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EAN : 9782207117255
224 pages
Denoël (04/05/2015)
4.02/5   100 notes
Résumé :
Eux, c'est la tribu Cardinal,. Ils n'ont peur de rien ni de personne. Ils ont l'étoffe des héros ... et leur fragilité.

Notre famille est l'émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. Nous n'avons rien en commun avec personne, nous nous sommes bâtis avec notre propre souffle, nous sommes essentiels à nous-mêmes, uniques et dissonants, les seuls de notre espèce. Les petites vies qui ont papillonné autour s'y sont brûlé les ailes.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Pour survivre dans une famille qui compte vingt et un enfants,
Il faut avant tout « trouver sa place » au sens propre du terme d'abord, sur le canapé, devant la télé où l'on se bouscule mais aussi pour dormir, alors les enfants s'installent où ils peuvent, même s'il n'y a pas assez de lits, on trouvera toujours un nid bien au chaud dans la laverie, au milieu, du linge propre ou sale. Quelle importance ?
Chacun vit comme il peut et tout le monde est heureux ou presque. Puis au fil des ans, la famille se sépare.
Plusieurs dizaines d'années plus tard, alors qu'ils n'entretiennent plus de relations entre eux, ils vont se retrouver à l'occasion de la remise d'une décoration à leur père. Et là, toute la famille étant réunie pour la première fois, il ne va plus être possible de garder ce secret enfoui au plus profond de chacun depuis longtemps.
Dans ce roman choral, sept des enfants devenus adultes prennent la parole.
Le premier à s'exprimer est le plus jeune, « le Fion », pour lui la famille est presque une énigme, tant il y avait d'écart entre lui et les ainés. « Notre famille est l'émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. »
Nous découvrons ensuite les souvenirs de « la pucelle », qui fut la deuxième maman.
Dans le récit de chacun plane la disparition d'Angèle.
Des souvenirs ou se mêlent interrogations, remord, culpabilité, non-dits.
Après « il pleuvait des oiseaux », j'ai à nouveau un énorme coup de coeur pour ce roman de Jocelyne Saucier construit comme un puzzle qui m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière page.


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J'avais bien aimé Il pleuvait des oiseaux, alors quand l'occasion s'est présentée, j'ai acheté Les héritiers de la mine, le second livre de Jocelyne Saucier écrit en 2000.

Les héritiers de la mine est un livre à plusieurs voix, celles de plusieurs des vingt-et-un enfants de la famille Cardinal.
D'abord le plus jeune, Denis, présente cette famille qu'il admire. le père prospecteur à Narcoville, passionné par son travail mais lointain , sauf le jour de son anniversaire. "J'avais sept ans, l'âge de raison, l'âge que choisissait notre père pour nous initier à la dynamite". Maintenant, qu'il est adulte il ne se lasse d'en parler avec sa soeur aînée qui semble pourtant cacher quelque chose.
Cette soeur aînée, la Pucelle, à partir de ses six ans, a été une mère pour tous ses jeunes frères et ses quatre soeurs. Elle semble tout régenter.
La mère semble lointaine toute la journée derrière ses fourneaux, elle ne semble proche que la nuit quand elle passe près de chacun de ses enfants.
"Nous vivions dans la plus merveilleuse anarchie"
Pourtant ces enfants qui semblent si forts ensemble cachent un secret. Devenus adultes, chacun est parti de son côté ,ils ne se retrouveront tous ensemble que bien des années plus tard pour une remise de médaille de prospecteur émérite au père.

Un livre rempli de l'énergie de ces vingt-et-un enfants, parfois drôle, énervant, tendre, tragique et de la présence particulière des parents.
Une belle découverte.
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La famille Cardinal, riche d'une progéniture de vingt et un enfants, vit à Norco, petit village minier. C'est le père dont le métier est prospecteur qui a découvert le filon de zinc qu'une Compagnie lui achète. Les enfants Cardinal règnent en maîtres sur les villageois, ils font tout pour les terroriser, allumer des feux d'herbes, tuer leurs chats ... Lorsque la Compagnie cesse l'exploitation, Norco devient un village fantôme, seuls quelques pèquenots y vivent encore. Jocelyne Saucier utilise le style narratif à la perfection, j'ai adoré son écriture, c'est une auteure que je vais suivre à commencer par la lecture de son livre précédent Il pleuvait des oiseaux.
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Excellent livre que je conseillerai à ceux qui veulent découvrir la littérature québécoise.
Comme l'histoire se passe en Abtibi-Temiscamingue (respirez et relisez lentement..), région lointaine et sauvage du Québec, du moins pour le citadin que je suis.. Je pensais qu'on allait faire un peu de tourisme, visiter les mines, apprendre l'histoire de ses habitants, de ces colons arrivés de partout pour travailler dans les mines.. Lorsqu'une histoire se passe dans un coin invraisemblable ou moindrement exotique, c'est habituellement ce que font beaucoup d'auteurs. Ils brodent sur l'histoire, la géographie etc.. Cela n'empêche pas de faire un bon roman, mais on voit bien la grosse ficelle qui permet de noircir du papier. De plus, Jocelyne Saucier ayant été journaliste en Abitibi, je la voyais bien venir, la coquine..

