La Valise en carton

Je ne remets pas en cause le succès de Linda de Suza en tant que chanteuse, en revanche, celui en tant qu'écrivain avec ses deux millions d'exemplaires vendus d'après sa fiche « auteur », oui.

Elle a émigré pour la première fois du Portugal vers la France en 1969, soit quelques années avant la Révolution des Oeillets (25 avril 1974). Mais pas le moindre mot concernant la dictature dans son pays d'origine. Sur sa vie là-bas, elle ne fait que rabâcher le manque d'affection de sa mère envers elle (née en 1948, elle est loin d'être un cas particulier), et elle finit même par l'accuser d'être à l'origine du fait que son père la frappait, lui qu'elle adorait…!!
Ça ne devient pas vraiment plus intéressant une fois en France (trois voyages en trois coups de cuillères à pot). Seules comptent sa réussite financière et l'admiration qu'elle veut susciter.
À tout ça vous ajoutez un peu de « mon fils est tout pour moi » et de croyances spirituelles, et vous avez le package complet. Elle est aussi émouvante qu'une caricature de starlette du show-biz.

Pour ce qui est de la forme, comment dire... Dans les années 80, les lecteurs appréciaient-ils le style « rédaction scolaire » ?

Je ne sais pas pourquoi j'ai lu ce livre, Linda de Suza n'est pas de ma génération et je n'apprécie pas les mémoires précoces des stars...

J'ai entendu parler pour la première fois de Linda de Suza il y a une bonne demi douzaine d'années dans l'émission On a tout essayé de Ruquier. D'après mes parents elle s'est rendue très célèbre dans la communauté portugaise dans les années 80/90, même si aujourd'hui elle est un peu retombée dans l'oubli.



Comme elle le dit, c'est loin d'être un chef-d'oeuvre. On pourrait regretter le côté peu structuré de l'ouvrage, qui ressemble plus à un tas d'idées assemblées côte à côte sans réel fil conducteur; mais il nous donne à voir toutes les difficultés par lesquelles elle est passée depuis son enfance avant de connaître le succès.



Je n'ai pu m'empêcher de faire un parallèle avec ma propre histoire d'émigrée en France, arrivée moi aussi avec des valises de carton; à une autre époque certes et par des moyens légaux.



Ce qui se dégage de ce livre, c'est une sorte de revanche, de règlement de comptes avec pratiquement toute sa famille, mis à part peut-être ses beaux-parents et son fils. Elle m'a paru assez susceptible et parfois autoritaire sans nécessité ou du moins pas au bon moment. Elle invoque souvent d'hypothétiques jalousies de ses soeurs vis-à-vis d'elle etc... tout celà m'a laissé le sentiment qu'elle lave son linge sale en public.



Mis à part cela, j'ai aimé toute cette partie où elle parle de ses conditions de vie misérables dans son village natal, le traumatisme du pensionnat, et le dur retour dans la famille après six années coupées des brutalités du père et de la mère, passant d'un endroit rigide mais propre et où elle pouvait s'émanciper intellectuellement, vers un bidonville d'Amadora, côtoyant la misère et la stupidité ambiantes.



Je pense qu'à l'époque où ce livre a été écrit, il lui a certainement servit comme forme de thérapie. On ne peut sortir indemne d'une telle enfance. Elle qui a cherché toute sa vie la reconnaissance et l'affection de sa mère, jusqu'au bout elle se lamente de ne pas l'avoir obtenue, même le soir inoubliable où elle chantera pour la première fois devant elle à l'Olympia...



J'ai fini par trouver un certain désintérêt pour la seconde partie du livre où elle se confond en remerciements envers certaines personnes qui l'ont aidé à se faire connaître tout comme elle critique sarcastiquement d'autres. Elle est assez maladroite dans son langage et devient très vite répétitive.





De cette lecture, je garderai le souvenir d'une portugaise qui cherchait la célébrité, qui l'a obtenue à une époque, qui a pu se donner de grands airs de diva pour prendre sa revanche sur son passé, alors que dans le fond c'est quelqu'un de simple et d'humble avec un coeur en or...

Ce livre témoigne de l'histoire de Linda de Suza, petite fille portugaise qui deviendra la chanteuse que l'on a connu en France.
Linda est l'une des filles d'une fratrie de 8 enfants issue d'une famille pauvre.
Elle nous raconte la misère physique et émotionnelle qu'elle a connu. Puis comment elle en est venue à la chanson et à la gloire.

Issu de parents portugais, j'ai été naturellement attiré par ce livre. La première partie est pour moi la plus intéressante. le côté show-business m'a moyennement captivé.
J'ai retrouvé l'histoire de mon papa, de mon grand-père aussi qui ont vécu la misère au Portugal. Effectivement la misère financière était importante mais affective également. Mon père me raconte souvent que le matin ma grand-mère les mettait dehors et qu'ils devaient se débrouiller pour trouver à manger jusqu'au soir. Pas de câlin, pas de "je t'aime" (chose que du coup il a aussi été incapable de me donner, comme une gêne, une impudeur).
Le passage clandestin du Portugal vers le France... des évènements encore à l'ordre du jour mais pas avec le même pays d'origine...

Une fille pleurait
En passant la frontière
Ses illusions perdues et sa patrie qu'elle a laissées derrière...
Qui pourrait se douter, sans avoir lu ce livre, que derrière ces petites chansonnettes, il y a eu tant de souffrances ? Qui pourrait savoir que ce rossignol de Lisbonne a traversé des périodes si dures ?
Je pense que ce livre vaut la peine d'être lu pour vivre en communion avec cette chanteuse qui a essayé, mais y est-elle jamais parvenue, de marcher sur les traces de la grande Amalia.

Je vous vois déjà vous moquer, mais non : ce livre est très bien. Il raconte la vie pas facile d'une petite portugaise qui rêvait d'ailleurs, et qui a alors immigré en France pour se donner une chance. Elle n'a peut-être pas rencontré les bonnes personnes, eu un enfant trop tôt, mais ça ne l'a pas empêché de réaliser son rêve. Bref, pour la jeune pré-ado que j'étais lorsque j'ai lu ce livre, une belle leçon.