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sur 1304 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La mort de deux frères s'entretuant au combat, va provoquer la condamnation à mort d'une jeune fille, puis... d'autres morts !
Le choeur: Entendez le vol des corbeaux au dessus du corps de Polynice! Entendez les croassements odieux!

- Je ne suis qu'une jeune fille, et n'ai pas connu l'amour d'un homme, mais j'irai, oui, j'irai recouvrir le corps de mon frère !
- Non Antigone, ma soeur ! Notre oncle, le roi Créon, l'a interdit, sous peine de mort!

Le choeur: Entendez Ismène, qui essaie de sauver sa soeur. Entendez Hémon, le fils du roi Créon, plaider pour sa fiancée. Entendez notre devin Tirésias, intervenir pour cette fille folle!
Entendez le Coryphée, le chef du choeur antique parler d'une affaire menée par les Dieux eux-mêmes...

-J'ai les mains en sang, les ongles arrachés, ma tunique est salie par le sang qui suintait encore du corps de Polynice. Mais, je l'ai tenu contre moi, j'ai peigné ses cheveux avec mes doigts, et je l'ai embrassé une dernière fois...
J'ai écarté les bêtes qui rôdaient, dans la nuit noire. On est venu me repousser! Mais, je suis revenu en rampant, pour tromper les gardes.
Et j'ai arraché, j'ai creusé la terre, pour recouvrir le corps de Polynice. C'était mon frère!
Si son corps n'est pas enterré, Polynice ne pourra reposer en paix... Son âme ne peut errer éternellement, les Dieux sont avec moi!

Dans cette tragédie, Créon ne peut pardonner car cette fille, même si c'est sa nièce, ne peut contredire un Roi. Il ne peut perdre la face!
Le maintien de l'ordre dans la cité, après la guerre, implique le calcul, le mensonge et... le cynisme.

Elle s'appelle Antigone, et elle va devoir être une Antigone, tenir son rôle, jusqu'au bout...
Elle ne pleurera pas, sauf pour son frère ! C'est une adolescente intransigeante, qui refuse la médiocrité et les compromissions...

Même quand elle connaîtra sa condamnation à mort, elle affirmera sa fidélité aux lois divines et morales qui dépassent la justice des hommes!
La liberté individuelle prime sur la loi des hommes et sur les décrets des Rois...

- Je suis faite pour partager l'amour, non la haine". Antigone de Sophocle.
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Oedipe a quitté Thèbes mais pour autant, le calme n'est pas revenu. C'est Créon qui hérite du trône après que les deux fils d'Oedipe se sont entretués . Créon décide que Polynice, l'un des deux fils, ne mérite pas les honneurs funéraires. Antigone, soeur du défunt, ne supporte pas l'offense et décide de passer outre les ordres royaux.

Même si le niveau d'Oedipe roi n'est peut être pas atteint niveau tragédie , on est encore sur des niveaux que les auteurs actuels doivent hésiter à mettre en place pour ne pas entamer leur crédibilité. les Labdacides sont maudits , et bien comme il faut.
Au delà du destin familial, Antigone apparait comme une vraie pièce politique , le "doit on obéir à tous les ordres?' en toile de fond et sa réponse "Appartient il à l'opinion publique de nous dicter notre conduite ?".
De vraies questions , intemporelles, abordées ici rendant la position de Créon cornélienne bien avant l'heure !
Moins intemporelles, les querelles entre les Dieux du haut et ceux du bas et leur omniprésence dans la vie quotidienne.
Une pièce relue avec beaucoup de plaisir et qui m'entrainera assurément à nouveau dans la Grèce antique .
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Je viens de voir une représentation de « Antigone » de Sophocle. C'est peu dire que c'était une découverte tant je suis ignorant en théâtre grec classique. de plus ce n'était pas une représentation très « classique », puisque cela se passait au théâtre plein air de Saint-Gilles à la Réunion. Pour ceux qui connaissent, ce théâtre est situé sur les hauteurs de la ville, en forme d'hémicycle, en béton brut, très dépouillé. Sous les étoiles, on aurait pu vaguement se croire à Epidaure ou à Delphes. La scène, également très épurée, faite de caissons de bois et caisses plastique, avec ce qui pouvait faire penser, de loin à la façade d'une case créole. Et c'est justement ce mélange qui m'a paru intéressant, entre Grèce antique et culture afro créole. le texte, avait aussi été adapté, avec des dialogues et des chants en partie créoles. Cela n'aurait certainement pas déplu à Sophocle de voir sa pièce adaptée ainsi sous les tropiques. de plus le thème de l'obéissance à un tyran ou de suivre sa propre morale en en assumant toutes les conséquences, reste tout à fait d'actualité, il y a 2500 ans comme aujourd'hui et sous toutes les latitudes. Ce n'est pas sans rappeler parfois l'histoire de la Réunion, notamment la période de l'esclavage. Mais c'est une lecture peut-être un peu extrapolée de cette pièce. Voire… Les acteurs, magnifiques, Antigone et Créon resteront inoubliables, mais aussi les personnages secondaires clairement inscrits dans la créolité réunionnaise. Ce chef-d'oeuvre classique restera pour moi une des grandes découvertes culturelles de cette année.
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Quand faut y aller, faut y aller (ce qui pourrait être la devise d'Antigone, après tout). Mais c'est une souffrance toujours renouvelée que de m'attaquer à la critique d'une pièce de théâtre grec antique. C'est une joie et une souffrance (pour reprendre une célèbre réplique de Truffaut , qu'il a utilisée pour une mise en abyme dans un film sur le théâtre, soit dit en passant, ce qui n'a d'ailleurs strictement rien à voir avec Antigone).


