AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070146208
400 pages
Gallimard (05/10/2017)
3.93/5   37 notes
Résumé :
Le jeune Ze'ev Tavori quitte sa Galilée natale pour s'installer au sud du mont Carmel dans un des nouveaux villages de la Palestine mandataire. Si sa pépinière prospère, son mariage avec la jeune femme que son père envoie le rejoindre, lui, tourne mal. Depuis, personne n'a jamais osé parler de ce qui a pu se passer en cet hiver 1930 : les Tavori ont supporté le joug de Ze'ev, marqué par l'amertume, la colère et la vengeance.
Seule Ruta Tavori, sa petite-fille... >Voir plus
Que lire après Un fusil, une vache, un arbre et une femmeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Est-ce qu'il faut commencer par vous parler de Ruta ? Ca pourrait être un bon début.

Ruta Tavori enseigne la Bible dans un des trois villages qu'a fait fonder le baron Rothschild avant la création de l'Etat d'Israël. Varda Canetti, une jeune universitaire qui travaille sur « la théorie du genre dans les villages du baron » va venir l'interviewer afin qu'elle lui raconte, à cette lumière, l'histoire de sa famille. Ou plutôt, c'est son intention. Mais bien entendu, rien ne va se passer exactement comme cela. Demandez à quelqu'un qui enseigne la Bible, n'a pas d'amie et adore raconter des histoires de vous parler d'un sujet précis et vous pouvez être sûrs que cela va déraper. « Là, vous allez entendre ce que j'ai envie de vous raconter et plus tard, peut-être, je vous raconterai ce que vous avez envie d'entendre. » Nous voilà prévenus.

Déjà, ce n'est pas par cette scène que commence le roman. Non, nous assistons au début au bref tête à tête d'un amoureux ventripotent avec sa dulcinée avant que son téléphone ne l'exhorte à sortir, nous avec, et à subir un interrogatoire salé d'où il ressort qu'il doit se rendre demain aux aurores dans le wadi, sous le grand caroubier récupérer quelque chose de compromettant. Une histoire louche me direz-vous. A raison. Il ne va pas s'en remettre, le ventripotent.

Mais voilà, quelques paragraphes après, que c'est Eitan qui se prépare à présent à partir pour une mystérieuse randonnée nocturne. C'est Ruta qui raconte. Ce qui nous vaut au fil des préparatifs, le récit heureux d'autres randonnées qu'elle a entreprises avec Eitan, son premier mari, il y a plus de douze ans. Avant que Neta, leur fils ne meure tragiquement. Avant qu'Eitan se mure en cet étranger muet et massif. Cet Eitan qu'elle appelle son deuxième mari. Qui ne la touche plus. Ne lui parle plus. Ne vit que pour expier par l'effort, la peine et le silence une mort impossible.

Je me suis emballée ? Vous ne suivez plus ? Où sont passées Varda et ses questions d'historienne ?

Les chapitres se suivent, on ne sait pas toujours qui parle. Parfois, ce sont des brouillons d'histoires que Ruta a écrites pour Neta, son fils. Avant ou après sa mort. Parfois, ce sont les échanges entre Varda et elle. Mais ne vous y fiez pas, ils débordent toujours et les méandres des péripéties reviennent nous happer sans qu'on ait même su comment.

Très vite, on comprend qu'à cette strate là de l'histoire, il faut ajouter celle du Grandpa Ze'ev. Il est un des fondateurs du village. C'est pour glaner des anecdotes sur lui que Varda interroge Ruta. Arrivé sans rien, il a vu venir un jour son frère sur une calèche qui contenait un fusil, une vache, un arbre et une femme. Dans cet ordre-là. Il y tient. Soit tout ce dont on peut avoir besoin pour fonder un foyer. La vache pas trop, quoi que, en tout cas par directement, mais le fusil, l'arbre (un murier) et la femme (Ruth) auront chacun une part importante dans cette histoire.

Mais quelle histoire ? Celle que je vous raconte, qui s'emmêle, concerne la mort du petit Neta, à six ans. Celle de Ruth, l'épouse de Grandpa Ze'ev, des années après qu'elle aura été la risée de tous à chercher obstinément dans le sillage de la herse, dans les cavités exhumées par n'importe qui on ne sait exactement quoi avec un air tragique et perdu. « En ce temps-là, il y avait des gens un peu fêlés pratiquement dans toutes les familles, chacun en proie à son propre délire. (…) -Et la vérité, c'était quoi finalement ? -Quelle vérité ? – Elle était folle ou elle cherchait vraiment quelque chose ? – La vérité se situe entre les deux, dans le juste milieu, son terrain de prédilection. Si elle est sans équivoque, d'un côté ou de l'autre, cela n'a aucun intérêt et ça n'amuse personne. Mais quand elle se trouve entre les deux extrêmes, c'est une autre paire de manches. Je ne vous apprends rien, à vous, l'historienne. Au fond, cela n'a aucune importance. On peut fouiller le sol parce qu'on et cinglé ou qu'on cherche allez savoir quoi. Ce n'est pas incompatible, au contraire. »

