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EAN : 9782702421093
127 pages
Le Masque (20/03/2002)
3.16/5   16 notes
Résumé :
Jund a eu trois jours pour réfléchir. Trois jours pour choisir entre la chaise électrique et la proposition du Dr. Arthus. Quelle est sa réponse ? Accepte-t-il d'apposer sa signature au bas d'une déclaration par laquelle il autorise le docteur à disposer de sa personne ? Oui... Tout... plutôt qu'une exécution immédiate. Même s'il doit se prêter à une expérience insensée. Même si le docteur compte donner vie à un androïde parfait auquel il ne manque plus qu'un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
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Pour nombre de polardeux et polardeuses - qui lisent aussi des "policiers classiques" et sont souvent fanatiques des antiques collections comme "La Chouette" par exemple - "L'Ennemi Sans Visage" reste l'un des meilleurs titres de Steeman et j'avoue que, la première fois que je l'ai lu (oh ! cela fait bien des années ! ), il m'avait beaucoup plu. L'ayant repris cette semaine, je dois dire que je reste un peu perplexe sur mon enthousiasme de jadis - et pourtant, là, je ne me rappelais strictement pas le nom de l'assassin.

Steeman a toujours fait preuve d'une hardiesse certaine dans l'association des genres et "L'Ennemi Sans Visage" fait ainsi une timide incursion dans la S. F. du fait qu'y rôde un androïde en parfait état et d'une beauté exemplaire - un peu comme le Gabriel de "La Poupée Sanglante" de Gaston Leroux - baptisé "Adam" (sans grande imagination, il faut bien le dire ) par son créateur, le très antipathique mais tout aussi brillant Dr Arthus. Celui-ci destine sa créature à sa fille, Andrée, une belle éthérée qui n'est pas sans rappeler, mais en moins gai et en plus rêveur encore, l'Edmée du "Démon de Sainte-Croix", décision qui prouve déjà, s'il le fallait encore, que quelque chose ne tourne pas très rond chez le bon docteur . Remarquez, Andrée n'est pas vraiment opposée au principe et puis, avant de mettre Adam en relation avec sa "fiancée", le médecin compte bien lui donner un cerveau.

Ben oui, tout de même ! ;o)

Cerveau qu'il s'en va chercher chez un condamné à la chaise électrique, Clarence Jund, à qui l'administration pénitentiaire a donné le choix - si l'on ose dire : ou bien il suit le Dr Arthus, ou bien il se liquéfie sur ce mode de torture barbare qu'on ferait bien de remplacer par une guillotine, ce serait plus humain ! Jund, après un délai de réflexion gracieusement accordé, a choisi ...

Devinez ...

Et le revoici en Belgique, de l'autre côté de l'Atlantique, installé comme un Pape à la "Villa Hermosa", propriété et laboratoire du Dr Arthus. Il a, bien sûr, à ses côtés un "ange gardien", chargé de garantir sa participation sans faille à l'opération, le sympathique quoiqu'assez stéréotypé inspecteur Ramshaw. Bien que l'un ait été arrêté par l'autre, tous deux sont d'accord sur un point : le Dr Arthus est bizarre (pour ne pas dire pire) mais sa maison l'est tout autant. Ici aussi, ambiance pesante, voire très, très pesante, et nettement plus poussiéreuse que dans "Le Démon ..." ... Au milieu d'une montagne de souvenirs et de tissus qui s'effritent, parmi les armures grinçantes et sous la surveillance des deux jaquemarts qui, entourant l'horloge de la façade (ou quelque chose comme ça, en tous cas ) servent de système d'alarme au cas où un curieux tenterait de s'introduire dans la villa, les trois enfants du médecin vivent ou vivotent, comme chacun jugera. Il y a Maxime, intelligent et introverti, qui deviendra vite l'une des victimes de l'assassin ; Valère, qui se caractérise par un goût prononcé pour l'auto-apitoiement et une prothèse qu'il porte au bras gauche ; et enfin Andrée, qui ressemble énormément à sa mère disparue et passe ses journées à rêver et à essayer et réessayer les robes maternelles que, malgré la stricte interdiction de son père, elle a dérobées au grenier.

