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EAN : 9782070300655
219 pages
Flammarion (20/01/1967)
4.15/5   398 notes
Résumé :
"Pourquoi le cacher ? Ce n'est pas une poésie facile. Ses difficultés sont à proportion, en nous, des vieilles habitudes de voir et de leur résistance : René Char ou la jeunesse des mots, du monde...

Il faut le lire et le relire pour, peu à peu, sentir en soi la débâcle des vieilles digues, de l'imagination paresseuse... Poésie qui se gagne, comme la terre promise de la légende et de l'histoire : celui-là qui y plante sa tente, qu'il soit assuré de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai un peu de temps, je vais l'utiliser pour vous dire quelques mots sur mon livre de chevet en poésie.
Tout d'abord la forme. Il est écorché vif, écorné, scotché, rafistolé, cautérisé... mais il est toujours gaillard, alerte et prêt à vous offrir à tout instant le meilleur de lui-même... il ne me quitte jamais.
Le fond... je crois qu'en préambule, je vais faire appel à deux spécialistes qui vont vous, nous permettre de régler ( une fois pour toutes ? ) "l'hermétisme" supposé de René char.
Voici ce que dit Valéry à propos de ce que beaucoup s'échinent à vouloir arracher au poème en général :
- “Mes vers ont le sens qu'on leur prête. Celui que je leur donne ne s'ajuste qu'à moi, et n'est opposable à personne. C'est une erreur contraire à la nature de la poésie, et qui lui serait mortelle même, que de prétendre qu'à tout poème correspond un sens véritable, unique, et conforme ou identique à quelque pensée de l'auteur.“
Cette pirouette malicieuse du poète de - Les pas -... "Tes pas enfants de mon silence, Saintement, lentement placés, Vers le lit de ma vigilance, Procèdent muets et glacés...", doivent commencer à "désinhiber certains d'entre vous, d'entre nous.
En seconde instance, ces mots très explicites de Claire Placial :
-"Le billet d'hier avait pour vocation de dire, au fond, une chose: que face à l'oeuvre poétique de Char – du moins Fureur et mystère, la meilleure chose à faire pour « rentrer dedans » est d'abandonner la prétention à tout comprendre. Par tout comprendre, j'entends « tout comprendre du livre de A à Z », mais aussi, voire surtout, « tout comprendre de chaque unité, de chaque mot et groupe de mot ».
Pour reprendre une métaphore fréquente, la meilleure chose à faire en lisant Char n'est pas de lutter contre le courant, mais plutôt de se laisser porter – il y a fort à parier qu'à la fin de la dérive on aura, sans s'en rendre compte, été suffisamment imprégné pour que les choses décantent."
J'ajouterai que René Char est un enfant du Surréalisme... un enfant "prodige"... ceci expliquant (en partie) cela.
Ce procès en je-ne-comprends-pas, en mais-qu'est-ce-qu'il-a-voulu-dire, s'il n'est pas un mauvais procès est en revanche un faux procès.
Ferez-vous le même reproche à Mallarmé lorsqu'il écrit ses vers sublimes..
-"Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx, L'angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore, Maint rêve vespéral brulé par le Phénix, Que ne recueille pas de cinéraire amphore. Sur les crédences au salon vide : nul ptyx, Aboli bibelot d'inanité sonore..."
Blâmez-vous Éluard pour ses vers devenus une référence poétique incontournable :
-La terre est bleue comme une orange, Jamais une erreur les mots ne mentent pas, Ils ne vous donnent plus à chanter... Les guêpes fleurissent vert, L'aube se passe autour du cou, Un collier de fenêtres..."
Ou bien T.S Eliot ... :
-"Quelles racines s'agrippent, quelles branches croissent parmi les rocailleux débris. Ô fils de l'homme, tu ne peux le dire ni le deviner, ne connaissant qu'un amas d'images brisées sur lesquelles frappe le soleil..."
Et un peu de Dylan Thomas.. :
-"Y eut-il un temps où les danseurs et leurs violons dans les cirques d'enfants pouvaient calmer leur chagrin. Il y eut un temps où ils pouvaient pleurer sur les livres. Mais le temps leur a lancé son asticot aux trousses..."
Je pourrais démultiplier (sourire) les exemples.
Alors lorsque le Capitaine Alexandre du réseau Action nous parle de la liberté, nul besoin d'analyse stylistique ( à moins de le vouloir ou de le devoir )... juste se laisser porter par les mots, qui sont autant de sens olfactif, auditif, tactile... juste veiller à rester ouvert aux sensations, aux émotions.
