Un classique qui mérite son titre de classique. Et un classique, si je puis ajouter, qui demeure tout aussi plaisant à lire et surprenant, et ce même en connaissant le twist, ce qui ne fait que prouver le talent de
Stevenson.
Stevenson a en effet un de ces rares dons, qu'il partage avec
Maupassant, qui est ce
lui d'une prose à la fois simple et élaborée, la marque d'un écrivain maître de la langue, qui écrit avec une simplicité trompeuse, et qui sait exactement quand et comment devenir plus fleuri et complexe. Il a aussi un talent pour mettre en place les scènes, pour les descriptions concises et efficaces, et pour l'ambiance; je me sentais vraiment dans les rues brumeuses et pluvieuses de Londres.
Si le plaisir de lecture, l'histoire intéressante et les personnages complexes n'étaient pas assez pour considérer ce texte comme un chef-d'oeuvre, il y a en plus le bonus du thème de la dualité de l'humain, l'essence même du texte, un thème universel qui rend l'oeuvre intemporelle, capable d'être appréciée par toutes les cultures. Car c'est une chose d'avoir un thème, mais c'en est une autre d'en avoir un aussi important. Et c'est une autre chose aussi de manier et parler de ce thème avec autant de maturité et de perspicacité, et de traduire une chose aussi compliquée en un livre que n'importe qui, enfant ou adulte, peut lire et comprendre entièrement. C'est un cadeau à la culture, c'est édifiant, un don au peuple, une lumière de plus accordée à l'inconscient collectif, car tous dans le monde civilisé connaissent cette histoire, ou du moins son idée principale.
Je n'ai que de bonnes choses à dire sur ce texte. Je n'ai pas eu la chance d'en lire plus de
Stevenson, mais à en juger par son statut, je peux avec certitude dire que sa plume demeure toute aussi affutée et son intellect motivé. Il en faudrait plus, dans le monde, des écrivains intelligents qui ont de bonnes choses à dire.