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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Choisi à la Librairie Caractères [Issy-les-M.], 22 janvier 2022

Un pur moment de bonheur qui nous rappelle à l'humilité face à cette Nature grandiose, et toutes les espèces vivantes… qui seront encore là, alors que nous, « Espèce humaine » aurons peut-être déserté la planète ! Magie, réalisme, poésie, empathie, fantaisie… un cocktail d'émotions des plus réussis !

Après avoir lu avec grand enthousiasme « Trois filles d'Eve » de cette auteure, j'ai aperçu avec plaisir son dernier ouvrage traduit, présenté sur les tables de ma librairie de quartier. Je me suis empressée de le choisir !
Très beau texte en hommage à tous les exilés du monde ainsi qu'à nos amis silencieux, les arbres, comme la dédicace mise en exergue, le formule très joliment :

« Aux émigrants et aux exilés de tous les pays,
Les déracinés, les ré-enracinés, les sans-racines.

Et aux arbres que nous avons laissés derrière nous,
Enracinés dans nos mémoires… »

L'histoire se déroule entre le récit d'une adolescente, Ada, qui réfugiée en Angleterre avec son père, homme bienveillant bien que personnalité très lunaire ; personne plus à l'aise avec « ses arbres » et ses plantes, qu'avec les humains ; ayant perdu sa femme, il élève seule sa fille comme il peut… On découvre au fur et à mesure l'histoire , le passé de ce très jeune couple amoureux, à Chypre, dont les familles n'acceptent pas l'union… Ils fuient en Angleterre… Toutefois il n'y a pas que les souffrances et les douleurs des humains mais aussi celles des arbres transplantés, comme ce figuier emporté, arraché à sa terre chypriote… accompagnant l'histoire d'amour de ce couple et leur départ forcé !

La parole est abondamment offerte à ce Figuier, qui devient « nôtre » au fil du récit, ce dernier , devenant un personnage à part entière !

Une magnifique lecture que j'ai fait durer… pour ne pas le quitter trop tôt ! Je ne ferai pas plus de commentaires pour garder tout le mystère et la magie incroyable de ce texte…aussi coloré et attractif que la fort jolie couverture !
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Un roman bien sympa, qui m'a emballée au démarrage… mais qui n'a pas tenu toutes ses promesses.
Une bonne idée, l'histoire d'amour à la Roméo et Juliette, entre un Grec, Kostas, et une Turque, Defne, en 1974, alors que les violences entre les deux communautés sont portés à leur comble par le coup d'État fomenté par la dictature des Colonels et par l'intervention militaire menée en réaction par la Turquie. On n'en entend pas parler tous les jours de cette ligne verte chypriote qui résulte de ces conflits et qui reste tristement d'actualité.
Autre question intéressante posée par le roman : que faire de son passé quand on est immigré? le roman est dédié
« Aux émigrants et aux exilés de tous les pays, les déracinés, les ré-enracinés, les sans-racines.
Et aux arbres que nous avons laissés derrière nous, enracinés dans nos mémoires. »
La narration nous balance entre Nicosie, 1974, et Londres, fin des années 2010. Defne a cru protéger sa fille Ada, née en Angleterre, de « cette foutue douleur » en lui en disant le moins possible de leur passé. Mais pas sûr du tout que ce soit une bonne idée.
Et le roman a aussi une dimension écologique, confiant parfois la narration à un figuier, qui malgré tout l'amour qu'il porte à Kostas, n'est évidemment guère adepte d'un spécisme qui autoriserait des humains à flinguer à tout-va d'autres espèces terriennes. Et puis, il faut avouer, ils ne sont pas toujours facile à suivre, les descendants d'Adam: « Les humains sont bizarres, bourrés de contradictions. On dirait qu'ils ont besoin de haïr et d'exclure autant qu'ils ont besoin d'aimer et d'étreindre. Leur coeur se ferme étroitement, puis s'ouvre béant, pour vite se resserrer, comme un poing indécis. »
Peut-être qu'Elif Shafak avait trop de choses intéressantes à dire, lui tenant trop à coeur, et que cela s'est fait un peu, par moments, au détriment de la dimension littéraire. J'ai trouvé qu'il y avait parfois un côté fiches mal intégrées au romanesque.
Malgré ces passages moins intéressants, ça reste un bon roman.
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Une histoire du drame des Chypriotes, dans leur pays divisé et en Angleterre où ils sont transplantés.

