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EAN : 9782266227995
480 pages
Pocket (21/06/2012)
3.61/5   54 notes
Résumé :

" Quand les choses se compliquent, les simples mortels se prennent parfois les pieds dans le tapis. " Cette phrase lapidaire résume bien le point de départ de la
réflexion développée dans cet ouvrage. Simples mortels, nous le sommes, loin de l'homo economicus de la théorie. Partiellement ou mal informés, paresseux, pressés, nous sommes souvent amenés à prendre des décisions regrettables, parfois fatales, allant à l'encontre de nos intérêts, de notre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Dans cet ouvrage datant de 2008, R.H.Thaler et C.R.Sunstein, deux économistes américains nous présentent leur 3e voie qui se veut équilibrée entre les démocrates et les républicains...
Ils se veulent modérer l'action de l'Etat mais lui permettre d'aider les citoyens à prendre les bonnes décisions pour eux.

Le livre porte le nom de "Nudge", une façon de désigner tous les petits coups de pouce qui aident les gens à mieux agir, sans même que ça leur demande un effort ou qu'il s'en rende compte. L'exemple le plus connu et le plus amusant de Nudge est sans doute celui qui a consisté à installer des petits autocollants de mouches dans les urinoirs pour inciter les hommes à mieux viser et faire ensuite des économies sur le nettoyage des "pipis à côté".

Je m'attendais donc à un livre qui recense les principaux nudges connus et qui en propose d'autres.
Hélas, je n'avais pas assez tenu compte du fait que les auteurs sont deux économistes de renom aux Etats-Unis d'Amérique...

La lecture de ce livre a eu pour moi le même effet que la descente d'un toboggan: On démarre tout en haut et on arrive tout en bas !
Je m'explique: le livre est découpé en 4 chapitres: le premier (150 pages sur 411) est remarquable, les autres sont décevants.
La première partie commence par une critique de l' « Homo économicus » (en gros : le capitaliste pur sucre qui croit encore - ou qui fait croire - que le marché équilibre les choses avec justesse, la fameuse main invisible du marché qui redistribue - moi je considère que c'est plutôt la redistribution qui est invisible -).
Les auteurs proposent d'opposer comment réagirait un "écône" (c'est à dire une personne éclairée qui prend toujours les bonnes décisions, celle en quoi croient les économistes libéraux - mais qui n'existe pas - ) et les "simples mortels", c'est à dire les humains – qui, eux, existent -

C'est l'occasion pour les auteurs de parler de notions de psychologie auquel je suis déjà fortement sensibilisé et que je considère comme des connaissances de base qui devraient être enseignées dans les établissements secondaires. Cette première partie est d'utilité publique et devrait être lue par tous !

A titre d'exemples, quelques notions et exemples abordés :
- le biais de statu quo (ou préférence pour l'option par défaut): la majorité des gens ont tendance à choisir l'option par défaut (quel qu'elle soit) lorsqu'il y en a une proposée. Par ailleurs, ils ont tendance à ne plus changer d'option, une fois que l'une d'elle est choisie.
Forcément lorsque vous savez ça, vous pouvez aider les gens - si vous êtes bien intentionné et on peut partir du principe que ça devrait être le rôle de l'Etat - à prendre la bonne décision pour eux, en plaçant le choix qui les favorise, comme choix par défaut. Toutefois, dans notre société commerciale, le choix par défaut qui nous est souvent présenté est celui qui favorise le commerçant et non le client – je trouve que les auteurs n'insistent pas assez sur ce point d'ailleurs –

Les auteurs considèrent – et je partage leur point de vue – que les nudges sont une forme de manipulation mais qu'il est de toute façon impossible d'éviter de manipuler les gens dés lors qu'on leur propose de faire des choix (ne serait-ce que l'ordre de présentation des choix, qui influence la décision. Or on ne peut éviter de présenter les choix dans un ordre donné). Puisque la manipulation est inévitable, autant faire qu'elle soit bienveillante et aide les gens à prendre les bonnes décisions pour eux (plutôt qu'à prendre celle qui favorise le commerçant).
L'attitude qui consiste à laisser les intérêts privés exploiter les nudges à leur guise doit donc être compensé par un Etat qui impose une transparence et utilise des nudges dans l'intérêt public.

