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sur 3173 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un ouvrage très autobiographique que nous adresse Dai Sijie avec Balzac et la petite tailleuse chinoise. Il a bien connu cette période de l'histoire de la Chine restée inscrite sous le nom de révolution culturelle. Il en a été la victime. Période catastrophique pour le pays qui a connu la fermeture de ses universités et l'exil de ses intellectuels - catégorie de la population qualifiée de bourgeoise et ennemie de la révolution - vers les campagnes pour leur rééducation par le prolétariat paysan.

On comprend alors que ce narrateur intervenant à la première personne et dont on ne connaîtra pas le nom ne peut être que l'auteur lui-même. Dans le dénuement qui leur fut imposé, à lui et son ami Luo, comme à tous ceux qui ont subi cette humiliation, ce qui leur pesait le plus n'était pas tant la dépossession de leurs biens que la privation de l'accès à la culture. Culture occidentale en particulier, jugée perverse et contraire à l'esprit d'une révolution engagée sous la vigilance des gardes rouges.

Aussi, lorsqu'ils apprennent qu'un exilé comme eux a réussi à soustraire à la vigilance de leurs rééducateurs une valise contenant des ouvrages d'auteurs classiques, dont Balzac, cette dernière devient un graal à conquérir. Cette perspective leur donne toutes les hardiesses pour étancher ce qui était devenu une soif irrépressible : lire. Lire autre chose que la littérature autorisée à dominante politique, au premier rang de laquelle le petit livre rouge de Mao. Ils sont prêts à toutes les ruses pour y parvenir, avec la pleine conscience des risques qu'ils prennent à la transgression de l'interdit. La révolution culturelle a fait son lot de victimes dont le nombre est à l'échelle de la population chinoise.

Les deux amis n'ont plus qu'une obsession : s'abreuver à cette source qu'est à leurs yeux la valise contenant les livres interdits. Et en partager le bienfait avec celle qui a conquis leur coeur : la petite tailleuse chinoise. Dai Sijie fait alors de cet ouvrage une forme de conte qui donne une certaine légèreté à l'entreprise de nos deux jeunes assoiffés, même si l'insouciance devient inconscience. Lire les auteurs classiques devient pour eux comme une respiration, une bouffée d'oxygène qui vient éclaircir ce brouillard d'obscurantisme que le système répressif a répandu sur le pays.

J'ai reconnu l'écriture moderne et accessible qui m'avait conquis avec L'évangile selon Yong Sheng du même auteur. Elle évoque sans ambages cette période sombre de l'histoire de la Chine. Une écriture sage, sans violence, qui ne sombre pas dans le discours politique pour dire le désarroi de l'opprimé mais fait comprendre que l'accès à la connaissance est une nourriture tout aussi essentielle que celle qui remplit l'estomac. Un bien bel ouvrage.

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Délicatesse et pureté, voici ce que m'inspire ce livre.
Ode à la littérature et à la liberté.
A découvrir sans retenue.
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Magnifique roman que j'avais lu à sa sortie en librairie. Son écriture est fine et délicate.
Je vous le conseille.
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Le narrateur et Luo, son ami, sont tous les deux envoyés dans un village de montagne afin d'être "rééduqués". Ils font, en effet, partie de cette jeunesse considérée intellectuelle sous Mao et pour laquelle il était nécessaire de ramener à la réalité du prolétariat.Leur chemin va leur offrir deux rencontres qui boulverseront leur vie: la petite tailleuse dont la beauté les subjugue et "le Binoclard" jeune homme dans la même situation qu'eux mais qui posséde une valise remplie de livres interdits.Parvenant à se les accaparer,ils vont s'en nourrir pour survivre mais aussi s'investir de la mission de "..transformer la Petite Tailleuse.Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde."
Le quotidien de ces jeunes gens et du milieu dans lequel ils évoluent sont très bien décrit,s un peu comme une succession de tableaux qui ouvre le lecteur à une meilleure connaissance du peuple chinois à cette époque.
Le dénouement de l'histoire m'a beaucoup plu car il vient contrecarrer Luo dans son rôle de Pygmalion et met à la fois simplement et magistralement en valeur le pouvoir libérateur de la lecture et la culture.
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Les dictateurs ont la faculté d'imposer tout et n'importe quoi à leur peuple. Chacun sa lubie, souvent dévastatrice.
Mao craint les élites , notamment des villes . Il craint aussi la littérature , la religion , enfin tout ce qui pourrait nuire à la grandeur de sa personnalité .
Pour les élites , il a une idée lumineuse. Pour remettre les jeunes dans le droit chemin, il les expédie en campagne profonde , avec un billet retour aux dates aléatoires. Les paysans sont chargés de les rééduquer.
Dans ce roman , ils sont trois jeunes intellos ou fils de dissidents à torcher le cul des buffles dans les rizières ou à extraire le précieux charbon .
L'un d'eux , le "Binoclard " cache une grosse valise, remplie de livres occidentaux , dont la star est Balzac.
Ils vont rencontrer une jeune et très belle paysanne , tailleuse , qu'ils vont côtoyer et "apprivoiser" en lui contant des histoires, inspirées des livres ou films qu'ils connaissent.