Kostas a fui la guerre. Devenu botaniste émérite, c'est un amoureux des arbres auxquels il peut même parler. Il a apporté un figuier qu'il a planté dans sa cour et cet arbre est le narrateur de plusieurs chapitres. Il raconte son histoire et celle de Chypre depuis la Seconde Guerre mondiale, avec les tensions entre les communautés qui sont devenues une guerre dans les années 70.

Ada, la fille de Kostas ne sait rien de ses origines et sa mère, décédée depuis un an, ne lui a jamais parlé non plus de sa famille et du drame de leur mariage entre un Chypriote grec et une Chypriote turque. Pendant qu'Ada traverse une crise, une soeur de sa mère vient les visiter et lui révéler des bribes du passé.

Un très bon roman, même si l'idée de faire parler un arbre apparait un peu saugrenue au départ.
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C'est un roman qui a pour originalité d'avoir un narrateur végétal : le Ficus Carica qui est l'emblème du bassin méditerranéen ! Cet arbre qui peut vivre 300 ans est ici une femelle et, en spectatrice d'un couple mixte à Chypre : elle va évoquer avec beaucoup de détails leurs amours et le fruit de celles-ci : Ada Kazantzakis.
Une histoire sentimentale qui se déroule en 2 temps : 1974 et 2010 et en 2 lieux : Nicosie et Londres.
Koskas est grec chrétien orthodoxe et Defne est turque musulmane ; Chrypre est divisée à partir de 1974 en 2 parties, 2 peuples avec des religions différentes séparées par la " ligne verte" et, comme l'ont fait tous les amants de la littérature : ils vont s'aimer en cachette de leurs familles respectives ! Ils se voient discrètement chez Yiorgos et Yusuf qui ont un petit restaurant appelé " le figuier heureux " ou, précisément rayonne le fameux Ficus ! Quand les turcs ont éradiqué la communauté grecque Koskas, poussé par sa mère s'est exilé rapidement en Angleterre chez son oncle. Ensuite, Il a fait des études en écologie car il a toujours été fasciné par les plantes, la flore mais aussi la faune qui pollinise, met en danger sa survie ! Une occasion pour Elif Shafak de valoriser tout au long de son roman son engagement pour la nature, pour l'écologie mais aussi pour parler avec nostalgie de son pays, des paysages radieux, des coutumes greco-turques , ( y compris culinaires ), des superstitions et des rituels ancestraux.
Ada est née à Londres, elle vit en 2010 comme toutes les jeunes filles modernes, elle perdu sa maman depuis peu, et c'est son père qui l'élève mais un figuier fait encore partie de la famille car Koskas a pensé à faire une bouture de l'ancien ! Ada ne connait pas le passé de ses parents car ils ont voulu la protéger de sa double identité grecque et turque, lui éviter la haine, la ségrégation et les horreurs de cette guerre intestine de 1974 qui a divisé, meurtri les 2 communautés de l'Île. Par l'intermédiaire sympathique de ce figuier, Elif Shafak raconte les problèmes de l'exil, la situation des femmes dans la religion musulmane, les ravages infligés par les hommes sur la nature, la guerre et l'éradication de certains peuples pour le profit, la soif de puissance !
Un beau roman, agréable à lire, sensuel avec de l'amour, des haines, des séparations douloureuses, des êtres chers disparus comme " les arbres ", des charniers de ceux qui sont tombés par la bêtise des hommes ! Un hymne à la vie, à la solidarité des peuples quelles que soient leurs origines, à la nature qui se meurt dans l'indifférence et le profit de certains !
L.C thématique d'Avril 2022 : la nature dans tous ses états.
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C'est bizarre, le hasard ! Mais s'il était conventionnel, il n'y aurait pas de rencontres imprévues. Deux Turcs arrivent successivement par la bibliothèque tournante, de quoi en être chaviré. Après Nadim Gürsel, voici Elif Shafak, après l'Iran, l'île de Chypre. Je n'aurais sans doute jamais été attiré par ces deux livres s'ils n'avaient pas eu l'idée géniale tout autant que saugrenue d'atterrir dans la boîte aux lettres.