-"Elle est venue par cette ligne blanche pouvant tout aussi bien signifier l'issue de l'aube que le bougeoir du crépuscule... Prenait fin la renonciation à visage de lâche, la sainteté du mensonge, l'alcool du bourreau..."
Tout est dit. La guerre, la résistance et la liberté sont exprimées avec une force, un souffle qui me bouleversent.
Lorsque l'homme de la Provence nous parle de sa terre :
- "À flancs de côteaux du village bivouaquent des champs fournis de mimosas. À l'époque de la cueillette, il arrive que, loin de leur endroit, on fasse la rencontre extrêmement odorante d'une fille dont les bras se sont occupés durant la journée aux fragiles branches. Pareille à une lampe dont l'auréole de clarté serait de parfum, elle s'en va le dos tourné au soleil couchant. Il serait sacrilège de lui adresser la parole. L'espadrille foulant l'herbe, cédez-lui le pas du chemin. Peut-être aurez-vous la chance de distinguer sur ses lèvres la chimère de l'humidité de la nuit ?
Vous voyagez ? Vous y êtes ? Pas encore ? Alors, écoutez... :
-"Le peuple des près m'enchante. Sa beauté frêle et dépourvue de venin, je ne me lasse pas de me la réciter. le campagnol, la taupe, sombres enfants perdus dans la chimère de l'herbe, l'orvet, fils du verre, le grillon, moutonnier comme pas un, la sauterelle qui claque et compte son linge, le papillon qui simule l'ivresse et agace les fleurs de ses hoquets silencieux, les fourmis assagies par la grande étendue verte, et immédiatement au-dessus les météores hirondelles. Prairie, vous êtes le boîtier du jour."
Les mots de Char sont tout aussi accessibles à tous les coeurs, à toutes les âmes lorsqu'il évoque l'amour... :
-"Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus qui au juste l'aima ? .... Je vis au fond de lui comme une épave heureuse...."
-"L'été chantait sur son roc préféré quand tu m'es apparue, l'été chantait à l'écart de nous qui étions silence, sympathie, liberté triste, mer plus encore que la mer dont la longue pelle bleue s'amusait à nos pieds... Je t'aimais en mon absence de visage et mon vide de bonheur. Je t'aimais, changeant en tout, fidèle à toi."
-" L'été et notre vie étions d'un seul tenant, La campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante...Notre rareté commençait un règne..."
-"Avant de te connaître je mangeais et j'avais faim, je buvais et j'avais soif, bien et mal m'indifféraient..."
-"Mon amour, peu importe que je sois né : tu deviens visible à la place où je disparais."
-"Sur une route de lavande et de vin, nous avons marché côte à côte dans un cadre enfantin de poussière, à gosier de ronces, l'un se sachant aimé de l'autre."
Char embrasse l'universel, et si ce recueil est souvent appréhendé à travers le prisme du résistant, il aborde beaucoup plus de thèmes.
J'en veux pour preuve ces mots célèbres que vous allez tous reconnaître :
-"La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil."
-"Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d'eux."
-"Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience."
Pour terminer ce mini tour d'horizon de ma bible poétique, quatre "citations" que j'aime tout particulièrement :
-"j'ai, captif, épousé le ralenti du lierre à l'assaut de la pierre d'éternité."
-"J'aime cet enfant qui se penche sur l'écriture du soleil, puis s'enfuit vers l'école, balayant de son coquelicot pensums et récompenses."
-"Il en va de certaines femmes comme des vagues de la mer. En s'élançant de toute leur jeunesse, elles franchissent un rocher trop élevé pour leur retour. Cette flaque désormais croupira là, prisonnière, belle par éclairs, à cause des cristaux de sel qu'elle renferme et qui lentement se substituent à son vivant."
-"L'homme est capable de faire ce qu'il est incapable d'imaginer. Sa tête sillonne la galaxie de l'absurde."
Voilà, j'ai essayé de vous parler, maladroitement je le sais, de celui que je considère comme l'un des plus grands poètes du XXème siècle.
Lisez-le... en vous laissant porter par la beauté de la langue, une langue qui n'appartient qu'à lui, reconnaissable entre toutes et dont la magie opère de plus en plus au fur et à mesure "que vous lui laissez le soin de dénouer vos orages avec docilité."
PS : je vous demande un peu d'indulgence concernant l'orthographe et la ponctuation. Sans forfanterie aucune, tous les extraits choisis de poésies l'ont été de mémoire.






