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Valérie Malfoy (Traducteur)
EAN : 9782226190628
361 pages
Albin Michel (07/01/2009)
3.63/5   120 notes
Résumé :
Impressionnant premier roman d'un jeune auteur de vingt-six ans, Histoire de l'oubli raconte, des années 50 à la fin des années 90, l'histoire d'une famille frappée de génération en génération par une forme précoce de la maladie d'Alzheimer.

Seth, un adolescent surdoué, conscient que ses parents lui ont toujours caché les secrets du passé familial, se lance dans une véritable enquête sur ses origines.

A quelques centaines de kilomètre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Abel vit au Texas, dans un silence amer qui recouvre un passé agité. « J'aurais pu ne jamais composer avec lui, si, au fil des ans, je n'avais commencé à comprendre les opportunités que m'offrait le silence. Il était absolu. Par là il était abominable, mais c'est aussi une chance. En soi, le silence promettait d'absorber ce que je lui confiais : mes illusions, mes regrets, et jusqu'à la vérité. Et pourtant, même si les mots sortent de ma bouche pour tomber dans l'oubli, la vérité fondamentale de ma vie est si simple, l'avouer me fait tellement honte que c'est à peine si j'ose le dire : J'aimais la femme de mon frère. » (p. 12) Paul était marié à la belle Mae et la regardait à peine. Abel, le bossu solitaire de la famille, n'a pas su résister à la belle épouse de son frère jumeau. Et depuis des années maintenant, il attend le retour de leur fille.
À des centaines de kilomètres, Seth est un petit garçon perdu entre une mère bizarrement dépressive et un père qui s'efface. « L'ordre fondamental de la famille avait été hélas réglé sur le cerveau malade de ma mère. » (p. 60) Jamie n'est pas dépressive, elle souffre d'Alzheimer familial à début précoce, connue sous le nom EOA-23. Seth, surdoué, décide d'aider sa mère. Il entreprend de dresser l'histoire génétique de sa mère. Il découvre que l'affection dont souffre sa mère ne touche que des personnes cousines au douzième ou treizième degré.
Abel et Seth ne se connaissent pas. Mais ils ont tous les deux entendus la fabuleuse histoire d'Isidora, une ville d'or mythique où la mémoire n'a pas droit de cité. L'histoire raconte que des explorateurs cherchent la ville depuis des siècles. Certains s'en sont approchés. « Ainsi, tu sauras que tu es presque à Isidora quant, te retrouvant dans un vaste champ, tu auras tout à coup l'impression de te tenir au seuil de l'éternité. » (p. 97) L'histoire d'Isidora se transmet à chaque génération et les enfants l'enrichissent à leur tour avant de la transmettre à leur descendance. « Au fil des générations, l'histoire d'Isidora s'est approfondie, étoffée avec des légendes de quêtes chevaleresques, d'épopées historiques, de guerre, d'amours perdues ou retrouvées, l'histoire infinie d'Isidora courant parallèlement à la nôtre. » (p. 145) L'histoire fabuleuse d'Isidora est un lien entre ceux qui peu à peu oublient, frappés par l'EOA-23, et ceux qui tentent de maintenir la mémoire d'un passé glorieux, mais mythique.
Aux récits sur Isidora sont dédiés des chapitres particuliers. Les légendes de la ville d'or s'insinuent entre l'histoire d'Abel et celle de Seth. Un autre récit s'intercale encore, celui des origines de l'EOA-23. Cette forme d'Alzheimer est née quelque part en Angleterre dans les années 1800. Un Lord anglais fort galant a transmis à sa nombreuse progéniture, avant de mourir fou, le gène malade. L'oubli en héritage est un triste cadeau. À tel point que, pour toutes les personnes atteintes de l'EOA-23, il n'y a qu'un espoir, celui d'atteindre « un lieu sans pensée, idéal. Un endroit délivré du passé comme du futur. Un endroit où, ne se souvenant de rien, on ne pouvait rien perdre. Un endroit où, pour cibler ses désirs, il suffisait d'imaginer. » (p. 378)
Ce roman polyphonique ne souffre d'aucun hiatus. le passage entre les récits de chaque personnage et les histoires mythiques est fluide, logique et célèbre une continuité déjà à l'oeuvre dans la transmission de l'histoire d'Isidora. L'EOA-23 est une variante totalement fictive de la maladie d'Alzheimer, mais elle a permis à l'auteur de dessiner une généalogie fabuleuse, essaimée entre l'Angleterre et le Texas. Si le présupposé de l'auteur est inventé, l'émotion ressentie à la lecture est sincère devant tous ces personnages qui perdent pied, soit dans l'oubli, soit devant le recul de leurs proches.
Pour un premier roman, c'est une réussite. La construction du récit est maîtrisée. Les différentes voix narratives s'accordent et se rejoignent pour former un magnifique testament, un rempart contre l'oubli.
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Jeanne Moreau rugissait de sa voix chevrotante : j'ai la mémoire qui flanche...Block , jeune auteur de 26 ans au moment des faits , décide d'y aller de sa plume en traitant d'un sujet puissant : le cerveau et ses abysses mémoriels . Plus communément appelé Alzheimer , il est une forme extremement rare qui , à l'oubli , combine l'hérédité , sorte de double peine , l'Alzheimer familial , malédiction neuro-dégénérative de la famille Haggard .

