« L'enfer c'est les autres »
Alors ça, c'est bien vrai !
Imaginez-vous, z'êtes bien peinarde, vous vous appelez Colombe (oui, z'êtes une femme. Si, si), tranquillou chez vous après un déménagement, et paf !
‘Tain, on vous colle
le voisin quoi. Attation ! Pas le ptit voisin de Jeanne Cherhal ! Non non. Vous vous souvenez de cette chanson sympatoche ?
Ro je l'aimais bien celle-ci. Tiens, j'ai encore l'air et les paroles dans la tête.
« Le petit voisin il a un grain, de sel ou bien de sable, ou bien de caféine. le petit voisin habite au-dessus de chez nous, qui évidemment sommes en-dessous. Il prend des cours de Ju-Jitsu mais n'est pas mauvais, n'est pas mauvais pour deux sous.
Et, dans tout l'immeuble, crado mais sympathique, on se chicane, on se cherche, on s'engueule gentiment. Mais le petit voisin, il est total stoïque. Et d'ailleurs il s'en fout car il est étudiant. »
Et ben c'est pas ça. Pas pantoute (expression queb').
Bah non, carrément pas même. Déjà
le voisin, il n'est pas petit. Au début, il est là s'en être là. Personne le voit, enfin si. Les voisines le voient, elles en sont guedins d'ailleurs. Toutes joviales, sourires en banane et tout. Mais, genre nous (Colombe et moi), walou, tintin ! Il ne nous montre pas ben rapidement le bout de sa queue fourchue. Ô diablesse !
Alors, bah on l'imagine jusqu'au jour où on va le voir. En fait, il est grand. Alors voyez-vous déjà loin du ptit voisin. En plus, l'est pas étudiant. L'est médecin. Et pour la queue fourchue, j'y étais presque voyez-vous.
Bon jusque là, il pourrait être sympa. Mais non. C'est un psy qu'aux pâtes !! Corneguidouille (pour la cuisson, faut attendre que ça bouille) !
Manquait plus que ça.
« Une colombe doit s'échapper de sa cage. Pour mieux y revenir. Pensez-y. Je devine la solitude de votre vie. Devant votre ordinateur aussi, vous êtes seule. Mais moi je vous comprends. Je suis là. »
Mais de quoi je me mêle ? Voilà ce que j'aurais envie de lui dire au grand voisin mes genoux !
Mais non. Colombe est fascinée. Au début l'est grave vénère. Puis, petit à petit elle se met à être envoûtée. Se ferait-elle un brin chiare dans la vie la Colombe ? Pour être, à ce point, du jour au lendemain, magnétisée par un voisin à lakon, qui l'empêche de dormir !
Moi, tu m'empêches de dormir, je te colle les flics au derrière avec dépôt de plainte, la totale.
« Un viol auditif. L'ennemi la pénètre à coups de décibels. Débarqué en pleine nuit comme les Alliés sur Omaha Beach, il a investi son sommeil, son lit, ses oreilles. »
La nuit devenant bruyante et perturbante, la Colombe elle va apprendre à dormir le jour. Bah ouais c'est tellement mieux. D'un pratique quand tu bosses en horaires administratifs.
« La nuit, Colombe a l'impression d'être la seule personne sur terre à ne pas perdre son temps à dormir, privilège auquel elle tient. Puis elle retourne se coucher dès que le jour se lève. »
Avant de déménager, la vie de Colombe n'était pas folichonne, mais au moins elle ne le savait pas, et en plus elle roupillait, bazar de nouilles. Maintenant, Colombe est une ombre. L'ombre d'un truc qui progresse lentement mais sûrement en elle. Les gamins, le mari, la maison, la bouffe, le ménache, le boulot, tout ça, ça commence sévèrement à l'escagasser. Alors qu'hier, elle trouvait sa vie des plus funs.
« Peut-être que c'est ça, le mariage, finalement. Devenir un meuble, un meuble qu'on voit tous les jours. Un meuble qu'on ne voit plus. »
Avait-elle vraiment besoin de rencontrer un abruti (si, l'est un peu crétin quand même) de névrosé (level de compet') pour se rendre compte qu'elle avait une vie mollassonne ?
« Entourée de ces deux hommes qui l'étouffent, Colombe va-t-elle trouver une liberté qu'elle ne croyait pas elle-même ? »
Le dégénéré du dessus (me souviens plus de son patronyme et j'en ai rien à secouer), l'est tellement déséquilibré, que quelques fois il va l'empêcher de dormir sans faire de bruit. Au calme. Nan ? Si ! Eh ben la Colombe (un brin fanchon la cruche quand même), elle attend. Mais t'attends quoi là, Colombine ? Bah le bruit … !
La Cou-couille !
« Le silence s'est épaissi. Un silence de cimetière. Si ce silence avait une teinte, il serait noir, décide-t-elle. Il est des silences verts, comme ceux de la campagne ; des bleus, des blancs, comme ceux de la mer, de la montagne. Ce sont des silences habités, des silences pleins. Celui-là est vide. Insoutenable. »
Bon allez, trêve de plaisanteries.
Le voisin est loin d'être mon livre de l'année. Pas de quoi se défaire le chignon (mes cheveux ont poussé).
J'attendais mieux avec Dame de Rosnay.
Tatiana de Rosnay ne nous a pas réservé sa meilleure plume. C'est fadouille. Pas mauvais, mais banal. L'histoire est mignonette. Oui, même avec le timbré du dessus, ça reste édulcoré. La fille nian nian et
le voisin pervers, bof.
Certes, j'ai l'habitude de lire des thrillers mais pas que (non pas la queue du diable, on se calme !). Je lis aussi du de Vigan moi siouplé et du Bobin.
Je ne demande pas la lune à chacune de mes lectures, toutefois quelques images avec du style font de moi la plus heureuse des lectrices. J'ai passé un gentil moment.
Punto, al siguiente. Je me suis mise à la critique polyglotte.
Tatiana de Rosnay faisait partie de mes autrices avérées. Une valeur sûre.
Alors, je reviendrai chez elle car je ne dis pas mon dernier mot. La moyenne donc pour
le voisin et c'est déjà bien.
« Elle est comme une colombe qui s'est égarée... Elle est comme un narcisse agité du vent... Elle ressemble à une fleur d'argent. »
Oh mais dites-moi ? C'est beau ça !
Oui, c'est
Oscar Wilde.
Ah, ok.
Au fait, c'est joli Colombe, non ?
Lu en septembre 2021