Donc, souhaitant faire une pause du côté des suites désastreuses de la guerre de Troie, ne voilà-t-il pas que je me lance dans les malheurs innombrables des Labdacides. Qui valent largement ceux des Atrides, mais ça vous le saviez déjà.


L'histoire d'Antigone fait suite à l'histoire des Sept contre Thèbes. Oui, mais, me direz-vous, ne serait-ce pas Eschyle qui a composé Les Sept contre Thèbes ? Et Sophocle qui a composé Antigone ??? Bien sûr, vous avez raison. Mais il semble aujourd'hui établi que ce n'est pas Eschyle qui a écrit la fin des Sept contre Thèbes, mais une main anonyme, afin que la tragédie annonce la confrontation de Créon et Antigone. Nous ajouterons en passant qu'Euripide lui-même avait également composé une tragédie sur Antigone, ce dont nous nous fichons royalement ici, vu que la pièce est perdue. Ce qui importe, c'est qu'encore de nos jours, on se demande à quel point Antigone n'est pas un personnage créé presque de toutes pièces par Sophocle, étant donné qu'il est impossible de trouver quelque source que ce soit de cette pièce.


On va en profiter pour se remettre vite fait dans le contexte - que je connais peu, pour tout dire. Toujours est-il qu'en -441, date de composition d'Antigone, les débats allaient bon train en Grèce sur la législation, l'opposition entre les lois humaines, sociales, et les lois dites "naturelles", c'est-à-dire de nature religieuse. Eschyle prenait parti pour les lois religieuses, quand Euripide se fichait éperdument de celles-ci. Quant à Sophocle, il a toujours été en retrait de tels débats : là ne réside pas son intérêt, là n'est pas son propos. Et ici, c'est Antigone, la jeune fille déterminée à atteindre son but coûte que coûte, qui l'intéresse. On sait d'ailleurs que les dieux, chez Sophocle, sont des entités inatteignables, dont les lois sont incompréhensibles, dont les desseins ne peuvent pas être appréhendés par les humains. Il est donc bien plus intéressant pour lui de se consacrer au destin individuel d'un personnage, qui luttera jusqu'au bout, même si Sophocle est évidemment conscient des questionnements liés à l'époque et au respect des lois.


J'évoquais Les Sept contre Thèbes, je résume l'intrigue au minimum pour ceux qui ne l'auraient pas en tête. Après la mort d'Œdipe, ses fils, Écléon et Polynice, se partagent le pouvoir à tour de rôle pour gouverner Thèbes. Jusqu'au jour où Écléon décide de garder le pouvoir. Révolte de Polynice qui, avec d'autres chefs militaires, va essayer de renverser Écléon et de monter sur le trône. Les deux frères s'entre-tueront, mais seul Écléon aura droit à des funérailles, Polynice étant jugé comme traître à sa patrie par Créon, le nouveau souverain. C'est là que se termine la tragédie d'Eschyle (avec quelques petits ajouts, comme on l'a vu précédemment), et que peut commencer la tragédie d'Antigone.

