'Suis retombé sur ce livre trouvé d'occasion au début des années 2010, un ouvrage contenant deux essais, l'un de l'écrivain polonais
Andrzej Stasiuk, l'autre de l'ukrainien
Yuri Andrukhovych, deux regards sur l'Europe centrale, deux voix pourtant si proches dans ce qu'elles racontent, deux coeurs qui battent à l'unisson, le même rythme, lent et saccadé, mélancolique et habité du souvenir du XXème siècle. On est en effet à la fin des années 90 lorsque les deux écrivains livrent ces textes. Ils y décrivent une Europe qui n'arrivent pas à se détacher de son passé ; il y racontent une Europe centrale déchirée, envahie, conquise et reconquise encore et encore et des peuples qui ne savent plus où regarder, où aller, ni parfois même quoi penser. L'Amérique ? Une illusion. "Mon Europe" est comme un écho de ce qu'écrivait
Baudelaire à 17 ans : "Je sens venir la vie avec encore plus de peur. Toutes les connaissances qu'il faudra acquérir, tout le mouvement qu'il faudra se donner pour trouver une place vide au milieu du monde, tout cela m'effraie." Et Andrukhovych de son côté : "Et voila comment tu vis, tout entier fait de peur et de tristesse, d'épitaphes, de cimetières en ruine, de ton héritage centre-européen, d'alcool et de bravade, d'un lourd baroque emberlificoté, d'anecdotes noires, de l'herbe de l'oubli, de Yorick, de Calderón ("Qu'est-ce que le songe ? Toute la vie n'est-elle pas un songe ?" crie à l'unisson un drôle d'être humain,
Dostoïevski). Et Dieu serait le Ver-Tcherv pour nous ?!"