Les croyances des gens du terroir de Sologne. Ce livre est chargé de mystère, l'atmosphère est prenante ; on croit ou pas à des pouvoirs qui nous dépassent. Mais on ne reste pas insensible à tout cela. Eternel questionnement des pouvoirs de certaines personnes qui nous paraissent venir d'ailleurs ; qui effraient ou au contraire qui nous interrogent !
Commenter  J’apprécie         60
Marie la Louve a existé : l’auteur l’a rencontrée au village d’Ennordres où elle vivait ; c’était alors une vieille femme, mais qui n’avait rien oublié des tourments de sa jeunesse – placée sous le signe d’une « bénédiction » qui avait mystérieusement tourné à mal. Marie avait découvert un jour qu’elle avait le« don » pour guérir les morsures de loup. Mais l’amour et ses jalousies s’étaient mêlés de l’affaire ; et le don du ciel – ou de l’enfer, allez savoir – s’était retourné contre la pauvrette, qui avait dû mener contre les hommes et les ombres qui leur font escorte un combat trop grand pour elle…
Publié en 1947, également à l’enseigne des Quatre-Vents, ce bref roman, sans doute l’œuvre la plus célèbre de Seignolle avec La Malvenue, sera reprise plus tard (1963) dans une version sensiblement plus brève, puis en 1987 légèrement corrigée encore, selon le vœu ultime de l’auteur.
Maintenant le crépuscule est fait à point. Le curé, en apparat, comme à messe, s’avance dignement pour bénir la montagne de fagots qui, sur la place à l’angle des routes de Nançay et de Souesmes, se dresse aussi haute qu’une maison cossue. D’un geste important, il disperse les gouttes sacrées de son goupillon. Il christianise l’éphémère monument que ces paysans, héritiers inconscients d’un culte païen depuis longtemps oublié mais toujours là, sournois, ont édifié sans penser porter tort à la bonne religion de Dieu. Quelques femmes murmurent des prières. Presque tout le monde se signe.
Chapitre 2
— On le paie, le diable ! Il fait commerce comme d’autres qui vendent bénédiction… (...) Marie se mord les lèvres. Elle s’enfuit, folle (...) Folle de ce mal que la sorcière vient de réussir à mettre dans sa tête. De ce mal dont elle sent tout d’un coup la force sournoise.
Chapitre 4
Autoritaire de stature et de caractère, le régisseur du Château Rerin ne se laisse pas facilement fléchir. C’est sa force, celle qui lui a permis de faire du gain dans son moulin du côté d’Orléans. Son manque de cœur lui vaut la réputation de grippe-sou et d’insensible. On le dit intéressé et cupide au point qu’il ne laisserait pas passer l’occasion de ramasser un pauvre liard, même sous les sabots d’un cheval au galop. On raconte aussi beaucoup d’autres méchancetés sur son compte. Dans le pays, lui et sa femme sont appelés « les étrangers ». Ce qui est le pire des mépris.
Chapitre 1
Ce soir, Marie pose des questions. Elle demande tant que c’est presque un ordre. (...)
— Je veux savoir… Je veux savoir pourquoi on dit que j’ai un don…
Le père et la mère se regardent et font un effort de mémoire. Il leur faut creuser dans le passé, et un passé de travail acharné c’est lourd à retourner. Lui a oublié les détails de cette histoire. Il ne voit plus qu’en gros, vaguement. « C’est la grand-mère qui aurait su te dire, s’excuse-t-il… elle l’a raconté bien souvent aux veillées du bourg. » Enfin, la mère, qui a la mémoire moins paresseuse, finit par retrouver des morceaux d’images qui ne sont pas encore complètement floues. (...)
Tous s’assoient dehors. Les uns sur les bancs amenés là, les autres à même la terre, pour une fois sans exigence. La nuit et le silence aident la mère avec leur mystère à l’état brut. L’une permet le décor que chacun veut. L’autre reprend la conteuse lorsqu’elle se tait et sait, bien mieux qu’elle, faire mitonner l’inquiétude.
Ainsi, Marie apprend.
Chapitre 1
Enregistrement du Live Facebook avec des auteurs de l'anthologie Nuits de Bretagne et l'une de ses illustratrices. Autour des textes de Quentin Foureau et de Louise Sbretana, nous parlons plus en détail de la région Bretonne, ses paysages, son passé, et ses légendes, en particulier l'Ankou et la fée Margot.
Références :
Anthologie Nuits de Bretagne aux éditions Luciférines
http://editionsluciferines.com/catalogue/nuits-de-bretagne/
Bibliographie :
Ouvrages généraux sur les contes et légendes :
LUZEL François-Marie, Contes populaires de la Bretagne, Terre de Brume, 1996.
MARKAEL Jean, Contes populaires de toutes les Bretagne, Ouest-France, 1978.
SEBILLOT Paul, Contes de Haute-Bretagne, Ouest-France, 2015.
CAMUS Dominic, Anthologie Contes magiques des pays de Bretagne, Coop Beizh, 8 tomes thématiques, de 2011 à 2017.
SEIGNOLLE Claude, Anthologie Contes, récits et légendes des pays de France, Omnibus, 4 tomes par régions, 2014.
Ouvrages sur les fées et le petit peuple :
CAMUS Dominic, Contes du petit peuple, lutins et farfadets, Ouest-France, 2015.
DUBOIS Pierre, L'Elféméride – le Grand légendaire des saisons, Hoëbeke, 2018.
Sites web :
Intégralité des numéros de la Revue des traditions populaires (1886-1919) : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344172122/date
+ Lire la suite