Outre Jund et Ramshaw, il faut ajouter, parmi les "extérieurs", le Dr Besson, assistant du Dr Arthus. Nous ne révèlerons pas grand chose de neuf sous le soleil en précisant que, pour assurer la partie "romance" (pour laquelle Steeman n'a jamais été doué, à moins qu'elle ne fût noire comme dans "La Maison des Veilles") de l'intrigue, l'auteur a rendu Besson plus ou moins amoureux d'Andrée.

Mais cet amour ne va pas jusqu'à accepter l'idée du cerveau enlevé à Jund pour remplir le crâne d'Adam. Eh ! oui ! Habile scientifique, le Dr Arthus avait plus ou moins "enfumé" le jeune Dr Besson en lui faisant croire qu'il ne ferait en fait aucun mal à Jund. Mais, lorsqu'il comprend enfin, au beau milieu de l'opération, Besson se révolte et le docteur, saisissant immédiatement qu'il n'en tirera plus rien, lui dit alors sèchement de sortir de son laboratoire, qu'il se débrouillera tout seul et que peu lui chaut de demeurer incompris des imbéciles.

Le problème, c'est que, quelques minutes plus tard, un bruit de bagarre se fait entendre dans le laboratoire où ne se trouvent plus que le Dr Arthus, Adam (sans cerveau) et Jund (qui a encore le sien mais est inconscient). Et bien entendu, une fois la porte enfoncée, on découvre sur les dalles le cadavre du ... gagné ! savant fou !

Seulement, qui l'a tué ? Adam a disparu, c'est vrai mais l'incision faite à Jund a été recousue et tout porte à croire qu'il est encore vivant et possède toutes ses facultés mentales.

Evidemment, l'histoire perdrait tout son charme si les crimes ne continuaient à défiler, cela même malgré la présence de M. Wens, appelé par les autorités pour résoudre l'épineux problème de toutes ces morts qui, de l'avis des habitants, seraient toutes le fait d'Adam. En effet, avant la découverte de chaque cadavre, l'on entend très régulièrement, aux mille échos de la vaste maison, les pas assurés et lourds de l'androïde se déplaçant avec la détermination de celui qui ne craint rien pour sa vie. Mieux : on finit par l'apercevoir mais l'on a beau tirer sur lui - et ce n'est pas n'importe qui qui le vise à la poitrine puisqu'il s'agit de M. Wens en personne lol! - il se contente de tourner le dos, de claquer la porte et adieu l'ami !

Alors ? ...

Au fur et à mesure que je dévidais l'essentiel de l'intrigue dans cette fiche, je me rendais compte de l'adresse déployée par l'auteur et de la grande cohérence avec laquelle il unit ici le policier à l'anticipation. Et j'ai enfin la réponse à la question que je me posais depuis hier : dans de telles conditions, la fin, qui ramène tout à l'humain, ne pouvait être que décevante. Enfin, cette fois-ci, oui, la révélation de l'identité de l'assassin m'a déçue. Comme quoi, on change parfois quand on avance en âge ...

La toute fin par contre est digne de l'humour pince-sans-rire de l'auteur belge et je vous laisse la découvrir en paix.

Bref, en gros : lisez "L'Ennemi Sans Visage" car, malgré tout, il le mérite. Et puis, pour votre première lecture, peut-être aurez-vous la même réaction que moi il y a ... des siècles. Sans exagération, Steeman fut un "grand" du genre policier mais comment voulez-vous lutter contre un Simenon à la fois pléthorique et génial ?

Peut-être en se contentant de rester soi-même. Ce qu'a fait Steeman, en toute simplicité - et non sans malice. ;o)
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Je ne le connaissais que de nom. 