La Turquie fait l'actualité, elle tremble dans ses fondements, mais que dire de Chypre, confrontée entre deux civilisations, deux cultures, deux religions ! Et ce n'est pas la zone centrale, neutre, - ligne verte ! - qui lui permettra de retrouver ses racines.
Elif Shafak a choisi l'arbre, et particulièrement le figuier, pour nous conter l'âme de cette étrange île, sortie de l'eau aux confins de deux continents.
Ficus carica, la plante la plus ancienne de Chypre, une évidence pour expliquer la disparition des arbres.
Je n'avais pas été subjugué par « L'Arbre Monde » de Richard Powers, j'ai abandonné récemment « Lorsque le dernier arbre » de Michael Christie. Et pourtant, c'est un sujet qui me branche, comment comprendre ce manque d'intérêt pour deux romans qui ont fait sensation dans ce domaine ?
J'ai beaucoup apprécié les livres qui parlent des arbres d'un point de vue naturaliste. « Plaidoyer pour l'arbre » de Francis Hallé, « Les arbres, entre visible et invisible », de Ernst Zürcher, « La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben, autant de titres qui m'ont conforté dans l'idée que nos frères en bois ont beaucoup à nous apprendre.

Il a fallu que je lise « L'île aux arbres disparus » pour que je comprenne l'évidence.
Un mot caractérise la bienveillance que procure ce roman qui relate pourtant des moments sombres dans l'histoire de ce petit pays. Ce mot c'est « émotion ». Ce livre en dégouline, ça sort de l'écorce comme la sève au printemps. Sensibilité, exaltation, poésie, voilà ce qui manque à mes sens aux deux autres livres précités pour procurer le plaisir de la lecture.
Rares sont les écrivains qui savent mettre en relation la science avec l'humain, la nature avec l'écriture. Pour moi, Elif Shafak a parfaitement rendu cette dualité qui consiste à exprimer des sentiments en expliquant le bonheur d'être en vie. Elle a donc rempli sa mission de donner envie, de permettre d'aller au bout d'une histoire complexe en mélangeant nature et culture, histoire et science, région et religion. Peut-être faut-il être femme pour procurer autant d'émotion.

« Un jour, cette douleur te sera utile », ces mots d'Ovide relatés par un mulot dévoreur de livres – allusion au « Firmin » de Sam Savage lu récemment ? - et cités à la fin de l'histoire, expriment tout ce qui fait la force de ce roman.
Etre passé par le malheur pour comprendre et apprécier le bonheur.

Après émotion, deux autres mots méritent d'être mis en exergue : migration et transmission.
Mettre en relation la migration des humains confrontés à la guerre et à l'exil avec celle des oiseaux et des papillons qui font escale à Chypre est tout simplement bouleversante. le caviar chypriote, vous connaissez ? Non, alors lisez ce livre, je ne vous dévoilerai rien au risque de me brûler les ailes.
Le thème de la transmission apparaît également tout au long du récit. Parasites, traumatismes, mémoire, là encore, toute vérité est-elle bonne à dire ? Peut-on être déraciné ?

« Nous les arbres, nous ne pouvons qu'observer, attendre et témoigner ».
Puisse l'étude de la dendrologie nous permette d'être tendre au logis.
Les arbres gardent la mémoire du temps. Il est grand temps d'en prendre de la graine. Nous sommes interdépendants avec toutes les autres espèces qui nous entourent.
Enterrer le figuier pour l'aider à passer l'hiver, voilà un rite ancestral qui donne une signification primordiale à notre rapport à la terre.
Transplanter une bouture pour transmettre la vie dans un autre pays, voilà qui est transcendant.

Ada est née à Londres au même moment que le jeune figuier adoptait sa nouvelle terre. D'un père grec et d'une mère turque vivant à Chypre.
Plusieurs époques, plusieurs lieux, un même combat, celui de la liberté.
Un jour, Munch est entré dans la classe d'Ada. Elle pousse un cri, colère et désespoir mélangés, à la recherche de son identité .

