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EAN : 9782846211307
230 pages
Paris (07/10/2010)
4.5/5   2 notes
Résumé :
L'esclavage inhérent au monde antique n'est pas réapparu au XVIIIe siècle en Europe avec la traite des Noirs à usage colonial vers les Antilles et l'Amérique. C'est ignorer son importance en Europe du haut Moyen Âge et dans les pays slaves, mais aussi en Afrique et dans le monde musulman où il a duré des siècles. Utilisé pour la première fois en 937, le terme latin sclavus/slaves remplacera ainsi le grec doulos et le latin servus. Innombrables furent les Slaves vict... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un livre tabou qui n'a pas été assez lu! Et pourtant … il permet de comprendre toutes les bases de nos sociétés, et la nature humaine.
Le mot slave signifie "esclave". Donc, l'esclave au départ était blanc (sauf celui qui était noir). Enfin, il était de toutes les couleurs, et il en voyait de toutes les couleurs !
Les femmes représentaient les deux tiers des esclaves (plus faciles à dompter ! Comme d'habitude, les faibles sont soumis et diabolisés, les hommes de pouvoirs vénérés. Ce sont eux qui font ériger leurs statues, font écrire les textes, et obligent les plus faibles à se courber devant eux.)
Athènes abritait 4 fois plus d'esclaves que de citoyens. « Platon, Xénophon et Aristote justifient philosophiquement l'esclavage comme faisant partie de l'ordre naturel des choses. »
Les esclaves étaient raflés dans les campagnes. On tuait les adultes et les jeunes enfants pour ne garder que les adolescents. Les filles remplissaient les harems, mais aussi l'armée ou pouvaient devenir domestiques (corps et âme aux services du patron, bien entendu). Les garçons … étaient souvent castrés. Il y en avait moins que de femmes esclaves, et pour cause ! Deux façons de castrer : ou on enlevait tout, et un eunuque sur dix survivait à « l'opération », ou bien on n'ôtait que les glandes, et seuls trois sur quatre mouraient. L'essentiel était qu'ils ne puissent pas se reproduire, que le serviteur ne glisse pas subrepticement quelques uns de ses spermatozoïdes dans le corps de la reproductrice, ça ferait désordre !
Quand le sultan décidait de changer son harem, comme on changerait sa garde-robe ou sa déco, il rachetait de jolies esclaves toute neuves, et les autres, hé bien, les autres …. étaient tout simplement enfermées dans un sac et jetées à l'eau ! On ne s'embarrassait pas de futilités !
P26 « le témoignage des esclaves ne vaut rien s'il n'a pas été obtenu par la torture. »
Au Moyen-âge, pour les musulmans, comme pour les juifs et les chrétiens, la femme n'a pas d'âme et ne peut aspirer à aller au paradis qu'au service des hommes.
P52 « le verset 38 du Coran stipule que « les hommes sont supérieurs aux femmes, parce que Dieu leur a donné la prééminence sur elles et qu'ils les dotent de leurs biens. Les femmes doivent être obéissantes et taire les secrets de leurs époux, puisque le ciel les a confiées à leur garde. Les maris qui ont à souffrir de leur désobéissance peuvent les punir, les laisser seules dans leur lit, et même les frapper. La soumission des femmes doit les mettre à l'abri des mauvais traitements».
P53 « L'islam classique est une civilisation esclavagiste par excellence. »
L'esclave est assimilé à une machine, et son commerce officiel disparait au XIXème siècle, quand on a commencé à remplacer l'homme par les machines.
P59 « l'Islam peut être considéré comme l'unification des tribus arabes orientée vers la conquête hors de la péninsule, pour la possession des terminus des routes commerciales. »
L'Islam a permis aux musulmans d'unir différentes ethnies pour conquérir et piller d'autres royaumes. Mais les chrétiens, dans leur coin, en ont fait autant. Chacun forçant les plus faibles à se convertir, car il y avait des règles de solidarités entre coreligionnaires. Les religions monothéistes permettaient d'unir des peuples, en dehors des frontières, des langues, et des origines pour conquérir, acquérir davantage de richesses et de pouvoir par la violence et la tyrannie.
P70 Mahomet : « Quiconque change de religion, tuez-le ! » Voilà une liberté de penser qu'elle est bonne !!!! Mais ne vous en faites pas, les chrétiens ne faisaient pas mieux ! Charlemagne, lui, préférait couper les mains des non croyants. Voilà une motivation pour croire en Dieu !
P105 les arméniens utilisent leurs monastères comme centres de castration pour jeunes esclaves. Elle n'est pas belle, la foi ?
P118 les villes saintes sont des centres de redistribution des esclaves.
p125 quand les moines castrent des esclaves africains pour le harem du sultan.
p 126 les juifs font commerce des esclaves et les castrent.
P161 l'église possède des esclaves.
P 168 les femmes et les enfants des prêtres étaient des esclaves de l'église ( mais ça ne compte pas car ils n'avaient pas d'âme).
Enfin, je ne peux pas tout dire. Ce livre est d'une richesse époustouflante, et il ne fait pas honneur à l'être humain. A lire absolument !
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Encore un ouvrage planqué au milieu d'autres livres chez un libraire qui a failli m'échapper. C'est pas une vieillerie mais une nouveauté.
En fait, c'est le turban truc qui m'a attiré. Comme quoi, le choix de la couverture peut être encore déterminant.

