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EAN : 9782742790319
500 pages
Actes Sud (30/11/-1)
4.42/5   266 notes
Résumé :
La Japonaise Aki Shimazaki a construit avec Le Poids des secrets une œuvre qui explore la psyché nipponne contemporaine dans ses tabous et ses mensonges, au cœur desquels ses personnages se débattent pour retrouver liberté et dignité.
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai découvert Aki Shimazaki et le premier volume de cette pentalogie grâce à la liste de Gwen21 « Petits mais costauds ».
Les cinq volumes étaient disponibles à la bibliothèque, chacun dans l'édition Babel, tous avec des couvertures très réussies. Alors pourquoi ne pas essayer ? J'ai emprunté seulement le premier volume : Tsubaki (Camélia), car je n'aime pas spécialement m'engager dans une longue série, et j'avais compris que les volumes pouvaient se lire indépendamment.
C'était une erreur ! le lendemain, pris par le texte, je suis retourné illico à la bibliothèque pour chercher les quatre suivants, impatient de découvrir ce qui se cachait dans Hamaguri (coquillage), Tsubame (hirondelle), Wasurenagusa (myosotis), Hotaru (luciole). Evidemment les quatre volumes étaient sortis, on venait de les emprunter !! Ne faites pas comme moi, si l'envie vous prend de lire cette oeuvre, empruntez ou achetez tous les volumes d'un seul coup, car on ne les lit pas, on les dévore.
Il s'agit d'une même histoire, où secrets et mystères s'entremêlent au sein d'une famille élargie. Mais pour cette histoire, Aki Shimazaki convoque cinq récits, cinq voix, cinq personnages et donc cinq livres. le premier volume pose les bases et tour à tour les quatre autres personnages viennent apporter leur point de vue avec une couleur et un éclairage différent et toujours beaucoup de pudeur. L'écriture est délicate, lumineuse, parfois poétique, souvent envoutante, les personnages sont attachants, leurs sentiments parfois complexes. L'action se déroule au cours XXe siècle au Japon d'abord à Tokyo puis à Nagasaki. L'histoire de cette région du monde télescope la vie des personnages (séismes, guerres, bombes atomiques).
Je recommande cette lecture qui, à travers les récits de chaque personnage, donne à approcher la mentalité, la manière de voir le monde et la culture des habitants du pays du Soleil-levant.
Aki Shimazaki est née en 1954 au Japon. En 1981, elle émigre au Canada à Vancouver d'abord puis à partir de 1991 à Montréal. le français est sa langue d'écriture et Tsubaki, le volume 1, a paru en France en 2005, ce qui est extraordinaire quand on pense qu'elle n'a commencé à apprendre le français qu'en 1995.
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Un petit-fils parle avec sa grand-mère survivante de Nagasaki et cherche à comprendre pourquoi la bombe a été larguée. Elle n'était pas nécessaire au processus de paix.
« La justice, donc, n'est pas importante ?
— Il n'y a pas de justice. Il y a seulement la vérité.
Ma mère buvait à petites gorgées l'eau de son verre.
— Pourtant, continua-t-elle, il est évident qu'après la guerre, les Américains ont apporté la démocratie au Japon. »
Oui, nous dit ce dialogue : il existe une vérité des faits. Mais les faits eux-mêmes se contredisent. Et les conséquences de nos actes, même les plus terribles, ne sont pas forcément ce qu'on attendait. Chaque livre de la pentalogie a un narrateur différent pour raconter les mêmes faits. Seul le lecteur a accès à toutes les pièces; mais l'essentiel tient dans ce premier tome. La vérité explose et foudroie, comme la bombe atomique. Son rayonnement nous atteint bien longtemps après qu'elle a éclaté. Mais peut-être son souvenir empêchera-t-il de commettre les mêmes erreurs.
De livre en livre, la même histoire se répète et dévoile un Japon victorien où les enfants illégitimes sont légion, ignorant leur « origine douteuse » quand ils sont adoptés, raillés et humiliés quand ils restent sans père, risquant leur vie si l'on venait à apprendre qu'ils sont coréens plutôt que japonais.
Cette honte des origines se manifeste dans deux scènes de sexe particulièrement dérangeantes. La première dans le premier livre est racontée par une jeune fille qui, la nuit, observe son père faire l'amour et qui transmet les détails de cette scène primordiale à sa propre fille. La deuxième dans le dernier livre est à la lisière du viol et de l'initiation à la sensualité, elle est narrée dans sa dimension érotique par une grand-mère à sa petite fille.
Dans le premier cas, la révélation de la sexualité sera mortifère; dans le second, elle amènera peut-être une pitoyable résolution : non, les jeunes filles ne doivent pas coucher avec des hommes mariés plus âgés. Mais en se détournant de ceux qui pourraient être leur père, elles courent le risque de tomber amoureuses de leur frère…
J'ai eu du mal à entrer dans ce conte aux symboles appuyés et répétitifs (les palourdes, les hirondelles, les fleurs), dont les multiples points de vue évoquent moins le tremblé d'une vérité qui se dérobe que la faillite narrative d'une histoire qui tourne en rond. Conte amoral qui ne semble pas lui-même savoir ce que son lecteur va pouvoir faire de ces vaines et tardives révélations.
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Cinq courts romans et cinq pépites ! Je suis ravie d'avoir découvert cette auteure japonaise installée au Québec, d'autant que je suis complétement ignare en littérature nippone.
La trame est la suivante : Mariko, jeune orpheline, est séduite par un jeune homme issu de la haute bourgeoisie de Tokyo. Craignant les réactions de sa famille, il en fait sa maîtresse et en épouse une autre issue de son milieu social. Il va avoir une fille (Yukiko) avec son épouse et un fils avec sa maîtresse Mariko (Yukio). Mariko épouse ensuite un collègue de son amant, Kenji Takahashi, qui prendra soin d'elle et de son fils.
Cette histoire va être racontée par 4 personnages : Yukiko (Tsubaki), Yukio (Hamaguri), Mariko (Tsubame et Hotaru) et Kenji (Wasurenagusa). En arrière-plan, deux drames vont se dérouler : le tremblement de terre à Tokyo en 1923 et la bombe atomique à Nagasaki en 1945.
La série ne pouvait porter d'autre titre que le poids des secrets tant ceux-ci sont effectivement au coeur des romans et vont lourdement influer la vie de tous les protagonistes. Secrets de filiation pour l'essentiel et secrets amoureux aussi.
Autant les sujets abordés sont lourds et plutôt tristes, autant l'écriture est légère et délicate, parfois teintée de poésie. le procédé consistant à raconter la même histoire par plusieurs de ses acteurs fonctionne totalement.
Comme beaucoup de lecteurs, j'ai été enchantée par la plume de cette auteure et passionnée par les histoires racontées.
Attention quand on commence, on n'a plus qu'une envie : lire toute la série alors il vaut mieux être prévoyant !
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Une histoire de famille très poignante. J'ai eu le coeur serré, en lisant cette pentalogie, qui se situe au Japon.

