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sur 2983 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Magistral récit de voyage, Sylvain Tesson nous transporte dans les zones sombres, dans les interstices de la nature protégée et grandiose.

Grièvement blessé suite à une chute, à sa sortie de l'hôpital, il se fait le serment d'amorcer un parcours de guérison physique et mentale à travers les chemins oubliés de France.

Du 24 août au 8 novembre 2015, il entreprend un périple à pied du Mercantour au côte du Cotentin. Ce voyage thérapeutique durera deux mois et demi.

A partir d'un rapport sur les départements hyper-ruraux, Sylvain Tesson va découvrir les chemins non balisés, perdus et délaissés. Ainsi, il va parcourir à pied ces chemins noirs, cachés, entourés de haies, de sous-bois. Sentiers rocailleux ou broussailleux, toujours hors du temps, où la nature a encore toute sa place.

Ce carnet de voyage est avant tout dédié à la Nature dans une France urbanisée à outrance. Parcours de résilience, Sylvain Tesson donne du sens à notre vision du monde.

Ce retour en arrière presque vitale nous donne de nouvelles clés de lecture de notre environnement. J'ai été touchée et bouleversée par la force du message de Sylvain Tesson qui nous alerte sur le monde moderne et nous ouvre les yeux avec émotion dans une ode à la nature.

J'ai aimé la description des paysages et de la société à travers son regard si juste. C est avec grand plaisir que j'ai partagé à ses côtés ce voyage initiatique.

Sylvain Tesson nous ouvre les chemins d'une autre voie, voulez-vous l'emprunter ?
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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« […] ceux que j'ai croisés ne m'ont peut-être pas vus… »
Avant, lire Sylvain Tesson pouvait paraître anecdotique. Ce jeune homme, énervant dans ses envolées et jouisseur dans ses ascèses, continuellement parti voir ailleurs si la toundra est plus verte, revenant avec un livre truffé d'aphorismes relatant son aventure exotique à monnayer auprès d'un éditeur pour financer un autre voyage déjà sur le grill, semblait donner des leçons avec son ton péremptoire, ses références assénées et son mode de vie hédoniste. le credo : « Se déplacer vite, loin et beaucoup ». Quelle purge ! Et puis sa chute digne d'Icare, et dingue, et dong, de plus de huit mètres d'un toit chamoniard dû à une soulographie aiguë avait parachevée une oeuvre bâtie dans les éthers, à terre. Alors que je n'attendais rien, « Sur les chemins noirs » est arrivé avec un titre accrocheur. Il me fallait reconnaître à l'écrivain l'art d'en trouver de bons : « L'axe du loup » (Laffont, 2004), « Petit traité sur l'immensité du monde » (Ed. des Equateurs, 2005), « Bérézina » (Guérin, 2015) entre autres exemples puisés dans une bibliographie déjà bien fournie. Alors que l'auteur a pris « cinquante ans en huit mètres », qu'il est défoncé, et cloué pendant des mois dans un lit d'hôpital, il se fait la promesse de traverser la France à pied s'il retrouve l'usage de ses jambes. Affaibli mais debout, la colonne vertébrale cloutée, hémiplégique, atteint du haut-mal (la litanie de ses maux sera égrenée sans épanchement tout au long du périple tel un chapelet de douleur), Sylvain Tesson démarre sa traversée solitaire à Tende, splendide ville italienne du Mercantour à la frontière italienne et vise le cap de la Hague, au bout de la presqu'île normande du Cotentin. du 24 août au 8 novembre 2015, par des chemins de traverse dénichés dans les friches d'un territoire resté en marge, une France hyper-rurale sous équipée en infrastructures et en services, le pérégrin avance en grinçant parfois des dents et des os, bivouaque, prend l'eau et le soleil, des notes et le maquis, avec un goût prononcé pour l'invisibilité et la pensée magique, le chemin devant le guérir de ses blessures invalidantes.
Le journal de marche à l'écriture sèche et dépouillée, à la pensée en mouvement, lapidaire et concise, se lit sans temps mort, avec un plaisir constant que des bonheurs d'écriture avivent et parsèment sans cesse avec la régularité de cailloux blancs jalonnant les chemins. Ainsi, du sud-est, il peut écrire : « […] la chaleur du calcaire… est l'odeur de la lumière » ; au nord-ouest ce sera : « C'était un pays plat… avec des sentiers sablonneux et des reliefs comme de grandes caresses de la paume ». Jamais condescendant, plutôt en retrait, ne transcrivant qu'a minima les conversations glanées en chemin, l'auteur, digne et de haute tenue, délivre un récit bref, prenant, sans pathos pourtant, calquant sa trajectoire sur celle du loup, au plus près du monde, de la terre et des pierres.
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En 2014 l'écrivain fait une chute de huit mètres. Il s'en sort, mais dans quel état ! Cassé, en mille morceaux et atteint d'une paralysie faciale.
Sur son lit d'hôpital, il s'est fait une promesse : "si je m'en sors, je traverse la France à pied".