Deux protagonistes : Abel et Seth .
Si Abel Haggard porte l'un des trois prénoms les plus connus des frangins bibliques , ce n'est certes pas un hasard . Vieux , bossu , handicapé et flanqué d'un cheval aussi décrépi que sa masure , Abel se rémémore douloureusement ses vertes années . le plaisir de cotoyer au quotidien son jeune frere Paul et sa splendide femme Mae qu'il délaisse ( hum , hum , Paul , ça sent le petit secret des familles ça ) . Une Mae qui ne le laissa jamais indifférent et de qui , L Histoire aidant , il se rapprocha pour le meilleur mais surtout pour le pire . Une histoire personnelle tragique . Une histoire familiale placée sous le joug d'une folie atavique .

Si Seth porte l'un des trois prénoms les moins connus de la fratrie ( avec Abel et Cain , descendants d'Adam et Eve ) , là encore , rien de fortuit , tragédie généalogique oblige...
Adolescent surdoué , Seth sent que sa mere lui échappe comme elle échappe à la vie . Écartelé entre un pere qui a baissé pavillon et une mere qui y est internée , il décide alors de se prendre en main et de lever le voile sur un passé familial bien mystérieux . Ne connaissant rien de l'histoire maternelle , meme pas son nom de jeune fille tut comme un secret honni , Seth se lance dans l'aventure , tel un Sherlock Holmes en mal de révélations , bien décidé à appréhender les tenants et les aboutissants de cette malédiction génétique .

Si l'histoire porte et touche sans coup férir , il convient d'y apporter , cependant , quelques bémols . Mon p'tit coté mélomane , j'imagine...
Fort d'asseoir logiquement son histoire , Stefan Merrill Block se fend régulierement d'explications scientifiques qui , me concernant , ont plus l'effet de somniferes que d'excitants . Pourtant avide de connaissances ( l'on notera la modestie et l'humilité du triste individu ...) , il m'est souvent arrivé de tenir plus de deux minutes consécutives devant C'est Pas Sorcier : si c'est pas une preuve ça ! Alors , dis-moi Jamie , les galettes de blé noir , avec ou sans sel ? Mais là , le fait d'expliciter à l'envie en vient à casser un rythme deja pas follement nerveux . Autre petit comédon : ce pénible conte familial sur Isidora que certains trouveront certainement touchant ( qui aura , cependant , son importance au final ) et qui vient régulierement entrecouper les récits croisés d'Abel et Seth . Une fois encore , le rythme s'en ressent , provoquant alors de legers soupirs d'exaspération de ma part...Humpf voire meme pfiuuuut sur la fin....Une fois , je fus meme à deux doigts du pfiouuuuu , c'est vous dire...Bon , avis subjectif s'il en est . Ce qui n'empechera pas l'auteur de ferrer le lecteur que je suis avec une construction narrative plutot accrocheuse . Une écriture simple . Un récit qui déroule jusqu'au final sublime d'émotion .