Ruth. C'est donc la femme de la calèche, de l'arbre et du fusil. La femme de Grandpa Ze'ev. Tout le village sait ce qui s'est passé avec le voisin aux jolies bottes. Mais personne n'a rien dit. Grandpa Ez'ev a perdu un oeil. Ruth sans doute la raison. Ils ont eu deux fils ensuite. Qui se sont tirés dès que possible très très loin.

Grandpa Ze'ev est un monstre. Une ordure sans pitié. Un homme de revanche et de fureur. Il y a des précédents sur cette terre biblique. Ruta et Dovik sont ses deux seuls petits enfants. Il les a recueillis quand leur mère est partie aux Etats-Unis et avec eux, il est aussi un homme doux qui leur apprend les graines, les chemins, la vie.

Voilà, vous savez tout. Grandpa Ze'ev, Ruth. Ruta et Eitan, leur fils Neta. Quelques autres aussi dont les truands du début parce qu'il en faut. Tout s'enroule autour de cela. Dès le premières pages, on a tous les éléments dans un concentré stupéfiant qui nous saute à la figure. Et puis, au fil des chapitres, à condition de renoncer à mettre les choses dans un ordre logique (à quoi bon ?), on aura l'explication de chacun des mystères qui auront été déposés sous nos yeux. Pourquoi Grandpa déteste les geais, comment Ruta et Eitan se sont rencontrés, comment on survit à la mort de son enfant et de son premier mari, ce que c'est que de dormir en ailes de moulin.

Mais ce n'est pas tant pour avoir le fin mot de l'histoire que j'ai continué à tourner avidement les pages. Bien sûr, ça compte mais comme on connait déjà les éléments essentiels dès le début, ce n'est pas le suspens qui nous tient. Ce n'est pas non plus la morale où tout serait bien qui se finirait bien. Ce n'est pas que ça se finisse mal, rassurez-vous. C'est surtout que les personnages sont tous complètement imparfaits, absolument immoraux et fort peu dignes d'être célébrés pour leur exemplarité. On s'y attache avec une incrédulité horrifiée. On ne les excuse en rien, on ne les comprend pas et pourtant, on les aime. Surtout Ruta. Parce qu'ils nous ressemblent étrangement ou parce qu'elle fait du langage et du rire les meilleures manières de continuer à vivre ? Des personnages bibliques sur une terre où cohabitent violence, humour désespéré et désir.

Ce qui m'a scotchée à ce livre, c'est son énergie. Entre tous ces fils, la folie des personnages, leurs émotions qui font les gorges chaudes dans le village taciturne. le rire, les jeux sur le langage, un plaisir charnel, un rapport aux paysages environnants, aux arbres qui voyagent. Excusez-moi, voilà que je suis encore incompréhensible. C'est ce livre. Un enchantement.
Commenter  J’apprécie          3640
Sous prétexte de répondre aux questions de Varda, venue faire une enquête sociologique sur le monde du moshav israélien, Ruth Tavori, dite Ruta, déballe tous les secrets de sa famille. Cette pipelette ne se fait pas prier pour dévoiler « les histoires terribles sur les choses terribles qui ont été commises par les hommes terribles qu'elle aime ». Des histoires qui ont commencé avec l'installation de Zeev, son redoutable grand père, dans un village agricole de Galilée.
S'étendant sur trois générations, le récit de Ruta mêle continuellement le passé et le présent pour dire l'amour, la trahison, la vengeance, la violence et le meurtre. Ses histoires dignes des tragédies grecques, Ruta, en bonne conteuse, sait les enchanter par l'évocation de la nature qui tient une place importante dans le roman : le désert, lieu d'épreuves mais aussi de grâce; la végétation et en particulier les arbres aimés de Zeev comme le caroubier et l'acacia participant aux événements, ou encore les fleurs sauvages dont grand-père récolte les graines.
Entre scènes de sauvagerie, jolies métaphores botaniques, petits contes, symboles bibliques et suspense, la voix de Ruta entraine le lecteur dans un univers riche de mélancolie, de douleur, de tendresse, d'ironie et de colère. C'est le roman foisonnant et palpitant d'un auteur malheureusement disparu il y a peu de temps. On y retrouve avec plaisir les prémices de Mon jardin sauvage, un livre délicieux qui exprime tout l'amour de ce romancier-jardinier pour sa terre.
Commenter  J’apprécie          281
Le jeune Ze'ev quitte la Galilée pour la Palestine. Son oncle Dov lui envoie un fusil, une vache, un arbre et une femme, Grandma Ruth. Dans cet ordre et pas un autre, pour ce que cela révèle de signification pour la société et la famille Tavori. Pourtant le mariage de Ze'ev et Ruth tourne mal. Ze'ev est impuissant et Ruth aura tôt fait de le tromper. La petite fille de Ze'ev, Ruta, personnage fantasque, se trouvera confrontée au malheur, forme de destin dont il paraissait impossible qu'elle ait pu se soustraire et choisit de livrer cette destinée familiale à Varda, venue recueillir des témoignages sur le fonctionnement des Yishouv en Israël.

