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EAN : 9782812614347
256 pages
Editions du Rouergue (16/08/2017)
3.81/5   136 notes
Résumé :
Alors qu'il vient de se marier avec une jeune femme de la grande bourgeoisie, l'auteur, bipolaire en grave crise maniaco-dépressive, est emmené en hôpital psychiatrique. Enfermé une nouvelle fois, il nous plonge au coeur de l'humanité de chacun, et son regard se porte avec la même acuité sur les internés, sur le monde paysan dont il est issu ou sur le milieu de la grande bourgeoisie auquel il se frotte. Il est rare de lire des pages aussi fortes sur la maladie psych... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 136 notes
Quatre heures du matin. La statue de Jean Jaurès, imposante, s'élève sur la place. Haut perché, Pierre qui grignote du buis. Des lumières s'allument et s'éteignent, un homme, caché, le somme de ne plus bouger et deux autres, en uniforme, descendant d'un camion rouge, s'approchent de lui. Certain que ce sont des envoyés du Diable, il les envoie paître mais ces derniers reviennent quinze minutes plus tard, cette fois-ci accompagnés de la police. Emmené de force et menotté, il se retrouve bientôt à l'hôpital psychiatrique. La camisole et une piqûre auront eu raison de lui. Diagnostiqué bipolaire, en 2003, vers à l'âge de 20 ans, Pierre s'était pourtant juré qu'il ne mettrait plus les pieds dans un HP...


Pierre Souchon retrace, avec justesse et clairvoyance, son parcours. De le terre de ses origines à ses séjours à l'hôpital psychiatrique en passant par ses études de journalisme qu'il a réussies brillamment, son mariage avec Garance, issue d'un milieu bourgeois, ses phases de dépression, ses échecs sentimentaux ou professionnels. Diagnostiqué bipolaire tardivement, plus ou moins bien soigné, lucide, il se met à nu dans cet ouvrage. Il y est question non seulement de lui mais aussi de ses origines, notamment l'histoire de ses grand-parents, de l'importance de la nature et des terres cévenoles, de la tendresse qui le lie à son père, garde-forestier, du regard qu'il porte sur la médecine. Révolté, percutant, empli d'humanité, bouleversant, fragilisé mais toujours combattif, Pierre Souchon ne mâche pas ses mots, crus parfois mais surtout pleins de vie. Ce récit autobiographique émeut de par sa sincérité, sa sensibilité et son écriture vivante et vibrante, fait sourire parfois et donne de l'espoir et de la force.
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Pierre, brillant journaliste, cultivé, sensible, intéressé, n'est pourtant plus l'ombre que lui même lorsqu'on l'emmène une fois de plus en HP suite à une crise maniaco-dépressive.

Atteint de bipolarité, il se raconte dans ses hauts et dans ses bas. Il dénonce la société, l'humanité en perte de vitesse et d'empathie, les traitements qui l'abrutissent plutôt que de le soigner et le relever. Il raconte la terre des siens, son père, son grand-père avec honnêteté.
Un ton qui m'a semblé juste mais peut-être un peu trop décousu et dispersé du fond qu'est la bipolarité. J'ai vu à travers cette lecture un homme malade malgré lui mais dépourvu de doutes, de questionnements, je n'ai pas cerné les faiblesses liées à cette terrible maladie ni la force et la lumière que ces malades cherchent peut-être encore. C'est au coeur des maux que je voulais me promener avec Pierre et non partout et nulle part à la fois. J'avais aussi envie d'un message plus clair, plus lumineux. Un récit qui je l'espère a fait du bien à Pierre Souchon.