Deux récits concomitants intimes et touchants de meme intensité voués à fusionner . Un theme fort traité avec pudeur . L'auteur aura su éviter l'écueil du larmoyant mélodrame . Un traitement interessant de la maladie et de son évolution . Les réactions des proches ne sont pas en reste . Block , un romancier prometteur qui aura su , au final , délivrer un premier bouquin aussi bouleversant qu'intrigant ! A suivre...

Histoire de L'oubli : heuu , de quoi ça cause déja ?
J'aiii la mémoiiiire qui flaaaancheeee , avec moi Babélio !!
3.5 / 5
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« Au début, ça peut faire peur, mais si on ne se souvient de rien, de quoi pourrait-on avoir peur? »
La maladie d'Alzheimer a de quoi faire frémir, surtout la variante familiale à début précoce, véritable « bombe neurologique à retardement ». Histoire de l'oubli en retrace l'origine à travers les récits d'Abel, seul dans sa vieille maison encerclée de nouveaux lotissements et de Seth, adolescent désemparé face à la perte de mémoire de sa mère et à la dérive de son père, complètement largué.
Stefan Merrill Block pose ainsi des questions douloureuses sur l'éthique dans la science génétique : lors d'un diagnostic confirmé de maladie dégénérative transmise par les gènes, la procréation, jusque là aléatoire et spontanée, devrait-elle être assistée? de quelle manière? Ne serait-ce pas un début ou une forme d'eugénisme?
L'auteur a su brillamment poser son histoire dans un roman émouvant sans être mélodramatique, incarné par des personnages tout à fait crédibles dans leurs recherches d'un sens à donner à leur existence.
C'est un livre qui était dans ma PAL depuis longtemps mais dont le titre et le sujet me rebutaient pour des raisons personnelles; sa lecture m'a finalement apportée un certain réconfort, résultant d'un heureux mélange de didactisme et de vulgarisation enchâssé dans un écrin romanesque et onirique.


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Histoire de l'oubli est un remarquable (premier) roman sur la mémoire et la transmission. Il est très, très bien écrit, les personnages sont tous attachants... Un très beau livre !!! Je le recommande fortement.

C'est l'histoire d'une quête impossible, celle de Seth Walter sur les traces de la mémoire brisée de sa mère, atteinte d'une forme foudroyante de la maladie d'Alzheimer. C'est l'histoire d'une solitude, celle d'Abel Haggard, hanté par le souvenir de son amour fou pour sa sa belle-soeur et par l'absence de sa fille, née de cette passion illégitime. C'est l'histoire d'une cité mythique, Isidoria, où des hommes sans mémoire vivent dans un bonheur insouciant.

Ce livre aborde le thème d'une maladie destructrice, celle de l' Alzheimer. Sur fond d'amnésie, lorsque cèdent lentement les dernières attaches affectives et familiales, que reste-t'il de l'identité de l'être ? Stéfan Merril Block s'empare avec une grande humanité de cette interrogation. au fil des pages, dans un style sobre et incisif, il explore avec justesse les liens complexes qui unissent ses personnages. Les histoires se fondent, le réalisme se teinte de merveilleux et l'angoisse finit par s'apaiser.
Une réflection à mener, une lecture à ne rater sous aucun prétexte.
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Le thème principal de ce roman concerne la maladie d'Alzheimer, et plus particulièrement une variante précoce qui touche les jeunes adultes à partir de 30 ans: Seth un adolescent réaliste, est tout à fait conscient que quelque chose de bizarre se passe à l'intérieur de sa famille. Lorsque sa maman tombe malade, il essaye de comprendre et d'analyser tout se qui se passe et se lance dans une enquête sur le passé familial où il est persuadé qu'il trouvera là, la réponse à l'énigme qu'il voudrait bien décripter. Souffrant énormément d'être coupé de sa mère qui est hospitalisée et qui peu à peu perd le fil de la mémoire et se heurtant au silence tabou de son père, il décide de pirater sur internet le centre de recherche des maladies neurodégénératives de l'université du Texas dont il trouve le mot de passe et après avoir eu accès à une liste de malades et leurs adresses il décide de les rencontrer afin de comprendre la maladie et l'histoire incessante que sa mère raconte sur ce pays imaginaire Isadora dont la légende se transmet de génération en génération.

