Journal d'un journal

Mathieu Sapin (voir photo à droite) commence donc à devenir une sorte de spécialiste de ce genre desapin-2 reportages dessinés, en relayant, avec ses yeux de néophyte, et une candeur quelquefois un peu feinte, un milieu qui lui est étranger; là le cinéma, ici la rédaction d'un journal.

Et j'avoue beaucoup aimer ce genre de BD, qu'on pourrait nommer "illustration d'investigation", à savoir une sorte de "making off" par le biais des bulles . Dans ce domaine, le Quai d'Orsay de Christophe Blain, qui se passe dans les secrets d'alcove d'un cabinet ministériel, constitue le chef d'oeuvre.

Ici, dans son Journal d'un journal, Sapin nous dit tout- ou presque- des coulisses de ce grand quotidien. Des salles de rédaction à la machine à café, Sapin était (omni)présent à un moment charnière de l'histoire du journal, le changement de direction ( Joffrin laissant sa place à Nicolas Demorand en mars 2011).

Visiblement, Mathieu Sapin a eu carte blanche : il a pu avoir libre accès dans les locaux et a côtoyé l'équipeJournal-d-un-journal-Mathieu-Sapin durant ce temps fort de la vie du journal. Carnets en mains, il a croqué les petits et grands moments qui animent le quotidien d'une des plus importantes rédactions de presse écrite en France.

Le résultat est assez passionnant, même si parfois, on aimerait qu'il sacrifie au souci de la justesse et de la véracité le sens du rebondissement. Certaines situations restranscrites manquent un peu de punch et d'intérêt.

Cela dit, Sapin a le grand mérite de rendre tèés attachant ces journalistes, dont le métier est de plus en plus difficile et dévalorisé; les grandes figures du journalisme de gauche des années 70 ayant disparu pour laisser place à des journalistes qui prennent peut etre moins de risque, mais se posent toujours autant de questions sur le sens et la déontologie de leurs professions.

Surtout, Sapin n'a pas son pareil pour nous relater des bribes de phrases interceptées dans les comités de rédaction, qui pourraient paraitre anodines et qui en fait, disent tout sur le quotidien de ces hommes et ces femmes qui essaient tant bien que mal de transmettre l'information de la façon la plus intègre et la plus juste possible, malgré les contraintes économiques et budgétaires.

Si jamais la presse écrite n'existe plus dans quelques décennies, comme on a tendance à le prédire de plus en plus souvent, au moins ce Journal d'un Journal pourra peut-être servir de témoin d'une profession essentielle à toute société démocratique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

- - - BD documentaire passionnante !

Mathieu Sapin a suivi toute l'équipe du quotidien Libération pendant plusieurs semaines et nous livre ce reportage captivant sous forme de BD. le résultat est dense, touffu, riche - à l'instar de l'activité de cette véritable 'fourmilière' qui oeuvre à la fois dans l'urgence et avec passion et minutie.

On trouve dans cet album quelques rappels intéressants sur la création du journal, les changements de ses orientations politiques et idéologiques, ses difficultés au fil du temps, son âge d'or (1981-1988), ainsi que des anecdotes bienvenues sur les différents métiers et sur le fameux jeu de mots du titre de la Une... entre autres.

Récent puisqu'effectué en 2011, ce travail présente en outre l'intérêt d'évoquer des actualités encore fraîches dans nos mémoires (la catastrophe écologique de Fukushima, la mort de Ben Laden, les affaires DSK et Colonna...).

A lire à petites doses pour rester attentif, tant les pages sont chargées - heureusement qu'il y a un peu de couleur !
A relire après quelques jours, éventuellement, pour bien s'attarder sur les détails graphiques occultés lors d'une première découverte plus focalisée sur le texte.

- - - Mathieu Sapin a également signé 'Campagne présidentielle - 200 jours dans les pas du candidat François Hollande...' (bien envie de le lire) et 'Feuille de chou (Journal d'un tournage)', à propos du film Gainsbourg, réalisé par Joann Sfar.