Eh bien, Walou! Nada! Peau de zébi! Que dalle. Rien pour le touriste littéraire cette fois-ci.. L'auteure a concentré tout le récit sur un drame familal, sans détour, sans finasseries et ceci dès le premier chapitre. On ne parle que de cela. Au bout de 2 pages, on sait déjà qu'un truc bizarre s'est passé autrefois et que ce truc, ceux qui l'ont vécu veulent le cacher, l'oublier, ne jamais en parler. Voilà pour le suspense.
Ceux qui croient avoir déjà deviné de quoi il retourne en lisant le résumé de l'éditeur ou des autres babeliotes, à mon avis, se mettent le doigt dans l'oeil probablement. Parce-que madame Saucier sait y faire.. Il va falloir attendre la fin, la toute fin pour avoir la bonne version du truc.

Cependant, comme souvent, l'intrigue maintient l'attention du lecteur mais ne constitue pas le seul intérêt de l'histoire. Les héritiers de la mine, c'est également une sorte de manuel de survie pour les enfants de familles nombreuses. Au sein d'une famille de 21 enfants et dans une maison de 3 pièces, on n'a rien à soi, aucun biens personnel. On partage tout, le lit, le canapé, les jeux, les peines. Le matin on s'habille avec ce que l'on trouve, ce que les autres n'ont pas encore pris.. Ce n'est d'ailleurs plus tout à fait une famille mais un clan, une horde voire une harde.. et on a beau être frères et soeurs, être unis, solidaires et solides face aux étrangers, il y a quand même un chef, des lieutenants, des exécutants. Gare à ceux qui ne respectent pas la hiérarchie secrète, les valeurs du chef, les codes du groupe!

Et que dire des rapports entre enfants et parents! Des parents inexistants tellement ils sont occupés à travailler pour nourrir la meute bruyante et remuante. Les plus jeunes sont pris en charge par la soeur ainée pas par la mère, épuisée. On s'habitue à ne pas voir les parents, ne pas leur parler, mais s'habitue t-on au manque de tendresse maternelle ? A l'absence de sourires rassurants avant de s'endormir ? Là aussi Jocelyne Saucier réussit bien son coup. Certaines pages sont poignantes sur le sujet.

