AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 5343 notes
Vienne. 8 octobre 1908.
Ach ! Tous ces crétins n'ont rien compris au talent révolutionnaire d'Adolf Hitler ! Recalé ! Recalé, lui ! Voilà ce qui arrive aux génies incompris de leur temps !
Son père est mort et son héritage l'attend… quand il sera majeur ! C'est pour dans cinq ans ! Mais d'ici-là comment va-t-il subsister ? Sa pauvre, sa chère mère est morte ! Foutu cancer du sein ! Et cette Tchèque, cette saleté de propriétaire qui lui réclame son loyer et qui menace de faire intervenir ses gros-bras de cousins pour le flanquer dehors…

Adolf H. est le plus heureux des hommes ! Il a été reçu à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne ! Il va fêter cela avec tous ces jeunes gens qui, comme lui, ont été reçus. Leur joie est d'autant plus forte qu'ils savent que tous n'ont pas leur chance… Ni leur talent…

Critique :

Mais que diable Eric-Emmanuel Schmitt vient-il faire dans une uchronie ? Un chef-d'oeuvre ! Voilà, c'est dit !

Il est rare que je relise un livre vu la quantité d'autres qui s'offrent chaque jour au toucher de mes petits doigts boudinés. Mais voilà… Lu il y a plus de quinze ans, je ne m'en souvenais plus trop. La seule chose dont je me rappelais avec certitude c'était d'avoir grandement apprécié cette oeuvre, la première à me faire pénétrer dans le large univers d'Eric-Emmanuel Schmitt. En évacuant de vieux livres que je ne lirais plus, je tombe sur les pages jaunies de cette édition de poche. Bêtement, je commence à parcourir quelques pages… Une heure après étant toujours occupé, une évidence s'est imposée : j'avais vraiment envie de le relire.
Tout en connaissant la vie d'Adolf Hitler, et sachant que l'auteur prenait beaucoup de libertés avec sa biographie de ses jeunes années, j'ai une fois encore été séduit par le talent de Monsieur Schmitt à rendre vrai ces deux personnages puisque nous avons deux Adolf pour le prix d'un, le raté et le miraculé. Et l'on se prend à rêver de ce qu'aurait pu être le XXe siècle si en lieu et place d'un petit frustré à la longue mèche tombante et à l'ersatz de moustache, on avait eu un artiste découvrant, notamment, sa sexualité, grâce au bon docteur Bloch et à Sigmund Freud. Ce dernier l'ayant psychanalysé, Adolf H. a su comment approcher sexuellement les femmes et vaincre le terrible souvenir de son père.
Les pages consacrées à la guerre de 14-18 sont d'une cruelle véracité dans leur inhumaine abomination. Cette tragédie pour Adolf H. est une délectation pour Adolf Hitler, le raté frustré qui y trouve sa vraie raison de vivre alors que la mort ne cesse de prélever, d'une gourmandise insatiable, tout ce qui vit autour de lui, tout en l'épargnant, lui ! Dès lors, il est plus que jamais persuadé qu'un grand destin l'attend.
Après la Grande Guerre, Adolf H. part s'établir à Paris avec un ami peintre, le meilleur des endroits pour des peintres qui espèrent être reconnus, alors qu'Adolf Hitler, le timide, l'idiot incapable d'aligner deux mots en société, va se découvrir des talents de tribun populaire.

Le lecteur (ou la lectrice, je ne veux pas d'ennuis avec les féministes) va découvrir en parallèle la vie de ces deux Adolf, dont l'une est celle de celui que l'histoire du XXe siècle a retenu. Eric-Emmanuel Schmitt a bien maîtrisé les connaissances historiques et s'en sert à merveille pour nous restituer le personnage monstrueux incapable « de reconnaître la part de l'autre ». le grand écrivain donne une vie alternative à un Adolf H., homme pacifique, et foncièrement bon.

A quoi reconnaît-on un fabuleux auteur, un de ceux qui a du génie ? A sa propension à nous immerger dans un univers en redonnant vie à des personnages qui suscitent en nous des sentiments très forts, en rendant ses protagonistes vivants et proches de nous, en nous montrant qu'un événement peut à tout jamais changer la vie d'un homme, pour le mieux… ou pour le pire !