- Les gens épargnent plus s‘ils sont payés tous les 15 jours car deux fois par an, ils touchent 3 virements en un mois.

- Il est possible de prédire les résultats des élections législatives avec une exactitude effrayante en demandant simplement à des gens de jeter un rapide coup d'oeil aux photographies des candidats et de leur demander lequel leur parait le plus compétent (expérience de Toderov, Benjamin et Shapiro de 2005) - ça c'est pour ceux qui croient encore à la démocratie et au libre-arbitre –

- Les gens sont influencés par les décisions des autres, tout en étant persuadés de ne pas l'être (expérience de Asch de 1995)

En bref, dans cette première partie, je suis dans mon élément : Il s'agit surtout de psychologie, les auteurs démontrent avec brio que les humains prennent beaucoup de décisions sans se rendre compte qu'ils sont influencés et tout en étant persuadé de ne pas l'être. Cette influence est parfois involontaire de la part des architectes de choix (ceux qui font les questionnaires par exemple), mais parfois volontaires (et dans l'intérêt de sociétés privées). Il est temps que l'Etat impose plus de transparence et impose des architectures de choix davantage favorable à l'intérêt public et au consommateur.
Si je n'avais eu à évaluer que cette première partie, je lui aurai mis un maximum d'étoiles mais hélas, il y a la suite…

La deuxième partie (l'argent) est beaucoup trop ciblée « économie », « contrats d'assurances » et « banque » pour moi : je l'ai trouvé très ennuyeuse et j'ai passé des pages - ce qui n'est pas fréquent pour moi-. de plus, les démonstrations sont truffées d'exemples américains qui ne parlent pas aux français car la culture, les mentalités et le mode de vie sont trop différents sur ce point et nous n'avons pas été sensibles à la même actualité que les américains à l'époque de la rédaction de l'ouvrage – qui j'en profite pour le dire, est un peu daté et appartient bel et bien au monde d'avant – Les exemples pris ne nous parlent donc pas et sont déconnectés de la situation française.

La troisième partie (la société) a fait un peu figure d'OVNI dans cet ouvrage : on y fait la promotion d'une privatisation du mariage – les idées qui y sont proposées me paraissent intéressantes mais sont hors-sujet. On y parle d'écologie – mais quand on a une formation d'économiste, c'est pas franchement réussi. Ici, l'écologie se limite à la promotion de l'achat de droit à polluer pour les entreprises. Cela m'a paru être une vaste blague, quoique certains arguments méritent d'être entendus - .

Dans la quatrième partie (extensions et objections), les auteurs cherchent à défendre leur point de vue et contrecarrer les arguments qu'on pourrait leur opposer. En réalité, ils se contentent de redire ce qui a déjà été dit ailleurs dans l'ouvrage. Les auteurs prônent un « paternalisme libertaire », à savoir qu'il ne faut pas interdire les choix mais les encourager à condition d'orienter le citoyen pour qu'il ait le plus de chance de faire les bons choix pour lui.


Cette édition se termine avec un petit rajout suite à la crise de 2008 – les fameux subprimes - qui n'est pas inintéressant et permet une fois encore de constater que notre monde est gouverné par des incompétents – et on ne parle pas tellement ici des politiques mais des financiers – avec des lois économiques qu'ils ne comprennent pas eux-mêmes et surtout parce que ce sont des humains, qui font les mêmes erreurs de raisonnements que les autres !


Je ressort donc un peu frustré de cette lecture qui avait si bien commencé: je regrette le ciblage presque exclusivement économique de l'ouvrage (et lorsqu'ils tentent de s'en éloigner, c'est pas une réussite) et le centrage trop USA.

Je réfléchis à des Nudges à mettre en place dans le cadre de mon métier d'enseignant. Par exemple, il serait efficace de n'indiquer la moyenne générale d'une classe dans les bulletins que lorsque l'élève est en dessous (il voit que la majorité est au dessus et cherche donc à s'y conformer) et non au dessus (sinon il voit qu'il est meilleur que la majorité, et il se relâche).
Si vous en avez d'autres...


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il y a 10 jours, je ne connaissais pas ce mot, nudge, je suis tombée dessus lors de mes pérégrinations sur Internet, j'ai cherché un peu et je suis tombée sur cette page :
http://www.bva.fr/fr/bva_nudge_unit/qu_est-ce_que_le_nudge/
j'ai voulu aller voir un peu plus loin, le bouquin était disponible chez mon libraire. Parfois, la vie est simple.

