Premier livre de
Sylvain Tesson qui me tombe sous la main, et j'avoue avoir été fortement déçu. Peut-être parce que j'attendais beaucoup de cet auteur. C'est donc un billet d'humeur qui me vient à l'esprit.
Sylvain Tesson manie bien la langue française. Il est touchant lorsqu'il parle des autres, que ce soit de ses compagnons de voyage ou de ces enfants tibétains chargés de garder les yacks. Il est capable de parler de la beauté animale, de la beauté des paysages.
Malheureusement,
Sylvain Tesson ne s'arrête pas là. Soixante-quinze pour cent du récit sont consacrés à sa personne et à de son introspection. Et là, malgré son érudition, il ne m'a guère convaincu. A force de toucher à tout, il n'est jamais épais.
C'est facile de critiquer une humanité trop nombreuse qui détruit tout. Comme s'il n'en était pas! C'est trop facile de se mettre hors de la mêlée, en critiquant le monde contemporain qui lui permet de prendre l'avion, de se vêtir de vêtements synthétiques ultra-modernes, d'écrire à destination de ces huit milliards d'individus de trop qui lui financent ses aventures et plus encore.
Paradoxalement, cet étalage de culture, et ce besoin même d'écrire et de communiquer avec ses semblables, ne font que rappeler au lecteur que l'auteur, tout comme nous, appartient bien à cette humanité qui cherche sa voie et que
Sylvain Tesson ne semble pas porter dans son coeur. Pour être plus précis, il aime ceux qu'il regarde, mais n'aime pas l'espèce. Cette dichotomie me gratouille aux entournures! Comme si Tesson avait aimé cette panthère du Tibet en professant sa détestation des panthères en général!
L'homme, comme la panthère, est un prédateur. C'est entendu. Tellement prédateur que l'homme est un loup pour l'homme -
Esope, déjà, l'avait bien remarqué - et qu'il se met en danger lui-même, y compris collectivement. Il semble qu'à la différence des autres espèces, il soit même capable de se penser prédateur, et de penser en termes de bien et de mal. Mais pouvons nous l'empêcher, plus que le loup ou la panthère d'être prédateur ? Etant précisé que ce regard assumé sur la place de l'homme dans le règne animal ne doit surtout pas nous empêcher de penser le lien entre l'homme et son environnement, ne serait-ce que pour la survie de l'espèce.