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Je ne mentirai pas, je suis passée à côté des deux tiers de ce recueil de poèmes. Je les ai lus, tous, ou quasiment, et j'ai essayé de m'abandonner à la sonorité, à la juxtaposition de mots, aux mots eux-mêmes, sans chercher à tout comprendre, comme on le ferait à une exposition d'art contemporain.
Mais en suivant le flux des phrases, on retient plusieurs trames:
-pour commencer, l'action, la poussée vers le but, et parfois la violence de cette dynamique.
-la nature telle qu'on ne la connaît plus (dans la poésie, dans l'écriture), encore sauvage et si multiple, odorante, rugueuse, si vivante.
-l'amour, parfois dans sa désespérance, l'immédiateté.
-le souvenir, l'enfance, le passé qui n'est plus.
-la guerre, sa violence, sa présence.

Obligé d'écrire dans l'immédiateté, on imagine un carnet abîmé glissé dans sa poche de maquisard qu'il remplit entre deux actions, à l'envolée, et qu'il ne comprend peut-être plus lui-même au moment de les retranscrire. Fugacité du moment.
Coups de colère aussi, et intransigeance, pour ceux qui pourraient être traîtres ou ceux qui ne s'engagent pas vraiment, et pureté de ces hommes encore enfants qui se jettent dans la résistance.
Il m'a fallu énormément de temps pour lire ce recueil, et je ne pense pas en lire d'autres de lui de sitôt, mais comment ne pas reconnaître la profondeur et la richesse de chaque phrase, qu'on pourrait relire de tant de manières différentes?
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Fureur et Mystère regroupe plusieurs recueils publiés entre 1938 et 1944, temps d'écriture fécond pour René Char malgré les évènements qui entourent cette période. Dès les premières pages, l'auteur ancre sa pensée en décrivant le rôle de la poésie qui doit être, selon lui, comme une force agissante, un instinct de vie qui puisse permettre de "déborder l'économie de la création, agrandir le sang des gestes, devoir de toute lumière".

Toute l'écriture de René Char agit comme une déflagration, celle d'une insurrection, d'une colère, d'un engagement (on oublie pas le contexte de la seconde Guerre mondiale durant lequel sont écrits les textes. le poète s'engagera activement dans la Résistance), d'une impatience. On sent le coeur du poète en constant souci du présent, le coeur partagé face au destin de l'homme dont il loue la grandeur mais dont il fustige aussi la petitesse. Rien n'insupporte autant René Char que l'immobilisme, que la résignation. Tout son être s'acharne "à tromper son destin avec son contraire indomptable - l'espérance."

Fureur d'un monde contre le Mystère de la poésie, contre cette grâce trop délaissée par les hommes et l'époque, voilà sans doute toute la pensée de René Char. Celle-ci jaillit et se répand dans toutes les pages de ce recueil à cinq temps (Seuls demeurent, Feuillets d'Hypnos, Les Loyaux adversaires, le Poème pulvérisé et La Fontaine narrative). le style du poète n'est pas, c'est vrai, simple d'accès. Abrupt, austère, sans concessions, il est soustrait à tout lyrisme, à toute exaltation. Mais il possède en lui une générosité sans failles, un besoin essentiel qui permet de décrocher les mots de leur fatalité, de leur nature pour faire naître un nouveau soleil en poésie. Sous une apparente rigidité, la prose de René Char laisse pourtant apparaître la bonté et la chaleur d'un coeur entier, à l'unisson avec la nature, avec les hommes et les femmes de son temps.

Serait-ce trop de dire que Fureur et Mystère, comme toute la poésie de René Char, est une oeuvre essentielle en soi et pour notre époque qui s'accommode, qui se résigne et qui oublie facilement que la Beauté est à simple portée de regard et au plus près du coeur ? Sans doute pas.
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Je me suis toujours tenue à l'écart de la poésie de René Char, que je sentais complexe, assez hermétique. Je me suis enfin décidée à l'aborder...mais malgré mes efforts et ma bonne volonté, je suis définitivement restée sur le bord du chemin poétique de cet auteur!