Antigone, fille d'Œdipe et de Jocaste, décide donc, en dépit de l'édit de Créon, de préparer des funérailles pour son frère Polynice, dont le corps est exposé aux yeux de tous et voué à être dévoré par les bêtes. Il n'existe aucun dilemme chez Antigone : pour elle, les lois religieuses sont sacrées et outrepassent les lois de la cité, son frère mérite d'être enterré et peu lui importe la punition encourue. Elle sait depuis le départ qu'on va la condamner à mort pour sa désobéissance, mais non contente d'assumer son destin, elle le choisit en pleine connaissance de cause. C'est un personnage qu'on pourrait qualifier de nos jours de psycho-rigide, et même d'obsessionnel, tellement elle est fermée à toute discussion. Elle va même plus loin que ça : quand sa sœur Ismène préfère se conformer à l'édit du souverain, elle la renie presque. Antigone semble n'éprouver d'amour pour personne : sa sœur et son fiancé ne lui importent pas ; jamais elle ne prononcera le prénom de son fiancé Hémon, jamais elle ne souciera des conséquences que ses actes pourront provoquer - il faut bien se mettre en tête qu'elle a mis en danger Ismène en lui dévoilant son plan, et que celle-ci n'échappe que de très peu à la condamnation à mort pour complicité. Si elle invoque sans cesse les morts (Œdipe, Jocaste, Polynice, mais non Étéocle) et son désir de les rejoindre dans la tombe, c'est moins par amour (comme si ce sentiment lui était étranger et qu'elle était atteinte de psychopathie) que par le sens du devoir dont elle est certaine qu'il lui incombe ; mais aussi parce qu'elle ressemble à une ombre, plus proche des morts que des vivants.


Créon est l'opposé d'Antigone, son ennemi et l'antagoniste sans lequel elle n'aurait pas de raison d'être et d'agir. Malgré ses beaux discours du début, on constate vite qu'il est assoiffé de pouvoir, peu soucieux du bien du peuple, insensible même aux prières de son fils Hémon. Mieux, il envisage de faire mourir Antigone sous les yeux de celui-ci. Si Antigone est une psychopathe, lui a tout du sociopathe. Ismène, Hémon, jouent les rôles habituels des médiateurs, sans succès. le coryphée, étonnamment, au lieu de tempérer les disputes à l'aide du chœur, ne sait à qui se vouer et adopte sans vergogne le point de vue du dernier qui a pris la parole. Quant au chœur, il n'intervient pas directement, c'est à peine même s'il relate le contexte. Son rôle semble plus du côté de la mélopée, du spectacle, que de la participation à l'intrigue - mais peut-être est-ce dû à la traduction que j'ai lue, qui rend en tout cas aussi bien que possible l'ambiance d'une pièce de théâtre grecque antique sur scène.


Difficile de trouver personnage plus rigide, plus déterminé, plus maîtresse de son destin que cette jeune fille issue d'une famille harcelée par les dieux, mais qui jamais ne déviera du chemin qu'elle s'est tracé.
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Lycéenne je n'ai pas eu l'occasion de lire des pièces de théâtre et encore moins des tragédies. C'est donc sur le tard et par le biais de la littérature de jeunesse que j'ai découvert l'immensité et la splendeur de la mythologie grecque.
Il était temps à 40 piges passées (je ne compte plus après !) de me plonger dans les textes de Sophocle. Sans appréhension mais avec humilité et bonheur.
C'est très agréable à lire et en même temps terriblement d'actualité.
Antigone est la fille du malheureux Oedipe qui vient de découvrir qu'il a épousé sa mère et que ces enfants sont donc nés de l'inceste.
Antigone la fidèle, la loyale qui ira jusqu'au bout de ses convictions payant le prix ultime.
Ses deux frères se sont entretués, chacun dans un camp. Celui qui s'est battu contre Thèbes n'aura pas droit aux derniers honneurs dus aux morts: une sépulture et des pleurs. Créon le roi de Thèbes l'affirme : que le corps de Polynice soit exposé aux chiens et aux oiseaux. Que celui qui osera désobéir à cet ordre sera sévèrement puni.
Antigone ne peut donc laisser le corps de son frère livré en pâture aux bêtes sauvages et aux intempéries. Elle a choisi en connaissance de cause. Elle sait qu'elle va mourir. Sa soeur Ismène a fait l'autre choix. Alors même que le fils de Créon et fiancé d'Antigone plaide pour la jeune femme, le roi s'entête.
Il est trop tard quand enfin il réagit.
Cette tragédie pose ainsi une question essentielle et intemporelle: faut-il obéir à un ordre manifestement injuste ou illégal (on peut faire le parallèle avec la 2nde guerre mondiale)?
Créon représente l'orgueil poussé à l'extrême. Il commet l'irréparable pour ne pas perdre la face en changeant d'avis.

