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EAN : 9782298049404
France loisirs (01/01/1900)
4.14/5   18 notes
Résumé :
Tardi, dessinateur, et Verney, historien, proposent une vision incroyable et forte de la Première Guerre mondiale vue par le prisme d’un soldat anonyme. Un hommage aux milliers de jeunes gens précipités dans une boucherie absurde.
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Tardi renoue avec la mémoire de 14-18 à travers un très grand projet : une évocation en bande dessinée du premier conflit mondial, et de la place qu'y ont occupée, au quotidien, les hommes qui s'y sont affrontés et entr... >Voir plus
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Que lire après Putain de guerre - Intégrale 2011 Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Jacques Tardi est reconnu pour son travail sur la Première Guerre Mondiale à travers de nombreuses bandes dessinées.
C'est avec l'historien Jean-Pierre Verney qu'il a créé cette "Putain de guerre !" qui porte, il faut bien le reconnaître, parfaitement son nom.
Le récit commence en août 1914, dans les premiers jours de la guerre : "Petit soldat du mois d'août, avec tes grimpants garance, tu essaies bien de te planquer, mais derrière les coquelicots 'y a pas des masses de place. Tu faisais ton entrée dans L Histoire, grimé en comique troupier d'opérette, petit mort du mois d'août.", avec comme narrateur un soldat anonyme qui croisera plusieurs fois au cours des quatre années suivantes son reflet de l'autre côté du miroir, à savoir un soldat allemand sensiblement du même âge que lui.
Ce choix d'un quidam est délibéré, il est au coeur des événements et il subit de plein fouet les décisions toutes plus absurdes les unes que les autres ainsi que la désorganisation des hautes instances militaires qui n'ont pas hésité à conduire à la boucherie des centaines de milliers de soldats : "Je ferais un très bon mort, "évaporé" dans la confusion. Une sorte de putréfaction anonyme, un disparu. Qui s'inquiéterait d'un ouvrier tourneur aux établissements Biscorne de la rue des Panoyaux - Paris XXè arrt ? Après tout, un pauvre ça crève dans l'indifférence totale.".
Dans ce récit, le manque d'organisation et l'absurdité des batailles pour gagner quelques kilomètres au prix de nombreuses vies humaines sont dénoncés : "Par nécessité ou par obstination, nos chefs, peu économes en vies humaines et en obus, ont donné l'ordre à la grosse artillerie sur rail de détruire Vaux et Douaumont, histoire que ces magnifiques, coûteuses et inutiles forteresses redeviennent françaises.", ça balance sévère et personne n'est épargné.
Il est question des décisions irréfléchies de certains chefs militaires, mais également des révoltes de certains soldats, des fusillés pour l'exemple, des procès sommaires où des soldats étaient condamnés à mort alors que dans un sens, ils l'étaient déjà; mais aussi de l'engagement dans ce conflit des anglais, des américains, des canadiens, des italiens, des africains des colonies françaises.
"Plus atroces seront nos plaies et meilleure sera notre place dans les nuages de gaz phosgène, à la droite de notre "saigneur".", car il ne faut jamais oublier à quel point la guerre de 14-18 fut une boucherie.
Pour la première fois, le conflit n'est pas que terrestre mais également maritime, aérien, avec de nouvelles armes de guerre qui sont expérimentées et surtout l'utilisation des gaz.
Les dessins sont non seulement fortement évocateurs, mais ils sont très violents et n'épargnent aucun détail des crânes qui explosent, des viscères qui s'étalent, des cadavres en putréfaction dans les tranchées.
C'est l'une des premières fois que j'ai lu un récit aussi explicite à ce sujet, le format de bande dessinée convient d'ailleurs très bien car les images parlent souvent d'elles-mêmes, ce qui est d'ailleurs le cas ici puisque la narration est plutôt concise au profit d'images nombreuses.
Très fouillée historiquement, cette bande dessinée est très agréable à lire car elle couvre une large période, de 1914 à 1919, évoquant non seulement la guerre mais également l'après-guerre et le difficile retour à la vie.
Chaque année est illustrée par les batailles marquantes : "Je venais de participer à la bataille de la Marne. Je n'avais rien compris aux astucieuses stratégies, il faut dire qu'on ne m'avait rien expliqué. Je ne savais donc pas que je venais de rentrer victorieusement, et les deux pieds dans la merde, dans l'histoire de France !", mais il est aussi question tout du long des désastreuses conditions de vie et d'hygiène dans les tranchées, des difficultés du ravitaillement, de la violence des affrontements, de la peur qui tiraille en permanence et de cet infime espoir toujours présent de rentrer un jour chez soi : "La guerre nous brûlait les boyaux et, dans la puanteur de nos existences dérisoires, je me cramponnais à un espoir : rentrer à la maison, qu'on la perde ou non cette guerre qui n'était pas la mienne !".