Extrait:
L'idée est la suivante: si tous les gens affecté héréditairement de la maladie de ma mère faisaient partie de la même famille élargie, cela signifirait que certains d'entre eux devaient être des cousins relativement proches? Et s'il y avait une importante base de données de tous les cas en Amérique du Nord, n'étaient-il pas possible que cette base renferme l'identité de cousins de ma mère au troisième, deuxième ou même premier degré? Et que certains d'entre eux puissent en savoir plus sur les origines de maman, puisqu'ils étaient de la même famille?

A quelque centaines de klm de là le vieux Abel ne veut pas quitter sa maison et s'accroche à ses souvenirs. Autrefois il a aimé la femme de son frère. Lorsque ce dernier part à la guerre, il pourra vivre enfin avec passion et donnera une petite fille à la femme de sa vie. de retour de la guerre, le frère d'Abel semble profondemment marqué et son comportement étrange ne fait qu'empirer un peu plus chaque jour. Abel doit partir, abandonnant la femme qu'il aime et cette petite fille qui prend une grande place dans sa vie. Abel attend inlassablement chaque jour que sa fille revienne...

Le lecteur comprend peu à peu quels sont les liens qui unissent les personnages, mais le tout est subtilement suggéré. Ce livre est une belle découverte, un très bon moment de lecture écrit par un jeune romancier américain de 26 ans." Histoire de l'oubli" est son premier roman.


J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique, organisée par Babelio. que je remercie tous comme les éditions Albin Michel pour m'avoir envoyé ce roman inoubliable!

A la fin du livre une liste de documents et de livres déjà existants vient aider le lecteur à comprendre comment l'auteur a entreprit ses recherches. On peut trouver une liste de renseignements et une adresse internet sur cette réalité de notre société.
www.alz.org ( en anglais)

La maladie d'Alzheimer telle qu'elle est expliquée dans ce livre:


Indépendamment des formes familiales de la maladie d'Alzheimer, avoir une mère ou un père atteint augmente le risque de développer soi-même la maladie.

De nombreuses études ont démontré un risque plus élevé d'être atteint si un parent est lui-même déjà touché. Dans les formes familiales de la maladie, trois chromosomes ont été identifiés comme porteurs de gènes impliqués dans le développement de la maladie : le gène APP sur le chromosome 21, le gène PS1 sur le chromosome 14 et le gène PS2.
Il faut savoir que les formes héréditaires de la maladie d'Alzheimer ne concernent que 0,3 % des malades.

Mais l'hérédité de la forme la plus courante de la maladie (la forme sporadique qui représente plus de 90 % des cas) reste encore aujourd'hui incertaine. On peut tout au plus, identifier des "facteurs de risques génétiques". Au banc des principaux accusés : les chromosomes 10 et 19. Sur ce dernier, l'équipe du Pr. Amouyel de l'INSERM a mis en évidence le gène ApoE qui contrôle la production d'une protéine alipoprotéine E. Il existe sous trois formes ou allèles : e2, e3 et e4. Les porteurs de l'allèle e4 sont les plus vulnérables :

S'ils ont hérité deux allèles e4, ils ont vingt fois plus de risques de développer la maladie, et quatre fois plus s'ils n'en possèdent qu'un exemplaire. Les "doubles-porteurs" auront également tendance à développer plus tôt la maladie que les personnes qui n'ont hérité que d'un seul allèle e4. Les personnes porteuses d'un seul allèle de ce type développent la maladie plus tôt que les personnes n'en possédant pas.
Les personnes qui ont hérité de l'allèle e2 sont plus protégées que ceux porteurs de l'allèle e3.
Le même allèle e4 serait également impliqué dans la perte de poids caractéristique des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
Plus récemment, c'est le chromosome 10 qui a été accusé de tous les maux. Tout d'abord, deux publications,4 dans la revue Science identifient en décembre 2000 le chromosome 10 comme porteur d'un gène de susceptibilité sans toutefois pouvoir l'identifier. En juillet 2001, l'équipe du Pr. Zubenko identifie une petite zone de ce même chromosome appelée D10S1423 qui lorsqu'il est combiné avec l'allèle e4 du chromosome 19, multiplie par 16 le risque de développer la maladie.