C'est beau, c'est tragique.
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De tout le théâtre grec, peu d'oeuvres nous reste. Parmi les rarissimes ouvrages que nous avons encore, Antigone est l'une des plus célèbres. Il faut dire que c'est mérité : cette tragédie est une oeuvre puissante, profonde, immense, grande : il fallait être Sophocle pour nous faire un coup pareil. C'est grand, c'est beau, c'est fort !
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Quelle merveille ! J'avais oublié que j'aimais autant la tragédie grecque.

En admiration devant l'Antigone d'Anouilh, j'ai refait le chemin à l'envers pour retrouver les prémices de cette oeuvre. Et sans être la même chose, c'est tout aussi beau. J'ai oublié beaucoup de mes lectures de jeunesse et je pense poursuivre le plaisir de leur redécouverte.

N'hésitez pas, c'est tout à fait lisible au jour d'aujourd'hui et cela rend humble de penser que finalement tout a déjà été dit il y a bien longtemps.
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Antigone a vu ses frères mourir : l'un a le droit aux éloges funéraires, l'autre à rien. Antigone veut à tout prix que ses deux frères soient ensevelis sous terre pour leur honneur et va en payer le prix : Créon, qui a ordonné cette condamnation ne changera pas d'avis : elle mourra.

J'avais lu Antigone, il y a fort longtemps, en tout cas la version d'Anouilh. J'avais un vague souvenir de l'histoire et je trouve cette pièce très forte : aussi bien du côté d'Antigone, que du côté d'Hémon qui va pour l'amour de sa femme, la soutenir, quitte à mettre sa vie en jeu.

J'ai beaucoup aimé cette pièce.
Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Nous sommes nombreux, qui aimons Antigone, fille et soeur de son père Oedipe le vagabond éternel
Elle n'accepte pas la loi - celle de Créon et, malgré les édits royaux, elle ensevelit son frère Polynice - mort lors des combats devant la ville.
C'est pour elle un devoir sacré.
Le lien qui l'unit à son frère est unique; un mari, un enfant - si elle les avait eus, puis les avait perdus, elle pouvait recréer le lien, mais avec un frère, quand les parents sont morts…?
Elle sait que la gloire en un tel acte lui apportera la mort, une mort qui surviendra avant d'être arrivée au terme de sa vie .
Sophocle, économe de mots et d'espérance, prodigue d'intelligence traite les conflits majeurs de nos vies: l'homme et la femme, la jeunesse et la vieillesse, le courage et la lâcheté, les dieux et les hommes, la vie et l'immortalité, le destin choisi et la vie subie, l'état et l'individu.
Antigone marque la fin de notre être primitif et de son intelligence de la vie dans le groupe et la naissance de l'homme moderne - en l'occurrence de la femme ( est-ce un hasard ?) individu debout (les anthropologues nous ont appris que c'est cette position debout, permettant de rafraîchir, développe le cerveau)*, individualité et non plus simple membre d'un groupe dont il adopte la pensée.
Exemple que nous tentons de suivre depuis Antigone contre les groupes, contre les états, contre les pensées (?) fabriquées pour que nous les adoptions poliment.
Peut être viendra-t-il ce monde des après de l'impossible ….


On boira de l'Ouzo.
N'importe où vers Thèbes,

En écourtant Carl Orff.
(son Antigone est difficile à trouver; cherchez la, elle est belle)


Les extraits d'Antigone ont été traduits par V.H. Debidour
* Stephen Mithen The Prehistory of Mind
Lien : http://holophernes.over-blog..
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De tous les héros de la mythologie grecque, Antigone est sans doute le plus tragique, le plus formidable. Elle n'est pas fille de dieu, elle n'a pas de pouvoir surhumain. Elle n'a que le courage de ses convictions, pour lesquelles elle est prête à aller jusqu'au bout.
Une leçon pour chacun.
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