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EAN : 9781094902173
196 pages
Nitchevo (02/05/2019)
4.55/5   11 notes
Résumé :
Au début il y avait eu, nous dit-on, la lueur d'yeux anciens entre les feuilles, la trace d'un wakizashi, et la longue marche d'un rônin pourchassé par l'hiver. Puis le fil droit, génération après génération, de bushis, de poètes, de forgerons de sabres et de céramistes, de duellistes toujours : les Izôkage, la lignée des 'enfants de Seppen', âmes doubles éternellement traquées par une antique vindicte. Il faut suivre le conte des Seppenko depuis le début, étranger,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Seppenko Monogatari est une saga japonaise dans laquelle Léa Silhol marie tous les genres de l'imaginaire et entrelace la lecture des deux premiers tomes, Masshiro Ni, recueil de nouvelles et novellas, et Hanami Sonata, roman scindé en deux âmes.
Deux autres tomes composent ce cycle : Gridlock Coda - Rōmaji Horizon et Hangul Express – et bouclent le jeu des transmigrations des âmes débuté dans la vaste Trame de l'auteur dans les branches du Vertigen (La Sève et le Givre, et le cycle de trois tomes de la Glace et la Nuit) et de le Dit de Frontier (Musiques de la frontière et Possession Point).

Dans ce conte merveilleux d'encres et de neige, de sang et de flocons, la Trame se dévoile. Les échos se répondent, les zones d'ombres s'éclaircissent, en s'incarnant dans la légende traditionnelle de la Yuki Onna, la Femme de Neige, personnification de l'Hiver qui marque et traque le Seppenko jusqu'aux confins de la Matrice : le Grid…

Seppen Izôkage and ko (ses descendants) sont également frappés d'une geis, l'âme de chacun est coupée en une deuxième âme soeur. Les amoureux que le destin promet l'un à l'autre se reconnaissent immanquablement jusqu'à ce que la mort les sépare… et les réunit dans l'éternel cycle des réincarnations.
Cette merveilleuse injonction est une malédiction pour nombre des membres de cette éminente famille japonaise, composée sur chaque génération de Trésors Nationaux Vivants, garants des arts traditionnels du kōdō, de la forge de sabres, de la céramique (Mashikoyaki et Hagi-yaki), ou encore du manga et de la photographie. Un malheur inéluctable pour ces êtres d'exception, incarnation idéale de toutes les valeurs et règles du parfait samouraï, en perpétuelle lutte entre leur devoir social : le giri, et leur sentiment humain : le ninjō. Un déchirement entre deux formes de destructions différentes, car sous leur martiale impassibilité, les Izôkage ont des passions bien trop grandes pour le monde. Quelle que soit l'époque, du moyen-âge à la rébellion de Satsuma, de la première guerre mondiale au XXIème siècle, le Seppenko vit chaque jour selon les antiques concepts de perfection du Bushidō parfois incompatibles avec sa véritable essence, celle non seulement de trouver mais de saisir sa moitié dans l'éternelle réincarnation de ses âmes à travers les âges.

Des feuilles de métaux précieux colmatent les failles d'une âme brisée selon la méthode du Kintsugi. Ajointer ses morceaux sans en masquer la ligne de bris, la surligner au contraire. Conserver une trace de son passé, sans pleurer sur une perte ou un dommage. La réinterpréter et la rendre plus précieuse. Mettre en valeur sa fragilité et son impermanence. Accepter que certaines blessures ne guérissent pas. Devenir sa propre oeuvre d'art. Rechercher l'accomplissement de soi pour soi. Vouloir l'Art dans cette pureté et cette intransigeance qui meurtrissent l'âme d'un auteur, sans compromission, sans cette trahison qui mène tout samouraï au seppuku.

Des photos couleurs (du jardin japonais de l'auteure) insérées, avec d'autres illustrations (de Dorian Machecourt), entre les pages noires et blanches, s'obstinent à se soulever par les coins révélant une autre nature que celle de l'ornement. Objectif à hauteur du visage, l'oeil se dédouble. Clac. Figer l'image pour épingler l'impermanent à l'éternité jusqu'à ce que le cliché – parfois flou, la vérité, tout comme les fays, n'est pas photographiable – devienne tout blanc (Masshiro Ni), la couleur du deuil. La décoloration de l'existence, cet art éphémère.