Sous les tendres et jolis mots que sont Tsubaki, Hamaguri, Tsubanne, Wasurenagusa et Hotaru, se cache bien des non-dits et des tabous.

A travers chacun des protagonistes, on va découvrir un secret, secret liant chacun des personnages. Sans compter les fléaux que ce pays a subi, comme le tsunami, les tremblements de terre et les bombes atomiques.

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai bien du mal à vous faire part de mon ressenti. Pas que je n'ai pas aimé, non (j'ai dévoré la série en 2 jours). Alors, quoi ? Simplement, j'ai le coeur encore bien gros pour en parler comme je voudrais, tellement j'en suis encore toute retournée. Comme si une pierre venait entraver ma poitrine.

Peut-être parce qu'il s'agit de maux subis par une seule et même famille sur plusieurs générations ?

Peut-être est-ce du à cette écriture douce, belle et simple pour décrire bien des malheurs ?

Peut-être aussi est-ce du à la beauté de la nature qui vient adoucir les maux ?

Ou tout simplement « le poids des secrets » est-il trop lourd à porter ?

A vous de vous faire votre idée.

4 *
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Le poids des secrets - Aki Shimazaki

Le poids des secrets est un coffret de 5 livres qui chacun raconte un secret de famille. C'est le même secret, mais il est vu par des protagonistes différents et à des époques différentes. Cela se passe au Japon entre 1923 au moment du grand tremblement de terre qui a secoué Tokyo et les années soixante.

J'aime beaucoup l'écriture de Shimazaki. Ce sont des phrases courtes, mais douces, sans violence et dont la poésie n'est pas exclue. Toute en «douceur» l'auteur raconte les non-dits, les tabous, les travers et les moeurs, qui m'ont paru étrange,du Japon.
L'histoire de cette famille, sur plusieurs génération, est poignante. Elle traverse les vicissitudes de la vie et doit subir les catastrophes comme le tremblement de terre, la bombe atomique de Nagasaki, la guerre...

C'est vraiment une très belle histoire qui n'est pas simple à résumer mais qui se lit facilement et j'en suis sortie un peu «groggy». Cette histoire a remué beaucoup de sentiments en moi mais je ne sais pas trop comment les exprimer (colère, compassion, révolte, tendresse...)

