Tokyo, Tome 1

Inutile de présenter Joann Sfar. A la fois scénariste et dessinateur, on lui doit de grandes sagas comme Donjon, le chat du rabbin ou encore Petit vampire, sans parler de son passage au ciné avec Gainsbourg, vie héroïque et l'adaptation du Chat du rabbin en dessin animé. Son nouveau projet, Tokyo, se veut « décomplexé » et nous plonge en plein délire sexuel et sanglant…

Sexe, gore et rock'n'roll

Lorsque l'on feuillette Tokyo pour la première fois, on est forcément intrigués. Au premier coup d'oeil, on découvre des planches avec du gore, des filles sexy, des photos, bref, un joyeux bordel que nous offre un grand nom de la BD. Tokyo, c'est le nom d'une fille aux cheveux rouges qui vit sur un atoll irradié du Pacifique. Notre héroïne passe son temps à flirter avec un lion rock star et un tigre qui joue du ukulélé et à faire des choses pas très catholiques avec une B.G.M., une banane génétiquement modifiée, dont « tout [le] corps est dédié au plaisir ».

Sur cet atoll, il y a aussi Joanna, dessinatrice de BD (une sorte de double de Sfar), ainsi que Mitchell, qui finira écorché vif dans un show télévisé porno, avant d'essayer de sauver une jolie fille d'anthropophages affamés. Dans ce mélange de sexe et de sang, on a la surprise de trouver des photos de filles en petite tenue mêlés aux dessins, comme dans un roman photo, et même le portrait de Pascal Tourain, l'homme tatoué. Ouf, tout ceci promet un résultat hautement déjanté... mais au final, pas vraiment jouissif.

Joann Sfar, avez-vous pensé à votre lecteur ?

La première double page de la BD donne à Sfar l'occasion d'expliquer ce qu'il a voulu faire avec Tokyo : « J'avais inventé ce nouvel univers pour puiser dans la violence régressive et décomplexée des comix amerloques et des peurs japonaises. » Bien, malheureusement, on a l'impression que notre auteur a choisi de se faire plaisir, au détriment de son lecteur qui peine à rentrer dans l'histoire. Il n'y a en vérité aucun scénario dans Tokyo et les planches narrent les aventures des personnages en passant abruptement d'un épisode à l'autre, sans aucun lien logique. On a l'impression de se trouver dans un grand trip, mais qui ne va nulle part. La lecture devient très vite pénible et le texte est parfois si petit et serré qu'il en devient carrément illisible.

L'idée d'insérer des photos était amusante mais là aussi, le résultat est décevant et donne un aspect assez cheap… Bref, on est loin du plaisir jouissif que l'on a à suivre certains comics ! Lorsque l'on parvient péniblement à la fin de ce grand défouloir, c'est le coup de grâce : l'action se termine brutalement sur un « à suivre »…

La déception est complète et on se sent définitivement exclu de ce grand délire d'auteur…

Oui ça part dans tous les sens, oui, c'est délirant à souhait, oui c'est gore... Mais bon, j'aime, voilà! Sus aux mauvaises critiques...
J'y vois en plus un émouvant hommage à Moébius!

Chaque nouvelle BD de Joann Sfar est comme une éjaculation. A éviter, donc. Ou pas, selon les goûts.
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