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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tomi Motz est dépêché à Seyvoz par l'entreprise qui l'emploie pour un problème de maintenance : des anomalies ont été détectées dans les installations du barrage. Arrivé sur les lieux, personne. Il tente de joindre quelqu'un au téléphone, pas de réseau. La personne avec laquelle il avait rendez-vous n'a pas pu venir lui dit une rousse en Clio rouge sans même prendre la peine de descendre de sa voiture. Et elle s'en va, le laissant là. Il saute dans sa vieille Passat et tente de la rattraper. Il la suit bien un moment, mais la voiture disparaît. Il se rend alors à l'hôtel, personne. Il trouve un post-it avec son nom, le numéro de sa chambre et le code wifi, mais ne voit personne… Tout cela est bien intrigant et un peu inquiétant !
***
Ce roman à quatre mains, écrit par Maylis de Kerangal et Joy Sorman, se divise en quatre jours qui se déroulent sur deux axes temporels : le présent (police de caractères noire et narrateur à la troisième personne) et le passé (police de caractères bleue et narrateur à la première personne). Au présent, les événements deviennent de plus en plus étranges au fil des jours. le peu de gens que Tomi rencontre brièvement sont incapables de l'aider. Ni le stagiaire, ni la patronne de l'hôtel, ni le vendeur de charcuterie ne pourront répondre à ses questions. Il reste seul, sans aide, et presque toujours sans réseau. Il sent l'angoisse monter, amplifiée par le manque de nicotine. Au passé, c'est le drame, bien réel. Au début des années cinquante, les habitants de Seyvoz doivent quitter leur village puisqu'il sera prochainement englouti sous un lac artificiel créé par le barrage en construction, puis sur le point d'être mis en eau. Si certains s'en vont sans trop rechigner, d'autres décident de résister tout en étant conscients que la partie est déjà jouée et que les dés étaient pipés…
***
Au présent, l'intrusion du fantastique vient brouiller les perceptions de Tomi comme celles du lecteur grâce à des images et des symboles qui font douter des frontières entre réel et irrationnel. La conscience de l'environnement se modifie. On bascule dans un monde instable où tout apparaît mouvant. Seul un intense sentiment de solitude persiste. Au passé, on vit avec les hommes venus construire le barrage (lourd tribut : 52 morts). Et le désespoir perceptible des expropriés, leur frustration et leur colère, leur amère résignation se transmettent au lecteur. L'Éducation sentimentale accompagne Tomi et lui apporte de temps en temps un peu de réconfort, mais trop brièvement pour lui permettre de reprendre pied. Un bref et beau roman, une écriture maîtrisée et assez homogène pour que je n'identifie pas la patte de chaque autrice, bien que je sois tentée d'attribuer les parties les plus techniques à Maylis de Kerangal, forcément. Je n'ai pas deviné qui était le narrateur à la première personne…
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Quatres mains, deux autrices, une seule plume pour raconter une histoire singulière dans laquelle le passé résonne puissamment dans le présent.
Chargé de contrôler les installations du barrage de Seyvos, Tomi Motz est en proie à d'étranges sensations. Comme une résonnance des vies et des morts qui ont été engloutis pour permettre l'édification de l'imposant ouvrage d'art.
Entre passé et présent, raison et folie, Tomi perd pied et s'enfonce au propre comme au figuré dans le lac artificiel à la recherche d'un monde disparu. La frontière entre réalité et onirisme s'efface progressivement alors que l'ingénieur plonge dans les abysses.
A l'aide de phrases concises, d'un vocabulaire choisi avec précision, Maylis de Kerangal et Joy Sorman réussissent l'exploit de restituer les dimensions humaines de cette aventure technologique et économique ainsi que ses échos contemporains, le tout dans un minuscule roman tenu de bout en bout.
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J'ai aimé ce livre qui entremêle habilement présent et passé, réalisme et fantastique. Même si le thème du barrage est présent dans les publications récentes antérieures à Seyvoz ( chez M. Desbiolles etF.Bouysse par exemple) le livre Seyvoz est intéressant : c'est une écriture à quatre mains, concentré sur quatre jours il dit en partant du présent la violence de l'engloutissement du chef-lieu Seyvoz sans porter de jugement et ce passé décrit de façon très visuelle qui percute notre présent est un appel à la réflexion sur ce que la construction du barrage de Tignes a «  défait « , c'est aussi une mise en mots de ce que l'on peut considère comme des sacrilèges quand il s'agit par exemple de détruire un cimetière, une église, une école.
