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EAN : 9782070320929
112 pages
Gallimard (09/11/2006)
3.5/5   10 notes
Résumé :

" Longtemps, je me suis couché de bonne heure : cinq ou six heures du matin. Circonstances diverses, scènes, actrices, acteurs. "

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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Les femmes qui ont roulé me dégoûtent, celles qui débutent m’ennuient.
p.10, Folio

Vous donnez à lire : tout de suite, focalisation sur le point. Pour parler d’autre chose, bien sûr : « j’aime bien les paysages. Ils sont très sensibles. » « Point » de sexe pour les femmes, « point » de pouvoir pour les hommes. Ils sont aussitôt prolixes sur tous les autres sujets.

« J’ai suivi votre conseil, je suis tombée amoureuse » - « Vous vous mariez ? » - « Ah ! en plus ? » - « Vous savez bien : le mariage, un ou deux enfants, et on en reparle » (elle a vingt-cinq ans). Pas contente.
p.11-12, Folio

Aragon : « Tu comprends, petit, la seule question est de savoir si on plaît aux femmes. » (On était à la Régence, je crois.)
p.16, Folio

La plume qui court, sa pointe, le papier à peine effleuré, l’encre, les oiseaux très tôt (l’air). La marée se prépare, hémorragie bleue [1] .
p.20, Folio

Antisthène, bref et profond. Ce que l’homme peut faire de mieux ? Mourir heureux. [...] « L’envie ronge les envieux comme la rouille le fer ». C’est lui qui a dit : « quel mal ai-je encore fait ? » en apprenant que beaucoup le louaient. Il a écrit un Ulysse et ceci : « il ne faut avoir du commerce qu’avec les femmes qui vous en sauront gré. »

Vous me copierez cent fois la dernière phrase.
p.24, Folio

Elle me disait qu’elle devait accoucher en janvier. « Pour l’instant je suis enceinte jusqu’aux yeux. » Nous étions en novembre, son ventre était plat. J’ai mis une demi-heure à comprendre qu’elle allait en Inde chercher sa livraison de petite fille. Elle disait cela comme une enfant. Elle était fine, vive, pas du tout cinglée.
p.26, Folio

Epicure : « Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter ; quand on est vieux, il ne faut pas se lasser. »
Rappelle-toi : NIME. Ce qui veut dire : Nil igitum mors est [2]. Rien, donc, est la mort. Pas besoin d’ajouter : « pour nous ». Ne pas traduire par : la mort n’est rien.
L’hésitation d’Igitur.
[...]
Et aussi : « Si les effets de ce qui est un plaisir pour les débauchés dissipaient les craintes de l’esprit touchant les météores, la mort et la souffrance, et qu’ils apprenaient la limite des désirs, je n’aurais plus rien à leur reprocher, puisqu’ils seraient absolument et toujours remplis de plaisirs, et n’auraient nulle part de douleur ou d’affliction, c’est à-dire de mal. »

p. 35-36, Folio

Dimanche, Zattere, Venise : les femmes ont des fleurs dans les cheveux, les canaux accostent, elles sautent légèrement pour courir acheter des glaces, ils repartent tous vers le large en léchant leurs cornets, vanille, pistache, fraise, café, chocolat.
p.83, Folio
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p15. On emploiera contre toi tous les moyens, successivement ou même simultanément. Censure, marginalisation, récupération, académisation, bouffonnisation.

1. Silence. 2. « C’est très peu... ». 3. « Pas si mal, il s’améliore ». 4. « Il finira à l’Académie. ». 5. « C’est une girouette, un clown ». Et ça recommence.
[...]
Recension systématique des expériences de bordels et des occasions.

[...]
Duras, pauvre femme. Elle prétend avoir rêvé de Maghrébins tabassant un fasciste dans un train. Sa mère la battait. Elle raconte qu’un soir d’élections un type est venu se branler contre elle. Elle dit que je ressemble à un moine vantant, en latin, une marque de fromages. Le président de la République, ajoute-t-elle, la trouve irrésistible. Spectaculaire intégré : spectaculaire désintégrée.
[...]
Au lycée, les filles. Assises au premier rang, souvent les meilleures, arrivée des règles, visages blancs, jardin de la Mairie comme point de rencontre.

p16. les Allemands occupent la maison. J’ai cinq ans, ils font cercle autour de moi, me mettent en joue, cliquetis, Maman, calme, me prend dans ses bras, m’emmène.