L'Hanami. Contempler la danse des flocons comme celle chorégraphiée par les pétales se séparant des corolles des sakura. Apprécier l'envol de la fragilité et sa lente chute pour colorer de blanc le monde et renouveler la vie dans l'impermanence des saisons. Accepter la fin en état de parfaite sérénité. La fleur et le flocon ne vivent pas ce bref espace entre leur naissance et leur chute mais dans l'éternité, tout comme les Fays et les Izôkage…

Léa Silhol entrelace tous les genres de l'imaginaire et toutes les formes littéraires pour tisser avec un talent remarquable l'essence même de l'existence. Ses histoires d'Amour sont certes inoubliables, très cinématographiques et photogéniques, mais son focus sur le monde d'aujourd'hui et notre société occidentale amène son lot de réflexions d'autant plus intéressantes et pertinentes. Cependant, point de critique acerbe, pas de jugement. A chacun sa maya bouddhique. Elle vit son Art pleinement et sincèrement, sans compromission. Elle tombe le masque, une véritable Fay guerrière dans le cycle le Dit de Frontier, un honorable samouraï dans le Seppenko Monogatari…

Seppenko Monogatari est un hymne à la culture et au folklore japonais chers à l'auteure, à ses arts traditionnels qui font échos à la propre qualité d'artiste de l'auteure et à son rapport avec son lectorat.
Masshiro Ni et Hanami Sonata sont deux oeuvres passionnantes qui vous jettent coeur et âme dans le Grid, plugués par la chevelure à la recherche de Néo, heu Neko…
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Un souffle hivernal en cet été chaud et ensoleillé, ça vous dit ? Me voici de retour sur les sentes tracées à l'encre par Léa Silhol. Seppenko Monogatari n'est pas sa seule série d'ouvrages marquée par l'Hiver – j'espère d'ailleurs trouver le temps de lire son autre série hivernale cet été, mais vous connaissez le problème : so many books, so little time… Tellement de livres, si peu de temps libre !

Bref, revenons à ce premier volume de Seppenko Monogatari. Il s'agit d'un recueil de nouvelles, comportant 6 textes dont 2 inédits (les textes précédemment parus étant indisponibles depuis longtemps). La particularité de ces nouvelles, c'est que, rassemblées en un même ouvrage, elles offrent la mise en place de la lignée des Izôkage, avec notamment l'origine de leur malédiction. le sommaire ne présente pas dans l'ordre chronologique les différents membres de cette lignée, mais permettent d'entamer l'emboîtage des pièces du puzzle formé par cette famille japonaise marquée du sceau de l'Hiver.

Nous entamons le recueil avec Différentes couleurs (Cinq prières japonaises). Ce texte, formé de cinq très courts récits, chacun autour d'une couleur, sont comme les éclats de verre colorés offrant un prisme, d'un point de vue différent, avec un motif différent, sur la saga familiale qui va nous être contée au fil de cette série.

La Loi du Flocon est la nouvelle suivante. Où un rônin raconte au narrateur son histoire, une histoire terrible, celle de ses affrontements réguliers avec la Yuki Onna, la femme des neiges, affrontements singuliers car ils ne nécessitent ni lame, ni combat physique… Cette nouvelle narre, également, le point de départ de la lignée des Izôkage. Pétrie du folklore hivernal japonais, cette histoire à la fois magnifique et terrible porte en elle les germes des événements qui frapperont les descendants de ce rônin.

La novella Gold nous projette quelques siècles plus tard, au début du XXe siècle très précisément. Cette novella figurait dans le recueil Sacra, où j'avais pu la lire précédemment. Où l'on retrouve un descendant lointain du rônin de la Loi du Flocon. La marque de l'Hiver s'y fait discrète, le sujet principal du roman étant l'art et ce qui en découle : les affres de la création, les effets pervers du succès, le refus de la compromission quand elle implique la trahison de la conception de ses oeuvres… mais elle transparaît, elle est rappelée subtilement au fil du texte. Comme à la précédente lecture, j'ai beaucoup aimé ce texte riche en réflexions, fort bien écrit et sans concession.

Honne Cantata est le premier inédit de ce recueil. C'est aussi la seconde novella. Nous retournons dans le passé, cette fois au moment où un pacte est noué entre les fays occidentaux de Seuil, sous la houlette d'Angharad (personnage principal de la Sève et le Givre, qui initie l'autre série de romans hivernaux de l'autrice dont je vous parlais en préambule) et ceux du Japon. Quand un samouraï issu de la lignée des Izôkage rencontre une souveraine fay. Une histoire d'amour tragique, une histoire qui forme aussi un pivot. Pour celles et ceux qui auront lu le Maître de Kodo, l'importance de cette histoire leur sautera aux yeux. Si vous ne l'avez pas lue, pas d'inquiétude, elle figure au sommaire du second volume de la série Seppenko Monogatari. Malgré la mélancolie et la fatalité qui planent sur ces personnages, j'ai aimé cette novella aux airs de tragédies anciennes, avec son écriture poétique, ciselée, presque détachée, comme un conteur rapporterait une légende ancienne, mais à la portée aussi intense qu'intacte.

