jean-Paul Sartre...
Nous pouvons commencer Françoise, ma valise est prête depuis plusieurs jours tellement j'ai hâte !
Nous partons à Naples, à Capri, à Venise, à Jérusalem et Bethléem, à New York. Je ressens avec vous la beauté de Capri et Venise, je suis d'accord aussi avec ce que vous dites sur New York et le rappel historique de Jérusalem et Bethléem n'est pas de trop. Et puis encore Cuba, le Népal, la Suisse... Nous allons voir de très nombreux pays et nous voilà absentes de Paris pour plusieurs mois.
En avion, vous me relatez l'histoire du clochard lorsque vous étiez plus jeune lors de votre escapade pendant la promenade de fin de journée. Quel drôle d'homme ce clochard. Il dit qu'avant, il avait tout (travail, maison, femme...) puis un jour, il a tout quitté et maintenant il profite du temps qui passe et il n'a jamais été aussi heureux.
Toujours dans cet avion, vous me parlez des intellectuels, ce que vous en pensez, vous les décrivez, vous me conté également votre enfance en Province. J'y vois la petite fille que vous étiez et que vous êtes encore, pleine de vie, joueuse (déjà) et paresseuse.
En 1972, Vogue Paris publie l'article que vous avez écrit, sur Bettina, mannequin de son état et que vous appelez L'éminence rousse.
Bien entendu, vous me faites part (un peu, car vous êtes discrète et vous ne voulez surtout pas être ennuyeuse) de Peggy Roche, votre amoureuse.
Au fil de notre longue conversation il est mentionné le jeu, la vitesse, le théâtre, vos lectures nombreuses, votre coup de coeur pour les infirmières que vous avez connues pour des amis (ies) ou vous-mêmes, vous me racontez aussi vos rencontres avec Catherine Deneuve, Ava Gardner, François Mitterrand.
Enfin, nous allons bientôt arriver sur une terre qui est pour moi inconnue alors vous finissez par Gorbatchev, les maisons louées (Saint-Tropez, par exemple), Federico Fellini, les chevaux. Nous avons atterri et je suis certaine qu'avec vous, Madame Sagan, je ne vais pas m'ennuyer un seul instant. Vous adorez l'humour, rire. Pour vous remercier, chère Françoise, j'essaierai de vous distraire du mieux que je peux afin que vous ayez des éclats de rire à n'en plus finir.
Après ces voyages, je rentre chez moi et c'est un peu avec tristesse (quel vilain mot pour vous qui ne vous correspond pas du tout) que je lis votre dernière interview à l'Express en 2003 recueilli par Alain Louyot.
J'ose emprunter un de vos titres chère Françoise,
... et toute ma sympathie.
Lu en octobre 2019 / Le Livre de Poche - Prix : 8,90 €.
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J'ai su à la première seconde, à la première donne que j'aimais le jeu. Cela ne s'explique pas. Il y a des gens qui adorent escalader des pics, il y a des gens qui ne se sentent bien qu'au fond de la mer, il y a des gens qui ne peuvent aimer un être que si cet être les fait souffrir à mort, il y a des gens qui aiment jouer. On peut perdre la vie ou son équilibre mental ou sa fortune dans ces facéties, au choix.
Mais qu'on le voie de la mer ou d'en haut, de cette citadelle où nul ne va jamais, Saint-Tropez présente ses maisons étroites et pointues, parfois penchées mais toutes attendrissantes, ces maisons jaunes , rouges et bleues ou grises, dévorées par le soleil et le vent, avec ces toits aux mille pétales de tuiles d'un rose usé et doux à l'oeil, serrées autour d'un clocher qui déraille et sonne n'importe quand des quart d'heure dont personne ne s'occupe.
Page 364 : chapitre sur Tennessee Williams.
(Les parents reprochant aux enfants d'être jeunes, les enfants reprochant aux parents de ne plus l'être et de vouloir faire comme s'ils l'étaient encore.)
New-York sent l'ozone, le néon, la mer et le goudron frais; New-York est une grande jeune femme blonde, éclatante et provocante au soleil, belle comme ce "rêve de pierre" dont parlait Baudelaire, New-York qui cache aussi comme certaines de ces grandes femmes trop blondes, des zones sombres et noires, touffues et ravagées.
A 6 heures du soir, la mer devient blanche: des courants crémeux s'y allongent, la creusent et la comblent de vingt bleus différents, soutenus ou tendres. Après Naples, on pourrait dire: voir Capri et ne plus vouloir mourir.
Extrait du livre audio « La Laisse » de Françoise Sagan lu par Stéphane Ronchewski. Parution numérique le 27 mars 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-laisse-9791035413873/