"Sur les chemins noirs" parait en 2016. Une référence aux petits traits que l'on distingue à peine sur les cartes de l'IGN.
Comme il se l'était promis, Sylvain Tesson décide de traverser la France en diagonale, de la Provence au Cotentin, en ne suivant que ces petits chemins hors du monde.

"Les chemins noirs. Ils se déployaient parfois hors des cadres de géographie et foraient leurs galeries en nous. Il est difficile de faire de soi-même un monastère mais une fois soulevée la trappe de la crypte intérieure, le séjour était fort vivable."
Un court récit à l'image de l'écrivain voyageur; ironique, cynique, drôle et réfléchi.
Une nouvelle "expérience de repli" comme ont pu l'être les 6 mois passés dans une cabane près de lac Baïkal ("Dans les forêts de Sibérie")

J'ai pris un immense plaisir à lire (dévorer... ) cette sucrerie tessonnesque. Une chose est sûre: cette terrible chute n'a nullement entamé l'immense talent d'écriture et d'analyse de ce magicien des mots.
Ruez vous sur les chemins noirs de France et hors des sentiers battus d'une société à la dérive !
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Comment peut-on imaginer vivre une telle aventure sur ces chemins noirs, qui sont pourtant si proches de chez nous ?

Sylvain Tesson nous démontre par son voyage que la France regorge de remèdes : un voyage sur les chemins noirs est une véritable thérapie pour quiconque est en overdose d'ultra-urbanisme.


Il s'agit de ma première lecture de l'auteur, et même si les autres me feront peut-être davantage voyager, "Sur les chemins noirs" sera sans doute le seul qui aura impacté à ce point mon regard sur les contrées françaises.
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Il faut un accident. La vision du monde change. On prend des décisions. Sylvain a été victime d'un accident. Et pour se refaire une santé et pour son morale pars en France du midi en Normandie. Et le long de ces chemins noirs témoin parfois du passé il rencontre.discute, philosophe sur la France,son développement,le devenir de la ruralité, de la diagonale du vide laisses a l'abandon des politiques. Il est un peu aigri dans ce livre. mais j'adore ces récits de randonnée. a lire pour les passionnés. Je prête a un ami Olivier. des réflexions intéressantes a méditer
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Et voilà l'ouvrage qui m'a fait découvrir et aimer Sylvain Tesson.

Une nuit d'été 2014, sur un coup de tête festif et bien "arrosé" Sylvain Tesson fait une chute qui aurait pu s'avérer mortelle après être monté sur un toit. S'ensuivent plusieurs mois d'hospitalisation et de lutte pour marcher à nouveau. Remis sur pied quoique portant à vie les séquelles de sa chute, Sylvain Tesson décide de mettre à profit sa convalescence en traversant la France à pied, du Mercantour au Cotentin, avec un départ début août 2015 et une arrivée début novembre. Voilà sa rééducation.

Armé de ses cartes IGN, il décide d'emprunter les "chemins noirs", ces minces traits qui sont autant de chemins de traverse oubliés au profit des grand axes plus rapides et plus accessibles. Loin de la ville et des autres, le monde s'impose à lui dans toute sa beauté et sa majesté. le voyage n'est pas sans difficultés, notamment parce qu'il reste physiquement diminué, mais la récompense est à la hauteur de tout effort.