Et le début de l'histoire?
Timo un ingénieur est appelé à se rendre au barrage Seyvoz pour de la maintenance. Les auteures nous plongent des le premier jour dans des incertitudes : Tomi ne rencontre pas Brissogne avec qui il a rendez-vous, une jeune femme en Clio rouge vient l'aviser que son collègue ne viendra pas, quand Tomi veut pourchasser sa Clio rouge, elle se volatilise.Tomi est hébergé à l'hôtel
Du Val-Perdu dont le lecteur se demande s'il est bien réel, on n'y croise aucun client, le Val Perdu n'est-ce pas la nostalgie du vieux Seyvoz englouti par les eaux en 1952 quand le barrage est construit .Des faits étranges font irruption dans le récit jusqu'à la fin.?Puis les auteures intercalent des événements du passé comme le récit de la disparition de Joachim venu du Portugal pour travailler à la construction du barrage.Elles nomment les anciens habitants pour lesquels on a d'emblée de l'empathie.Le passé de Seyvoz n'est pas mort , les souvenirs se transmettent, il y a une mémoire collective et quand Tomi plonge dans le lac Il voit des vestiges.
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Voici un texte court (109 pages) et magnétique écrit à deux mains et deux stylos (noir et bleu) ! Dès que je vois un titre à paraître de Maylis de Kerangal, je le précommande ! Bref c'est une autrice chouchou.
Le personnage principal est Tomi Motz. Cet ingénieur est envoyé de Paris par l'entreprise Voltang, pour intervenir sur la centrale électrique de Seyvoz dans les Alpes.
A son arrivée, il doit contacter Brissogne, mais ce dernier ne répond pas. Il est absent et tout se met à dérailler. Une ambiance étrange s'installe et on sent Tomi angoissé, troublé. Son hôtel est complet mais il ne croise personne. Il y a une atmosphère fantastique dans les pages de ce livre.
Le texte en noir est l'histoire vue depuis Tomi de nos jours. le texte en bleu est le passé, l'histoire de la construction du barrage. Pour construire cette centrale électrique, il a fallu engloutir le village de Seyvoz pour créer un lac artificiel. Autant vous dire que les villageois n'étaient pas du tout favorables et qu'ils ont été expropriés. le roman raconte notamment les tombes déplacées, les cloches de l'église, la venue d'ouvriers espagnols, les hommes morts sur le chantier de construction et la transformation du paysage.
Le roman met magnifiquement en avant les grands espaces, la montagne. J'ai préféré la partie écrite en noir sur le passé du village de Seyvoz car elle est poignante. D'ailleurs j'aimerais bien savoir comment s'est écrit ce roman entre Maylis de Kerangal et Joy Sorman. Comment ont-elles fonctionné ? est-ce que chacune écrivait séparément ou en commun ? Je n'ai pas senti de différence de style d'un chapitre à l'autre.
L'histoire de ce village, Seyvoz, est basée sur celle de Tignes, dont le village a été englouti et un barrage a été construit en 1952. J'apprécie les romans qui se servent de faits réels et les emmènent dans un autre monde, celui de la littérature.
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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C'est l'engloutissement programmé du village de TIGNES pour la réalisation du barrage hydroéléctrique du même nom en 1952 qui sert de point de départ à ce roman écrit à quatre mains par Maylis de Kerangal et Joy Sorman.
Les autrices ont imaginé deux temporalités :
Le présent vécu par Tomi Motz durant quatre journées. Cet ingénieur mandaté par son entreprise pour aller inspecter les installations du barrage va tourner autour du lac artificiel dans des conditions très étranges. Il perd ses repères, est coupé du monde, contraint à une solitude non voulue, tout et tous se dérobent autour de lui , comme un écho à la disparition du village.
le passé qui retrace quelques évènements marquants d'une réalité qui avait eu à l'époque une résonnance nationale. On assiste ainsi au déménagement des cloches et du cimetière, à l'expulsion du village de ses derniers récalcitrants.
Ces deux temporalités s'entremêlent habilement. Il est impossible de savoir qui a écrit quoi, on pense reconnaître le talent de Maylis de Kérangal pour les descriptions techniques épurées et efficaces.
