De Gaulle avant de Gaulle. La construction d'un homme

Difficile d'imaginer une personnalité aussi attachante. La naissance d'une grand Homme est toujours un évènement. Comment un Homme peut-il avoir conscience du destin qui l'habite et conduire sa vie comme s'il était pleinement certain de cette destiné. C'est une vie de combat, non seulement fasse à l'ennemi mais surtout vis à vis des politiques afin d'imposer des idées tellement visionnaires, face à des généraux attachés tellement orgueilleux qu'ils non pas vu venir la menace qui se dessinait sous leurs yeux, de l'autre côté de la frontière.

Parce que lui, De Gaulle avait deviné tout ce qui allait arriver. Parce que comme la Pythie, il a dit la vérité peu l'on cru. Mais beaucoup reconnaitront (trop tard) longtemps après à quel point ce qu'il prophétisait s'est réalisé. Il avait imaginé une armée moderne, disant adieu à la première guerre mondiale et se tournant vers une armée de métier motorisée. Parce que toute l'oeuvre de De Gaulle réside dans cette motorisation de l'armée. Il a défendu une armée de mouvement alors que nombres de généraux en étaient encore à prôner une armée de position, donc défense.

Difficile que son livre sur l'armée fut si peu lu et tant décrié en France. Pourtant des personnages tel que Gudérian, le liront et l'appliqueront au développement de leurs propres armées. Il sera traduit en Russe mais également pour les anglais et les américains. Comment imaginer que lors d'une interview, un journaliste français ne connaissait pas se si brillant général que beaucoup reconnaissant comme un grand tacticien au-delà des frontières de la France.

Mais c'est également une merveilleuse épopée que celle de De Gaulle. C'est aussi le père attachant, l'Homme père de famille, mais aussi l'Homme de culture et amoureux de poésie.

Grâce aux nombreux témoignages qu'a réunis Michel Tauriac, l'on découvre que De Gaulle était déjà De Gaulle bien avant le 18 Juin : pétri de patriotisme, maître de soi, d'une stupéfiante impavidité, visionnaire, doté d'une mémoire d'éléphant... Dès l'adolescence, nous avons affaire à un personnage hors du commun, dérangeant, que l'on surnomme très vite le Connétable. Au cours de la Première Guerre mondiale, il échappe miraculeusement à la mort. Prisonnier, il tente à maintes reprises de s'évader, mais son physique le trahit. Seul contre tous, il est la risée d'un état-major figé, endormi sur ses lauriers de novembre 1918. Léon Blum comprend trop tard le bien-fondé de sa théorie, Paul Reynaud le soutient courageusement mais, influencé par son égérie, cède au dernier moment à la pression des capitulards. Cruelle ironie : les nazis l'avaient lu avec assiduité, au point de mettre en oeuvre ce que les Pétain, Gamelin, Weygand et consorts rejetaient avec mépris. C'est ainsi que l'on vit les divisions blindées de Guderian fondre sur la France...

Très intéressant pour comprendre le cheminement de cet homme exceptionnel. Un peu ardu à lire par moment toutefois.