Nudge, ça veut dire« coup de pouce » ; c'est une méthode douce pratiquée pour orienter discrètement nos choix, sans tapage, sans obligation ni interdiction. C'est de l'économie comportementale.

L'idée, c'est une procédure qui coûte peu, qui peut avoir des effets puissants, menée par des architectes du choix, pour aider les "simples mortels" dans leurs prises de décision, a priori pour leur bien. C'est ce que les auteurs appellent le « paternalisme libertaire". Paternalisme parce qu'on guide, libertaire parce que tous les choix restent possibles, pour ceux qui ne seraient pas convaincus. Cela peut être l'installation des plats à la cantine, l'ergonomie d'un appareil ménager, la rédaction d'un formulaire, l'introduction d'un smiley encourageant dans un texte....Les applications sont infinies et quotidiennes,même si le sauteurs parlent de problématiques à plus grande échelle, sociétales, je dirais..

Cela s'appuie sur une fine connaissance de la psychologie humaine. Un choix se structure par un équilibre entre un comportement instinctif et un comportement réflectif. Cet équilibre est modulé par des connaissances, des émotions, une certaine tendance à l'inertie, une tendance à la grégarité (la pression sociale), une détestation de la perte, une facile intoxication par les événements présents plutôt que par une vue à long terme.

La première partie, "théorique", est épatante, très claire, pleine d'humour. On y comprend qu'on a tous pratiqué et subi le nudge sans le savoir, et comprendre, bien sûr, c'est toujours mieux, ça permet de mieux pratiquer et de mieux se protéger.

La suite est moins lumineuse, parfois redondante, avec des exemples empruntés à la vie sociale parfois un peu compliqués (gestion de l'argent : crédit, épargne-retraite, investissement ; assurance-maladie dans le système États-Unien ; don d'organes, mariage)

Enfin, la dernière partie est  consacrée à réfuter les critiques qui pourraient  être émises (et le sont réellement), proposant soit une attitude  plus conservatrice (non pas orienter les choix mais les limiter), soit une attitude plus  libertaire refusant cette ingérence, même légère, dans les affaires d'autrui, dénonçant la manipulation. Thaller et Sunstein ne me réfutent d'ailleurs l'idée, qui m'a tenue tout au long de ces  pages, que le nudge pouvait aussi tomber dans de mauvaises mains : que le « bien d'autrui" n'est pas forcément ce que les autres imaginent, et que par ailleurs la même méthode peut être appliquée  altruisme, et se limiter au seul profit de l'architecte du choix.
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Les nudges, ou appelés également "paternalisme libertaire" par les auteurs, sont des méthodes visant à influencer les gens à faire le meilleur choix possible et à faciliter leur vie. Elles peuvent se manifester sous des formes les plus diverses : des éléments ludiques pour protéger l'environnement, des formulaires pré-remplis par défaut (utilisés pour les impôts notamment en France), la transparence des informations, un accompagnement réel dans les démarches compliquées (crédit, retraite...), la comparaison avec d'autres personnes pour inciter à les imiter, une mise en avant des économies potentielles à faire... Si les premières parties sont très accessibles et expliquent parfaitement les comportements de l'humain lambda : qui a du mal à se décider, reporte au lendemain et est influencé par son voisin, les parties suivantes s'attachent à développer des exemples très détaillés (voir trop précis ?) de nudges économiques. le seul regret est que la plupart des exemples sont américains et pas forcément applicables en Europe. Enfin, les auteurs ne manquent pas de réaffirmer très régulièrement qu'un nudge se doit d'être gratuit, avec des intérêts sains et surtout de toujours laisser la liberté à la personne de ne pas l'utiliser, sous peine de devenir une manipulation dictatoriale. Bref, un livre qui montre que des changements simples et avec un minimum de contraintes pourraient être mis en place notamment au service de l'environnement bien loin de tous les projets de taxes obligatoires.
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Un livre intéressant et décevant. Il s'agit de montrer comment on peut orienter l'esprit des gens dans le sens de la décision qu'on souhaiterait qu'il prenne que ce soit par le format des informations à leur disposition ou par les règles de présentation. Exemples : la disposition des plats dans un self service oriente la consommation alimentaire vers des repas équilibrés ou du trop sucré (mal bouffe). Autre exemple : devant des choix complexes (ex. choisir une assurance vie), quels mécanismes mettre en place pour faciliter le choix à des non-avertis ?
Sur le principe, c'est sain mais à la limite de la manipulation.
Le livre fourmille d'exemples, ce qui le rend lisible. Sa richesse le rend parfois indigeste : on s'y perd et on peut rater des choses. Enfin, si les exemples sur le choix de son plan retraite est intéressant est général (et peut s'appliquer aux USA ou en France), celui sur la privatisation du contrat de mariage civil me semble plus tiré par les cheveux.
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Cet ouvrage est l'oeuvre de deux "paternalistes libertaires", ainsi qu'ils se nomment eux-mêmes ; c'est-à-dire que les auteurs sont partisans de laisser tout un chacun libre de ses choix mais de tirer parti de nos biais cognitifs pour nous "pousser doucement" à faire des choix raisonnables lorsque nous manquons d'informations, ou de temps, ou de jugement pour bien décider.
Les exemples donnés ont principalement trait aux placements financiers, au crédit immobilier, à l'épargne-retraite et à l'assurance maladie.
Le livre, bien écrit et bien traduit, se lit très facilement.
L'argumentaire des auteurs, qui in fine passent en revue les objections qui peuvent leur être faites, m'a paru honnête et plutôt convaincant.
Pour un français, les limites de l'ouvrage sont qu'il est très influencé par le contexte économique et politique aux Etats-Unis et que la quasi-totalité des exemples sont américains.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le Nudging est-il sournois ?