Encore vivant oui. Quand beaucoup se demande encore et toujours comment rester debout.
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Quelle claque ce roman ! Quelle claque ! Je n'en reviens pas.
Après la lecture d'un livre, j'aime bien aller voir sur Internet à quoi ressemble l'auteur. Je le découvre - bel homme - interviewé sur TV5 Monde par une journaliste dont je n'ai pas trouvé le nom. C'est lui. Je mets un visage sur ces mots qui m'ont touchée au coeur, qui m'ont complètement bouleversée. C'est lui le journaliste à l'Humanité et au Monde Diplomatique né d'une famille de paysans du Serre-de-Barre en Ardèche et qui a épousé une jeune fille de la grande bourgeoisie germanopratine, la belle-famille et les vacances sur l'île de Ré qui vont avec, oui c'est bien lui, le bipolaire qui s'est retrouvé quatre mois après son prestigieux mariage à moitié à poil et mâchouillant une branche de buis, grimpé sur les épaules d'une statue de Jean Jaurès à Montpellier. C'est lui.
L'émotion me gagne en l'écoutant répondre à la douce voix de la journaliste : oui, si je suis là devant vous, c'est parce que je prends des cachetons, sinon je pète tout - et ça, il faut un peu de temps pour le comprendre et l'accepter -, oui ma femme s'est barrée, oui on ne ressort pas indemne d'internements à répétition, oui mon livre est politique, oui il y a des dominés qui s'en prennent plein la gueule et des dominants qui écrasent les petits de ce monde sans même s'en apercevoir comme quand on marche sur des fourmis en se baladant, oui il y a des conflits de classes et quand on se retrouve le cul entre deux chaises, comme moi, on se casse la gueule.
C'est du lourd et il est là à dire que la vie est belle et que, s'il est encore vivant, c'est pour en profiter. J'en ai le souffle coupé. Quelle force, quel courage, quelle volonté, quelle intelligence ! Je vous admire, monsieur Souchon, parce que vous vous battez. Contre votre maladie d'abord, et contre les inégalités ensuite. Je me demande d'ailleurs parfois ce qui vous a rendu le plus malade. Je suis soufflée par la force, la puissance de votre récit. Vous écrivez avec vos tripes dans une langue magnifique, forte, violente, avec des mots qui claquent, des phrases qui cinglent et qui se bousculent au portillon parce qu'on sent que ce que vous avez à dire, ça vous tient aux tripes. Il n'y a pas de pipeau là-dedans, vous n'écrivez pas pour faire du style ou raconter des histoires mais parce qu'il y a une urgence à exprimer vos émotions, c'est vital, viscéral et je vous jure, monsieur Souchon, que j'ai très vite compris qu'on n'était pas là pour s'amuser, non, vraiment pas !
Alors la scène inaugurale met vite le lecteur dans le bain : une crise, une belle : vous pétez les plombs. Les policiers que vous prenez pour les envoyés du diable vous font descendre bien gentiment des épaules de Jaurès et on vous embarque, direction l'HP. Ce n'est pas la première fois que vous y mettez les pieds : à vingt ans déjà, après de brillantes études, vous en aviez fait la terrible expérience : « J'avais vingt ans et j'avais senti dans ma bouche le goût de la vie qui s'en allait. » Là vous découvrez en vrac « les viols, l'anorexie...les suicides, les lacérations, flagellations, avalages de parfums, d'essence, scarifications, coups de tête contre les murs, overdose de cachetons. » le programme est varié en HP.
Cada, votre père, garde-forestier, est là. Toujours. Ça va Chichi ? Oui Cada.
Vous aviez vingt ans et vous étiez bien persuadé que vous n'y mettriez plus les pieds. Et rebelote en 2003, puis ce 7 janvier 2009, vous retombez dans la maniaco-dépression. Là, pour ce énième séjour en HP, ils vous ont donné la dose de neuroleptiques, votre maladie est identifiée et pour vous c'est un soulagement, n'empêche que pour le moment, vous tenez à peine debout, c'est votre père qui vous soutient dans les allées du parc.
Vous l'interrogez beaucoup sur votre famille de petits paysans ardéchois : la guerre, la misère, le difficile travail de la terre et le déclin de cette paysannerie, vos racines. Il vous en raconte, votre père, sur lui, sur eux : vos grands-parents dont vous n'avez jamais fait le deuil, vos arrière-grands-parents.
D'une certaine façon et sans vraiment le vouloir, il vous aide à bâtir la légende, aussi lourde pour vos frêles épaules qu'une statue de Jaurès. Ce passé vous obsède et vous bouffe. Les vôtres sont des petits, des humbles, ils se la ferment. Ça vous a permis de bâtir votre mythe perso au sujet de vos origines sociales et familiales. Quand vous apprendrez la vérité, ça vous fera comme un poing dans la figure mais peut-être vous faudra-t-il passer par là pour dénouer les noeuds et y voir plus clair .
Quel récit terrible et lucide dans lequel vous vous mettez à nu et permettez-moi de vous dire, monsieur Souchon, que vous êtes magnifique, une belle personne comme on dit, bourrée d'humanité, sincère, sensible, avec de l'humour à revendre. J'ai beaucoup ri en vous lisant. Oh que oui vous êtes vivant ! Bien plus que d'autres qui sont certainement persuadés de l'être plus que vous mais qui ont enterré depuis bien longtemps leur altruisme, leur générosité et leur empathie, si toutefois ils en ont eu un jour… En plus, vous qui rêviez de devenir écrivain : c'est fait, vous l'êtes, votre plume est magnifique de fureur et d'amour.
Bravo, monsieur Souchon et SVP, restez vivant le plus longtemps possible !
Sempervirens, comme votre séquoia...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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C'est un récit lucide et violent sur les phases maniaques d'une bipolarité, ou plutôt de Pierre souffrant de bipolarité. La vision de l'auteur nu perché sur la statue de Jean Jaurès ingurgitant des feuilles de buis est une représentation de la vie hors et avec maladie, un superbe cliché de l'homme.

