La tenue léopard, c'est le putsch d'Alger revisité par un Siniac très en verve. Car il s'en passe de belles dans les forêts vosgiennes, surtout quand un français s'allie avec des généraux espagnols pour abattre le président, afin que de l'autre côté de la frontière des franquistes puissent rétablir une dictature en toute quiétude.
Un militaire machiavélique Césaire Pétrofianni, ancien sénateur d'Algérie, et quarteron de généraux à lui tout seul, monte une équipe, finance l'Opération, fait évader quatre barbouzes incarcérés pour des hold-up sanguinolents.
Tout est prévu pour renverser la République mais il y a un couac. Il leur manque l'homme providentiel, la figure publique vertueuse sans tache, le militaire qui prendra la tête de la dictature et rassurera les Français. Ils ont bien trouvé le bonhomme, Marcel Ranjard un général à la retraite qui coule des jours paisibles dans les Vosges avec la générale et un petit Vietnamien qu'il a recueilli.
Ranjard , sentant l'entourloupe, et qui est fidèle à la République, refuse l'offre des émissaires et oublie cette histoire. Mais quand ça défouraille sec dans les bois environnants, il va remettre sa tenue léopard et rameuter ses troupes, quelques vétérans de l'Indo qui ont toujours sous le coude une tenue camouflage et les flingues qui vont avec.
« Dans la nuit du 13 au 14 septembre 1964, le monde vivait en paix. Et qui, au cours de cette nuit, appuya le premier sur la gâchette ? Qui recassa le vase de Soissons ? Bref, qui donna le premier coup de pied au cul ? » Bein c'est Siniac, et il a la plume en folie: blazes improbables, pedigree dignes de concours canins, casiers plus du tout vierges, descriptions folles, intrigue sanglante, jeux de mots qui tuent…
Mise en bouche:
« Le général était en train de mettre sa vieille tenue léopard, les leggings, les grosses godasses montantes, la casquette « à la Ranjard », une mode qu'il n'avait pas voulu lancer, tout ça c'étaient des futilités, il n'avait jamais été un guignol de magazine de mode, des journalistes qui s'étaient jeté là-dessus, sa galette, la canne de Leclerc, les beaux yeux bleus de Pétain, le monocle de von Stüpnagel, les plats en sauce de Joffre, la plume dans le cul du général Dourakine, tout ça c'étaient des conneries pour amuser les pékins, soyons sérieux. Il s'habillait. Tenue de combat ».
Commenter  J’apprécie         494
Le général Ranjard à la retraite n'est pas un rond de cuir mais un dur de dur,
un ancien de l'Indochine qui à 70 piges passées fait encore ses 10 km de footing et ce ne sont pas des petits malfrats à bout de souffle qui vont l'embrigader à son âge dans un coup d'état préparé par le sénateur Pétro.. je ne sais plus qui !
Sa tenue léopard restera au placard ! à moins que le ciel ne lui tombe sur la tête.....
Encore une fois, Pierre Siniac sort son coupe chou...
Il passe les truands au peigne fin de son humour vachard...
Les malfrats, il y en a de toutes sortes, des sadiques au look funèbre, des caustiques, des blaireaux, des gros bidonnants, des belles gueules à la Errol Flynn ,des secs d'esprits et des pétochards...
qui vont faire face à une armada d'anciens baroudeurs, des gueules burinées, des crèmes brulées pas qu'au chalumeau qui renfilent leurs treillis et leurs rangers pour revivre peut-être une dernière fois le feu de l'action dans la jungle des alentours...
J'en dis pas plus sur ce western moderne, pas du genre spaghetti, fignolé
aux petits oignons rouges à la sauce Siniac, mais faut savoir que ce scénario branquignolesque n'est pas avare de dialogues bien tournés ni d'actions démesurées et que l'on est touché par le portrait du général que je verrai bien être interprété par Clint Eastwood en chair et en nonosse..
Autant dire que La tenue léopard, ça dégoupille...sec !
Commenter  J’apprécie         446
Il fit quand même remarquer que tous ces gens-là commençaient à nous faire joliment chier, qu'on leur donne le Pays basque aux Belges, la Guadeloupe aux Chinois, la Palestine aux Zoulous, la Bretagne aux Provençaux, Gibraltar aux Aztèques, la langue d'oc au chat et qu'on tire la chaîne, c'est vrai quoi, merde.
Cà lui rappela l'affreux cauchemar qu'il avait fait l'autre nuit. On inventait une pilule miracle que l'on faisait prendre à tous les cons. Et tous les cons devenaient intelligents. C'était positivement atroce.
Les néons tremblotants des sex-shop, des ciné-culs et des frites-merguez dégueulaient leur couleur pompier sur l'asphalte.
Un faciès aussi vivant qu'un fibrome dans un bocal, une bille insolite où étaient vissés des yeux aussi riants que des clous de cercueil.
Pièce radiophonique policière proposée par Germaine BEAUMONT et Pierre BILLARD, "Crime sur la nationale 7", d'après le roman de Pierre SIGNAC (alias Pierre SINIAC, "Illégitime défense") adapté par Pierre ROLLAND, réalisée par Pierre BILLARD assisté de Marie Denise WANDA. -