Des milliers de livres sont publiés en français chaque année, et nous ne savons où donner de la tête, mais n'hésitez pas à aller dénicher ce pur chef-d'oeuvre qui se lit avec les tripes, même s'il a pratiquement deux décennies au compteur. Un chef-d'oeuvre n'a pas d'âge et est immortel.
Commenter  J’apprécie          4615
Je connaissais Eric-Emmanuel Schmitt uniquement de nom, mais je n'avais jamais été tentée de lire un de ses ouvrages.
C'est grâce à une critique parue sur Babelio que j'ai franchi le pas et je n'ai pas été déçue.
L'auteur mène en parallèle 2 histoires : celle de Hitler (basée sur des faits historiques) et celle de Adolphe H (histoire inventée à partir du postulat qu'Hitler a été reçu à l'ecole d'art qu'il convoitait).
Ce livre est bien mené et l'écriture est fluide. En effet, nous suivons le parcours de Hitler à partir de l'époque de son adolescence jusqu'à la fin de sa vie, ce qui permet de comprendre, (sans excuser les atrocités commises), pourquoi il est devenu le personnage que nous connaissons.
J'ai beaucoup apprécié la postface dans laquelle l'écrivain nous explique comment l'idée de cet ouvrage a germé dans sa tête et en quoi elle a eu une influence sur sa propre personne ainsi que sur son entourage et sa vie personnelle.
Commenter  J’apprécie          442
D'une part, je ne connaissais pas cette autre part de l'autre, et d'autre part, je me demande si quelque part elle aurait pu exister.

Cet autre qui aurait été artiste, un peu à part, n'en aurait pas moins gardé sa part sombre.
De part et d'autre on retrouve un homme , Hitler,qui sous la plume d'EES nous offre sa part la plus noire, ou bien une autre, bien blanche et qui aurait changé le cours de l'histoire, allez savoir. Un peu manichéen tout ça, non?

En chacun de nous coexistent deux parts, l'une et l'autre se chassant mutuellement pour trouver l'équilibre, Hitler ne l'a pas trouvé, il a tué.
Commenter  J’apprécie          4211
Il n’est pas douteux que l’avènement au pouvoir d’Adolf Hitler a été favorisé par le contexte politique et économique de l’Allemagne, la débâcle économique liée à la défaite de 1919, mais aussi par sa personnalité, trop « hors norme » pour être la conséquence d’un accident de parcours. Dès lors se demander si le fait que celui qui a redonné confiance aux Allemands n’aurait pas émergé si son cursus scolaire eut été différent, s’il n’avait pas été recalé à l’Ecole des Beaux-Arts, est certes amusant intellectuellement, mais semble peu plausible. L’Histoire est remplie de gens qui n’ont pas suivi leur vocation initiale et se sont rendus célèbres dans des domaines très éloignés de leur formation.

Toutefois le grand intérêt de ce roman est qu’Eric-Emmanuel Schmitt ne se concentre pas sur cette conjecture improbable, mais qu’il joue sur la multiplicité et la disparité des éléments d’une personnalité. Hitler était en même temps le psychopathe à l’origine de la Seconde Guerre mondiale et un artiste, raté ou pas. Un cas où le fameux « effet papillon » décrit par Edward Lorenz ne peut s’appliquer.
Commenter  J’apprécie          410
Depuis longtemps je souhaitais lire ce roman.
Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais, mais pas à ce parallélisme entre la vraie vie d'Hitler et ce qu'elle aurait pu être.
Au final, c'est très réussi.
La vie tient à peu de choses. Une décision prise dans un sens ou dans un autre et le monde peut effectivement s'en trouver changer.
En bien ou en mal...???!!!
Chaque décision amène à une ou des conséquences.
Si on avait fait ainsi, si on avait été là... Avec des SI, on refait le monde.
C'est vrai... Mais nous ne le saurons jamais...
Commenter  J’apprécie          400
Le tristement célèbre Adolf Hitler a été recalé aux Beaux Arts en 1908. Etant persuadé qu'il est un génie, le jeune homme persiste à croire qu'il a un avenir dans la peinture et à partir de ce jour ment à toutes les personnes qui l'entourent. Il n'a plus d'argent, vit dans la rue, arnaque qui il peut. Jusqu'à ce que la guerre éclate, à la fin de laquelle il a LA révélation antisémite qui a conduit au carnage sanguinaire et historique que nous connaissons bien. Mais que se serait-il passé si Adolf avait été accepté ? L'un après l'autre, nous suivons la vie de Hitler et celle d'Adolf H., nous suivons en parallèle le triste cours de l'Histoire et le cours surprenant de l'Hypothétique.