Oui, je sais, il n'est pas nécessaire de tout comprendre, pour apprécier des poèmes, certains textes me plaisent sans que je puisse définir vraiment pourquoi. Je pense notamment à des poèmes de Paul Eluard, de Pierre Reverdy, qui se révèlent peu accessibles et qui pourtant me parlent, me touchent, ont un écho en moi. Mais ici, rien ou si peu! Certains aphorismes, par leur fulgurante et étrange beauté , un ou deux poèmes en prose ( très peu de poèmes en vers dans ce recueil). Le reste m'est resté assez étranger, un buisson de mots inextricable...

Cela me déçoit mais je ne peux que formuler ce constat: la rage du poète, ses visions d'apocalypse ( les textes sont écrits avant et pendant la deuxième guerre mondiale), sa fureur, le mystère de sa poésie ne m'ont pas du tout atteinte...

En poésie, plus encore qu'en tout autre genre littéraire, il faut entrer en résonance avec le poète , pour moi le rendez-vous n'aura pas eu lieu...
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Il paraît qu'on adore ou qu'on déteste la poésie de René Char, rarement entre les deux, dans la nuance. Je dois être une exception : j'ai lu récemment, et plutôt aimé, Feuillets d'Hypnos (qui est d'ailleurs inclus dans Fureur et mystère) ; j'ai beaucoup moins aimé le présent recueil.
A quoi cela tient-il ? À mon avis, mais cela n'engage que moi, à ce que si la forme d'écriture de R. Char, précise et ciselée, un peu comme un mécanisme d'horlogerie, et délivrant une pensée aiguisée, convient aux textes courts, elle n'est pas adaptée aux textes plus longs, au partage de sentiments plus complexes.
Dans Feuillets d'Hypnos, pour l'immense majorité des textes, en une ou deux phrases tout est dit ; c'est percutant !
Fureur et mystère est composé en partie de poèmes très courts, mais aussi, en nombre important, de textes plus longs. La mécanique intellectuelle devient alors très alambiquée : suivre la pensée de l'auteur demande une grande concentration, nécessite de relire un passage deux ou trois fois... de percutant, cela devient pénible !
Il ne me viendrait pas à l'idée de nier les qualités d'écriture de l'auteur : il sait utiliser le mot et la forme juste, avec la précision d'un horloger suisse. Mais en lisant Fureur et mystère, une pensée est venue parasiter mon cerveau : "N'oublie pas que tu n'écris pas que pour toi, mais aussi pour être lu !"
C'est un peu comme un site touristique recommandé par tous les guides mais réservé aux personnes en excellente condition physique : accès difficile !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?

Il cherche son pareil dans le vœu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
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Ma renarde, pose ta tête sur mes genoux.
Je ne suis pas heureux et pourtant tu suffis.
Bougeoir ou météore, il n'est plus de cœur gros ni d'avenir sur terre.
Les marches du crépuscule révèlent ton murmure,
gîte de menthe et de romarin,
confidence échangée entre les rousseurs de l'automne
et ta robe légère.
Tu es l'âme de la montagne aux flancs profonds,
aux roches tues derrière les lèvres d'argile.
Que les ailes de ton nez frémissent.
Que ta main ferme le sentier et rapproche le rideau des arbres.

Ma renarde, en présence des deux astres, le gel et le vent,
je place en toi toutes les espérances éboulées,
pour un chardon victorieux
de la rapace solitude.


(p139 - Feuillets d'Hypnos)
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La Sorgue

Rivière trop tôt partie, d'une traite, sans compagnon,
Donne aux enfants de mon pays le visage de ta passion.

Rivière où l'éclair finit et où commence ma maison,
Qui roule aux marches d'oubli la rocaille de ma raison.

Rivière, en toi terre est frisson, soleil anxiété.
Que chaque pauvre dans sa nuit fasse son pain de ta moisson.

Rivière souvent punie, rivière à l'abandon.

Rivière des apprentis à la calleuse condition,
Il n'est vent qui ne fléchisse à la crête de tes sillons.

Rivière de l'âme vide, de la guenille et du soupçon,
Du vieux malheur qui se dévide, de l'ormeau, de la compassion.