Il s'agit d'un ouvrage traitant de la traite en Europe durant ce qu'on peut appeler sans jeu de mot, le trou noir de l'histoire de l'esclavage, c'est à dire qu'il couvre l'évolution de cette pratique entre la fin de l'Empire Romain d'Occident et le XVIIIè siècle.
Bref, il remet quelques pendules à l'heure, en rappelant des faits que trop d'historiens ont passés sous silence et dont l'une des conséquence auprès du grand public est de faire croire que l'esclavage a disparue avec l'Antiquité en Europe, c'est à dire avec l'avènement de l'Église, pour ne réapparaître que bien plus tard sous la forme de la traite négrière et du commerce triangulaire de l'Atlantique.

La majeur partie du livre est d'ailleurs consacrée aux âges sombres dont nous avons récemment parlés ici-même. Ceci dans le but de bien montrer que le Christianisme n'y est absolument pour rien dans la "fin" de l'esclavage puisque ce dernier a été principalement remplacé par des inventions techniques et le servage (nouveau statut de servitude), mais aussi que les européens ne se faisaient pas de cadeaux et continuaient à se razzier allègrement afin de fournir, principalement aux territoires musulmans (Espagne Andalouse, Maghreb, Égypte et Mésopotamie) des esclaves c'est à dire de la main d'oeuvre, de la force motrice.

D'ailleurs un nouveau mot s'est forgé à cette époque. Comme les esclaves antiques (servus) étaient désormais rattachés à une propriété foncière pour donner les serfs, un nouveau mot pour qualifier les esclaves propre à l'exportation fit son apparition en confondant la nature de la marchandise avec sa fonction : slaves, du nom de la principale peuplade soumise aux razzia Franques, qui devint slaves en anglais et esclaves en français.

Avec un cynisme maîtrise, l'auteur n'hésite pas à mettre en parallèle les flux de métaux avec les flux des esclaves puisque dans les deux cas, il s'agit de matières de haute valeur facile à transporter (petit volume pour les uns, autonomie de déplacement pour les autres) ce qui rendait ces marchandises propres à exercer leur rôle de monnaie d'échange, voir de monnaie tout court. Ceci à des années lumières des valeurs des Européens du XXIème siècle.

Le livre se découpe en très petits chapitres de quelques pages seulement (généralement moins d'une demi-douzaine de pages). Ce qui le rend assez facile à lire car les idées principales ressortent bien et les démonstrations ne se perdent pas en digressions. Je n'ai pas non plus l'impression qu'il faille des prérequis pour entreprendre sa lecture mais une connaissance des grandes étapes de l'histoire de l'humanité me semble tout de même nécessaire. de toute manière, pour les périodes "glauques", l'auteur fait de sommaires rappels des faits historiques.

Les derniers chapitres du livres, consacrés aux relations tendues entre cosaques et tartares sous l'influence de la Moscovie ou de l'Empire Ottoman, voir de la Pologne, sont une véritable mine à scénarios historiques divers et variés.