[...]
Les parachutistes anglais cachés dans les caves. Chuchotements français dans les étages, cris allemands au rez-de-chaussée, silence anglais dans le vin.

[...]
Introduction aux lieux d’aisance, écrit à dix-neuf ans (pendant les cours d’économie politique). Montré à Ponge, transmis à Paulhan, refusé parla NRF. Exergue de sainte Thérèse d’Avila.

[...]
Mauriac m’a répété au moins cinquante fois la phrase que Barrès avait dite à propos de lui : « la belle affaire d’être une merveille à vingt ans ! «

[...]
Aragon : « Tu comprends, petit, la seule question est de savoir si on plaît aux femmes. » (On était à la Régence, je crois.)

p17. Tel Quel , Le Seuil, Minuit, etc.
Vieux roman.

[...]
Bible. « Ecoute »

[...]
Chine. La petite dans l’ascenseur à Pékin.

p19. La lune renvoie aussitôt aux hôpitaux militaires. Rappelle-toi la boue et le froid, sur le banc. Tu étais censé ne plus pouvoir parler. Tu étais donc « le fou au clair de lune »

p20. J’ai toujours regardé intensément la porte. J’ai toujours été, d’une façon ou d’une autre , mis à la porte.

Cet homme signera aussi une vidéo sur la Porte de l’enfer de Rodin...
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Pour vivre cachés, vivons heureux.

On y est, au bout de la nuit, de l'autre
côté des ombres. Rien à découvrir de plus
perdu ni de plus absurde, de plus isolé pour
rien en ce monde ou dans l'autre. Un pas de
plus dans le désespoir, bien au fond, bien au
bout, et tout se renverse : tu choisis l'espace,
le temps ; ton espace, ton temps.

Je dis la nuit, parce que écrire c'est tou-
jours la nuit, « la nuit est aussi un soleil »,
« infracassable noyau de nuit », « soleil noir
d'où rayonne la nuit », etc. La trace d'une
ligne est la nuit.

p.7
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Pour un écrivain, le carnet est ce qu’il y a de plus étrange et de plus intime.
C’est un autre temps, une respiration d’appoint, une mémoire profonde et oblique, une chambre noire, un filtre. Là sont notées les apparitions. Un rêve, et les morts sont là, tout à coup, plus vivants que jamais, soucieux ou énigmatiques. Une phrase banale, prononcée d’une certaine façon, et tout un paysage s’ensuit. Une odeur, une couleur, un bruit, et le grand navire de l’existence prend le large, très au-delà de l’actualité en écume, vers un passé qui ne passe pas, demande son développement, son récit futur. Je suis un personnage de roman, il va m’arriver des choses. Il faut rester en éveil, rien n’est négligeable ou indifférent, des rapprochements m’attendent, des signaux, des hasards objectifs. Je suis un animal enfantin, tous les sens participent à l’opération magique. Voilà, c’est parti : les personnages se présentent d’eux-mêmes, ils veulent être observés et décrits, ils jouent le jeu à leur insu, ils demandent à être radiographiés, mots, gestes, démarches, mimiques. Proust écrit : " Je vois clairement les choses dans ma pensée jusqu’à l’horizon. Mais celles qui sont de l’autre côté de l’horizon, je m’attache à les décrire." Le carnet est cet autre côté de l’horizon.
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Le nihiliste, à propos du génie : "Quel-
que chose d'autre que lui vivait en lui, passait
par lui, allait plus loin que lui, était très
différent de lui", etc.
Bref, sans cesse : lui n'était pas lui.
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Vidéo de Philippe Sollers
Dialogue autour de l'oeuvre de Philippe Sollers (1936-2023). Pour lire des extraits et se procurer l'essai SOLLERS EN SPIRALE : https://laggg2020.wordpress.com/sollers-en-spirale/ 00:04:45 Début
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