C'est un petit livre dense, intéressant, qui réveille les mémoires. Un travail qui sensibilise aux destructions dont l'homme est capable au nom du progrès.

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Deux temporalités alternent dans ce roman. Il y a le présent qui s'appuie sur la fiction, à la lisière du fantastique, avec un ingénieur mandaté pour vérifier les installations du barrage de Seyvoz et des retours dans le passé, dans les années cinquante, avec la construction de ce barrage hydroélectrique au beau milieu des montagnes alpines, au moment où la France sort de la Seconde Guerre mondiale, et où les besoins en énergie sont immenses. Sauf que l'édification de ce barrage a entraîné la création d'un lac artificiel et englouti le village installé là.
Depuis Paris, Tomi Motz est envoyé à Seyvoz pour une mission concernant la maintenance des installations. Lorsqu'il arrive au barrage où il a rendez-vous avec un certain Brissogne, le responsable de la maintenance, personne n'est là. de plus, des choses bizarres comme son téléphone qui ne capte rien alors qu'il se trouve sur le plus important site producteur d'électricité de la nation. La centrale électrique de Seyvoz serait donc une poche de territoire sans couverture réseau, une zone blanche… Étrange ! Étrange également cette Clio rouge dont la conductrice qui, après lui avoir délivré un message, s'enfuit, tout comme est bizarre l'hôtel où il est descendu.
Pendant quatre jours, cet ingénieur solitaire, mu par une sorte d'attraction incontrôlable, va donc arpenter la zone avec la sensation d'être prisonnier d'un champ magnétique étanche, sa mission perturbée par une série de troubles sensoriels et psychiques faisant naître chez lui des visions étranges. le réel se dérobe autour de lui et tout vacille jusqu'à sa propre raison…
Ce récit est entrecoupé de bribes du passé avec notamment l'engloutissement de ce village aux habitants peu convaincus de la pertinence de leur sacrifice.
Si j'ai été un peu moins réceptive au présent assez fantasmé, j'ai beaucoup apprécié les retours dans le passé et le rappel de cette construction du barrage de Seyvoz – barrage de Tignes en Savoie, dans la réalité.
La description du village, de la vallée et de ses habitants dans les années cinquante est particulièrement réussie et rend parfaitement compte du séisme que cela a été pour eux de devoir abandonner leur lieu de vie. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tenté de résister !
On assiste vraiment à un combat inégal, le pot de fer contre le pot de terre, et, en avril 1952, les derniers habitants doivent quitter leur village ; ayant décidé, pour garder un lien avec l'histoire, de reproduire l'ancienne église à l'identique, ils procèdent alors à l'évacuation de leur église.
Difficile de ne pas être saisi lors de l'exhumation du cimetière à quelques jours de l'engloutissement, et en phase avec ces villageois outrés que l'on vienne déterrer leurs morts.
Une évacuation particulièrement violente marque les esprits d'alors et ce jusqu'à nos jours.
Quant au barrage lui-même, le plus haut d'Europe à l'époque, Maylis de Kerangal et Joy Sorman, racontent avec précision la construction de cet ouvrage pharaonique, l'appel à main d'oeuvre et les conditions de travail dantesques, sans oublier ceux qui ont y ont laissé leur peau, certains, avalés par ce mur gigantesque, les comparant à ces habitants de Pompéi, « ces vies solidifiées qui ne redeviendront jamais poussière. »
Elles n'omettent pas de signaler que les dangereuses conditions de travail et la volonté de faire vite ont coûté la vie à 52 ouvriers.
Le barrage fermant désormais leur vallée et allant être mis en eau, noyant leur village et leurs pâturages, c'est avec beaucoup de tristesse qu'on assiste impuissants, aux côtés des villageois au dynamitage de leurs maisons et à leur violente évacuation.
Seyvoz, bien qu'écrit par deux auteures, Maylis de Kerandal et Joy Sorman, est un roman singulier car elles ont su unir leurs voix et leur talent pour créer un roman richement documenté, d'une grande sensibilité, mélangeant savamment réel et imaginaire, ce dernier pouvant parfois prendre le pas sur la réalité.