Un très bon roman, dans le style de l'époque bien évidemment, mais c'est ce que j'aime! 

Son côté fantastique m'a beaucoup plu! 

Un condamné à la chaise électrique qui accepte un étrange contrat, un savant fou et son fidèle assistant, une grande maison sinistre, des invités effrayés et des crimes bien mystérieux. 

Tout se dénoue à la fin quand l'inénarrable inspecteur remet les pendules à l'heure!
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Un roman rapide et surprenant dans son thème et la façon de le traiter. Mais c'est un roman vite écrit, vite lu, vite oublié. Les personnages sont peu réalistes, peu attachants, peu crédibles.
J'aime pourtant bien Steeman, auteur élégant et désinvolte d'un autre temps.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[...] ... Charles, le chauffeur, apparut à son tour, boutonné de travers.

- "Bon Dieu ! ... On dirait le tocsin ! ... Qu'est-il arrivé au patron ? ...

- J'en sais rien !" jeta Hector, haletant. "J'étais en haut, au premier ... J'ai d'abord entendu un bruit sourd, comme une détonation, puis le gong ! ... Ils ont tous l'air de se battre là-dedans ! ...

- Crénom ! Il faut entrer !

- Impossible. La porte est fermée à clef de l'intérieur.

- Et les fenêtres ?

- Défendues par les volets de fer."

Les deux hommes se regardèrent, perplexes.

- "Les autres !" s'écria soudain le chauffeur. "Cours les chercher ! ... Ils sont donc tous sourds ? ..."

Provenant du laboratoire, un bruit plus violent encore que les précédents lui couvrit la parole. Quelqu'un semblait s'acharner à détruire tout l'ameublement de la pièce.

Charles, dès lors, n'hésita plus. S'emparant d'un lourd fauteuil qu'il souleva avec l'aide d'Hector, il le projeta sur la porte de toutes ses forces.

On perçut un craquement, mais le battant résista.

- "Allons-y !" cria Charles, faisant signe à son compagnon et se ramassant pour bondir, l'épaule en avant.

La porte céda plus vite qu'il ne s'y attendait et le chauffeur, entraîné par son élan, buta contre un corps étendu.

Il se baissa, poussa un juron.

- "Le patron !" ... [...]
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[...] ... - "Well ? Que dites-vous de tout ceci, Jund ?" fit Mr. Ramshaw, revenant au slang, le condamné ne comprenant, de son propre aveu, que le mauvais américain.

Jund se laissa tomber sur un vieux sofa recouvert de peluche verte.

- "Ce que j'en dis ? Il me semble n'avoir quitté une prison que pour une autre ! Les couloirs ... Ils ressemblent à ceux de là-bas ... Tout aussi froids, tout aussi nus ... Mais ici on ne sait trop ce qu'on trouvera à l'autre bout ... Je m'y perdrais ...

- Tant mieux. Vous y regarderez peut-être ainsi à deux fois avant d'essayer de me brûler la politesse ... Une belle chambre que l'on nous a donnée là, Jund ! Une chambre Empire ! La première que je vois ..."

Jund réprima un frisson.

- "Dites donc ... Le vieux ? ... Il n'a pas l'air commode ...

- Un drôle de type," admit Mr Ramshaw. "Vous savez, les savants, c'est comme les chambres Empire, je n'en avais encore jamais vus de près. Je me les imaginais tous avec de grandes barbes blanches, des manchettes empesées leur tombant sur les poignets, et des pantalons en tire-bouchon.

- On dirait que ... Ne trouvez-vous pas que ses enfants auraient dû être là pour l'accueillir ?" ... [...]
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L'alcool avait toujours eu sur lui l'effet le plus heureux et le plus concluant, à condition, bien entendu, de l'absorber à dose raisonnable : pas moins de cinq ou six verres.
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Stanislas-André Steeman l'autre Simenon du polar belge.
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