En juillet 2012, la Princesse Sara Bint Talal Ibn Abdel Aziz al Saoud, surnommée la “Princesse Barbie", petite- fille du Roi fondateur de l'Arabie Saoudite, a fait parler d'elle, en demandant l'asile politique à l'Angleterre, se trouvant à présent sans visa et dans la crainte d'un complot contre elle dirigé par les hauts responsables de son pays. Cette princesse déjà qualifiée de "rebelle" il y a quelques années, refuse en effet de vivre à la manière des femmes de son pays, et s'est réfugiée à Londres pour y vivre plus en liberté.
C'est ainsi que cette actualité m'a rappelé le livre que j'avais lu,
Sultana, que Jean P.Sasson a écrit d'après le témoignage, notes et journaux intimes de cette "princesse saoudienne racontant le cauchemar de sa vie".
Sultana est un prénom d'emprunt,
Sultana, qui est donc la cousine de la Princesse Sara sus-citée.
Au cours de cette lecture, on avance toujours avec une certaine crainte, découvrant une manière de vivre qui ne surprend plus guère de nos jours, mais qui surprend tout de même, car même les princesses de sang royal, richissimes, ne sont pas libres à l'intérieur même de leur palais. La préférence est donnée, dès le plus jeune âge, aux fils, et le petit garçon, sans s'en rendre vraiment compte, apprend à mépriser ses soeurs et à régner en maître absolu dans le Palais, et plus tard, il aura pour les femmes ce profond mépris, cette superficialité qui ont tant fait souffrir
Sultana, quand elle était enfant, adolescente puis mère enfin.
Adolescente la jeune fille rêve de liberté, et déplore le sort réservé aux jeunes filles et aux femmes de son pays. Elle ne peut être que simple spectatrice, malgré sa volonté d'arriver à sortir de ce monde de ténèbres et de silence les femmes de toute condition. Son brillant mariage lui apportera-t-il le bonheur et la liberté ?
Tout au long du récit, diverses anecdotes sont rapportées, de la plus agréable à la plus horrible - des pères noyant leur fille dans leur piscine, ou les enfermant à vie dans une chambre sans fenêtre, des jeunes filles achetées et violées. L'interdit est partout. L'homme est roi, la femme est une esclave, injustement traitée, souvent humiliée, trompée bien évidemment, et
Sultana souffre de ces pratiques immondes, contre lesquelles, malheureusement, elle ne peut rien. On lira hélas qu'elle rapporte que "le plus triste, dans sa vie, est de regarder les silhouettes de ses deux jeunes filles, maintenant voilées et enveloppées de leur manteau noirs" (p286)...
Un témoignage du plus grand intérêt, qui semble presque irréel, voire incroyable.