Certains affirment que les mandats, les interdictions et les taxes ont un grand avantage sur les nudges : les gens savent à quoi s'en tenir et personne n'est dupe, disent-ils. Les nudges sont cachés et, dans un sens, manipulateurs, une forme de ruse. Ils affectent les gens sans qu'ils le sachent.

Pour la plupart des nudges, cette objection est difficile à comprendre. Les étiquettes, les avertissements et les rappels ne sont pas exactement cachés ; s'ils le sont, ils ne fonctionneront pas. Les règles par défaut devraient être, et sont généralement, entièrement transparentes. Si les gens sont automatiquement inscrits à l'énergie verte, ils devraient être informés, et le sont généralement, qu'ils ont été automatiquement inscrits à l'énergie verte. Lorsqu'un employeur inscrit automatiquement ses employés à un plan d'épargne, sous réserve d'une option de retrait, rien n'est caché. Si c'est le cas, c'est qu'il y a un problème de boue ; les étapes à suivre pour se retirer doivent être claires et, de préférence, ne nécessiter qu'un seul clic.

Il est vrai que certains nudges fonctionnent même si les personnes concernées ne s'y intéressent pas ou n'y pensent même pas. Par exemple, une cafétéria qui place les aliments sains à des endroits plus évidents et plus accessibles pourrait influencer les choix, même si les convives n'ont pas conscience d'avoir été incités. Dans cette situation, la conception elle-même n'est pas cachée, elle est bien visible. Mais la raison de cette conception peut ne pas être apparente. C'est le cas pour de nombreuses formes d'influence. Les publicités pour la bière ne comportent pas d'avertissement indiquant que la présence de mannequins légèrement vêtues est destinée à attirer l'attention des téléspectateurs et à les inciter à acheter la bière. Lorsque des hommes politiques prononcent un discours, ils ne révèlent pas que la formulation de leur message a été créée (par le biais de tests) pour maximiser les chances que le téléspectateur soutienne le candidat. Mais y a-t-il quelqu'un d'assez naïf pour ne pas se rendre compte que les publicités sont conçues pour vendre des produits et que les discours politiques sont rédigés pour attirer les votes ? Certes, une cafétéria n'est pas une publicité, mais elle a un design, qui a bien sûr été choisi pour des raisons.