Immersion totale dans Libération grâce au bédéiste Mathieu Sapin. Il va durant six mois suivre, tel un candide mâtiné d'ethnologue, les affres de tous celles et ceux qui concurrent à la parution de ce quotidien. A ses côtés, on participe à la conférence de …oh pardon, au comité de rédaction, on l'accompagne lors de reportages à Matignon ou dans des manifestations du FN. On se glisse avec plaisir dans les coulisses du n° annuel du Libération des écrivains, particulièrement gratiné en ce mois de mars 2011. La centrale de Fukushima vient d'exploser, l'apocalypse nucléaire menace. Priorité à l'actualité ou respect de la règle éditoriale de ce numéro rédigé par des non-journalistes ? Les rencontres avec les grandes figures du journal (Joffrin, Bayon, Marcelle) et une kyrielle de soutiers plus anonymes se multiplient au cours des vignettes. On comprend vite que le journalisme est une question de choix. Il s'agit d'avoir le nez fin. Ne pas filer bille en tête au festival de Cannes dans le fol espoir d'obtenir la meilleure accréditation alors que le scandale DSK éclate de l'autre côté de l'Atlantique. Bref du truculent, du passionnant et de l'amusant à presque chaque page. Une réserve cependant sur le style. J'avoue ne pas être folle du graphisme, trop brouillon à mon goût d'autant que le texte vient souvent le surcharger.

De février à juin 2011, Mathieu Sapin a vécu une expérience journalistique assez exceptionnelle : vivre en immersion parmi les journalistes et le personnel du journal Libération, partageant les conférences de rédaction, les interviews, les déplacements sur le terrain des événements, la gestion de l'information en temps réel. Autorisé à prendre des notes, griffonner ce à quoi il assiste, questionner les protagonistes de cette rédaction, il nous rapporte avec spontanéité et pédagogie, les réalités de ce quotidien qui se veut unique en son genre.

Mathieu Sapin a très bien choisi sa période : il assiste au pot de départ de Laurent Joffrin, ancien directeur de la rédaction de Libération, et à l'arrivée de Nicolas Demorand. Un tournant pour le journal, qui doit faire face à des questions liées à sa pérennité, à son financement par ses actionnaires comme de Rotschild... Ajoutons à cela une actualité très riche (mort de Ben Laden, festival de Cannes, ascension de Marine le Pen dans les sondages, procès d'Yvan Colonna, le faux-pas de DSK...etc), et on obtient un carnet très riche en informations et en rebondissements.


Après Feuille de chou : journal d'un tournage, ce Journal d'un journal est trois fois moins volumineux et beaucoup plus lisible, construit plus clairement avec des dessins quine s'éparpillent pas trop et du texte aisé à lire. Si c'est le fruit d'un effort, c'est bien appréciable.
On apprend plein de choses, sur les coulisses de ce grand journal, sur certains de ses personnages d'envergure, sur les choix éditoriaux et les processus d'élaboration du quotidien, sur les gestions dans l'urgence journalistique des nouvelles qui ont ébranlées la sphère des media en 2011, sur plein de détails forts intéressants.
Une BD riche qui place dans son viseur un microcosme qui témoigne en permanence de ce qui fait l'actualité.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..

Pendant six mois, Mathieu Sapin est immergé dans le quotidien du quotidien Libération. Ce reportage sur les coulisses de la presse est intéressant, parfois drôle, et ne manque pas de recul sur soi et d'intelligence, suggérant plusieurs pistes de réflexion (sur la situation de la presse écrite, le poids des actionnaires et du souci de rentabilité et de ventes, l'évolution idéologique de Libération, la tentation du sacrifice au "sensationnalisme"...). Néanmoins, il suggère plus qu'il n'explore : en s'interdisant de trop sortir de la restitution fidèle de l'anecdote et du quotidien, le reportage, même s'il montre les coulisses, reste un peu en surface des thèmes qu'il aborde.