C'est à la suite d'une proposition faite par le collectif d'auteurs, Inculte, dont la marque de fabrique est le livre collectif, que nos deux écrivaines ont relevé le défi d'écrire à quatre mains : un défi que je qualifierais de particulièrement réussi !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Superbe roman, magnétique, qui joue avec les perceptions du narrateur comme du lecteur. Seyvoz, c'est la victoire du béton sur la roche, celle de la grosse entreprise sur les traditions immémoriales de la vie rurale. Pris entre ses deux mondes, le narrateur prend vertige, devient superstitieux, ou tombe franchement dans l'hallucination, perturbé par cette terre morte, ravagée, aux cadavres pris dans les flots et dans le ciment.
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Un barrage contre l'oubli

Maylis de Kerangal et Joy Sorman ont uni leurs plumes pour raconter l'histoire du village englouti par l'édification du barrage de Tignes. Sur les pas d'un ingénieur arrivé pour la maintenance, on va découvrir l'esprit du lieu.

Quand Tomi Motz, après une longue route depuis Paris, arrive au barrage de Seyvoz, il a la désagréable surprise d'apprendre que Brissogne, qui l'a convoqué, ne viendra finalement pas. Résigné, l'ingénieur gagne l'hôtel d'Abondance où une chambre lui a été réservée. Après avoir regardé quelques épisodes d'une série, il s'endort du sommeil des justes.
C'est à ce moment que Maylis de Kerangal et Joy Sorman ont choisi d'insérer dans leur roman, avec une couleur d'encre différente, la chronique du temps passé, lorsque Seyvoz était encore un village de montagne. On pourra ainsi, au fil du récit découvrir l'histoire de Seyvoz, au moment où les habitants apprennent qu'ils n'ont plus que quelques jours à passer dans le village avant que ce dernier ne soit englouti sous les eaux de retenue du barrage. le temps de célébrer un dernier mariage et les trois cloches de l'église de Notre-Dame-des-Neiges seront déposées. On ira même, suite à des débats enflammés, déterrer les morts du cimetière et leur offrir une nouvelle sépulture à quelques kilomètres de là. «Comme le garde champêtre refusait de le faire, c'est Beaumichel qui a donné lecture de l'ordre du préfet: abandon du cimetière de Seyvoz, exhumation, transfert et inhumation des corps dans le cimetière nouvellement ouvert du hameau du Ruz, autour de l'église que l'on finissait de bâtir, un fac-similé de Notre-Dame-des-Neiges dont les habitants de Seyvoz haïssaient l'idée, jurant qu'ils n'y foutraient pas les pieds.»
Tout aussi fort en émotions, on suivra l'un des immigrés venu prêter main forte à l'édification de cet édifice monstrueux. Joaquim ne rentrera jamais dans son Portugal natal ou encore le vain combat de la dernière poignée de résistants opposés à la destruction de leur village.
À son réveil, Tomi entend retrouver Brissogne, lui dire son fait, assurer sa mission de contrôle des installations et rentrer à Paris. Mais son programme va à nouveau être perturbé. D'abord parce que Brissogne reste introuvable, ensuite parce qu'un grésillement bizarre émane d'une partie du barrage, enfin parce que Tomi a quelques problèmes de santé. Il n'a alors d'autre choix que de passer une nouvelle nuit dans hôtel qui affiche complet, bien qu'il ne croise personne dans l'établissement.
Le troisième jour va encore lui réserver quelques surprises que je vous laisse le plaisir de découvrir, à la frontière du voyage initiatique et du fantastique.
Les deux autrices ont habilement su mêler leurs plumes – elles ont parfois rédigé ensemble et se sont aussi répartis certains chapitres sans que l'on puisse attribuer le texte à l'une ou à l'autre – pour nous offrir différentes entrées, manières d'appréhender ce mur de béton qui depuis plus d'un demi-siècle barre la vallée de ses 180 m de haut et ses 300 m de long. En faisant revivre les habitants du village qui, au début des années cinquante, ont dû tout abandonner devant l'inexorable montée des eaux, en nous entrainant dans la vallée et même dans le lac à l'occasion d'une plongée mémorable dans les 240 millions de mètres cubes d'eau, on découvre combien ce lieu est chargé d'un esprit très particulier. Et nous donne l'envie d'une escapade dans les Alpes.