Que j'ai aimé partager ce voyage sans idéalisation, partager la solitude du marcheur, parfois rejoint par quelques amis. Que j'ai aimé lerécit de cette cure improvisée, de ce vagabondage qui fait du bien au corps et à l'âme...
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Une ode réaliste sur la ruralité première d'une France livrée en pâture sauvage à la modernité et à une course effrénée vers l'administration de ses espaces naturels et de ses citoyens, citadins et ruraux se posent et s'opposent ici et on comprend toute la maladresse d'une gestion inappropriée de nos territoires et les limites du soi-disant progrès et de la toute relative modernité... On compatît pour cet auteur, Sylvain Tesson, écrivains et homme d'aventure, aventurier de ces chemins noirs à la faveur d'un événement déclencheur dramatique mais qui est aussi là pour le secouer dans le bon sens et nous secouer nous tous aussi, nous en tant que lecteur et acteur de ce monde et de notre beau pays, pour mieux faire resurgir bon sens et respect de la nature. C'est à la fois âpre et doux à lire, l'auteur nous livre un constat amer et garde la foi en un avenir meilleur car sinon à quoi bon dénoncer et dresser de tels constats. Un peu comme l'ivresse qui a provoqué sa chute et lui a fait prendre plus tard les chemins noirs pour se guérir le corps et l'esprit, ce constat réaliste et non dépourvu de poésie prend la forme d'un petit cheminement personnel pour le lecteur qui, après avoir goûté à l'ivresse du progrès et de la modernité, subit le choc d'un monde dénaturé qui est là pour nous faire prendre conscience d'une nécessaire remise en question, pour un avenir meilleur dans le respect des êtres et d'un monde dont nous faisons tous partie. Un livre à lire et pas seulement pour les écolos convaincus, car nous sommes tous concernés désormais par cette nécessaire prise de conscience qui doit se transformer en actions.
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Sombre année 2014 pour le randonneur et écrivain Sylvain Tesson qui perd sa mère en mai et tombe d'un mur à Chamonix en août, chute de huit mètres qui lui brise les côtes, les vertèbres et le crâne et dont il sort quelques mois plus tard avec une paralysie faciale, la colonne cloutée de vis et des douleurs intenses dans le dos. Les médecins lui recommandent de se "rééduquer". Pour le marcheur inlassable, qui a parcouru une partie de la planète, cela signifie ni plus, ni moins : ficher le camp et reprendre la route ou plutôt les chemins noirs dans une campagne de silence, de sorbiers et de chouettes effraies. Lui qui connaît Samarkand, les forêts de Sibérie, l'Himalaya, les steppes russes et a pu mesurer l'immensité du monde, ce voyage de rééducation physique et morale se fera en France pour la simple raison que sur son lit de douleur, il s'était promis : "Si je m'en sors, je traverse la France à pied par les routes buissonnières, les chemins cachés, bordés de haies" - là où il existe encore une France secrète, ombreuse et protégée du vacarme des grandes agglomérations.
Son départ se fera au col de Tende vers le Mercantour, puis il traversera le Verdon, le Comtat-Venaissin, l'Aubrac, le Cantal, le Limousin, la Creuse, l'Indre, la Champagne mancelle, la Mayenne pour gagner le Cotentin et achever son périple dans les genêts et les cardères du cap de la Hague dans "une aube fouettée de mouettes". Voici donc un voyage, né d'une chute, qui a permis à Sylvain Tesson de solder ses comptes et d'oublier ses infortunes. Une France traversée pour y trouver remède et oubli et dont le circuit lui réapprend à goûter les odeurs, les aubes, le ruissellement des bois, les hautes prairies et lui enseigne qu'un jardin est en mesure de fonder un système de pensée et qu'un insecte est une clef digne de la plus noble joaillerie pour ouvrir les mystères du vivant.
Durant ce parcours, il dormira souvent au pied d'un arbre, dans une combe moussue à la belle étoile ou dans un petit hôtel de village peuplé de vendangeurs. "Ainsi d'une connaissance parcellaire accède-t-on à l'universel" - souligne l'écrivain-randonneur. "Je sommais les chemins noirs de me distiller encore un peu de leur ambroisie". Grâce à eux, le marcheur retrouve non seulement le souffle mais l'inspiration, "la substance des choses, la musique du silence, l'odeur du tanin, le charme de la vie rurale, la musique des objets, la promesse des soirées piquées de lampions". "Ce dont j'étais le témoin" - écrit-il - "dans l'odeur doucereuse des filets aurifères, c'était la cousinage entre les princes de la vie et les paysans de la terre, cette fraternité d'enluminure pas encore fracturée par la lutte sociale. Un rêve romantique en somme".
