A l'aube de mes vingt ans, je me frottais à la prose d'
Henry Miller, rocher heureux, avide lecteur et dévoreur de poète j'en arrivais donc à Temple.
Temple l'ami donc, toujours, entouré de ceux qui firent, de ceux qui font, des artisans-poètes, des baroudeurs-écrivains, des navigateurs-viticulteurs.
Ce dernier recueil est à l'image du poète, généreux et solaire.
Ca fleure l'odeur blanche de la pierre chauffée par le soleil, ça bruisse en -aille, de semailles, sonnailles!
On fait les comptes, de l'enfance et des jeux à la Fenimore, du violoncelle de la maman, on poursuit l'ocellé et la couleuvre de Montpellier.
On aime ce regard simple, alerte de l'homme conscient de son environnement, de l'homme qui sait nommer ce qui l'entoure, lentisques et tritons marbrés. C'est une traversée du siècle, Chaplin, Honegger,
Cendrars,
les Pâques à New York et la Pacific 231, Néant-sur-Yvel en Brocéliande puis les ergs sahariens. Un homme d'ubiquité Temple comme les voyants! Mais solidement enraciné dans son Occitanie, on l'imagine aisément au crépuscule de ses presque 99 ans, chêne vert centenaire continuant d'entendre rire la rivière.
"Voilà plus de neuf décennies,
dans ma bonne barque de vie
toute voilure déployée,
je tiens la barre
avec le soleil pour sextant,
à travers calmes et tourmentes,
pour la course sans relâches
des blancs cachalots du destin."
Y verrait-on du compagnonnage avec Brassens? Je le crois. Deux crèmes d'homme, l'un nous manque, l'autre va nous manquer.