Pierre, nous l'avons tous rencontré un jour ou l'autre, c'est celui qui s'installe avec un groupe de sdf, celui qui prend le train avec des routards pour faire les saisons, la canette de bière et le calumet de la paix au bec, celui qui squatte avec un couple marginal, malheureusement avec enfants, celui qui menace, insulte, et frappe sans qu'on en trouve les raisons. Pierre est malade et les phases maniaques particulièrement aiguës lui valent d'être interné en hôpital psychiatrique.

Pourtant, il est journaliste. Il a réussi sa vie professionnelle et lui, qui dénonce et informe des injustices, trouve le moyen de se marier avec une bourgeoise dont les valeurs sont opposées aux siennes. Garance le quittera ne supportant ni la maladie, ni les infidélités.

Son soutien, son allié qui l'accompagne dans sa vie est son père. Pilier serein indispensable. Son père, garde-forestier, lui raconte la nature, lui rappelle sa campagne et la famille.

Toutefois, j'ai lu dans sa famille les racines de sa maladie. Des êtres violents, mauvais, qui retrouvaient une image sainte en mourant. Je sais, je vais chercher la petite bête mais les citations notées parlent toutes de la famille, pas de la maladie.

Pierre est encore vivant et se bat de toutes ses forces.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Pierre Souchon, connu en tant que journaliste, notamment au "Monde Diplomatique", a publié à l'occasion de la dernière rentrée littéraire, un récit qui nous plonge dans le milieu de l'hôpital psychiatrique- un peu dans la droite lignée du nouveau sublime film de Raymond Depardon dont on parlera dès demain .

Dans "encore vivant", édité par la Brune au Rouergue, Pierre Souchon- rien à voir avec son homonyme fils D'alain et frère d'Ours- nous fait partager son expérience lorsqu'il est à nouveau hospitalisé à 35 ans après une crise de bipolarité, épreuve qu'il avait déjà connu quinze ans auparavant.et qu'il se retrouve des lors entouré de paranoiaques et autres schizophrènes en tous genres.


Tout allait pourtant bien pour lui, Pierre semblait avoir remonté la pente, et stabilisé à tel point que le médecin qu'il voyait l'avait progressivement libéré de son traitement, mais cela, avant qu'une grosse rechute, une phase maniaco-dépressive ( l'ancien nom donné à la bi polarité) vienne le recueillir et ne le fasse échouer totalement hagard, sur cette statue de Jean Jaurès qui surplombe Montpellier et qu'il a trouvé comme dernier refuge.