Et puis, dans les horreurs de cette guerre, il n'y a pas que les morts, il y a aussi les blessés souvent mutilés à vie, à ce titre j'ai trouvé très émouvantes les deux pages consacrées à des "gueules cassées".

"Putain de guerre !" n'est pas une énième bande dessinée sur la Première Guerre Mondiale, elle est très intéressante à plus d'un titre.
Tout d'abord, elle est très précise d'un point de vue historique et remet bien tous les éléments dans leur contexte, je salue d'ailleurs l'excellente idée de Jean-Pierre Verney de présenter de façon détaillée chaque année du conflit en 5/6 pages, mais également dans la façon de parler (ne pas hésiter à se reporter au lexique des expressions dans les tranchées) et de penser de tous ces soldats qui, sans avoir rien demandé, se sont retrouvés à se battre dans l'un des conflits les plus sanglants du vingtième siècle.
La précision n'est pas qu'historique, elle l'est également par rapport à l'utilisation des armes et aux améliorations qui y sont apportées durant ces quatre années.
Ensuite, elle met le doigt là où ça fait mal et n'hésite pas à dénoncer les erreurs commises ainsi que les fusillés pour l'exemple.
Plutôt que de voir cette bande dessinée comme une mise en avant de la guerre, il faut plutôt y lire un plaidoyer pour la paix.
Et puis, il y a la si jolie plume de Jacques Tardi qui, sous des traits fluides, parvient à transcrire avec justesse toute l'horreur de ces quatre années avec des personnages extrêmement réalistes ainsi que le recours à une décoloration progressive jusqu'à ne plus coloriser qu'en noir et blanc, à l'exception du rouge sang par moment, montrant ainsi la perte de l'espoir et l'enlisement de ce conflit dans des actions de plus en plus sanglantes et de plus en plus noires.
"Putain de guerre !" brosse un portrait incroyablement réaliste et fort de ce que fut la Première Guerre Mondiale, il serait regrettable de passer à côté de cette si belle et indispensable bande dessinée.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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C'est le début de la guerre, le départ la fleur au fusil. Mais très rapidement ça déchante. D'ailleurs le narrateur n'est pas dupe, il dénonce les ordres arbitraires, les planqués de l'arrière, l'incompétence des chefs, les exécutions expéditives. Bientôt c'est vraiment l'horreur, la boucherie dans les tranchées et, pendant les sorties, le tir au pigeon.

La deuxième partie est de la même veine. Les combats s'intensifient, l'usage des gaz se banalise, l'horreur augmente encore si cela était possible. Et la voix du narrateur est remplacée par celles d'inconnus, soldats, français ou allemands, femmes en usine, veuves, infirmières, gamins,.., tous ceux qui sont aussi touchés par cette guerre qui marquera leur vie...


On a déjà beaucoup lu sur le sujet, mais là Tardi nous met des traits et des couleurs qui marquent. Ou plutôt des absences de couleurs puisque peu à peu les couleurs s'estompent pour devenir un gris-marron terne. Les bleus des uniformes et les rouges des pantalons s'effacent et ne restent que les rouges des blessures. La narration en trois cadres permet des vues panoramiques aussi bien sur les paysages que dans les tranchées. Une très belle BD sur ce sujet difficile.

Après chaque volume, un dossier historique fait par J.P. Verney apporte des détails et approfondit le sujet.
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Le personnage qui nous parle ici, avec la gouaille caractéristique des albums de Tardi, est un "ouvrier tourneur sur métal des établissements Biscorne, rue des panoyaux, Paris XXème". Il survivra aux 4 années de guerre... autant dire un miraculé, car rares furent ses semblables.
Mais son histoire personnelle est très peu exploitée, et il sert en vérité de narrateur des évènements. C'est en cela que j'ai préféré "C'était la guerre des tranchées", qui restera pour moi la grande oeuvre de Tardi sur la guerre 14, et à ce jour la meilleure BD jamais produite sur le sujet à mon avis. Car au contraire de "Putain de guerre !", l'autre laisse seulement la guerre en toile de fond omniprésente, pour raconter la misère des hommes qui s'y débattent.