Eric-Emmanuel Schmitt collectionne les prix et ce n'est pas par hasard. Cet homme manie la plume avec une extrême habileté, fait des mots ses sujets, emploie toujours le rythme adéquat et pétrit avec amour le français comme une maman pétrit la pâte à gâteau de ses enfants chéris. Oui, je me suis sentie une lectrice comblée et surtout reconnaissante qu'un auteur français vivant écrive aussi bien ; rassurée qu'on nous propose autre chose de bien meilleure qualité que ces Levy, Musso, Pancol et autres auteurs à succès mais à la plume assez légère.
Schmitt nous embarque dans L Histoire, mais nous suggère la vie sans l'un des pires dictateurs paranoïaques que la Terre ait jamais porté. Non seulement c'est bien écrit, mais en plus les récits constamment mis en opposition sont parfaitement ficelés. Les pages s'avalent comme des petits cookies, on s'abreuve de connaissances. Pour ma part j'ignorais totalement certains aspects de la vie du Führer, comme par exemple son aversion pour les femmes, son amour de l'art (oui bon, là c'est un manque de culture, j'avoue), et surtout son antisémitisme déclaré "tardivement" par rapport à l'idée véhiculée dans nos écoles. Schmitt n'écrit pas à la légère, Schmitt fait des recherches. Tous les historiens ne semblent pas s'accorder sur ce fait mais on partage à la lecture cet avis que Hitler n'était justement pas antisémite avant la Première Guerre mondiale.
J'ai adoré l'insertion des personnages de Freud et surtout André Breton dans la vie de Adolf H. : je me suis sentie comme dans une bonne série, quand un épisode se termine sur un suspense ou une révélation croustillante ! J'ai regretté le personnage de Onze qui, malgré ce qu'aura été la vie de H., ralentit le récit quand celui de Hitler prend de l'ampleur.
On est surpris durant les 100 premières pages de voir Hitler défendre les Juifs. Il apparaît même plus sympathique que H.. Il est également fort intéressant et non conformiste de narrer la guerre du côté du pouvoir et pas du côté des victimes, un peu comme dans le film "La Chute", de Oliver Hirschbiegel. Sentir la froideur, l'indifférence catégorique et sans vergogne du maître des Aryens envers la souffrance et le désespoir transmet tout aussi bien mais d'un autre oeil l'horrible trace sanglante que cette guerre a laissée.
On n'attend qu'une chose, que Hitler meure, tout en se délectant des péroraisons que l'auteur lui attribue, de sa logique illogique et de sa haine déraisonnée.
La fin de la réalité alternée de Schmitt est quant à elle surprenante, mais tout à fait plausible à bien y réfléchir. Mais surtout, le mot de la fin revient à l'impression générale que laisse la lecture de ce bouquin : un rien peut changer une vie. Un rien peut changer des millions de vies.

Lien : http://livriotheque.free.fr/..
Commenter  J’apprécie          390
Et si une seule petite minute pouvait à jamais changer la face du Monde ? C'est ce que nous propose ici Schmitt dans cette uchronie... Une minute... Et une annonce... Recalé ou pas ! Hitler, dans une ultime chance, tente d'entrer à l'École des Beaux-Arts de Vienne... Il attend, impatient, de connaître son sort...

Une minute. Recalé. Fini ses rêves et espoirs d'être un artiste reconnu, renommé... On suivra dans ce récit, la longue descente aux Enfers d'Hitler, qu'il l'amènera devenir l'homme que l'on connaît... Un homme de la pire espèce, dirigeant d'un mouvement politique sans pitié qui aura décimé bien trop de gens.

Une minute. Reçu. Adolf peintre. Étudiant. Vivant son rêve. Qui deviendra tout autre que ce que L Histoire connaît. Une homme avec une vie remplie d'apprentissages positifs. Humain. Près de ses sentiments. Sans hargne contre le monde. Ouvert.