Empruntant autant au roman qu'au conte, ce livre de Meir Shalev explore les grands thèmes de l'ancien testament. le roman excelle à décrire les choses de l'amour et de la vie conjugale, comme il explore aussi les champs de la trahison. Cruel et d'une violence ancestral, ce roman évoque également la place des femmes dans les sociétés traditionnelles. Enfin, le meurtre, l'expiation qui s'ensuit et se poursuit sur quatre générations finissent de refermer le récit sur des temps immémoriaux.
Commenter  J’apprécie          30
Sous la forme d'une conversation entre Ruta (la petite-fille)et Varda (l'enquêtrice), de digressions en enchâssements, en allers et retours entre présent et passé, ce livre témoigne d'une magnifique maîtrise de la narration. Les thèmes sont graves, voire tragiques : des vengeances aboutissant à plusieurs meurtres, la mort accidentelle d'un enfant et la résilience parentale, la jalousie et la concupiscence. Comme pour contrebalancer les noirceurs de l'humain, on rencontre aussi l'amour sincère de Ruta pour Eitan, des petits enfants pour leur grand père, personnage an apparence brutal et cruel qui cache une sensibilité insoupçonnable. L'humour de la narratrice nous fait pourtant traverser ces drames, ces deuils, avec une certaine légèreté. " On voulait créer ici une implantation juive et on s'est retrouvés avec un village arabe (...) Nous, nous cultivons un grenadier appelé Wonderful, et les arabes une variété douce". La tension ne vient pas de la rivalité politico/religieuse que pourrait suggérer le contexte, elle est tout bêtement humaine. "Un fusil, une vache, un arbre et une femme " seraient, aux dires des anciens, les "essentiels" pour débuter une vie heureuse. C'est sans compter avec les travers de la nature humaine.
Commenter  J’apprécie          20
Un homme a tué jadis un enfant et sa petite fille Ruta va perdre son fils, mordu par un serpent. Dans la campagne d'Israël, cette saga familiale évoque un grand-père charismatique, criminel, impuissant et sa petite fille, enseignante, pleine d'humour et de douleur à vif. Les relations avec son mari ont été si passionnelles qu'elles semblent, avec le deuil, irrémédiablement mortes. Mais c'est aussi ce ton si particulier, entre dérision et désespoir, qui fait la qualité de ce beau roman.
Commenter  J’apprécie          40