Je ne vous en dis pas plus, mais c'est une histoire envoûtante racontée par une autrice qui a su trouver un curieux mélange de nature et de merveilleux, de chagrin et de bonheur pour nous relater le monde des déracinés.

Le figuier a pris la parole, celle d'un aïeul capable de transmettre ses émotions.
Cinq minutes pour l'abattre, cinquante ans pour le refaire, ne l'oublions pas.
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Quiconque a un jour visité Nicosie, la capitale chypriote, a eu cette curiosité de découvrir ce mur qui sépare le côté grec du turc, après s'être documenté sur la guerre civile qui a ensanglanté l'île en 1974 et a abouti à sa division. Des événements que Elif Shafak fait vivre dans L'île aux arbres disparus avec son talent de conteuse hors pair et qui constituent le socle d'un roman à plusieurs couches temporelles, l'autre principale étant située à la fin des années 2010, à Londres. Chacune des parties narratives se révèlent tour à tour, encadrées par les confidences d'un témoin inattendu : un figuier qui a longtemps trôné dans une auberge de Nicosie, aux temps heureux d'avant-guerre, avant qu'une bouture soit transplantée en terre anglaise. Faire parler cet arbre, malgré les quelques réticences que l'on peut avoir au début, se révèle une sacrée bonne idée en définitive, permettant d'assurer un vrai recul et une sagesse naturelle qui dépasse celle des humains qui ont eu vite fait de transformer un paradis en terrain d'affrontement et de haine. Tous les passages dévolus au monologue du figuier font figure de pause, ralentissant à dessein le rythme du livre, avec une touche de réalisme magique, sans pour autant en diminuer l'intérêt. Au coeur du roman se love aussi une histoire passionnelle, très belle car contrariée par la folie des hommes, qui est livrée avec parcimonie par une Elif Shafak très douée pour nous tenir en haleine et tenir cachés, presque jusqu'au bout, des éléments essentiels de la dramaturgie amoureuse. Quant à l'intrigue contemporaine, évidemment liée au passé, elle a à voir avec la transmission et à la difficile compréhension entre les générations. Au fond, que cela soit pour les femmes, les hommes ou les arbres, tout est toujours question de racines.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Deux voix parlent en alternance au fil de cet intéressant roman:
Celle de l'auteure, Elif Shafak, qui évoque à travers le passé mouvementé de l'île de Chypre, l'histoire émouvante de deux jeunes chypriotes dont l'amour de jeunesse fut contrarié par les graves dissensions qui opposèrent au XXème siècle les communautés grecque et turque qui vivaient sur l'île. Une histoire d'amour, de séparation forcée, de retrouvailles difficiles et enfin d'exil en Angleterre.
Celle d'un arbre qui, en parallèle de ces évènements, raconte sa propre histoire. C'est un vieux figuier né à Chypre en 1898, qui connut sur son île natale des heures de gloire et de bonheur au centre d'un restaurant convivial. de belles années qui furent suivies d'une longue période d'abandon quand survint dans les années 70 la montée des hostilités, et qui, plus tard vécut les incertitudes de l'exil lorsqu'à l'initiative du protagoniste grec de ce roman devenu un éminent botaniste, une de ses bouture encore vivace fut transportée dans une valise jusqu'à Londres.
C'est le propos de cet arbre attachant qui va pimenter la narration de cette fiction par ses observations et ses remarques empreintes de sagesse et d'empathie. Qui peut en effet, mieux que ce vieil arbre plus que centenaire, parler de racines, de mémoire et de la résilience de ceux qui parviennent à renaître ailleurs ? Ainsi son récit, à la fois mélancolique et porteur d'espoir, donne à ce roman son originalité et son indéniable charme.
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J'ai lu ce livre à l'occasion de vacances sur l'ile de Chypre. J'ai été comblée par l'histoire très finement menée. L'histoire d'amour contrariée entre Kostas - Chypriote grec - et Defne- Chypriote turque- est le réceptacle de l'histoire de Chypre. Cette île a un riche histoire mais conserve aujourd'hui plus encore que par le passé des meurtrissures dues à des aléas de l'histoire. Elif Shafak s'attache essentiellement à l'histoire du 20è siècle et l'empreinte des Britanniques, toujours présents sur l'ile sous forme de deux bases militaires.
La partition de l'ile suite à l'invasion des Turcs en 1974, reconnus par aucune instances internationale, laisse des plaies béantes au sein de la population à l'image du mur de Berlin. L'évacuation de la partie occupée par les Turcs est une des conditions d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Si vous vous rendez à Chypre ou pas, ce livre reste très indiqué aux lecteurs qui s'intéressent à l'histoire contemporaine.
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Le cri poussé par une adolescente dans une classe de son lycée est un exutoire contre un traumatisme transmis par le silence qui a pris soin précisément de le cacher, mais dont Ada garde involontairement la mémoire (p 337). Conformément au processus de l' « annélation » (p 347), les racines enserrent la base de l'arbre et l'empêchent de respirer. Sur le même principe, La jeune fille étouffe dans son milieu.
Elle hurle « contre tout le monde – contre tout » (p 184).
Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2022/04/15/elif-shafak-lile-aux-arbres-disparus/
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J'aime bien l'auteure Elif Shafak dont j'ai apprécié L'Architecte du sultan, Crime d'honneur, Bonbon Palace. J'avais bien envie de faire un tour à Chypre visitée il y a maintenant bien longtemps, dernier prétexte pour lire ce livre : j'ai trouvé par l'intermédiaire de Jostein et de Pativore le Challenge turc. 





