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Casterman (30/11/-1)
3.8/5   15 notes
Résumé :
Caroline de St Geneix, orpheline très jolie mais pauvre, obtient une place de demoiselle de compagnie chez la marquise de Villemer, vieille dame infirme, qui, par son charme et sa vivacité d'esprit, tient un des salons les mieux fréquentés du comté. La marquise a deux fils qui ne se montreront pas insensibles au charme de la ravissante Caroline. L'un est un beau garçon, très mondain, l'autre au contraire est un érudit qu'un tourment secret semble accabler.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La pièce le Marquis de Villemer, comédie en quatre actes, est écrite en 1864, soit dans la dernière période de la vie de George Sand. Si on en croit sa biographie, c'est une période prolifique, mais beaucoup d'oeuvres vont voir le jour pour des raisons principalement financières. Il n'empêche que la plume reste celle de George Sand, donc de qualité.

Le pitch en 2 mots... La Marquise de Villemer a deux fils, de pères différents. Un est Marquis, l'autre est Duc. Ils sont à marier tous les deux. Ils ne sont d'ailleurs pas loin d'être atteints par la limite d'âge. le Duc va sur ses 40 ans, le Marquis est plus jeune d'une dizaine d'années. le Duc est un noceur fini, à la réputation désastreuse, perclus de dettes. le Marquis est un futur éternel jeune homme, procédurier, cérébral, émotif et peu à l'aise en société. Je schématise, mais je ne suis pas loin du portrait que George Sand en fait.

Ce sont les deux seuls personnages masculins de la pièce, si on excepte les domestiques, fort effacés, et le Comte de Dunières dont le rôle ne se borne qu'à présenter sa pupille. Ces deux hommes sont des caricatures, certes, mais on a toute la verve de George Sand, empreinte de féminisme. Les hommes à marier ne sont guère reluisants... On rappellera que George Sand a souvent dû batailler ferme pour se faire une place dans un monde (littéraire) d'hommes.

Les personnages féminins sont mieux servis. La Marquise est une femme brillante, forte, érudite, le coeur sur la main. Elle engage Caroline de Saint-Geneix comme lectrice et dame de compagnie. Elle a des principes, de la culture, du savoir-vivre, de la bienséance. Et le Comte de Dunières vient présenter sa pupille: Diane de Saintrailles. Elle a un grand coeur, elle est franche et sincère. Les deux colombes ont la vingtaine. Elles sont fraîches et pures, belles et émouvantes dans leurs principes. Elles connaissent peu le monde, mais n'envisagent pas de s'adapter à celui-ci. Elles seraient plutôt dans l'attente que le monde s'adapte à elles.

Ce qui devait arriver... arrive. Diane et Caroline vont tomber amoureuses des fils de la Marquise. Je ne dévoile rien. On est dans une comédie de moeurs, mais on ne consomme quand même pas avant le mariage. Je pense (interprétation toute personnelle) que le féminisme militant de George Sand s'exprime encore quand elle marie des jeunes filles à des hommes bien plus âgés qu'elles. Et dans un premier temps, on les apparie au mauvais fils... sans leur demander leur avis. Signe des temps, où l'amour comptait finalement moins que la fortune ou le titre de noblesse.

D'ailleurs, un des fils le signale à la Marquise. Elle-même a dû se faire accepter quand elle a choisi de se remarier (au passage elle acquiert le titre de Marquise, quittant celui de Duchesse, ce qui explique la différence de titre de ses fils).

Sous des dehors de comédie badine qui peut se regarder comme une sorte de vaudeville, la pièce secoue quand même les principes de la noblesse provinciale (les deux premiers chapitres se déroulent à Paris, les deux autres dans le Bourbonnais). La scène finale, où il s'agit de faire avouer par tous les moyens à Caroline qu'elle aime le Marquis (qui se liquéfie en lavette qu'il est) est un long suspense où il s'agit de prêcher le faux pour avoir le vrai... Et cerise sur la gâteau du féminisme, on finit par se dire que ces deux jeunes filles auraient sans doute mieux fait de chercher ailleurs...

