un livre d'un format original, a feuilleter, a reprendre, pour voyager, revoir ces chers sommets que nous avons peut être vu pour de vrai, ou rêver de voir.....
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Etrange matériau que le glacier, rigide mais plastique. Qu'on le martèle de coups, il s'effrite comme du verre; soumis à une forte pression, il se déforme comme du dentifrice. Ce sont alors les séracs (de "sérat", fromage blanc en savoyard), fleuves lents d'eau solide, crevassés en surface, parsemés de moraines. Sur le fond, près du lit rocheux, une masse pâteuse en mouvement, puissante, croît de quelques centimètres par jour à plusieurs mètres par an. Sous l'énorme pression, des sables et des fragments minéraux rabotent et griffent la roche qui portera des millénaires durant la signature du passage glaciaire, donnant des roches dites "moutonnées", car ondulées comme la croupe d'un mouton. Les glaciers fascinent car ils se meuvent en temps humains, avançant en périodes froides, reculant en périodes chaudes. Depuis cent ans, la température s'élève et les consume. Dans les Alpes, ils ont perdu 40% de leur surface : chaque année, des mètres en moins, en longueur et en épaisseur. Des petits lacs les constellent là où il n'y avait que de la neige, de nouveau torrents les sillonnent, s'enfonçant dans des puits grondants. Si la température de la terre continue à croître, leur beauté se raréfiera. Ils reviendront un jour - il y aura de nouvelles aires glaciaires -, mais ce seront nos descendants qui les verront.
Dans les livres scolaires, la question est vite expédiée. Les montagnes, dit-on, sont des plissements du géocosmos, dûs aux soulèvements de la croûte terrestre. Voilà qui est un peu rapide. Depuis la plus haute antiquité, au spectacle de l'infinie variété du paysage vertical - aiguilles, parois, pilastres, arêtes, crête - l'homme à cherché des explications à ces présences mystérieuses, souvent imposantes, se détachant sur l'horizon. Au cours des millénaires, pour les habitants des plaines, les grandes cimes de la planète se sont muées en tremplins de l'imaginaire, en métaphores de toutes les possibilités indicibles.
Tibet : le mont Kailash est un montagne sacrée pour le bouddhisme et l’hindouisme