"Encore Vivant" est assurément un récit à forte portée catarsistique et aussi l'occasion pour son auteur d'expliquer de l'intérieur une crise de bipolarité que les seuls malades peuvent ressentir.

Mais c'est aussi un livre qui sert à stimagtiser l'ambivalence existante entre la prise de conscience de la maladie et le besoin de traitement pour sa reconstruction, ainsi que l'étiquette que l'on colle en général sur les maladies psychiatriques que l'on a ttrop endance à pointer du doigt.

Et c'est l'occasion pour lui de témoigner sur son histoire intime, tant Souchon reste fièrement attaché à ses origines, une famille pauvre de paysans de Serre de Barre va devoir par son travail et sa vie conjugale fréquenter une haute bourgeoisie si différente de ses racines familiales et cette difficulté à trouver un équilibre entre ces deux pôles si différents, cette attirances inavouées pour ce qu'il devrait rejeter au fond de lui, qui pourra également être un des paramètres permettant d'expliquer cette rechute.


Réflexion sincère et lucide sur la " bipolarité qui mêle avec habileté histoire personnelle et L Histoire avec un grand H - que ce soit l'histoire de ses paysans en train de mourir ou celle de ses ancêtres soldats de guerre du vingtième siècle, ce récit autobiographique qui évite le pathos et qui possède pas mal d'ironie et de rage, interpelle et secoue.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (2)
LeMonde
25 août 2017
Dans « Encore vivant », son premier livre, le journaliste évoque la vie d’un homme souffrant de bipolarité : la sienne. Lucide – et drôle, aussi.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
22 août 2017
Un rythme qui oscille en fonction des humeurs, jamais terne. Enflammé, révolté, parfois combattif et déterminé, parfois plus éprouvé, désespéré et fragilisé mais qui ne s’appesantit pas, ne languit ni ne s’effondre. En vie. Pleinement.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Ce que je dis, c'est qu'il faut tout le temps extraire l'humanité. Il y en a tout le temps, même si elle est loin, brisée, incertaine – mais elle luit à chaque fois, au bout, au fond du fond. Il faut la traquer, la chercher toujours, l'obliger à se dire, à se découvrir. Et ne retenir qu'elle, et la garder comme un trésor, et l'annoncer. Sinon on est de la charogne, de la saloperie, du vautré dans le pourri.
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Allongé sur mon lit, j’entends les cris. Je les sais tous. Et tous les cris de la littérature ne servent à rien pour les dire, les cris d’effroi, de désespoir, de détresse, ceux qui déchirent le silence, tous les longs cris, les cris aigus, les cris stridents, les cris de douleur. Les nôtres tissent une solidarité nocturne de l’horreur, celle de nous être perdus, celle de savoir qu’on ne sera plus. 
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Écris. Vas-y, nom de Dieu. Écris. […] Écris. Ton courage, connard. Ton courage, et tu le sais, et tu en pleures, maintenant, c’est d’écrire la nudité de ce parc d’hôpital. […] Dans la bourrasque qui vient de souffler, tu cherches la tempête qui doit t’emmener vers une autre fable. Tu veux écrire, et tu en trembles. Tu veux écrire ? Dis, ducon ? Tu veux raconter des histoires ? Attends. C’est le moment. 
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On avait enterré le papet sur les berges de sa rivière, au pied du Serre-de-Barre. Je n'avais pas du tout compris dans l'église pourquoi le curé avait parlé pendant une heure et demie de Jésus, alors que c'était mon grand-père qu'on mettait au cimetière.
- C'est normal, Chichi. Ils sont complètement cons, les curés, m'avait renseigné papa.
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Papa m’a appris la monstrueuse indifférence de la nature, des montagnes qui ne se soucient guère des hommes qui passent. Mais je sais que si on entre un peu dans leur génie, alors le dialogue ne cesse jamais plus. On fait corps, on n’est jamais seul. 
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