Romans d'inspiration autobiographique, les récits d'enfance malheureuse se cachent toujours derrière la fiction. Parfaits pour déprimer vos enfants.
Dans l'esprit de "Les quatre filles du docteur March",
Sophie de Ségur met en scène avec son humour russe acerbe, ce que les psy appellent les "familles narcissiques". Les divers drames familiaux, décès, abandons, maltraitances, exils, ne sont jamais assumés, toujours camouflés derrière une incessante comédie hypocrite et infantilisante, où chacun joue un rôle pour donner une image de perfection. Les enfants ne cherchent pas à devenir ouverts d'esprit et autonomes, car leur énergie est entièrement consacrée à satisfaire le regard des adultes, qui répondent par la carotte et le bâton flatterie-humiliation. Ils alternent entre les trois rôles classiques: modèle, clown ou souffre-douleur, et c'est le plus souvent la petite Sophie qui endosse le troisième.
Dans "
Les malheurs de Sophie", elle sert de faire-valoir à son cousin Paul, qui a reçu une meilleure éducation. Sa mère la blâme constamment d'être mal élevée, alors qu'elle en est elle-même responsable, préférant vaquer à ses occupations et laisser sa fille faire des bêtises dans le jardin.
Dans "
Les petites filles modèles", c'est pire. Sophie, devenue orpheline, est le faire-valoir de Camille et Madeleine, deux filles dites "parfaites", du moins en apparence. Elle sert de punching-ball à sa marâtre, avant d'être placée en famille d'adoption.
Dans "
Les Vacances", Sophie prend des vacances au sens propre comme au sens figuré. le rôle du bouc-émissaire va être délégué aux cousins de Camille et Madeleine, d'abord Jacques, le petit dernier rossé par son aîné Léon, qui devient le nouveau mouton noir car il est moqué pour sa lâcheté. La dernière tête de turc est une fille de nouveaux riches, méprisée par les autres, car la plus mal élevée de tous. Un happy-end inattendu va rendre à Sophie le goût de la vie.