Aucune de ces particularités génétiques n'aboutit inéluctablement au développement de la maladie. Il s'agit simplement de gènes qui augmentent le risque de la développer. Actuellement un vaccin est à l'étude depuis de nombreuses années,,,



Il existe entre 1997 et 2007 une forte augmentation des oeuvres comportant des personnages atteints de la maladie d'Alzheimer ou de maladie apparentée. (suite sur mon blog)



Lien : http://adlitteram.over-blog...
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Quand la maladie entama son ultime, irrévocable, marche en arrière, la mort frappant tout ce que la vie apporte en premier : la mort du parler, la mort du marcher, la mort du contrôle des intestins, la mort de la station debout, la mort de la capacité à s'alimenter, la mort de la capacité à s'asseoir, la mort du sommeil la nuit, la mort de la déglutition.
Quand la mort définitive, celle des battements du coeur, arriva, ce ne fut pas la plus importante, mais la dernière. Mais à la fin, cette modeste consolation : après ces innombrables morts, cette complète inversion de la vie, ce qui restait de maman trouva enfin le repos sous une forme foetale. Le seul mot convenant pour elle n'était pas morte mais repartie.
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Jamais je n'ai su comment combler tout ce silence. Dans les mois qui suivirent la grande tragédie de ma vie, tous les matins, je me levais d'un bond pour chausser mes godasses à semelles de liège et naviguer de pièce en pièce en me cognant à tout ce que je pouvais. Le silence évoquait l'absence et l'absence signifiait se souvenir, d'où ce raffut. Les grincements du plancher vermoulu, le bruit mat des fauteuils renversés, les cloisons craquant sous mes coups de poing : autant de petits réconforts quand partout, toujours, le silence me guettait.
Avec le temps, j'ai appris à le morceler. Si, après le petit déjeuner, je me surprenais à tendre l'oreille pour capter la voix de ma fille dans le jardin, ou le pas claudicant de mon frère dans le couloir, ou bien Mae tripotant la radio, j'accusais le silence qui venait de s'accumuler devant moi, dans le bol de porridge tout juste terminé, et je le chassais en raclant ses entrailles avec ma cuillère. Parfois, depuis la chambre jadis occupé par mon frère et Mae, un silence régulier, plus profond, commençait à filtrer sous la porte et il me fallait alors me précipiter à l'intérieur, les poings brandis, pour le vaincre.
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« J’aurais pu ne jamais composer avec lui, si, au fil des ans, je n’avais commencé à comprendre les opportunités que m’offrait le silence. Il était absolu. Par là il était abominable, mais c’est aussi une chance. En soi, le silence promettait d’absorber ce que je lui confiais : mes illusions, mes regrets, et jusqu’à la vérité. Et pourtant, même si les mots sortent de ma bouche pour tomber dans l’oubli, la vérité fondamentale de ma vie est si simple, l’avouer me fait tellement honte que c’est à peine si j’ose le dire : J’aimais la femme de mon frère. » (p. 12)
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Des années durant, j'avais cru que, si je m'étais trouvé devant deux portes, l'une ouvrant sur le monde tel qu'il est devenu, l'autre sur la mort, j'aurais choisi la seconde sans hésitation. Mais, mis au pied du mur, il s'est avéré que j'étais toujours un être humain. Ou du moins que j'avais la plus humaine des qualités : paniqué, je me suis accroché à la vie, sans m'inquiéter de savoir ce qu'elle serait.
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« La maladie de ma famille : la maladie de la vieillesse, l’effondrement familier de la mémoire, une affection connue de tout temps, venait tout simplement trop tôt. Une inversion de la vie en plein milieu comme une conclusion prématurée, un livre abandonné, jeté au feu, à moitié écrit. » (p. 227)
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