En fermant le livre, je me disais qu'une famille de 21 enfants c'est une aberration, c'est énorme, ça ne se rencontre pas ou en tous cas, ça ne se rencontre plus chez nous mais cette amplification, cette démesure n'était peut-être qu'un artifice littéraire après tout, pour mettre en valeur ce qui existe ailleurs, dans des familles réelles mais de moindre importance. C'était peut-être cela que l'auteur voulait aussi nous montrer, mais ce n'est que mon fantasme, probablement.
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Bien qu'il s'agisse d'un roman choral, parmi les 21 enfants qui constituent cette incroyable famille, tous n'ont pas droit au chapitre ! A travers les voix qui s'expriment nous découvrons une famille atypique par sa taille et par conséquent par son organisation. Presque burlesque au début, J. Saucier nous fait appréhender avec une grande psychologie un fonctionnement familial proche du clan avec ses luttes de pouvoir, sa hiérarchie,ses rituels. Ce petit monde est soudé autour du rêve paternel que j'ai perçu comme une sorte de mythe fondateur. Ce qui en constitue la force est bien plus fort que son apparent objectif financier. Y être associé relève de l'appartenance familiale, de la reconnaissance. le clan est sans faille face à l'extérieur mais cette puissance collective masque les fragilités, les peurs, les rivalités. Un jour le drame surgit entraînant l'implosion familiale car le secret qui l'entoure agit comme un poison. J'ai eu un plaisir croissant à la lecture de ce roman qui m'a révélée un auteur que je ne connaissais pas et qui m'a épatée par la finesse de son écriture, l'intelligence de la construction de son récit et sa fin percutante un peu " à la Festen", ce superbe film de TH.Winterberg.
Je recommande vivement cette lecture.
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
... parfois, de m'endormir dans la contemplation de l'image de ma mère.
Elle avait une douceur, une grâce tellement invitante, j'avais l'impression d'être visitée par un ange. Toute la dureté de ses traits, tous les soucis qui lui rongeaient la figure, toute l'âpreté du jour s'était évanouie et elle reposait, tranquille, un mince sourire sur les lèvres, la tête légèrement penchée, ses longs cheveux auréolés d'éclat de lune, «une vraie madone», et, sur toute sa personne, la douceur mate de cette lumière qu'elle gardait au creux de la main et qui se répandait dans sa chemise de nuit.
Une vraie madone. Je ne pouvais pas m'endormir tant qu'elle n'avait pas fait son apparition.
Nous avons tous, précieusement conservée au fond de notre cœur, une image des apparitions nocturnes de notre mère qui hante nos vies.
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Mais ce que j'aime vraiment, c'est le two-up. Une version australienne du pile ou face, ... Ce que j'aime, ce sont ces quelques minutes pendant lesquelles le ronger prend les enjeux et qui sont pour moi un pur délice de souffrance et de jouissance entremêlées car, pendant ces quelques minutes, je suis hors de moi, je suis dans un état de concentration frénétique, tendu à l'extrême, absorbé par les deux pièces sur la planchette, et j'attends qu'elles me parlent : pile ou face ?
J'attends ce frémissement des paupières qui me dira que les pièces s'apprêtent à tomber pile. Un léger tremblement, à peine un frisson, tout juste un resserrement de la peau, un battement d'ailes de papillon sous la paupière, et je sais que les deux pièces tomberont pile, peu importent l'impulsion que leur donnera le lanceur et les virevoltes qu'elles exécuteront dans l'air. Un moment d'une fulgurante intensité qui vaut bien plus que les sommes qu'il me permet de gagner.
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Tu me disais que là-bas, au couvent, tu avais découvert la beauté pure, et que si ma voix ne se rendait pas jusqu'à toi, c'est parce qu'il y avait une musique qui chantait continuellement à tes oreilles, la musique de Mauriac, de Giraudoux, de Montherlant, de tous les grands chantres de la langue française, de Gide surtout, André Gide et ses Nourritures terrestres dont tu citais des phrases entières, des phrases qui magnifiaient le plaisir de la vie, le désir que tu en avais, et qui me laissaient sans voix, tu te souviens ?
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Le plus à craindre, c’est LeFion. Il est difficile de résister au plaisir de raconter tellement il y a dans ses yeux une passion communicative pour tout ce qui concerne notre famille. Il s’enflamme, notre Fion, il brûle, il se consume tout entier en admiration devant la vie que nous avions à Norco et qu’il n’a pas connue, pauvre petit. Il n’était pas né ou n’était encore qu’un être chétif et braillard – « un singe hurleur », disait Géronimo – quand nous avons vécu nos plus belles années. Norco était au début de sa ruine. La mine venait de fermer, les rues se désertifiaient, et nous avions le sentiment qu’il nous suffisait de le vouloir pour devenir riches, puissants, omniscients, les maîtres du monde. Nous trépignions d’impatience dans la ville mourante. Nos plus belles années. Fin des années cinquante, début des années soixante.
Quand nous parlons de notre vie à Norco, nous nous référons à cette période.
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Notre famille est l’émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. Nous n'avons rien en commun avec personne, nous nous sommes bâtis avec notre propre souffle, nous sommes essentiels à nous-mêmes, uniques et dissonants, les seuls de notre espèce. (p.7)
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Videos de Jocelyne Saucier (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jocelyne Saucier
L'écrivaine Jocelyne Saucier vous fait découvrir des extraits de son roman Il pleuvait des oiseaux (XYZ, 2011). L'année de sa publication, cette oeuvre a remporté le Prix des cinq continents de la Francophonie, une récompense littéraire créée par l'Organisation internationale de la Francophonie. Jocelyne Saucier lit également, en primeur, des extraits de son tout nouveau roman qui sorti cet automne : À train perdu (XYZ, 2020). // Emprunter les romans de Jocelyne Saucier en version numérique http://bit.ly/JSaucier
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