La traite des Slaves ou l'esclavage des blancs, d'Alexandre Skirda est publié aux éditions Max Chaleil, et traite d'une page méconnue de l'histoire de l'humanité à savoir la traite et l'usage des esclaves de la fin de l'antiquité à la Révolution Française. C'est un livre qui se lit bien et qui remet pas mal de pendules à l'heure tout en permettant de mieux connaître les évolutions de notre monde. Les croyants de tout bords on cependant du soucis à ce faire et les tentatives des uns et des autres pour se disculper d'une pratique passée de mode sont décortiquées et souvent démontées, preuves à l'appuie, par un auteur vif au style souvent direct et sans fioriture.
On peut cependant regretter que les ultimes chapitres ne soient pas de la qualité du reste de l'ouvrage. Se rapprochant de son collègue Jacques Heers et d'un militantisme anti-turcs assumé, l'auteur oublie les sources, se concentre sur les anecdotes et fait des citations tronquées ou des omissions que je juge coupables (notamment quand il cite partiellement le travail des deux Benassar ).
Lien : http://vicissitudesludiques...
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Alexandre Skirda a produit une synthèse passionnante et rare sur la traite. La traite médiévale y est analysée et les problématiques posées avec logique. Les flux de la traite, les ratios, les prix pratiqués permettent de mieux comprendre l'ampleur et les enjeux représentés par ce commerce. En ce qui concerne la traite médiévale, j'ai trouvé autant de réponses que de questions, et c'est ce que j'attends d'un livre d'analyse qui se lit comme un roman. Malgré les critiques parfois justifiées, souvent exagérées formulées par Aleksandr Lavrov, je considère qu'il s'agit d'un ouvrage majeur sur un sujet que l'auteur a traité avec honnêteté et intelligence. Quant au manque d'objectivité épinglé par Lavrov, je ne connais aucun historien qui ait jamais produit une oeuvre objective. Pour ce qui est des "erreurs" relevées par Lavrov, elles sont parfaitement compréhensibles : Skirda offre une oeuvre de synthèse : il s'en remet aux travaux d'auteurs dont il ne peut vérifier chacune des sources. On ne peut traiter une oeuvre de synthèse comme une monographie.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La première page du livre :

" La Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée par l'ONU le 10 décembre 1948 stipule dans son article 4 que «nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes». En France, la loi du 10 avril 2001 a qualifié la traite et l'esclavage de crime contre l'humanité. Revirement notable par rapport à la position qui a prévalu dans toutes les sociétés et toutes les religions, pendant une longue période de l'histoire humaine, où la réduction en servitude et le commerce des esclaves étaient considérés comme des activités honorables, normales sinon banales et tout à fait dans l'"ordre naturel des choses".

Un historien réputé de la question, Moses I. Finley, distingue cinq sociétés esclavagistes : la Grèce classique et certaines parties du monde hellénistique ; le monde romain de la fin de la République et de l'Empire ; les États-Unis avant la guerre de Sécession ; les Antilles et enfin le Brésil de l'époque coloniale. Il fait là preuve d'une singulière myopie avec l'oubli majeur et stupéfiant que sont la traite musulmane et la traite des Slaves, signes évidents de systèmes esclavagistes qui ont échappé à son attention. Cette attitude est assez représentative de la plupart des historiens actuels, enfonçant des portes ouvertes en reléguant cet infamant problème du trafic de chair humaine soit dans le monde antique, soit dans un passé colonial récent. C'est en 937 que le terme latin sclavus, de slavus /slave, a été utilisé pour la première fois à la place de servus dans un diplôme délivré à un marchand d'esclaves ; son terme français - esclave - ne commença à être usité qu'au XIIIe siècle, selon le dictionnaire Le Robert, dans le sens de «personne qui n'est pas de condition libre, qui est sous la puissance absolue d'un maître, soit du fait de sa naissance, soit par capture à la guerre, vente, condamnation. Le nom ethnique des Slaves devint le synonyme de non-libre et sera adopté par d'autres langues, remplaçant le grec doulos et les latins servus, mancipium et ancilla (pour la femme). La Slavonie, correspondant à une partie de l'actuelle Croatie, était ainsi appelée Esclavonie ; un quai d'embarquement à Venise, active traitante, s'appelait "Quai des esclavons"."
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Video de Alexandre Skirda (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Skirda
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