Un récit en alternance entre ses deux alter-ego, habillement mené. Je découvre la plume que Schmitt avec ce livre, et j'aime beaucoup. J'ai apprécié cette construction du roman... passant d'un Hitler à l'autre... J'ai beaucoup aimé les passages où Adolf l'artiste se trouve dans le cabinet du Dr. Freud... le guérissant de ses blessures d'enfance.. des moments touchants. Cette lecture m'aura captivé du début à la fin.
Commenter  J’apprécie          371
« Accepté !» L'histoire du monde dans ce qu'elle a de plus sombre aurait pu basculer sur ce simple mot sanctionnant l'entrée du jeune Adolph H à l'école des beaux-arts de Vienne , lui ouvrant ainsi le chemin d'une riche carrière d'artiste. « Recalé ! » c'est ce qu'entendra Adolph HITLER l'éloignant définitivement de ses ambitions artistiques. C'est le bourreau qui se révélera et taillera une plaie béante dans l'histoire de l'humanité.Eric-Emmanuel SCHMITT imagine la biographie de l'artiste Adolphe H en la confrontant chronologiquement à celle du dictateur. Dans cet exercice, déroutant, captivant, magistrale, il met en lumière la dualité de l'homme, son aptitude à la résilience et la fragilité de sa destinée. Une invitation à l'introspection.
Commenter  J’apprécie          352
Bonjour Monsieur Schmitt,

Je n'ai jamais eu la chance de vous rencontrer. Toutefois, à chaque fois que je vous vois à la télévision, je me dis qu'il faut absolument qu'un jour je lise un de vos romans. En effet, à travers la petite lucarne, vous dégagez une telle gentillesse et un telle passion pour ce que vous faites, que cela donne envie de vous suivre.

Ce jour, dont je parlais plus haut, est enfin arrivé. Après avoir lu les excellents livres "La disparition de Josef Mengele" et "Au revoir là-haut", je me suis dit qu'autant continuer dans le même thème avec "La part de l'autre". D'autant plus que la couverture du livre avait attiré mon regard de lecteur/acheteur compulsif.

Je dois dire qu'une expérience malheureuse dans la lecture du même type d'uchronie avait légèrement refroidi mes ardeurs, je citerai "Le Maître du Haut Château" de Philip K. Dick. Je me suis malgré tout lancé dans la lecture de votre roman car l'idée même de départ me séduisait.

Et .... j'avoue que j'ai été totalement séduit par votre manière de traiter le sujet. J'ai dévoré votre livre en moins de 3 jours tant j'avais envie d'en apprendre plus sur la vrai vie de Hitler ainsi que sur la manière dont vous voyiez celle de Adolf H..

Un grand moment de lecture en ce qui me concerne. Maintenant, je suis façe à un terrible dilemme. Dois-je me lancer dans la lecture d'un autre de vos romans, au risque d'être déçu?

J'en appelle à la gentillesse ainsi qu'à la connaissance littéraire de mes amis Babeliottes afin de me conseiller un autre de vos livres. Un tout grand merci à tous par avance.
Commenter  J’apprécie          3319
Eric-Emmanuel Schmidt a une qualité qui le distingue de tous les auteurs que je connais : l'originalité de ses histoires
La Part de l'autre est un double reportage, caméra à l'épaule, sur la vie de Hitler, le vrai, celui dont le nom est tristement célèbre, et celle d' Adolf H. celui qu' Eric Emmanuel Schmidt pense qu'il aurait pu devenir s'il avait été reçu à l'académie des beaux-arts de Vienne.
Le mélange des genres est harmonieux et le roman se lit comme d'habitude avec EES sans difficulté.
L'analyse est bien vue et éclairante. On peut la renier mais on ne peut dire qu'elle n'est pas cohérente. La postface, sorte de journal de l'écriture, des motivations et des théories qui sous-tendent le livre est très intéressante.
Donc un excellent moment de lecture, avec du fond et du divertissement, dont je pense être sorti moins bête qu'en y entrant.
Commenter  J’apprécie          335




Lecteurs (12440) Voir plus



Quiz Voir plus

la vie rêvée d'Hitler...

Par quoi commence le récit et la vie d'Adolf H.?

par sa réussite au concours d’entrée à l’Ecole des Beaux-Arts de Vienne.
par son mariage avec Sarah
par son coming out

9 questions
453 lecteurs ont répondu
Thème : La Part de l'autre de Eric-Emmanuel SchmittCréer un quiz sur ce livre

{* *}