Expérience de l'hiver
Les pluies lourdes
ces jours
espoirs trempés jusqu'à la mèche
depuis ce matin j'ai seulement marché
pour dire que
quelque chose marchait
le fil de corde a tenu bon
l'heure a passé
sans rechigner ni courir
et là
tandis qu'une chatte appelle
dehors
dans l'air mouillé
je vais
coucher ce qui reste en moi d'intact
avec
ce qui
n'est déjà
plus
La nuque de cette femme
y poser des figues vertes
des sanglots de fin juillet
des fièvres dignes du vaudou
de petits fleuves sans fin
autour de ses épaules
déposer
tout ce qui doit rester
le petit pont sur l’Arno
une amoureuse évanouie
quelque danse criminelle
les forêts au-dessus du Danube
et puis où encore
et sur quoi d’invisible
ce qui
ne se peut
voir
femme de pigments secs
pour toujours
déjà absentée
le 7 janvier 1911
Interview d'Eric Sarner à l'occasion de sa résidence d'écrivain à la bibliothèque Marguerite Audoux (3e), soutenue par la région Ile-de-France.