L'idée de ce livre , écrit par un exilé chinois en France est lumineuse .C'est une rencontre improbable entre une villageoise du fin fond de de la Chine et la littérature classique, via deux jeunes hommes en réinsertion.
L'auteur s'applique bien à montrer "la connerie" du régime dans les années 70 et tous ses dysfonctionnements, les personnages semblent quand même bien résignés quant à leur sort et la fin est étincelante , amenant le lecteur à se poser de nombreuses questions .
Il y a comme dans d'autres livres chinois , un humour désabusé, fataliste mais aussi un rapport fort à la nature. Il y a cette aptitude d'adaptation d'un peuple qui avec trois fois rien accomplit des miracles.
Une belle lecture qui encore une fois repose sur une idée brillante.
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Si je devais écrire un mot pour ce livre, ce serait "Imagination". Vraiment, imagination pour l'histoire, hors du commun. Et imagination, pour le pouvoir qu'elle peut créer au milieu de l'union des classes, tout autre que celui de la dictature maoiste dont il est question.

Nous sommes sous la dictature communiste de la fin des années 60 en Chine. Deux jeunes étudiants issus de familles aisées jugées réactionnaires, sont envoyés dans les hautes montagnes parmi les travailleurs, afin d'être "rééduqués". Des paysans éloignés de toute civilisation sont supposés devoir les rompre aux travaux des pauvres.

Le paysage est merveilleux mais c'est une triste consolation dans les premiers instants. Ces deux aventuriers malgré eux deviendront des sortes d'ambassadeurs de la culture auprès de paysans adorant écouter des histoires.

L'écriture, limpide, m'a donné l'envie de découvrir le Comte de Monte Cristo.
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C'est délicat et profond en même temps, l'histoire de ces deux jeunes hommes bien nés, envoyés par le gouvernement communiste en camp de rééducation au plus profond des montagnes chinoises. Ils y rencontreront Balzac, et une petite tailleuse chinoise qui sera transformée à leur contact. La poétique simplicité de l'écriture laisse toute leur place aux émotions des protagonistes et à la description de la vie rudimentaire dans ces montagnes. Je recommande.
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Cela fait bien des années que j'envisageais de lire ce roman, malgré une première expérience mitigée avec l'auteur. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, mis à part à une apologie De Balzac... Et bien non. Si l'auteur classique est bien évoqué en termes élogieux, il n'en reste qu'un accessoire dans le déroulé des événements qui nous sont contés. J'ai beaucoup apprécié la simplicité avec laquelle le sujet principal est abordé : au delà des amourettes de jeunesses, Dai Sijie ne nous décrit pas moins que la révolution culturelle du régime de Mao, avec beaucoup de justesse mais sans jamais tomber dans le pathos.
Lire la suite : http://www.bizzetmiel.com/dai-sijie-balzac-et-la-petite-tailleuse/
Lien : http://www.bizzetmiel.com/da..
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Années 1970. Durant la Révolution culturelle chinoise, deux lycéens citadins, le narrateur et son ami Luo, sont exilés dans un village de montagne pour y être « rééduqués ». Les deux adolescents mènent une vie dure mais s'évadent dans la lecture de livres interdits : ces romans leur ouvrent la porte de la fille d'un tailleur, et d'un univers jusqu'alors insoupçonné... Récompensé par de nombreux prix, ce premier roman de Dai Sijie est un formidable hommage au pouvoir de la littérature.
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C'est tout d'abord le titre du livre qui m'a plu, "Balzac et la petite tailleuse chinoise". Que venait faire un de mes auteurs classiques préférés avec cette petite asiatique ? L'histoire se déroule en fait en 1973 (excellente année cela dit au passage !), dans les montagnes du fin fond de la Chine. Luo et le narrateur y sont envoyés en "ré-éducation", afin d'échapper à la culture de leurs parents et de devenir ainsi de bons petits membres du parti : à 17 ans, ils arrivent donc dans un village isolé, peuplé de montagnards primitifs (mais communistes) qui les assomment de travaux des champs. Et ce pour une durée indéterminée... Leur cauchemar se dissipe un peu lorsqu'ils rencontrent la belle fille du tailleur du village d'à coté, mais surtout un autre ré-éduqué, le Binoclard. En effet celui-ci cache farouchement dans ses affaires une lourde valise. Serait-elle remplie des livres dont ils sont privés ?

J'ai beaucoup aimé ce livre, car il nous fait découvrir une période contemporaine assez sombre, la révolution culturelle chinoise. On y devine l'horreur de la situation, surtout pour ces jeunes gens plein d'espoirs, mais sans aucun avenir. Et l'on ne peut que constater la chance que nous avons de pouvoir lire, écouter, regarder à volonté sans même nous poser de questions... Par contre j'ai été déçue par la fin : après avoir bien posé ses personnages, l'auteur les abandonne sur le coup de théâtre final. Dommage.


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