Macula Lutéa est une courte nouvelle qui fait écho au récit centré autour du jaune, dans le texte en préambule. Une nouvelle triste, autour du deuil d'un amant.

Le recueil se clôt sur Black Ice, nouvelle cyberpunk qui augure de la suite de la série, sise dans un contexte où le Grid prend le pas sur la réalité. Mais le virtuel est-il exempt de glace, d'hiver ? Rien n'est moins sûr…

Au final, ce recueil placé sous le signe de l'Hiver comme du Japon est un régal qui se savoure à petites bouchées. Un premier volume qui promet une belle série et nous permet d'y entrer par des textes plus ou moins courts.
Lien : https://lullastories.wordpre..
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Les six nouvelles d'inspiration japonisante qui composent ce recueil racontent des épisodes de l'histoire de la famille Isôkage, marquée par ses rencontres avec des créatures vivant aux frontières de notre monde au fil des siècles.

J'avoue que je commence à manquer de vocabulaire pour traduire ici ma fascination et mon engouement pour les écrits de Léa Silhol ^^ Je ne peux que me répéter et souligner à nouveau l'originalité de ses univers, la diversité des inspirations et des thèmes abordés, la poésie de sa plume.

(...)
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Votre Europe connait notre seppuku, que vous nommez plus volontiers hara-kiri. Mais la plupart de ceux que notre culture fascine croient, simplement, que c'est ainsi qu'un samouraï lave son honneur, ou une faute ; tout comme vos banquiers, quand ils sont acculés à la ruine, fuient la honte à l'aide d'un pistolet. Il n'en va pas toujours de même, chez nous : c'est aussi la seule façon dont nous disposons pour critiquer nos supérieurs, pour leur manifester qu'ils se trompent, et disgracient non seulement leur propre personne, mais également tous ceux qui les servent. [...] Mais, si notre pays s'est occidentalisé, et si les derniers samouraïs dignes de ce nom sont tombés sous les balles, comme des animaux, tandis qu'ils chargeaient sabre au clair... tout n'a pas changé. Nous avons été amoindris, mais nous restons, tout au fond, attachés aux règles du Bushido, aux rituels et symboles du code d'honneur des guerriers.
[Gold]
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Je ne crois pas qu'un artiste doive autant réfléchir à son propre parcours. Intellectualiser sa démarche. Lorsque nous faisons cela, n'est-ce pas davantage pour plaire à quelqu'un d'autre que par véritable désir ? Par mauvaise réaction à des critiques, ou désir de paraître autre chose que ce que nous sommes ? [...]
Vouloir plaire, ou complaire est un acte de soumission. Je crois qu'il n'y a pas de force artistique sans sincérité.
[Gold]
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Voici un autre mot de mon pays : ninjō. Le sentiment humain. Ce concept qui lutte sans cesse contre ce que le devoir social nous impose, et qui nous lacère en deux, à la fin. J'ai cru longtemps que ce déchirement que subissent certains des miens venait de la faiblesse de leur giri. Mais je comprends à présent qu'au contraire cela provient de la force de ce ninjō particulier, quand il advient. L'amour, par exemple. L'amour, par essence. Comment survivre à ce paradoxe ?
[Honne Cantata]
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Il me semble qu'avec cette adulation que l'on voue aux artistes, on s'amuse de même à substituer le culte des saints à celui de Dieu. On leur dresse ainsi des piédestaux plus aisés à construire et à abattre que les cathédrales où pleurent les muses ; et l'on s'imagine le droit de changer leurs costumes comme au théâtre, selon la mode de saison. Quelle étrange station à courtiser [...] que celle d'être vos idoles ! Quel domicile désirable, n'est-ce pas, entre les vandales et les veaux d'or ?
[Gold]
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La profondeur de champ, le focus... clac. Capturée, possédée, la couleur acquise. L'impermanent et le transitoire épinglés à l'éternité. Figer l'image, c'est le seul moyen de conjurer la fuite du monde le long des rayons de la Roue, garder ce qui ne peut que s'en aller, se dissoudre. Les feuilles d'automne, nos certitudes, nos brèves vies. Le diaphragme s'ouvre pour respirer et se ferme, net : comme un poing.
[Différentes couleurs (- Cinq prières japonaises)]
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