Pour l'anecdote, Sarah Bernhardt jouera la pièce en 1867 (3 ans après sa création avec d'autres actrices). Elle est alors âgée de 23 ans. Dixit Sarah Bernhardt, il s'agissait du "rôle de la folle baronne, femme déjà experte âgée de trente-cinq ans j'en avais à peine vingt et un et j'avais l'air d'en avoir dix-sept". La baronne en question est un personnage assez secondaire qui vient essayer de contrecarrer les plans de la Marquise en calomniant le Duc et Caroline et en essayant de malmarier les fils de la Marquise.
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De George Sand le plus souvent on lit La Mare au Diable et la Petite Fadette pendant l'adolescence. Retrouvé au fond de la bibliothèque, ce roman situé en 1845, sous le règne du Roi-Président, met en scène des personnages désuets, véritable plongée dans un monde exotique pour le lecteur de 2023.

La marquise de Villemer, vieille dame imprégnée des valeurs de sa classe, cherche une demoiselle de compagnie. Elle vit chez son plus jeune fils, le marquis de Villemer, qui lui consacre l'essentiel de ses moyens et de son temps. En effet, elle a été ruinée par son fils aîné, le duc d'Aleria, d'une autre union, jeune aristocrate insouciant dont la règle de vie se limite à son plaisir personnel.

Quand arrive dans cette famille une jeune fille de bonne famille mais désargentée, Caroline de Saint-Geneix, toute une histoire se construit autour des inclinations, des désirs, des sentiments refoulés, lutte sans merci entre la bienséance de classe et les aspirations les plus naturelles.

George Sand restitue ces remous du coeur et de la conscience, tout en livrant de belles pages descriptives des Cévennes, un peu longuettes parfois, de leur nature sauvage et grandiose au point qu'on se prend à imaginer un voyage dans le Velay pour les découvrir. Elle s'attache également à peindre des milieux sociaux, aristocratie sous diverses facettes, milieu rural.

Comme il s'agit d'un roman, il faut bien qu'il y ait du romanesque autour de ces mouvements d'âme et de coeur, d'où un secret imaginé et dévoilé en fin de lecture, un peu comme le nom de l'assassin inattendu dans un roman policier. Mais ici d'une façon qui semble tout de même assez artificielle.

Une lecture différente, l'approche d'un monde ancien qui, remis au goût du jour, pourrait donner lieu à une adaptation cinématographique par exemple.
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Sand George
Le Marquis de Villemer
La vieille Marquise de Villemer a deux fils, le duc d'Aleria et le Marquis de Villemer deux fils nés d'unions différentes.
Elle cherche une dame de compagnie tant donné qu'elle est infirme.
Une jeune fille noble mais désargentée va se présenter à elle et elle est heureuse de l'avoir à ses côtés, Caroline de Saint-Geneix
Une intrigue amoureuse va se dérouler entre le Marquis et la jeune fille mais les deux frère subissent le charme de Caroline, mais l'un est désinvolte coureur et joueur l'autre calme et studieux, érudit mais qui semble cacher un secret.
Saura-t-elle le percer ce secret ainsi que toutes les difficultés qui s'offrent à elle ?
C'est un roman attachant, d'un autre temps certes mais que la plume de George Sand rend sensible et intéressant, de même que sa manière d'écrire et ses descriptions en font un très agréable roman.


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Magnifique. Une pépite. L'ecriture de George Sand est un régal. On boit les pages les unes après les autres. Un très beau roman comme on n'en trouve plus de nos jours.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ne t’inquiète donc pas, chère sœur, me voilà arrivée à Paris sans accident ni fatigue. J’ai dormi quelques heures, j’ai déjeuné d’une tasse de café, j’ai fait ma toilette, et dans un instant je vais prendre un fiacre et me présenter à madame d’Arglade pour qu’elle me présente à madame de Villemer. Je t’écrirai ce soir le résultat de la solennelle entrevue, mais je veux d’abord jeter ces trois mots à la poste pour que tu sois rassurée sur mon voyage et ma santé.