critiques presse (1)
LeMonde
20 octobre 2017
Dans « Un fusil, une vache, un arbre et une femme », l’écrivain israélien mêle suspense rural et ambiance biblique au pied du mont Carmel.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Son portable sonna. Le grand costaud loucha sur l’écran.
— Faut que je réponde, annonça-t-il à la femme assise en face de lui. Je reviens tout de suite. Il se dirigea vers la porte en essayant de rentrer le ventre. Il n’avait pas l’habitude et cela le surprenait encore : son reflet dans la glace, sa ceinture qui le serrait à la taille, les réactions de sa partenaire quand il la chevauchait.
— Allô ?
— J’ai laissé sonner neuf fois, dit la voix familière. Tu m’as fait attendre. — Désolé. Je suis au restaurant. Le temps de sortir.
— Il y a un os.
— J’écoute.
— Je vais t’expliquer en essayant d’être le plus simple et le plus discret possible. Tâche de m’imiter.
— D’accord.
— Tu te rappelles notre promenade de santé ?
— Ce matin ?
— Qu’est-ce que je viens de dire ? J’ai parlé de discrétion. Défense de mentionner le temps, la date ou l’heure.
— Excusez-moi.
— C’était une belle balade. Silence.
— Tu es sourd ou quoi ? J’ai dit que c’était une belle balade.
— Ça va, on a compris.
— Réponds, alors.
— Vous m’avez demandé d’être simple et discret. Vous voulez que je vous réponde quoi ?
— Comment tu parles ! Tu ne peux pas dire : “Que voulez-vous que je réponde ?” ?
— Bon.
— Il n’y a pas de bon qui tienne. Répète ce que je viens de dire. L’autre serra le ventre et le relâcha aussitôt.
— Que voulez-vous que je réponde ?
— Tu aurais pu préciser si tu étais d’accord ou pas.
— À propos de quoi ?
— De notre équipée, ce matin.
— C’était super.
— Il fallait le dire, alors. Tu m’as fait attendre deux fois. D’abord tu as tardé à décrocher et puis maintenant.
— Désolé.
— Ne t’avise pas de recommencer.
— Promis.
— Tu te rappelles l’endroit où nous nous sommes arrêtés à la fin ?
— Sûr. Dans le wadi, sous le grand caroubier.
— Quelle tête de linotte ! Interdiction d’évoquer le temps, le lieu ou un nom. — Je n’ai dit aucun nom.
— Et le caroubier alors ? Le jeune homme serra son poing avec précaution et l’examina. Il avait la main entourée d’un bandage d’où émergeaient ses doigts. Il ferma les yeux – qu’il avait petits et rapprochés – et les rouvrit, comme si la douleur se réveillait au moment où il se remémorait la cause. Je le visualise debout devant le restaurant, les yeux baissés sur ses pieds, levant légèrement sa botte gauche pour en lustrer le bout carré contre la jambe droite de son pantalon. Et j’entends son interlocuteur poursuivre :
— Je n’aurais pas tiqué si tu t’étais contenté de dire “caroubier” ou “grand”. Mais “le grand caroubier”, le substantif, le qualificatif et l’article défini, c’est vraiment servi sur un plateau. Bon appétit, messieurs dames. Pas n’importe quel arbre, mais un caroubier. Pas n’importe lequel, mais un grand caroubier. Et pas n’importe quel grand caroubier, mais celui qui pousse dans le wadi. Voilà qui limite les possibilités. C’est pour cette raison qu’on a inventé le langage. Afin que les choses soient claires. Sauf que pour nous, moins c’est clair, mieux c’est. Tu comprends ?
— Oui, désolé.
— Arrête de t’excuser et ouvre grand tes oreilles.
— Oui.
— Bien. Venons-en au fait. On a oublié quelque chose là-bas.
— Le réchaud avec quoi vous avez préparé le thé ?
— Pire.
— La petite cuillère ?
Commenter  J’apprécie          10
le père s'éclaircit la gorge et lui demande s'il savait comment se déroulait la nuit de noces.
- T'inquiète pas, papa, je suis au courant.
- Ah oui? Et de quoi, par exemple.
- Je suis au courant, répéta Ze'ev, mal à l'aise.
- Tant mieux si tu as de l'expérience. Il est préférable que la mariée soit encore vierge et pas le futur époux, mais il ne s'agit pas de ça. Non, tu dois comprendre et ne jamais oublier que, dorénavant, cette femme sera à tes côtés toute ta vie. Tu seras pour elle le seul et l'unique et elle sera pour toi la seule et l'unique. C'est pour cette raison, Ze'ev, que cette nuit, la nuit de noces, est si importante et spéciale: il faudra éviter de la contrarier, la blesser, l'insulter ou lui faire une mauvaise impression pour une raison ou pour une autre. Tu devras être doux, tolérant, gentil, courtois et la traiter avec affection et tendresse.



page 239
Commenter  J’apprécie          50
Grandpa Ze’ev affirmait qu’il fallait vivre dans les villages et les kibboutz pour croire que les bouses de vache sentaient bon et même les encenser. Les fermiers, les vrais, de chez nous connaissent la vérité : la merde pue, même celle des veaux socialistes et des vaches sionistes.
Commenter  J’apprécie          150
Je l’appelais Eitan et je le présentais comme “mon homme”. Aujourd’hui, “homme” est l’alternative politiquement correcte à “mari”, mais dans la Bible que j’enseigne, le livre le plus macho qui soit entre parenthèses – mon grand-père aurait adoré, s’il s’était donné la peine de le lire – “mon homme” est employé un tas de fois à la place de “mon mari”.
Commenter  J’apprécie          100
Mes amies qui ont du monde au balcon et critiquent mes petits seins, pareils à des faons de biche, ont fini par découvrir que Newton avait raison : la force d’attraction existe et elle est très puissante. “Les premiers à pousser sont les premiers à tomber”, comme dit le poète. À présent, leurs mamelles opulentes volent au ras des pâquerettes, tandis que mes petits seins à moi sont toujours au garde-à-vous
Commenter  J’apprécie          70

autres livres classés : littérature israélienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (91) Voir plus



Quiz Voir plus

Stefan Zweig ou Thomas Mann

La Confusion des sentiments ?

Stefan Zweig
Thomas Mann

10 questions
22 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}