"Putain de guerre" est donc beaucoup plus didactique : chaque chapitre est une sorte d'agenda simplifié des principaux évènements qui s'y sont produits. Si moi, en tant que féru de cette période, je n'ai pas appris grand-chose, force est de constater que pour le profane, cet ouvrage est excellent, car il offre un résumé très visuel et très économe de longs textes (sachant que la partie documentaire de Jean-Pierre Verney en fin d'ouvrage permet d'approfondir). Qui plus est, contrairement à "C'était la guerre des tranchées" qui est en noir et blanc, "Putain de guerre" est en couleur, ce qui renseigne bien sur les couleurs des uniformes et autres éléments importants.
Pour le reste, on conserve la gouaille argotique et le discours pacifiste, ce qui est également essentiel.
En définitive, si cette oeuvre ne m'a pas complètement transporté, c'est bien parce qu'il s'agit d'une oeuvre à caractère pédagogique dans un de mes domaines d'expertise relative, mais il n'en demeure pas moins que si je me place dans la peau d'une "bleusaille", c'est un ouvrage incontournable.
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J'avais déjà lu quelques livres de Jacques Tardi, mais celui-ci m'avait échappé. Cette intégrale sortie à l'occasion du centenaire de la 1ère guerre mondiale (j'aurais préféré qu'on fête la 1918-2018 plutôt que 1914-2014 est un chef d'oeuvre qui retrace bien la vie dans les tranchées, la guerre année après année et la rencontre entre la petite et la grande histoire.
A la fin de la BD un gros cahier d'histoire écrit par un spécialiste de la 1ère guerre mondiale (Verney) vient compléter cette BD aux dessins superbes et criants de vérités.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je ferais un très bon mort, "évaporé" dans la confusion. Une sorte de putréfaction anonyme, un disparu. Qui s'inquiéterait d'un ouvrier tourneur aux établissements Biscorne de la rue des Panoyaux - Paris XXè arrt ? Après tout, un pauvre ça crève dans l'indifférence totale.
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Petit soldat du mois d'août, avec tes grimpants garance, tu essaies bien de te planquer, mais derrière les coquelicots 'y a pas des masses de place. Tu faisais ton entrée dans l'Histoire, grimé en comique troupier d'opérette, petit mort du mois d'août.
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La guerre nous brûlait les boyaux et, dans la puanteur de nos existences dérisoires, je me cramponnais à un espoir : rentrer à la maison, qu'on la perde ou non cette guerre qui n'était pas la mienne !
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Je venais de participer à la bataille de la Marne. Je n'avais rien compris aux astucieuses stratégies, il faut dire qu'on ne m'avait rien expliqué. Je ne savais donc pas que je venais de rentrer victorieusement, et les deux pieds dans la merde, dans l'histoire de France !
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Par nécessité ou par obstination, nos chefs, peu économes en vies humaines et en obus, ont donné l'ordre à la grosse artillerie sur rail de détruire Vaux et Douaumont, histoire que ces magnifiques, coûteuses et inutiles forteresses redeviennent françaises.
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Videos de Jacques Tardi (88) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Tardi
La brillantez que genera la obra de los grandes artistas los aísla en una genialidad aparentemente solitaria. Pero esto no es así. Todos ellos llegaron a su arte admirando, a veces copiando, la obra de sus predecesores antes de emprender su propio camino. Escuchar a los artistas hablar de sus predecesores, que han tenido un profundo impacto en ellos, es una buena manera de hacerse una idea de su cultura gráfica. Aquí proponemos descubrir una generación de artistas a través de los ojos de la siguiente. Tomando prestado el título de uno de los primeros libros de PLG, Anabel Colazo, Kim y Paco Roca nos hablarán cada uno de los autores que les iniciaron en el cómic, y que les han acompañado. Y nos mostrarán las imágenes.
Nos cruzaremos con Dan Barry (más que con Alex Raymond), Harold Foster, Frank Robbins, los ilustradores de Mad, Richard Corben, la pandilla de El Juves, Tardi, Peyo, Kasumi Yasuda, Vittorio Giardino, Ambros, Francisco Ibáñez, Albert Uderzo, Jack Kirby, Moebius, Bruce Tim, Jaime Hernández, Hayao Miyazaki, además de películas, series, novelas y videojuegos...
Los tres artistas pertenecen a generaciones diferentes, pero, por supuesto, tienen distintas fuentes de inspiración, lo que da lugar a una interesante confrontación. La conversación, iniciada durante las mesas redondas de SoBD 2023, está dirigida por Manuel Barrero.
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