Le narrateur principal n'est pas un être humain mais un figuier, témoin d'une histoire longue puisqu'il a été planté au temps d'Abdülhamid II en 1878, au temps où ce dernier a cédé par un accord secret l'administration de l'île à la reine Victoria en échange de sa protection contre une agression de la Russie.


Comme le figuier a vu Chypre passe sous administration britannique, il voit plus tard la décolonisation et le départ des Anglais en 1960 puis les troubles intercommunautaires et enfin le débarquement des troupes turques en 1974 et la partition de l'île en deux zones. L'île aux arbres disparus est un roman historique non pas écrit par les vainqueurs mais par un arbre....

Le figuier, témoin muet, raconte aussi une histoire d'amour, cachée celle de Defné (au nom de laurier) jeune fille turque, et de Kostas son amoureux grec. Une autre histoire est encore plus secrète celle  de Yiorgos et Yusuf les propriétaires de la  taverne construite autour du Figuier Heureux, turc et grec gays.

Aux émigrants et aux exilés de tous les pays, les déracinés, les ré-enracinés, les sans-racines. Et aux arbres que nous avons laissés derrière nous, enracinés dans nos mémoires...

C'est aussi une histoire d'exil, de déracinement, Kostas, le père d'Ada, naturaliste de métier a prélevé une bouture du Figuier de la taverne pour le replanter à Londres où ils ont émigré. Pour qu'il supporte la froidure de l'hiver londonien, le figuier doit passer l'hiver enterré, pratique que j'ignorais :

Enterrer les figuiers dans des tranchées souterraines pendant les hivers les plus durs et les déterrer au printemps, c'est une tradition étrange mais très répandue.

Le figuier écoute aussi les histoires des oiseaux, des insectes dans son entourage immédiat. Mycorhizes, champignons, bactéries et signaux chimiques, les végétaux communiquent entre eux. le figuier peut même affirmer que l'aubépine l'a prévenu que Ada n'était pas bien.

Kostas est naturaliste, c'est même un spécialiste internationalement reconnu, écologue, environnementaliste, qui se spécialise justement dans l'écosystème des figuiers. Ceci est un autre aspect tout à fait contemporain qui donne un intérêt scientifique au roman.

Vous en apprendrez beaucoup sur les extinctions des chauve-souris, les migrations des papillons, des moeurs des fourmis et des abeilles....







Vous apprendrez également les recettes de cuisines chypriotes, les nuances entre les recettes grecques et turques par la tant d'Ada, Meriem qui va apporter à Londres, traditions rurales, superstitions, et proverbes...




C'est donc une lecture très riche, parfois un peu trop didactique en ce qui concerne les écosystèmes, mais très intéressante. L'auteure fournit même une liste bibliographique pour les lecteurs qui voudraient approfondir...
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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