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Bienvenue à Seyvoz, une commune fictive nichée dans la montagne. Seyvoz et son barrage installé dans les années 50, Seyvoz et son village englouti sous le lac – 4 jours, 4 chapitres – Tomi vient travailler sur le barrage, il doit contrôler les installations. Mais en arrivant à Seyvoz, entre-t-il dans une quatrième dimension ? Les voix qu'il entend, les personnes qu'il croise viennent-elles du présent ou du passé ? Sont-elles seulement réelles ?

Un roman écrit à quatre mains ; Maylis de Kerangal dont je connais très bien les livres et Joy Sorman que je n'ai jamais lue. J'ai écouté plusieurs émissions de radios où elles étaient invitées à expliquer comment elle avaient écrit ce livre ensemble. C'était très intéressant, j'ai d'ailleurs essayé de retrouver quels passages étaient écrits par l'une ou l'autre. Finalement, j'ai oublié de m'y intéressée car j'ai été fasciné par le fond et plus par la forme.

Un roman, librement inspiré de l'histoire du barrage de Tignes, est très bien documenté, Maylis de Kerangal excelle dans les descriptions techniques, j'ai retrouvé son écriture très sensorielle. Je me suis passionnée pour la période passée et la construction du barrage. Un très court roman elliptique, qui m'a intriguée et touchée. Un excellent moment de lecture pour qui n'a pas besoin de réponses à ses questions concrètes 😉
Lien : http://www.levoyagedelola.com/
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Évidemment, on ne lit pas un livre à quatre mains comme on lirait un livre à deux mains. Autrement, à quoi ça servirait d'écrire un livre à quatre mains, hein ? En plus, marquer par un changement d'encre le passage d'un chapitre à l'autre donne encore plus envie de s'adonner au petit jeu du « devine qui écrit là » ! Impossible de résister à cela ! Alors moi j'ai mon avis et je suis prête à parier la moitié de ma bibliothèque (tu parles d'un cadeau!) que tel chapitre est l'oeuvre de Maylis de Kerangal et tel autre de Joy Sorman. Ça me paraît complètement évident. Même si j'ai lu je ne sais plus où qu'elles avaient chacune relissé le travail de l'autre. J'irai même plus loin, il me semble pouvoir dire à quel moment la première autrice est intervenue sur le travail de l'autre (là je parie l'autre moitié de ma bib !) Tout ça pour dire quoi ? En fait pas grand-chose. (Elle est intéressante mon analyse!) Allez, j'ose : il me semble qu'une écriture est plus forte que l'autre, plus marquée stylistiquement parlant. Cela dit, plus on avance dans le roman, moins c'est net. Comme le fond du lac, tiens. Ou alors, j'ai été prise par l'histoire et du coup, j'ai cessé de m'interroger sur qui a écrit quoi. En fait, je ne vois pas trop l'intérêt de ce type d'exercice. Pour les autrices, peut-être que c'est sympa d'aller pique-niquer au bord du barrage du Chevril tout en discutant du sujet entre deux sandwiches. J'imagine aussi les recherches ici et là, à la mairie, dans les journaux, les archives… Franchement, j'aurais bien aimé faire ça moi aussi. Mais dans le fond, pour le lecteur, ça n'apporte pas grand-chose.
Alors, le livre maintenant : ce barrage de Seyvoz, c'est celui de Tignes (Savoie). le chantier s'est achevé en 1952 : d'après le Dauphiné, c'est le plus haut barrage hydroélectrique de France : 180 mètres de hauteur, 300 mètres de largeur, 235 millions de mètres cubes d'eau. le lac du Chevril a donc recouvert l'ancien village de Tignes et ce malgré la très ferme opposition des habitants qui ont fait tout ce qu'ils pouvaient à l'époque pour résister. Cinq mille ouvriers sont venus prêter main- forte et plusieurs sont morts d'ailleurs pendant la construction. Quand on connaît un peu les deux autrices, on n'est pas franchement surpris par le choix de ce sujet. Il y a un petit côté technique qui a dû ravir Maylis de Kerangal. J'ai bien aimé ce texte, l'impression quasi fantastique qu'il dégage. Il faut dire que cette histoire est particulièrement fascinante. Et c'est peut-être là que le bât blesse. En effet, avec un tel sujet, je pense que l'on aurait pu créer une oeuvre plus consistante et donc plus longue. Mais difficile de la réaliser à quatre mains. On touche ici aux limites du projet. L'exercice est original, tout à fait réussi mais demeure un peu frustrant pour le lecteur.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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