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EAN : 9782882506160
230 pages
Buchet-Chastel (04/02/2021)
3.55/5   11 notes
Résumé :
À trente-quatre ans, Singer, auteur sans succès ni inspiration, obtient son diplôme de bibliothécaire. Il décide de quitter Oslo pour prendre un nouveau départ dans une ville de province où personne ne le connaît. Il y tombe amoureux d’une céramiste, Merete Sæthre. Mais après plusieurs années, leur mariage se délite. Un jour, alors qu’ils sont sur le point de divorcer, la vie de Singer bascule.

L’œuvre de Dag Solstad se dresse contre la bêtise et la m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
T. Singer est un homme sans prénom, il est aussi un homme qui n'ose pas.

L'auteur, le norvégien Dag Solstag, nous le présente comme appartenant à l'espèce assez commune des ruminants : plutôt que de se projeter dans son propre désir, Singer tente d'anticiper le désir d'autrui pour s'y conformer et cogite, cogite, à longueur de vie.

Or cet "autrui" est nombreux et le cerne de toute part : son oncle, ses amis (B, K, Y, Ingemann), ses collègues, son épouse, les amies de son épouse, ses beaux-parents, sa belle-fille, les camarades de sa belle-fille, ses voisins.

Les exigences de tous étant contradictoires, son problème vital est de n'offrir aux regards que le minimum de surface corporelle (et affective) possible afin d'échapper à la détermination. Il se voudrait "anonyme", fluide, transparent, sans aspérité, sans caractère.

Il ignore manifestement que se vouloir tel, c'est déjà se déterminer. Car une part essentielle de la condition humaine, c'est justement d'être soumis aux regards, et donc aux malentendus. Or Singer ne peut supporter le malentendu.

Singer voudrait maîtriser le regard d'autrui, le jugement d'autrui. Il est mal à l'aise avec l'altérité d'où peuvent surgir à l'improviste erreurs et injustices.

Singer est en danger partout et toujours, car il manque d'être : son élan vital est malade, il tourne en rond dans le vase clos d'une subjectivité délirante, comme toute subjectivité qu'aucun courant d'air ne vient jamais aérer.

Il ne se rend même pas compte qu'il est bien davantage percé à jour qu'il ne le croit, et aimé/supporté/estimé/méprisé/accepté pour ce qu'il est, et pour ce qu'on croit qu'il est. Comme nous tous.

Car s'il est un obsessionnel, il n'en possède pas moins des qualités, disons des "atouts", qu'il ne reconnaît pas comme tels car il les prend pour des stratégies d'évitement : il est bon camarade, bon collègue, capable de tomber amoureux, d'élever seul une enfant qui n'est pas la sienne. Il ne manque donc pas de générosité, de sens des responsabilité. Il n'est pas malveillant.

"Singer" (le patronyme du personnage n'est sûrement pas un hasard), nous interprète la petite musique de la peur de vivre.

Il m'est arrivé de m'impatienter en cours de lecture. C'est quand j'ai compris que Dag Solstag poursuivait un autre dessein que de nous faire le portrait clinique de l'obsessionnel (consultable dans n'importe quel bouquin de psycho), que j'ai pris un nouveau départ et trouvé la lecture captivante. Un peu triste aussi.

Car dépassant tout-à-fait le projet de peindre l'obsession, il me semble bien que l'auteur a essayé de nous tendre notre propre miroir.

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Kafka était le chantre des personnalités paranoïaques, mégalomanie, toujours raison, idées de persécution, raisonnement juste sur des bases fausses ( la terre est plate ) etc. Ici avec Dag Solstad nous avons le chantre des personnalités obsessionnelles. Culpabilité originelle ( être né garçon alors que les parents voulaient une fille, voir pas d'enfant du tout, ou inversement etc.), doute perpétuel, rumination, ne pas être en situation de reproche, faire tout bien, vérifier, incapacité à choisir, indifférence affective etc.
Avec en prime une vision de la vie et du fonctionnement social on ne peut plus négatif.

Les trois fois 20 premières pages mettent le lecteur à l'épreuve. Un souvenir d'enfance hante T.Singer. Gamin, il s'est fait remarquer et de plus son comportement sonnait faux. PS : ne pas être en situation de reproche. 20 pages, s'il avait fait ci plutôt que cela, on aurait pu comprendre ci comme cela ou cela comme autrement, mais si etc.
Idem, souvenir d'adolescent du même tonneau, Singen va au cinéma, il fait sombre, il s'assoit à côté d'un ami, lui parle. Mais, il a mal vu, ce n'est pas l'ami K, mais le moins ami B. Que va penser B, et si et si et si. 20 pages.
Enfin, des velléités d'écrivain. Mais T. Singer bloque sur la première phrase, et si j'avais utilisé ce mot plutôt que celui ci. Re-20 pages. Bref, il n'ira jamais plus loin, n'en faites pas autant s'il vous plait.
Et T.Singer fait son deuil d'écriture,

Il décide alors de changer de vie. Il déménage pour un lieu où l'herbe est aussi laide qu'ailleurs, il réorganise un train train de vie en longeant les murs, il ne s'agit pas de se faire remarquer au risque d'être sujet à des reproches. Et, mais, malgré un épisode conjugal et une fille qu'il aura élevée en la laissant s'élever elle même, soyons rassuré, il sera libéré de ces contraintes et à l'aube de ses 50 ans repartira d'un bon pied vers ce que l'on pourrait appeler, vu de l'extérieur, un ratage magistral de vie.