Prends courage avec moi, ma Camille, tout ira bien ; Dieu n’abandonne pas ceux qui comptent sur lui et qui font leur possible pour aider sa douce providence. Ce qu’il y a eu de plus douloureux pour moi dans ma résolution, ce sont tes larmes et celles des chers petits : j’ai de la peine à retenir les miennes quand j’y pense ; mais il le fallait absolument, vois-tu ! Je ne pouvais pas rester les bras croisés quand tu as quatre enfants à élever. Puisque j’ai du courage, de la santé, et aucun autre lien en ce monde que ma tendresse pour toi et pour ces pauvres anges du bon Dieu, c’était à moi de partir et de chercher notre vie. J’en viendrai à bout, sois-en sûre. Soutiens-moi au lieu de me regretter et de m’attendrir, voilà tout ce que je te demande. Et sur ce, ma sœur chérie, je t’embrasse de toute mon âme, ainsi que nos enfants adorés. Ne les fais pas pleurer en leur parlant de moi ; mais tâche cependant qu’ils ne m’oublient pas, cela me ferait bien de la peine

Caroline de Saint-Geneix.
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La notion de classe noble vue par la marquise de Villemer:

Ne voyez-vous pas qu'une personne de ce sang-là , quand elle est grande, ne peut pas l'être à demi ? Tenez, vous n'êtes pas assez convaincue de l'excellence qui nous vient de la race, j'ai cru m'en apercevoir quelquefois. Vous avez peut-être un peu trop philosophé là-dessus ! Méfiez-vous de ces préjugés nouveaux et des prétentions de messieurs les parvenus ! Ils auront dire et beau faire, un homme de rien ne sera jamais vraiment noble de cœur ; une tache originelle de prévoyance et de parcimonie étouffera toujours son élan. Vous ne le verrez jamais sacrifier sa fortune et sa vie pour une idée, pour sa religion, pour son prince, pour son nom... Il pourra faire des actions d'éclat par amour de la gloire ; mais ce sera toujours dans un intérêt personnel, n'en soyez point la dupe.
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URBAIN.
Nous avons la même mère, et cela suffit. Il est d’ailleurs trop tard pour refuser. Vos créanciers sont peu disposés à rendre ce qu’ils ont reçu ; vous n’en avez plus qu’un, c’est moi, et celui-là a le temps d’attendre.

LE DUC.
Misérable que je suis ! Pourquoi… ?

URBAIN.
Pourquoi n’avoir pas cédé à la tentation de vous brûler la cervelle ?

LE DUC.
Eh bien, oui ! j’aurais dû le faire.

URBAIN.
Ajouter un crime irréparable à de réparables folies ? Si vous n’aimez personne, il y a encore des gens qui vous aiment.
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On était aux premiers jours d'avril,le temps était magnifique, les fourrés se tapissaient de violettes, et mille folles mésanges babillaient autour des premiers bourgeons, tandis que les papillons citron des premiers beaux jours semblaient, par leur forme, leur couleur et leur vol indécis, des feuilles nouvelles balancées par le vent.
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LÉONIE.
Monsieur le duc, supposons que tout ce que vous avez dit soit exact, que j’aie trente ans, que je sois ambitieuse et que j’aie eu l’intention… où serait pour vous le malheur d’épouser une femme à qui tout le monde donne vingt-deux ans, que vous avez trouvée jolie, puisque vous lui avez fait la cour, que vous savez vertueuse, puisqu’elle ne vous a pas écouté, et qui exposerait sa fortune, péniblement acquise par d’honnêtes parents, à tomber dans le gouffre où se sont engloutis les héritages de vos aïeux illustres ? Croiriez-vous que la fantaisie d’un titre pût motiver un pareil sacrifice ? Ce serait là un bien sot calcul dans une âme si profonde, et vous seriez forcé de reconnaître que cette fausse niaise est une véritable folle, ou que cette fausse baronne est capable d’un sentiment vrai.
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Videos de George Sand (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de George Sand
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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