A lire et à relire parce que c'est vraiment beau.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ma mère s'arrête devant une maison clôturée. Autour, des hortensias en fleurs. Le bleu, le rose, le blanc... Ils sont encore mouillés de la pluie de ce matin. La rosée tombe. Je trouve un escargot sur la clôture. Il rampe, les cornes dressées. Je les touche du bout des doigts. Les yeux se retirent immédiatement, comme la tête d'une tortue. Par-dessus la clôture, je vois un vieil homme ramasser des cailloux, qu'il met dans un seau. Il porte un vêtement blanc et long, comme une robe. J'entends alors crier des enfants et je me raidis. Ils doivent être derrière la maison. Je tiens la jupe de ma mère.
Elle me dit:
-Ça y est, Yukio. Voilà l'église où je travaillerai à partir de demain. Comme je t'ai dit, tu joueras avec des enfants pendant que je serai occupée. I1s sont très gentils. Tu te feras beaucoup d'amis.
-J'ai peur. Puis-je rester avec toi, maman? Je ne te dérangerai jamais.
-Sois courageux. Tu as déjà quatre ans ! Ici, personne n'a de père ni de mère.

Tome 2 - Hamaguri
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Je lève les yeux.
Couvert de nuages épais, le ciel s'étend à l'infini. Il fait anormalement chaud et humide pour une fin d'été. C'est encore tôt le matin. Pourtant, Je sens ma chemise déjà trempée de sueur.
Au-dessus de moi, un couple d'hirondelles passe rapidement. Elles vont et viennent entre le toit d'une maison· et un fil électrique. Elles partiront bientôt vers un pays chaud. J'aimerais bien voyager librement comme elles.
Ma mère m'a dit une fois: « Si on pouvait renaître, j'aimerais renaître en oiseau. » Je marche dans le petit chemin qui longe l'étang, un raccourci pour aller chez mon oncle. Je dois lui remettre des épis de maïs que ma mère vient de faire cuire à l'eau. La chaleur se propage à travers le papier journal.

Tome 3 - Tsubame
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Tsubaki 
Je me promenais dans le bois de bambous. C’était tellement tranquille. Je m’asseyais toujours sur la même pierre. Le vent soufflait doucement. Je n’entendais que le bruit des feuilles.

Hamaguri 
Ces images sont gravées si profondément dans ma mémoire que jamais elles n’ont pâli avec le temps.

Tsubame 
Le vent sec et froid d’hiver se met à souffler. La première neige tombe au début du mois de décembre. Le temps nuageux dure quelques jours. Je continue à monter sur la colline avec le petit garçon. Il apporte un avion de papier qu’il a fait lui-même. Assise par terre, je le surveille. A l’orphelinat, je ne parle toujours à personne.

Wasurenagusa
Le signet a voyagé avec moi partout, même en Sibérie. En fait, j’ai vu des fleurs de niezabudoka au camp de travaux forcés, dans la région d’Omsk. Au printemps, le champ en était couvert comme un immense tapis bleu.

Hotaru
Le bleu des fleurs brille. Je ferme le yeux. Je vois mes grands-parents se promener sur la plage, main dans la main. Je songe à Obachan, qui a été incapable de dire la vérité à son mari.Je prie : « Ojichan, viens chercher Obachan. Sinon, elle va errer sans savoir où aller, comme une luciole perdue ». Tout à coup, une cigale se met à chanter au-dessus de moi.
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Le matin du premier dimanche de mai. Je suis assis dans un fauteuil de bambou, installé dans l'espace entre la fenêtre et la pièce de tatamis où je me couche. Un vent frais effleure ma joue.
Rin... rin... rin... Au-dessus de ma tête, le fûrin de cuivre tinte doucement. Je lève les yeux, mon regard reste immobile quelques instants.
Je tiens un livre dans une main et un signet dans l'autre. C'est un ouvrage pharmaceutique, rédigé par mon collègue, monsieur Horibe. J'en ai grand besoin pour mes recherches. J'essaie de me concentrer, mais j'ai du mal à lire. Mes yeux lisent plusieurs fois les mêmes lignes. Je ne saisis pas bien le sens du contenu. Je me demande:
« Qu'est-ce qui me dérange ? »
Je regarde discrètement le signet de petites fleurs séchées. La couleur est passée. Au bout est écrit un mot en katakana : niezabudoka. Je ne connais pas ce mot d'origine russe.

Tome 4 - Wasurenagusa
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Dans le ciel montent d'énormes cumulo-nimbus.
Penchée à la fenêtre, je regarde les nuages, immobiles comme des rochers gigantesques. Au-dessus de moi, les cigales stridulent bruyamment. La chaleur est accablante. La saison des pluies vient de se terminer.
Je me prépare à sortir. Cet après-midi, je vais chez mes parents ou Obâchan m'attend. Elle garde le lit presque toute la journée. Mes parents disent qu'elle ne pourra tenir jusqu'à l’automne.
J'habite à Tokyo. Je suis étudiante universitaire. C'est la période des vacances d'été. Je travaille toutes les matinées de la semaine dans une boutique de fleuriste.

Tome 5 - Hotaru
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Vidéo de Aki Shimazaki
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Savez-vous quelle romancière japonaise écrit en français des livres superbes traduits dans le monde entier mais ne viendra sans doute jamais en parler à la télé ?
« Tsubaki » de Aki Shimazaki, c'est à lire en poche chez Babel.
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