Belle préface. Je note : un journaliste demande à l'auteur pourquoi systématiquement des personnages qui ratent leur vie.
Réponse.
Je peux simplement affirmer que c'est ainsi que les choses se passent.
Par delà l'individuel, les visions sociétale et humaine ne sont pas meilleures. Quelles sont les options politiques de Dag Solstad ?

Livre qui donne à réfléchir. Vous serez sensible à la maestria de l'écriture.

Quand à la vérité du discours. Au choix.
Si vous adhérez, la vérité dérange.
A contrario, la vérité n'appartient pas à ceux qui croient la détenir, fut elle écrite.

Et il y a ceux qui vous mènent en bateau.
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Méconnu en France et pourtant auteur majeur et estimé dans son pays, Dag Solstad, auteur norvégien inscrit dans le courant « stream of consciousness », signe avec T. Singer, le portrait d'un anti-héros. Une lecture surprenante, drôle et déchirante.

Écrivain raté, Singer part, après une vie d'échecs, à 34 ans à Notodden, démarrer une nouvelle vie en tant que bibliothécaire sans autre ambition que de vivre dans l'anonymat. Notodden est pour lui l'occasion de prendre un nouveau départ et de quitter son passé chaotique et la honte qui l'habite. Là-bas, dans cette petite ville de province, il pourra enfin vivre libre et incognito. Malheureusement, sa vie à Notodden ne va pas se passer comme prévu.

Impersonnel et conforme
Singer joue parfaitement son rôle de citoyen, de collègue, d'employé, de père et d'époux. Il est dépourvu de personnalité propre. Il ne fait qu'entrer dans le moule et se comporter de manière conforme. Il adapte son comportement à chaque personne qu'il côtoie en fonction de leur personnalité, de ses liens avec elles, ou encore de leur hiérarchie et classe sociale. Singer est lisse, trop lisse et trop arrangeant. Son manque d'authenticité lui fait sacrément défaut. Toute sa vie, il a joué des rôles, s'est plié aux attitudes d'autrui et a vécu en fonction des autres, pour finalement s'oublier et mener une vie fade, sans ambition ni but que son roman avorté à la toute première phrase.
Lien : http://untitledmag.fr/t-sing..
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Ni le style, ni la construction du livre ne sont parvenus à me parler. Il y a des textes, comme ça, qui nous sont inaccessibles ou incompréhensibles, parfois les deux. Celui-ci en est un. Mais comme l'auteur connait apparemment un beau succès dans le milieu littéraire, il se passera, et de mon avis, et de ma lecture.
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critiques presse (2)
Bibliobs
04 mars 2021
Dag Solstad, l’écrivain norvégien qui s’acharne sur son héros... et sur son pays, l’amour et le concept de bonheur conjugal. Ce n’est plus de la littérature, c’est du tir aux pigeons.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
01 mars 2021
L’écrivain norvégien cultive sa lucidité désabusée dans ce récit d’un homme n’a rien qui lui soit propre, si ce n’est l’idée qui le pousse à fuir tout ce qui pourrait lui conférer une personnalité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le secret, ça s'appelle l'entreprise, pardi ! (...) Et quel en est le fil rouge ? Le profit ? Oui évidemment. Evidemment que c'est le profit. Mais pourquoi nous faut-il toujours plus de profit ? Est-ce que nous ne pourrions pas dire : allez, stop, on gagne suffisamment de fric, ça suffit pour l'instant, on se repose un peu (...) Pourquoi nous ne faisons pas ça ? Quelles lois régissent notre comportement ? J'estime savoir où chercher (...) chercher la loi de la pesanteur, celle qui nous rend pesants, qui nous accable et en même temps nous fait aller de l'avant. Il est question d'un simple mot, d'un mot maltraité, et ce mot est "abordable". Ce mot c'est "pas cher". La notion de "bon marché", de "bas prix", elle régit quant à elle la loi qui nous permet de mieux comprendre notre civilisation. Il s'agit là d'une des deux colonnes de la vérité.
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C'était un cogiteur dépourvu de caractère, un négateur de la vie dépourvu d'identité, un esprit exclusivement négatif qui observait tout d'une manière presque autosacrificielle. Il se laissait porter, il musardait avec une si grande indifférence qu'elle avait pu lui donner une sensation de liberté, d'indépendance. Il était sur le chemin de la vie un randonneur anonyme, un vagabond gauche, qui marchait le dos rond et les yeux rivés sur le sol, en plein mitan de sa jeunesse, année après année.
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Se peut-il que la sensation de malaise, de gêne insupportable qu'il éprouve face à tout cela ait eu pour conséquence qu'il a employé une partie conséquente de son temps dans une espèce de paysage crépusculaire inconscient à se comporter de manière instinctive (...) pour éviter de s'illustrer dans de nouvelles situations gênantes (...) ?
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Le danger menace en permanence (...) ce qui signifie que l'on peut n'importe quand et n'importe où atteindre un point où le pas suivant sera lié à un très grand danger, au péril d'être démasqué, déshabillé. Chaque pas porte en lui le germe d'un instant gênant, d'une infestation de honte qui ne s'effacera jamais de la conscience.
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