AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782715226265
240 pages
Le Mercure de France (21/08/2006)
4/5   7 notes
Résumé :
Nous sommes repartis à pied à El Paraiso, notre paradis à nous, pas beau la nuit, mais c’était notre paradis à nous, et alors qu’on tentait de se frayer un passage dans le noir, marchant parfois dans la fange (…), il nous a vus, lui, je veux dire Riki, ma bête noire, et il a dit, Juanito, qu’est-ce que tu fais avec la fifille à Linda, la mauviette, hein ? (…)Vlan, il l’a reçue la gifle de Juanito, vlan, la deuxième, J’aime pas qu’on cause comme ça à mon ami Ernesto,... >Voir plus
Que lire après Le paradis des chiotsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
El Paraiso est le paradis des chiots. El Paraiso est un grand bidonville d'une de ces mégapoles sud-américaines. C'est également une référence à l'auteur cubain José Lézama Lima dont l'oeuvre centrale porte ce titre. Il faut croire que le paradis des chiots n'a rien avoir avec celui des hommes. Effectivement, Sami Tchak nous propose une plongée en apnée dans l'enfer des bidonvilles. L'auteur togolais prend le parti de nous faire découvrir l'humanité dans ce qu'elle a de plus sombres. Ici, les chiots sont des enfants.

Ernesto, est la fifille à Linda. C'est comme cela que le désignent Riki et Juanito, deux terribles compères. Sa mère, la fameuse Linda, se prostitue et elle laisse à la rue d'El Paraiso le soin de former et d'éduquer son garçon. Ici, il n'est pas question de scolarité, d'insertion quelconque. Ernesto a une dizaine d'années. Il est confronté à cette dure réalité qu'il conte avec un brin de naïveté et de lucidité. Il doit survivre aux agressions des autres enfants de la rue, il se prostitue dans le centre de cette grande ville, il a toutefois, la possibilité d'un toit que lui offre sa mère...

C'est un roman polyphonique avec une prépondérance du discours de l'enfant sur son quotidien, ses batailles, sa quête d'amour, son désir de survie, ses rencontres. Mais, la voix de la mère, Linda, est très intéressante à écouter. Intéressante. Difficile aussi. Poignante. On comprend que la rue n'est pas toujours quelque chose d'imposer, mais un choix poussé par l'orgueil, le concours de circonstances. Et l'amour toujours, un sentiment recherché, une béquille inespérée qu'on arrive pas toujours à saisir à cause d'une vie déformée par la perversion, la déviance, la pauvreté, la reproduction de schèmes retors. Sami Tchak est très sombre sur le sujet. Un enfant arraché à la rue n'est pas forcément gagné pour une vie différente.

La première phase du roman est donc une succession de discours différents expliquant la situation d'Ernesto et le pourquoi de cette réalité. Discours. Celui d'Ernesto. Celui de Linda. Celui d'El Che. El Che, Ernesto, un homme inconnu qui arracha temporairement Linda à la rue. Une étrange relation le lia à Linda et à un passé lointain et bien lourd dont les conséquences vont avoir un impact sur le présent. L'auteur ayant brouillé les cartes, le lecteur se prend même de compassion pour cette mère pas si indigne que ça, qui élève son gosse en livrant à la rue, parce que cela semble être son unique modèle.

Le propos d'Ernesto, le môme se réinstalle dans la suite du roman, comme pour rappeler qu'il s'agit d'histoire de chiots, pour se poursuivre sur les aléas que rencontrent le jeune homme, la jalousie, la méchanceté, la perversité, la folie... La violence n'est jamais là où on la croit vraiment. Elle peut être exprimée par une jeune fille douce en apparence et soumise à toutes ces contraintes. Elle est souvent suggérée plus qu'elle ne l'est montrée, Sami Tchak use des métaphores avec entrain et une grande maitrise de la langue.

D'ailleurs, c'est une composante qui fait de ce roman un texte à part : la richesse de la langue qui porte un texte aussi lourd. J'aime dire que ce genre de texte vous rappelle par leur qualité le fait que n'est pas écrivain qui veut. Assurément Sami Tchak est un grand écrivain qui arrive à se rapprocher de l'univers de cet enfant et de produire une écriture dense et sensible qui porte magnifiquement la voix du personnage d'Ernesto.

Je n'hésite pas à affirmer que le lecteur qui sort de cette lecture sans être affecté, un poil pertubé par cette narration est quelque part un pervers. Je me souviens que le pain nu de Mohamed Choukri m'avait ébranlé par sa violence et le caractère cru des mots utilisés par le romancier marocain. le paradis des chiots, c'est la même histoire en Amérique latine, en plus explosif. Il faut donc s'accrocher pour lire cette peinture de la condition de l'enfant de la rue.
Lien : http://gangoueus.blogspot.co..
Commenter  J’apprécie          40
Que de dureté dans ce livre! L'auteur nous plonge ici dans le quotidien d'enfants vivant dans un bidonville en Amérique Latine. Ernesto est un jeune garçon vivant dans les favelas tantôt avec, sa mère Linda, tantôt dans la rue avec d'autres enfants. Ernesto survit comme il peut enter prostitution, bagarres, humiliations, drogues...et amour, aussi. L'amour que recherche désespérément Ernesto.

Ce roman polyphonique nous fait entendre la voix d'Ernesto mais aussi celle de sa mère, Linda, ainsi que celle d'El Che qui a recueilli Linda lorsqu'elle était enfant.
Cependant, c'est la voix d'Ernesto qui domine dans ce livre. La voix d'un enfant qui nous raconte toute l'horreur des bidonvilles avec, cependant, une certaine naïveté. Ernesto parle comme un enfant et il est déconcertant de lire des propos aussi durs avec des mots, des intonations, des expressions enfantines. La violence décrite par l'enfance.

Cette violence est partout. Dans les agressions que subit Ernesto de la part d'autres enfants, dans sa relation ambiguë avec sa mère, dans ses cauchemars, dans la sexualité, dans la misère du bidonville...La violence domine tout. Comment vivre sans violence dans un monde pareil?

L'auteur nous monte ici toute la réalité des bidonvilles. Dans cette réalité cruelle, il y a la vie cependant, la vie à laquelle s'accrochent les personnages. C'est dur, très dur, c'est dérangeant, et, hélas, tellement réel...

Lien : http://tantquilyauradeslivre..
Commenter  J’apprécie          20
Un roman" dérangeant ", tant par son écriture non conventionnelle ( on passe d'un personnage a un autre , puis on revient aux précédents ) que par l'histoire en elle-même et les tabous soulevés dans nos sociétés occidentales : on ne peut qu'imaginer ce qui se passe dans les pays touches ainsi par la pauvreté profonde , ceci s'en rapproche et" choque" .
Commenter  J’apprécie          10


Videos de Sami Tchak (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sami Tchak
Dans cette 3ème partie de notre entretien avec l'écrivain Sami Tchak, nous avons posé des questions essentielles autour de l'enracinement et de l'universalité. A partir de la citation de Miguel Torga, "L'universel c'est le local moins les murs", l'auteur nous expose sa vision de la littérature nationale, de l'altérité, de l'ouverture vers le monde, et de la question centrale : qu'est-ce-que l'Universalité.
autres livres classés : littérature togolaiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (21) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Avare Molière

Quel est le nom de l'avare?

Valère
Aragon
Anselme
Harpagon

10 questions
647 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}