Si une cafétéria a été conçue pour encourager une alimentation saine ou si des personnes ont été automatiquement inscrites à un programme, les institutions privées et (surtout) publiques ne doivent pas le cacher. Il est d'autant plus important que les raisons des incitations soient également révélées. Nous reviendrons sur ce point prochainement.
Une affirmation quelque peu différente est que les nudges ne fonctionnent que si les destinataires du nudge ne sont pas conscients qu'ils sont nudgés. Cette affirmation a été examinée dans plusieurs contextes et s'est avérée fausse à plusieurs reprises. Les études existantes montrent que la transparence sur les nudges ne réduit pas leur impact. En fait, elle peut facilement avoir l'effet inverse. Dire aux gens qu'ils ont été automatiquement inscrits au plan de retraite parce que l'employeur pense que c'est un choix judicieux pour profiter de l'abondement de l'employeur et de l'allègement fiscal est susceptible d'augmenter le nombre d'inscriptions. Attirer l'attention sur la conception saine d'une cafétéria peut en fait amplifier l'effet de cette conception, car elle transmet des informations précieuses.

Les nudges sont-ils manipulateurs ? Pour répondre à cette question, nous avons besoin d'une définition de la manipulation. Pour résumer une histoire (très) longue et complexe, les philosophes et d'autres ont généralement convergé sur le point de vue selon lequel une action est considérée comme manipulatrice si elle ne respecte pas de manière adéquate la capacité de délibération rationnelle des personnes. Selon ce critère, la plupart des nudges ne sont pas manipulateurs. Si l'on rappelle aux gens qu'ils ont un rendez-vous chez le médecin jeudi prochain, personne ne les manipule. Il en va de même si les gens reçoivent des informations sur la teneur calorique des aliments ou si on les avertit que certains aliments contiennent des crustacés ou des noix, ou que s'ils prennent plus que la dose recommandée d'un médicament, quelque chose de grave pourrait se produire. Il est certain que nous pourrions qualifier une règle par défaut de manipulatrice si les gens n'en sont pas informés ou s'il leur est difficile de s'y soustraire. Nous appelons cela de la boue (sludge), et la boue peut être manipulatrice.
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L'hypothèse erronée consiste à postuler que nous prenons presque tous, presque tout le temps, des décisions conformes à nos intérêts ou, au moins, meilleures que celles qui seraient prises en notre nom par quelqu'un d'autre. Nous affirmons pour notre part que cette hypothèse est fausse — et même évidemment fausse. Nous ne pensons pas que quiconque y croie, à la réflexion.
Supposons qu'un joueur d'échecs novice affronte un adversaire chevronné. Il perdrait, comme on pourrait s'y attendre, précisément parce qu'il aurait pris de moins bonnes décisions — alors que quelques conseils judicieux lui auraient permis de les améliorer facilement. Dans de nombreux domaines, les consommateurs ordinaires sont des novices dans un monde de professionnels expérimentés qui cherchent uniquement à leur vendre de la marchandise.

Introduction.
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Shérif a également essayé d'influencer les réponses . Pour certaines expériences , à l'insu des participants , il introduisait un complice dans la salle . Tout changeait alors . Si son complice parlait fort et avait l'air sûr de ce qu'il affirmait , son jugement avait une forte influence sur l'évaluation collective du groupe . Si par exemple son estimation était beaucoup plus élevée que celle que les autres avaient initialement propo sée , le groupe révisait son jugement à la hausse ; si , au contraire , elle était très faible , il la révisait à la baisse . Un petit nudge , exprimé avec aplomb , pouvait avoir des conséquences majeures sur la conclusion du groupe . L'enseignement que l'on peut en tirer est clair : des individus exprimant des opinions claires et les maintenant sans les modifier peuvent faire évoluer l'opinion et la pratique de groupes dans la direction qu'ils souhaitent . (...)
D'autres expériences , toutes issues de la méthode originale d'Asch , ont permis de découvrir des effets de conformité pour des jugements de nature très diverse . Considérons la suivante . On demandait aux participants : « À votre avis , quel est le problème le plus important auquel notre pays soit confronté aujourd'hui ? » Ils devaient choisir entre cinq réponses la récession économique , l'échec scolaire , le terrorisme , la santé mentale , et enfin le crime et la corruption . Quand on les interrogeait en privé , 12 % seulement d'entre eux choisissaient le terrorisme . Mais face à un groupe consensuel affirmant unanimement que c'était là le problème le plus grave , 48 % des personnes interrogées donnaient la même réponse !
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[Révision de 2020 sur le "sludge"]

We have also added a new chapter on what we call sludge, which is nasty stuff that makes it more difficult to make wise choices. (Sludge is everywhere; you’ll see.) The use of Smart Disclosure is one way to reduce sludge. So is sending everyone a tax return that has already been completed and can be filed with one click. So is reducing the length of those forms you have to fill out to get licenses, permits, visas, health care, or financial aid, or to get reimbursed for a trip you take for your employer. Every organization should create a seek-and-destroy mission for unnecessary sludge.