Sylvain Tesson n'a pas prié Dieu de l'aider - il est agnostique - mais il l'a demandé aux sentes qui se perdent afin de nous permettre de nous retrouver : "Il était difficile de faire de soi-même un monastère mais une fois soulevée la trappe de la crypte intérieure, le séjour était fort vivable." Il y a, certes, des milliers de manières de fuir le monde : "Port-Royal était la façon la plus noble ; le monastère cistercien, la plus aisée ; le cabinet d'étude, la plus modeste ; l'atelier d'artiste, la plus civilisée ; le refuge de montagne, la plus hédoniste ; la grotte d'ermite, la plus doloriste ; la bergerie dans les alpages, la plus romantique ; la cabane dans les bois, la plus juvénile ; le fortin colonial, la plus classe".
Selon l'écrivain, toute longue marche a ses airs de salut. On se met en route, on avance en cherchant des perspectives dans les ronces ou, mieux encore...en soi. "On trouve un abri pour la nuit, on se rembourse en rêves des tristesses du jour". On élit domicile dans la forêt, on s'endort bercé par les chevêches ou le bruissement des feuillées," on repart le matin électrisé par la folie des hautes herbes, on croise des chevaux. On rencontre des paysans muets".
Avec ce livre, Sylvain Tesson, marcheur philosophe, nous donne la meilleure médecine pour nombre de nos maux et nous met en garde contre le danger le plus inquiétant qui soit : la modernisation effrénée qui met en péril nos paysages et nos âmes.
Lien : http://interligne.over-blog...
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Mon avis :
Sur les chemins noirs, c'est le carnet de route d'un homme en reconstruction, après une chute d'un toit qui a failli lui être fatale. À de fastidieux exercices de rééducation dans un hôpital, Silvain Tesson préfère une vraie et longue marche, un voyage à pied depuis le Mercantour, au sud-est, jusqu'à la pointe du Contentin, au nord-ouest. Pour ce périple, il choisit de traverser les zones rurales les moins habitées, selon un récent rapport sur l'aménagement des campagnes françaises, en suivant les chemins marqués de petits traits noirs sur les cartes IGN.
Lorsqu'il entame son parcours, il ne sait pas s'il tiendra jusqu'au bout ni si la guérison escomptée sera au rendez-vous. Au troisième jour, épuisé, il se demande même « quel intérêt à hisser ce corps en loques jusqu'au nord d'un pays en ruine ? » Qu'importe ! Lui qui a voyagé partout dans le monde, escaladé des montagnes et des églises, traversé des steppes et des déserts traînera son corps meurtri par les sentiers oubliés des campagnes abandonnées.
Chemin faisant, ses pas l'entraîneront sur une autre voie, vers une réflexion sur sa propre vie, son rapport aux choses qui l'entourent, mais aussi sur l'évolution de notre société et les choix parfois monstrueux que le progrès nous impose. Cette escapade sur les chemins noirs deviendra une parenthèse, un moyen de sortir du monde, une forme de clandestinité spirituelle où il est permis de s'abandonner à vivre, dans ces lieux où « personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre. »
Bien qu'émanant d'un éternel « wanderer », l'écriture de Sylvain Tesson possède l'intensité, la densité de ceux qui sont solidement reliés à la terre. Quelque chose qui tient à la fois du minéral, pour la force brute de sa pensée, et du végétal, de la sève, pour sa richesse nourrissante. Ces voyages n'ont jamais été de simples balades touristiques, mais ont toujours été accompagnés d'un cheminement intérieur ; avec Sur les chemins noirs, il ne déroge pas à la règle, mais d'être passé si près de la mort a apporté une nouvelle nuance à sa palette, une pensée plus recentrée, peut-être, mais toujours traversée d'un souffle puissant.
Lien : http://poljackleblog.blogspo..
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Beau petit livre qui nous fait parcourir la France à pied sur les chemins noirs de l'hyper-ruralité.
J'aime marcher et j'apprécie les lectures de ces écrivains voyageurs qui nous font part de leurs expériences, la marche est une thérapie de tous les possibles.
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Sur les chemins noirs (Sylvain Tesson)

Dans quelles circonstances Sylvain Tesson est-il tombé du toit ?

Il y était monté pour faire des réparations.
Il y était monté pour se rendre intéressant.

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