Rivière des farfelus, des fiévreux, des équarisseurs,
Du soleil lâchant sa charrue pour s'acoquiner au menteur.

Rivière des meilleurs que soi, rivières des des brouillards éclos,
De la lampe qui désaltère l'angoisse autour de son chapeau.

Rivière des égards au songe, rivière qui rouille le fer,
Où les étoiles ont cette ombre qu'elles refusent à la mer.

Rivière des pouvoirs transmis et du cri embouquant les eaux,
De l'ouragan qui mord la vigne et annonce le vin nouveau.

Rivière au coeur jamais détruit dans ce monde fou de prison,
Garde-nous violent et ami des abeilles de l'horizon.
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FASTES

L'été chantait sur son roc préféré quand tu m'es apparue, l'été chantait à l'écart de nous qui étions silence, sympathie, liberté triste, mer plus encore que la mer dont la longue pelle bleue s'amusait à nos pieds. L'été chantait et ton coeur nageait loin de lui. Je baisais ton courage, entendais ton désarroi. Route par l'absolu des vagues vers ces hauts pics d'écume où croisent des vertus meurtrières pour les mains qui portent nos maisons. Nous n'étions pas crédules. Nous étions entourés. Les ans passèrent. Les orages moururent. Le monde s'en alla. J'avais mal de sentir que ton coeur justement ne m'apercevait plus. Je t'aimais. En mon absence de visage et mon vide de bonheur. Je t'aimais, changeant en tout, fidèle à toi.
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Le thor

Dans le sentier aux herbes engourdies où nous nous étonnions, enfants, que la nuit se risquât à passer, les guêpes n'allaient plus aux ronces et les oiseaux aux branches. L'air ouvrait aux hôtes de la matinée sa turbulante immensité. Ce n'était que filaments d'ailes, tentation de crier, voltige entre lumière et transparence. Le Thor s'exaltait sur la lyre de ses pierres. Le mont Ventoux, miroirs des aigles, était en vue.
Dans le sentier aux herbes engourdies, la chimère d'un âge perdu souriait à nos jeunes larmes.
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Vidéo de René Char
Les grands classiques du répertoire N°1 : René Char. “Claire”, suivi de “Fêtes des Arbres et du Chasseur” - Première diffusion sur la Radiodiffusion-Télévision Française : 14/05/1955. Réalisation : Alain Trutat. Musique originale : Pierick Houdy. Chef d'orchestre : Pierre Michel Le Conte. Avec Jacqueline Pagnol, Pierre Vaneck, Roger Blin, Madeleine Sylvain, Jean Mauvais, Pierre Leproux, Gaetan Jor, Jean-Jacques Morvan, Jean Péméja, Roger Pigaut, Jean Topart, Paul Emile Deiber, Lucienne Bogaert, Pierre Larquey, Michel Dumur, Catherine Goetgheluck. Et Cyril Dives à la guitare et l’Orchestre National de la RTF. “Claire” Dans cette suite, René Char suit le cours d’une rivière à laquelle il donne le nom familier de Claire. Il imagine que dans les villages et les lieux qu’elle traverse vivent, participant de l’existence de tous, des jeunes filles et des jeunes femmes appelées également Claire. Mais elles ne sont que des personnifications vivantes de la rivière elle-même. Claire est celle que le poète attend, la “Rencontrée” qui seule lui permet de chasser ses fantômes et de continuer à vivre. Claire est une et plusieurs, toutes celles qui “aiment, rêvent, attendent, souffrent, questionnent, espèrent, travaillent”. À travers les personnages d’un chef d’opérations dans le maquis puis d’un chargé de mission de la Résistance, ce sont ses propres contradictions qu’interroge le poète des “Feuillets d’Hypnos”. Dans “Claire”, il poursuit sous une forme dramatique son analyse à la fois poétique et politique du réel, avoue ses déceptions face à l’hostilité d’un monde qui aurait dû changer et s’est reconstruit, étranger à cette espérance. “Fêtes des Arbres et du chasseur” Poème pour voix et guitare. Deux joueurs de guitare sont assis en plein air dans l’attente du chasseur. Ils échangent des poèmes. Thèmes : Création Radiophonique| Radiodiffusion-Télévision Française| Grands Classiques| Poésie| France Culture| René Char
Source : France Culture
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