Nous avons également ajouté un nouveau chapitre sur ce que nous appelons les "boues" (sludge), c'est-à-dire des choses désagréables qui rendent plus difficiles les choix judicieux (les boues sont partout, vous allez le voir). L'utilisation de la divulgation intelligente est un moyen de réduire les boues. Il en va de même pour l'envoi à chacun d'une déclaration d'impôt déjà remplie et pouvant être remplie en un seul clic. Il en va de même pour la réduction de la longueur des formulaires à remplir pour obtenir des licences, des permis, des visas, des soins de santé ou des aides financières, ou pour se faire rembourser un voyage effectué pour le compte de son employeur. Chaque organisation devrait créer une mission de recherche et de destruction des boues inutiles.
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Il apparaît que si vous demandez aux gens , de l'élection , s'ils ont l'intention de voter , vous augmentez de 25 % , ni plus ni moins , la proba bilité qu'ils votent effectivement ! Supposez main tenant que l'objectif soit d'accroître les achats d'un produit donné , comme les téléphones portables ou les voitures . Au cours d'une enquête réalisée sur un échantillon représentatif de plus de quarante mille personnes , la question posée était simple avez - vous l'intention d'acheter une voiture neuve dans les six prochains mois ? Le simple fait d'avoir posé cette question augmentait le taux d'achat de 35 % . Imaginons que le ministère de la Santé veuille encourager les gens à prendre des habitudes de nature à amélio rer leur propre santé . Dans ce domaine , des change ments significatifs ont été obtenus en mesurant les intentions des gens . Si vous leur demandez combien de fois ils comptent utiliser du fil dentaire au cours de la semaine suivante , ils l'utilisent davantage . Si vous leur demandez s'ils ont l'intention de consommer des aliments gras dans les jours qui suivent , ils en consomment moins.
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Videos de Richard Thaler (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Richard Thaler
Dès qu'il y a jugement, il y a bruit. Quand deux médecins posent des diagnostics différents pour le même patient, quand deux juges attribuent des peines plus ou moins lourdes pour le même crime, quand deux responsables de ressources humaines prennent des décisions opposées à propos d'un candidat à un poste, nous sommes face au bruit. Daniel Kahneman, Olivier Sibony et Cass R. Sunstein montrent dans ce livre que le bruit exerce des effets nocifs dans de nombreux domaines: médecine, justice, protection de l'enfance, prévision économique, recrutement, police scientifique, stratégie d'entreprise… Pourtant, le bruit reste méconnu. Il est la face cachée de l'erreur de jugement. Noise nous propose des solutions simples et immédiatement opérationnelles pour réduire le bruit dans nos jugements et prendre de meilleures décisions.
Le prochain livre qui va changer votre façon de penser. Un best-seller mondial.
«Un tour de force d'érudition et de clarté.» The New York Times «Une leçon d'humilité devant nos erreurs.» The Financial Times «Tous les chercheurs, les décideurs politiques, les dirigeants et les consultants devraient lire ce livre.» The Washington Post
Daniel Kahneman est spécialiste de psychologie cognitive et d'économie comportementale, professeur émérite à Princeton et prix Nobel d'économie. Il est l'auteur de Système 1/Système 2. Les deux vitesses de la pensée. Olivier Sibony est professeur à HEC Paris et associate fellow de la Saïd Business School (Université d'Oxford), où il enseigne la stratégie et la prise de décision. Il est l'auteur de Vous allez commettre une terrible erreur! Cass R.Sunstein est professeur de droit à Harvard. Il a également été directeur des affaires réglementaires au sein de l'administration Obama de 2009 à 2012. Il est l'auteur avec Richard Thaler de Nudge. Comment inspirer la bonne décision.
POour en savoir plus : https://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/psychologie-generale/noise_9782738157058.php
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