Pour moi, "L'étrange cas du
Docteur Jekyll et Mister Hyde" est d'abord un mythe rendu célèbre grâce au cinéma. Pourtant, à l'origine, c'est
Robert Louis Stevenson, l'écrivain voyageur, qui a écrit ce roman fantastique en 1886. Depuis, il a été adapté de nombreuses fois.
Ce qui est passionnant lorsqu'on revient au texte initial c'est la richesse du dispositif narratif très différent d'un scénario de cinéma.
Certes, nous connaissons l'histoire de l'infortuné docteur Jekyll, chercheur passionné qui décide de devenir le sujet de ses expériences en absorbant un breuvage qu'il a mis au point pour prouver qu'il y a une dualité profonde dans tout être humain.
Pour autant, le roman de
Stevenson se présente un peu comme un roman policier. Il y a beaucoup de suspense même quand on connaît l'histoire.
Dans le brouillard londonien, à la fin du 19e siècle, Mister Hyde sème la panique autour de lui avec son air démoniaque. Alors pourquoi est-il protégé par le respectable docteur Jekyll ?
Un lien mystérieux uni ces deux êtres que tout oppose (je me suis même demandée si on n'allait pas les accuser d'homosexualité) sans que l'on sache qu'il s'agit de la même personne. On ne le comprendra que tardivement, ce qui permet une analyse psychologique grâce à la multiplicité des points de vue proposé par l'auteur.
J'ai trouvé que Hyde, qui représente le mal, ne cherche pas des victimes mais se retrouve involontairement violent dans un contexte qui le pousse à l'agression. C'est peut-être une façon pour
Stevenson de glisser dans ce roman une remise en question de la société victorienne d'autant plus qu'il montre que le supposé Bien n'est qu'un prétexte à se donner bonne conscience et afficher un masque d'honorabilité qui peut s'avérer fragile.
Cet incontournable du roman fantastique est surtout une façon de démontrer avec brio que la nature humaine est complexe.