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Jean-Yves Chateau (Présentateur)
EAN : 9782729821807
91 pages
Ellipses (23/09/2004)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Comment penser les rapports entre l'animal et l'homme? Une science de l'homme, comme la psychologie, peut-elle ne pas être en même temps une science de l'animal ? Cette question peut paraître étonnante voire insolente, mais on ne peut comprendre ce qu'est devenue la psychologie moderne et ses rapports avec la biologie sans s'éclairer du développement de la notion de vie animale, qui est solidaire de celle d'humanité.
Gilbert Simondon en brosse une brève histo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le philosophe Gilbert Simondon dresse un inventaire fort bien fait des conceptions que les Hommes se sont faites de la nature de la vie animale (comparée à la vie humaine) au cours des millénaires. On y découvre les différences entre les présocratiques, les platoniciens et le grand Aristote. Il aborde également les conceptions des Pères de l'Eglise jusqu'à Thomas d'Aquin avant d'aborder les grands penseurs de la Renaissance : Giordano Bruno, Descartes, Bossuet et quelques autres. C'est bien fait, didactique et facile à lire.
Petit regret tout autant que surprise : les bornes temporelles choisies. Pourquoi commencer avec les présocratiques ? La Genèse dit bien des choses sur ces mêmes conceptions, Homère aussi ainsi que Gilgamesh et pourquoi s'arrêter tout net à La Fontaine ? J'avoue ne pas avoir compris. Il est possible que ce petit livre soit un extrait d'un ouvrage plus vaste.
A lire dans le cadre d'une réflexion sur les rapports complexes et changeants entre ces deux mondes du vivant.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les moyens changent selon les espèces mais les fonctions demeurent. voilà ce qui est vraiment la base d'une théorie de la vie chez Aristote, cette théorie étant : il y a un invariant, l'invariant c'est le vie ; c'est les fonctions de la vie ; les moyens qui servent à remplir ces fonctions changent avec les espèces, mais les fonctions demeurent, la vie est un invariant. p. 51
On pourrait dire que l'homme pense et que, en pensant, en utilisant ses facultés rationnelles, .... il fait quelque chose que la plante fait en développant d'une certaine manière ses feuilles, en faisant naître d'une certaine façon ses graines. Il y donc continuité de la vie et permanence de la vie d'une espèce à l'autre. p. 52
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Descartes est le premier qui air dit que les conduites animales ne sont pas des conduites instinctives. Ce ne sont pas des conduites instinctives, ce sont des conduites mécaniques. Ce n'est pas du tout la même chose, car on peut évidemment lever une confusion : on peut dire que ce qui caractérise les conduites instinctives (c'est faux, d'ailleurs, on le verra par la suite), c'est l'automatisme. On a dit ça très souvent, on l'a dit depuis les Stoïciens. Mais c'est un automatisme psychique dont on veut parler, un automatisme comparable à celui qu'on obtient ou qu'on pense obtenir lorsqu'on se livre par exemple à un apprentissage extrêmement serré et qu'on peut après, dans l'apprentissage du type apprentissage par coeur, dérouler une série de nombres, de mots ou un texte comme n'y pensant pas et faisant en même temps autre chose. Ces activités, quand elles sont constituées, qui peuvent se dérouler à partir d'un processus de déclenchement comme une stimulation initiale, telle que par exemple la récitation d'un texte qu'il faut reprendre au point de départ pour arriver à le dire complètement, constituent un automatisme que l'on peut appeler un automatisme de type psychique. Mais ce n'est pas du tout cet automatisme-là auquel Descartes pense. Il décrit un automatisme qui est bien loin d'être l'analogue de l'intelligence, qui est bien loin d'être l'analogue d'une habitude acquise, et apprise, c'est un automatisme de la matière, de la res extensa, c'est-à-dire quelque chose qui est comparable au fonctionnement d'une machine, à cause de la forme de ses pièces. Quand une araignée construit sa toile, elle agit exactement comme une machine à tisser. Quand une taupe pousse sa taupinière, creuse sa galerie et pousse sa taupinière, elle agit comme une pelle à fouir, c'est-à-dire comme un outil qui a été fait de manière à soulever la terre de cette façon-là. Les animaux sont conformés pour un certain type d'action, d'ailleurs généralement étroit. En dehors d'une certaine manipulation matérielle correspondant à leur conformation corporelle, ils sont extrêmement maladroits, ils sont incapables de résoudre un vrai problème. Bien loin donc que les merveilles de l'industrie des animaux qu'on citait pour montrer la supériorité animale témoignent de la supériorité de l'animal, ces merveilles témoignent contre eux et témoignent contre l'instinct si on voulait considérer l'instinct comme quelque chose de psychique. Il n'y a pas d'instinct, il n'y a que de l'automatisme corporel.
Voici ce que dit Descartes : « bien qu'il y ait plusieurs animaux qui témoignent plus d'industrie que nous en quelques-unes de leurs actions, on voit toutefois que les mêmes n'en témoignent pas du tout en beaucoup d'autres : de façon que ce qu'ils font mieux que nous ne prouve pas qu'ils ont de l'esprit, car à ce compte ils en auraient plus qu'aucun de nous, et feraient mieux en toute autre chose ; mais plutôt qu'ils n'en ont point, et que c'est la nature qui agit en eux' », la nature, c'est-à-dire la conformation de leur corps. p. 76
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Depuis Aristote jusqu'à Descartes et de Descartes aux théories contemporaines de la notion d'instinct, les théories biologiques de la notion d'instinct, il y a vraiment une espèce de relation de thèse, antithèse, et de synthèse, le cartésianisme constituant l'antithèse de la théorie de l'Antiquité selon laquelle la réalité humaine et la réalité animale sont en continuité. Descartes affirme qu'elles ne sont pas en continuité. Finalement, la thèse contemporaine réaffirme à nouveau qu'elles sont en continuité, pas du tout par le renversement seulement du cartésianisme, mais en disant que ce qui est vrai de l'animal est vrai aussi de l'homme. Alors que les Anciens cherchaient à dire : ce qui est vrai de l'homme est vrai en quelque mesure de l'animal, surtout dans la mesure où il est un animal supérieur (c'est la théorie de la dégradation de Platon) ; après, le cartésianisme dit : ce qui est vrai de l'homme n'est vrai en aucune mesure de l'animal, l'animal fait partie de la res extensa, l'homme fait partie de la res cogitans, est défini par la res cogitans ; enfin, les thèses contemporaines consistent à dire : ce que nous découvrons au niveau de la vie instinctive, de la maturation, du développement comportemental dans la réalité animale, cela permet de penser aussi en une certaine mesure la réalité humaine, jusqu'à la vie sociale, qui existe en partie dans les groupements animaux et qui permet de penser certains types de relations, par exemple la relation d'ascendance-supériorité, dans l'espèce humaine. Il y a eu là un mouvement dialectique que nous essaierons de retracer. p. 62
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Vidéo de Gilbert Simondon
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